« Que serait un monde sans la musique ? », disait un certain… « Que serait un monde sans images, sans couleurs, sans les mots ? Que serait l’homme sans émotions ? Son cœur est un luth suspendu ; sitôt qu’on le touche, il résonne. » – de Béranger
..... Maeterlinck fait aussi partie des grands dramaturges avec Ibsen, Tchekhof ,Strinberg, Hauptmann quiont contribué à transformer l'expression dramatique avectrois idées novatrices : le drame statique, le personnage sublime et le tragique quotidien. Deux des principales œuvres qui le rendirent célèbres : l Oiseau bleu et Pélléas et Melisande , dont Debussy fit un opéra reprenant les nouvelles conceptionsesthétiques dudramaturge belge. .... .
Tyltyl et Mytil sont les enfants d’un couple pauvre et leur foyer est modeste. De leur fenêtre ils suivent les ébats de plus riches constatant les différences sans envie ni amertume. La pauvreté est leur condition et le bonheur est ailleurs. Une nuit la fée Berylune vient les convaincre de partir à la recherche de l’Oiseau bleu qui seul peut soigner sa fille en lui révélant le secret du Bonheur. Ce conte initiatique les conduira successivement dans les univers concrétisant chacun les grands problèmes de l’existence, où le savoir et la science personnalisés par la Lumière s’opposent aux efforts de La Nuit dans la quête de la vérité que symbolise l’Oiseau bleu. La principale révélation est dans l’âme des choses que l’homme néglige et bafoue quotidiennement en les réduisant au silence. En contrepartie, les « choses » conçoivent peu d’amour pour l’homme. Il en résulte la séparation des hommes et de la Nature déplorée par l’idéalisme allemand de l’époque et la conception de Maeterlinck selon laquelle l’univers est animé d’une intelligence universelle constituée de l’ensemble
des âmes aspirant à l’harmonie.
En vertu de ce principe cher à Maeterlinck, la mort n’existe pas (acte IV, Le Cimetière) ce qui nous vaut également un acte admirable où les morts vivent du souvenir des vivants (acte I, Le Palais du souvenir). L’acte V nous situe dans le Royaume de l’Avenir. Les âmes attendent leur tour pour descendre sur terre, contrôlées par le Temps, personnage incorruptible, l’épisode témoigne du dualisme de Maeterlinck qu’il serait réducteur de traduire par un moralisme étriqué : toutes les âmes doivent apporter sur terre leur contribution, chacune d’elle a, dans la marche du monde, son rôle à jouer et sur aucune des actions futures n’est émis le moindre jugement de valeur. Bien sûr, l’Oiseau bleu est insaisissable ; semblable à la Vérité, ses couleurs disparaissent dès qu’on le sort de son contexte.
Du monde moderne, le songe le plus pur.
Quel est ce texte dont il sied toujours de sourire si l’on veut paraître intelligent ? Quelle est cette pièce que Moscou ne cessa jamais de représenter depuis sa création, quels qu’aient été les bouleversements politiques qui l’agitèrent ? Quelle est cette œuvre qui attira nombre de cinéastes aux esthétiques pour le moins contradictoires. Il faudrait un jour s’atteler de tenter de la comprendre.
Marc Quaghebeur pour la préface de l’Édition Babel théâtre.
Je pensais à ce tableau, vu dans une exposition récemment à Bâle... ( c'était en 2009 ...). Il est immense comme beaucoup de toiles de Kieffer , il couvre tout un pan de mur . Il est impressionnant . J'ajouterai aujourd'hui , il a une telle tension dramatique !
(j'ajoute ce lien suite à la remarque (bienvenue ) d'un lecteur :
Quand ce texte paraît à Stockholm en 1943, Stefan Zweig, désespéré par la montée et les victoires du nazisme, s'est donné la mort l'année précédente au Brésil, en compagnie de sa femme. La catastrophe des années quarante lui apparaissait comme la négation de tout son travail d'homme et d'écrivain. Le joueur d'échecs est une confession à peine déguisée de cette désespérance.
[...] Au début , j'étais encore capable de jouer avec calme et réflexion , je faisais une pause entre les parties pour me détendre un peu . Mais bientôt mes nerfs irrités ne me laissèrent plus de répit. A peine avais-je joué avec les blancs que les noirs se dressaient devant moi ,frémissants. A peine une partie était -elle finie qu'une moitié de moi-même commençait à défier l'autre , car je portais toujours en moi un vaincu qui réclamait sa revanche. Jamais je ne pourrai dire, même à peu près, combien de parties j'ai jouées ainsi pendant les derniers mois dans ma cellule, poussé par mon insatiable égarement -peut-être mille , peut-être davantage. J'étais possédé et je ne pouvais m'en défendre. Du matin au soir, je ne voyais que pions, tours, rois et fous et je n'avais en tête que a,b,et c, que mat et roque. Tout mon être, toute ma sensibilité se concentraient sur les cases d'un échiquier imaginaire . La joie que j'avais à jouer , était devenue un désir violent, le désir d'une contrainte, d'une manie, une fureur frénétique qui envahissait mes jours et mes nuits. Je ne pensais plus qu'échecs, problèmes d'échecs, déplacement des pièces. Souvent , m'éveillant le front en sueur, je m'apercevais que j'avais continué à jouer en dormant. Si des figures humaines paraissaient dans mes rêves, elles se mouvaient uniquement à la manière de la tour, du cavalier , du fou . A l'audience aussi , je ne parvenais plus à me concentrer sur ce qui engageait ma responsabilité; J'ai l'impression de m'être exprimé assez obscurément les dernières fois que je comparus, car les juges se jetaient des regards étonnés. En réalité, tandis qu'ils menaient leur enquête et leurs délibérations, je n'attendais, dans ma passion avide, que le moment d'être reconduit dans ma cellule pour y reprendre mon jeu , mon jeu de fou. Une autre partie, et encore une . [...]
A l'occasion de mon voyage à Vienne , j'avais repris cet auteur , au moins ce recueil de romans et nouvelles, lu il y a bien longtemps et que je pensais avoir oublié .
Je me souvenais vaguement de quelques histoires , mais n'en gardais qu'une impression floue autour des grands thèmes d'âmes torturées par leurs passions ou victimes de la fatalité , dans une atmosphère mélancolique .
J'ai retrouvé ce grand écrivain , et dès les premières pages , les souvenirs ont afflué , me permettant de vérifier une fois encore l' influence que gardent sur nous , parfois à notre insu , les auteurs que nous avons lus ! C'est vrai il me semble , pour les idées , pour les regards que nous portons sur le monde mais aussi pour l'écriture , la manière de conduire un récit ; le style de ces grands auteurs agit un peu comme une musique et s'articule comme une partition , avec une dominante tonale, un rythme , une couleur aussi , qui font que sans se souvenir de la mélodie on peut à juste titre accorder de la valeur à nos impressions .
On pourra m'objecter que je lis cet auteur dans sa traduction française et qu'une partie de la forme m'échappe mais je pense que les auteurs de cette valeur , sont confiés aux meilleurs traducteurs .
(Puissiez-vous être sensible à un joyau de mon sacré !)
La Belle et la Bête
Le film
Jean Cocteau
Musique Georges Aurich
(Le conte original est de Madame Leprince de Beaumont 1711-1780)
« L‘enfance croit ce qu’on lui raconte et ne le met pas en doute. Elle croit qu’une rose qu’on cueille peut attirer des drames dans une famille. Elle croit que les mains d’une bête humaine qui tue se mettent à fumer et que cette bête à honte lorsqu’une jeune fille habite sa maison.
Elle croit mille autres choses bien naïves. C’est un peu de cette naïveté que je vous demande et pour nous porter chance à tous, laissez-moi vous dire quatre mots magiques, véritable « Sésame ouvre- toi » de l’enfance :
Il était une fois…(Jean Cocteau)
Va où je vais le Magnifique , va, va , va .
-Mon père rapportez-moi une rose, car il n’y en pas ici
-Vous volez mes roses qui sont ce que j’aime le mieux au monde.Vous jouez de malchance car vous pouviez tout prendre chez moi sauf mes roses. Il se trouve que ce simple vol mérite la mort.
-« Va ou je vais le Magnifique Va Va Va »
-Réfléchissez pour moi, je réfléchirai pour vous . (le miroir)
-Belle il ne faut pas me regarder avec ces yeux !
-
-Mon cœur est bon mais je suis un homme
-Je n’ai point d’esprit
-Vous avez l’esprit de vous en rendre compte
-Et cependant votre rêve est d’être loin de moi
-Fermez votre porte , votre regard me brûle
-Ma nuit n’est pas la vôtre ; il fait nuit chez moi c’est le matin chez vous
-La rose , le miroir, ma clé d’or , mon cheval et mon gant sont les cinq secrets de ma puissance
-
-J’ai pas peur , je refléchis (Ludovic)
-Ça se ressemble(Avenant)
- Mais les pauvres bêtes qui veulent prouver leur amour ne savent que se coucher par terre et mourir.
- La mort d'un poète doit se sacrifier pour le rendre immortel
- Remontez le temps; il faut que ce qui a été ne soit plus
Autres dialogues
Orphée :
(dialogue entre Orphée et l’ancien poète)
Ancien poète : Elle est étrangère et elle ne peut pas se passer de notre milieu. Voilà sa revue. Il tend à Orphée un album de pages blanches Orphée : Je ne vois que des pages blanches ! Ancien poète : Celà s'appelle «NUDISME». Orphée : Mais c'est ridicule ! Ancien poète : Moins ridicule que si ces pages étaient couvertes de textes ridicules ! Aucun excès n'est ridicule !
Orphée, votre plus grave défaut est de savoir jusqu'où on peut aller trop loin.
Dialogue entre Orphée et Cegeste
le poète : Cégeste ! cégeste : C'est toi qui m'a nommé. Le poète : J'ai peine à te reconnaître. Tu étais blond. Cégeste : Pour un film. Cette fois, ce n'est plus un film. C'est la vie. Le poète : Tu étais mort. Cégeste : Comme tout le monde. Le poète : pourquoi reviens-tu par la mer ? Cégeste : Pourquoi. Toujours pourquoi. Vous cherchez trop à comprendre. C'est un grave défaut. Le poète : J'ai déjà entendu cette phrase. Cégeste : Vous l'avez écrite. Prenez cette fleur... Le poète : Mais cette fleur est morte ! Cégeste : N'êtes-vous pas expert en phénixologie ? Le poète : Qu'est-ce que celà ? Cégeste : C'est la science qui permet de mourir un grand nombre de fois pour renaître. le poète : Je n'aime pas cette fleur morte. Cégeste : On ne ressuscite pas toujours ce qu'on aime. En route... Le poète : Où allons-nous ? Cégeste : Ne m'interrogez plus.
Dialogue entre la Princesse (la Mort) et Orphée)
La princesse : Décidement, vous dormez ! Orphée : Oui, oui, je dors. C'est très curieux. Mais enfin, m'expliquerez-vous ? la princesse : Rien. Si vous dormez, si vous rêvez, acceptez vos rêves. C'est le rôle du dormeur. Orphée : J'ai le droit d'exiger des explications ! la princesse : Vous avez tous les droits cher Monsieur, et je les ai tous.
Nous sommes quitte.
Dialogue entre Heurtebise et Orphée
Heurtebise : Orphée ! Orphée ! Vous connaissez la mort ! Orphée : Ah!... J'en parlais, j'en rêvais, je la cherchais. Je croyais la connaître. Je ne la connaissais pas. heurtebise, secouant Orphée : Vous la connaissez, en personne. orphée, abattu : ...en personne. Heurtebise : Vous êtes allé chez elle ! Orphée : ... chez elle ? Heurtebise : Dans sa chambre, dans sa propre chambre. Orphée, s'exclamant : La princesse. Mon Dieu... Le miroir ! Il se lève et va vers le miroir de la chambre Heurtebise : Je vous livre le secret des secrets. Les miroirs sont les portes par lesquelles la mort vient et va. Du reste, regardez-vous toute votre vie dans un miroir, et vous verrez la mort travailler, comme des abeilles dans une ruche de verre. Orphée : Et comment savez-vous toutes ces choses redoutables ? Heurtebise : Ne soyez pas naïf ! On n'est pas le chauffeur que je suis, sans apprendre certaines choses redoutables. Orphée : Heurtebise ! Il n'y a plus rien à faire !. Heurtebise : Si ! La rejoindre ! Orphée : Aucun homme ne le peut ! Sauf s'il se tue. Heurtebise : Un poète est plus qu'un homme. Orphée :Mais ma femme est morte ! Morte sur son lit de mort ! Heurtebise : C'est une forme d'elle, comme la Princesse est une des formes de la mort ! Tout cela est faux. Votre femme habite un autre monde, où je vous invite à me suivre. Orphée, passionné : Je la rejoindrais...aux enfers ! Heurtebise, pragmatique : On ne vous en demande pas tant.
Dialogue entre Orphée et la Princesse
Orphée et La Princesse, attendant que la Princesse soit jugée par le tribunal de l'Autre Monde.
Orphée : Tu es toute puissante ! La princesse : A vos yeux. Chez nous, il y a des formes innombrables de la mort : des jeunes, des vieilles, qui reçoivent des ordres. Orphée : Et si tu désobéissais à ces ordres ! Ils ne peuvent pas te tuer : c'est toi qui tues. La princesse : Ce qu'ils peuvent est pire. Orphée :D'où viennent ces ordres ? La princesse : Tant de sentinelles se les transmettent, que c'est le tam-tam de vos tribus d'Afrique, l'écho de vos montagnes, le vent dans les feuilles de vos forêts. Orphée : J'irais jusqu'à celui qui donne ces ordres. La princesse : Mon pauvre amour, il n'habite nulle part ! Les uns croient qu'il pense à nous. D'autres, qu'il nous pense. D'autres qu'il dort, et que nous sommes son rêve, son mauvais rêve...
Une nouvelle fois condamnée à l'errance .... ! Besoin d'ancrer ma pensée !
Une des dix raisons imputables selon Georges Steiner à la tristesse de la pensée (1) :
2)La pensée est incontrolée…. A chaque instant les actes de pensée sont sujets à des intrusions.. Dans son agrégat et sa confusion sans mesure, la phénoménalité des sens peut maîtriser et recanaliser la pensée. .. Rêvasseries, méprises pathologiques
Les vents de la pensée humaine, leurs sources inaccessibles, soufflent à travers nous comme au travers d’innombrables fissures.
Rares sont les intentionnalités totale et unique. Semblables puretés, pareils traits de pensée inébranlable, ne sont accessibles qu’à assez peu et leur durée de vie normale est brève .Une deuxième cause d’inaltérable mélancolie
Impossibilité de controler nos pensées qui s’évadent nous échappent ou subissent des digressions...
(1)Georges Steiner :" 10 raisons possibles à la tristesse de la pensée"
Mai 1987 : Mozart , vient de perdre son ami d'enfance , son père est malade ,ses amis sont partis et le public est indifférent . A 31 ans Mozart est obsédé par l'idée de la mort " Je ne me couche jamais sans réfléchir que le lendemain (si jeune que je sois ) je ne serai peut -être plus là ".
Cette sérénité conquise qui domine sans la supprimer, tant d'angoisse , nous la retrouvons dans tout ce qu'il compose en 1987 : les quintettes du printemps , l'opéra de l''automne. (Don Giovanni)... Mozart éprouve à nouveau le besoin d'une effusion musicale plus intime et c'est aux cordes seules qu'il se confie. Coup sur coup , il ecrit deux quintettes doont le k 516 qui respire une douleur plus intense, comme si le précédent n'avait pu exorciser son angoisse.....
« Caligula : On croit qu’un homme souffre parce que l’être qu’il aime meurt en un jour. Mais sa vraie souffrance est moins futile : c’est de s’apercevoir que le chagrin non plus ne dure pas. Même la douleur est privée de sens. Tu vois, je n’avais pas d’excuses, pas même l’ombre d’un amour, ni l’amertume de la mélancolie. Je suis sans alibi. »
......... Dans son Caligula , Camus a introduit quelque chose d’un ange , noir certes, mais qui ne manque pas de séduction. D’ailleurs ne lui a-t-il pas donné la beauté physique qui, au théâtre, caractérise également la beauté morale en désignant pour l’acteur qui devait incarner le rôle, des artistes comme Gérard Philippe au charme incontesté ?
« Ne pas oublier que Caligula est un homme très jeune, pas aussi laid que le voudrait l’histoire, grand et mince, le corps un peu voûté , il a une figure d’enfant .. » (Camus)
Sa perversité estompée , sa cruauté édulcorée par la pratique d’une logique amorale, on se sent tenté de souscrire par instant à un esthétisme dérangeant que la médiocrité des patriciens qui l’entoure vient encore souligner .
Bien que Camus ait, dans sa version définitive, sensiblement réduit l’amour de Caligula pour Drusilla, ne peut-on interpréter la mort de sa sœur et amante comme la cause de la ruine de son âme et le motif de sa révolte contre les dieux qui ont inscrit dans le destin de l’homme l’absurdité d’une vie amputée par la mortalité . Chez ce "monstre" blessé la souffrance n’est pas absente.
Caligula : »J’ai besoin que les êtres se taisent autour de moi. J’ai besoin du silence des êtres et que se taisent autour de moi ces affreux tumultes du cœur » .
C’est au cœur de la douleur qui l’a mené aux confins de la raison et de la folie , que Camus fait prendre conscience à Caligula du sort injuste et si peu enviable réservé à l’homme par les dieux . De retour au Palais, après sa fuite où il apaisa son deuil, il s’épanche et livre l’amertume de ses pensées :
Caligula : »Les hommes meurent et ne sont pas heureux »
L’oeuvre des dieux est imparfaite , ils ont failli et la morale édifiée en leur nom n’est qu’un leurre :
-Caligula : « Les hommes pleurent parce que les choses ne sont pas ce qu’elles devraient être «
-Caligula : »Ce monde tel qu’il est fait , n’est pas supportable. J’ai donc besoin de la lune, ou du bonheur , ou de l’immortalité , de quelque chose qui soit dément peut-être , mais qui ne soit pas de ce monde » ....
La mort d'Orphée est racontée de diverses manières et sert de support à différents mythes .
On admet généralement qu'il fut tué et déchiré par des femmes Thraces à son retour des Enfers .
Mais les causes divergent :
Tantôt on prétend que sa fidélité à la mémoire d'Eurydice inspira la jalousie des femmes Thraces qui se considérèrent comme insultées et le condamnèrent à mort .
D'autrefois qu'Orphée ayant renoncé à la compagnie des femmes se serait entouré de jeunes gens Les femmes alors auraient décidé de le punir pour ses amours contre nature .
Enfin, en revenant des Enfers Orphée aurait fondé des mystères au cours desquels il initiait les hommes aux secrets qu'il avait découverts dans l'Au-delà. Mais il en interdisait l'accès aux femmes. Un soir que les hommes étaient rassemblés chez lui sans armes, les femmes massacrèrent Orphée et ses fidèles .
Quand les femmes Thraces eurent déchiré le corps d'Orphée , elles en jetèrent les morceaux dans le fleuve qui les emporta jusqu'à la mer. La Tête et la Lyre du poète parvinrent jusqu'à Lesbos où les habitants élevèrent un tombeau pour abriter ces reliques .
C'est autour de cette figure d'Orphée que se forma la théologie dite orphique, qui semble avoir été essentiellement une révélation des mystères de la mort et une série de pratiques et de conseils destinés à permettre aux fidèles de parvenir au pays des Bienheureux.
D'après : Mythologie de la Méditerranée au Gange sous la dir. de P. Grimal)
Sarà il vento della sera
che mi sfoglia, che mi svela, che mi intride il cuore;
sarà questo rivedere la mia vita
come un grande inimitabile perduto amore;
sarà che mi sento stanco
di pensieri, di parole, di persone e anche di idee,
questo mare che va sempre avanti e indietro
con le sue maree
Sarai tu coi tuoi vent'anni
che mi vedi come fossi il re del mondo;
sarà il cane che mi guarda come un cane
e piscia sempre controvento;
sarai tu coi tuoi vent'anni
che mi sfiori con le ali per volare via,
e sarà che mi sembra un figlio
perso in guerra la malinconia;
ma stasera all'improvviso mi succede,
e non c'entri tu...non amo più
ninni ninni ninni ninni ni non amo più
ninni ninni ninni ninni ni non amo più
Sarà il sogno che si perde
se lo chiamo non mi sente, non risponde più
sarà questa donna triste
che ho lasciato senza un gesto scivolare giù,
sarà colpa dello specchio che riflette
l'altro uomo che vedevo allora,
quello che mi ha fatto un mucchio di promesse
e non è stato di parola
Sarà il libro che leggevo
la canzone che credevo mia
o sarà semplicemente che il mio pene
non ha più nessuna fantasia,
sarai tu coi tuoi vent'anni
che sei qui per caso e che mi dai la mano,
sarai tu coi tuoi vent'anni
sarà questa tosse, sarà questo fumo,
ma stasera non puoi farci niente
neanche tu...non amo più
ninni ninni ninni ninni ni...non amo più
ninni ninni ninni ninni ni...non amo più
Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ? ton regard infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore;
Tu répands des parfums comme un soir orageux;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.
Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.
Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.
L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.
Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté, monstre énorme, effrayant, ingénu!
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?
De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds.
Charles Baudelaire (extrait des Fleurs du Mal)
_________ Paroles de la chanson de Roberto Vecchioni Pour vous , et pour moi le plaisir d'écrire dans cette langue merveilleuse Seigneur je suis envoûtée :-)) (et pardon pour les fautes si j'en laisse passer !)
La bellezza
Passa la bellezza nei tuoi occhi neri, scende suoi tuoi franchi e sono sogni i tuoi pensieri ....
Venezia inverosimile
più di ogni altra città
è un canto di sirene,
l'ultima opportunità;
Ho la morte e la vita tra le mani
coi miei trucchi da vecchio senza dignità:
se avessi vent'anni
Ti verrei a cercare,
se ne avessi quaranta, ragazzo,
ti potrai comprare,
a cinquanta, come invece ne ho
ti sto solo a guardare...
Passa la bellezza
nei tuoi occhi neri
e stravolge il canto
della vita lia di ieri;
tutta la bellezza
l'allegria del pianto
che mi fa tremare
Quando tu mi passi accanto...
Venezia in questa luce
del lido prima del tramonto
ha la forma del tuo corpo
che mi ruba lo sfondo,
la tua leggerrezza danzante
come al centro del tempo
e dell'eternita:
ho pauro della fine
non ho più voglia di un inizio;
ho paura che li altri
pensimo a questo amore
come a un vizio,
ho paura di non vederti più,
di avela persa ....
Tutta la bellezza
che mi fugge via
e mi lascia in cambio
i segni di una malatia
Tutta la bellezza
che non ho mai colto,
Tutta la bellezza
se ne va in un canto,
Questa tua bellezza
che è la mia
muore dentro un canto.
Aristée a causé sans le vouloir la mort d'Eurydice; Orphée, son époux, est descendu aux enfers et l'a ramenée; mais, oubliant la condition imposée, il s'est retourné vers elle; Eurydice aussitôt s'est évanouie dans les ténèbres infernales; Orphée inconsolable a péri, déchiré par les femmes qu'il méprisait [4,453-527]
"C'est une divinité qui te poursuit de sa colère : tu expies un grand forfait; ce châtiment, c'est Orphée, qu'il faut plaindre pour son sort immérité, qui le suscite contre toi, à moins que les Destins ne s'y opposent, et, qui exerce des sévices cruels pour l'épouse qu'on lui a ravie. Tandis qu'elle te fuyait en se précipitant le long du fleuve, la jeune femme, - et elle allait en mourir, - ne vit pas devant ses pieds une hydre monstrueuse qui hantait les rives dans l'herbe haute. Le choeur des Dryades de son âge [4,460] emplit alors de sa clameur le sommet des montagnes; on entendit pleurer les contreforts du Rhodope, et les hauteurs du Pangée, et la terre martiale de Rhésus, et les Gètes, et l'Hèbre, et Orithye l'Actiade. Lui, consolant son douloureux amour sur la creuse écaille de sa lyre, c'est toi qu'il chantait, douce épouse, seul avec lui-même sur le rivage solitaire, toi qu'il chantait à la venue du jour, toi qu'il chantait quand le jour s'éloignait.
Il entra même aux gorges du Ténare, portes profondes de Dis, et dans le bois obscur à la noire épouvante, et il aborda les Mânes, leur roi redoutable, et ces coeurs qui ne savent pas s'attendrir aux prières humaines. [4,470] Alors, émues par ses chants, du fond des séjours de l'Érèbe, on put voir s'avancer les ombres minces et les fantômes des êtres qui ne voient plus la lumière, aussi nombreux que les milliers d'oiseaux qui se cachent dans les feuilles, quand le soir ou une pluie d'orage les chasse des montagnes : des mères, des maris, des corps de héros magnanimes qui se sont acquittés de la vie, des enfants, des jeunes filles qui ne connurent point les noces, des jeunes gens mis sur des bûchers devant les yeux de leurs parents, autour de qui s'étendent le limon noir et le hideux roseau du Cocyte, et le marais détesté avec son onde paresseuse qui les enserre, et le Styx qui neuf fois les enferme dans ses plis. [4,480] Bien plus, la stupeur saisit les demeures elles-mêmes et les profondeurs Tartaréennes de la Mort, et les Euménides aux cheveux entrelacés de serpents d'azur; Cerbère retint, béant, ses trois gueules, et la roue d'Ixion s'arrêta avec le vent qui la faisait tourner.
Déjà, revenant sur ses pas, il avait échappé à tous les périls, et Eurydice lui étant rendue s'en venait aux souffles d'en haut en marchant derrière son mari (car telle était la loi fixée par Proserpine), quand un accès de démence subite s'empara de l'imprudent amant - démence bien pardonnable, si les Mânes savaient pardonner ! Il s'arrêta, et juste au moment où son Eurydice arrivait à la lumière, [4,490] oubliant tout, hélas ! et vaincu dans son âme, il se tourna pour la regarder. Sur-le-champ tout son effort s'écroula, et son pacte avec le cruel tyran fut rompu, et trois fois un bruit éclatant se fit entendre aux étangs de l'Averne. Elle alors : "Quel est donc, dit-elle, cet accès de folie, qui m'a perdue, malheureuse que je suis, et qui t'a perdu, toi, Orphée ? Quel est ce grand accès de folie ? Voici que pour la seconde fois les destins cruels me rappellent en arrière et que le sommeil ferme mes yeux flottants. Adieu à présent; je suis emportée dans la nuit immense qui m'entoure et je te tends des paumes sans force, moi, hélas ! qui ne suis plus tienne." Elle dit, et loin de ses yeux tout à coup, comme une fumée mêlée aux brises ténues, elle s'enfuit dans la direction opposée; [4,500] et il eut beau tenter de saisir les ombres, beau vouloir lui parler encore, il ne la vit plus, et le nocher de l'Orcus ne le laissa plus franchir le marais qui la séparait d'elle. Que faire ? où porter ses pas, après s'être vu deux fois ravir son épouse ? Par quels pleurs émouvoir les Mânes, par quelles paroles les Divinités ? Elle, déjà froide, voguait dans la barque Stygienne.
On conte qu'il pleura durant sept mois entiers sous une roche aérienne, aux bords du Strymon désert, charmant les tigres et entraînant les chênes avec son chant. [4,510] Telle, sous l'ombre d'un peuplier, la plaintive Philomèle gémit sur la perte de ses petits, qu'un dur laboureur aux aguets a arrachés de leur nid, alors qu'ils n'avaient point encore de plumes, elle passe la nuit à pleurer, et, posée sur une branche, elle recommence son chant lamentable, et de ses plaintes douloureuses emplit au loin l'espace. Ni Vénus, ni aucun hymen ne fléchirent son coeur; seul, errant à travers les glaces hyperboréennes et le Tanaïs neigeux et les guérets du Riphée que les frimas ne désertent jamais, il pleurait Eurydice perdue et les dons inutiles de Dis.
[4,520] Les mères des Cicones, voyant dans cet hommage une marque de mépris, déchirèrent le jeune homme au milieu des sacrifices offerts aux dieux et des orgies du Bacchus nocturne, et dispersèrent au loin dans les champs ses membres en lambeaux. Même alors, comme sa tête, arrachée de son col de marbre, roulait au milieu du gouffre, emportée par l'Hèbre Oeagrien, "Eurydice !" criaient encore sa voix et sa langue glacée, "Ah ! malheureuse Eurydice !" tandis que sa vie fuyait, et, tout le long du fleuve, les rives répétaient en écho : "Eurydice !"
[11] Après avoir longtemps imploré par ses pleurs les divinités de l'Olympe, le chantre du Rhodope osa franchir les portes du Ténare, et passer les noirs torrents du Styx, pour fléchir les dieux du royaume des morts. Il marche à travers les ombres légères, fantômes errants dont les corps ont reçu les honneurs du tombeau. Il arrive au pied du trône de Proserpine et de Pluton, souverains de ce triste et ténébreux empire. Là, unissant sa voix plaintive aux accords de sa lyre, il fait entendre ces chants : "Divinités du monde souterrain où descendent successivement tous les mortels, souffrez que je laisse les vains détours d'une éloquence trompeuse. Ce n'est ni pour visiter le sombre Tartare, ni pour enchaîner le monstre à trois têtes, né du sang de Méduse, et gardien des Enfers, que je suis descendu dans votre empire. Je viens chercher mon épouse. La dent d'une vipère me l'a ravie au printemps de ses jours.
[25] "J'ai voulu supporter cette perte; j'ai voulu, je l'avoue, vaincre ma douleur. L'Amour a triomphé. La puissance de ce dieu est établie sur la terre et dans le ciel; je ne sais si elle l'est aux enfers : mais je crois qu'elle n'y est pas inconnue; et, si la renommée d'un enlèvement antique n'a rien de mensonger, c'est l'amour qui vous a soumis; c'est lui qui vous unit. Je vous en conjure donc par ces lieux pleins d'effroi, par ce chaos immense, par le vaste silence de ces régions de la Nuit, rendez-moi mon Eurydice; renouez le fil de ses jours trop tôt par la Parque coupé.
"Les mortels vous sont tous soumis. Après un court séjour sur la terre un peu plus tôt ou un peu plus tard, nous arrivons dans cet asile ténébreux; nous y tendons tous également; c'est ici notre dernière demeure. Vous tenez sous vos lois le vaste empire du genre humain. Lorsque Eurydice aura rempli la mesure ordinaire de la vie, elle rentrera sous votre puissance. Hélas ! c'est un simple délai que je demande; et si les Destins s'opposent à mes vœux, je renonce moi-même à retourner sur la terre. Prenez aussi ma vie, et réjouissez-vous d'avoir deux ombres à la fois."
[40] Aux tristes accents de sa voix, accompagnés des sons plaintifs de sa lyre, les ombres et les mânes pleurent attendris. Tantale cesse de poursuivre l'onde qui le fuit. Ixion s'arrête sur sa roue. Les vautours ne rongent plus les entrailles de Tityos. L'urne échappe aux mains des filles de Bélus, et toi, Sisyphe, tu t'assieds sur ta roche fatale. On dit même que, vaincues par le charme des vers, les inflexibles Euménides s'étonnèrent de pleurer pour la première fois. Ni le dieu de l'empire des morts, ni son épouse, ne peuvent résister aux accords puissants du chantre de la Thrace. Ils appellent Eurydice. Elle était parmi les ombres récemment arrivées au ténébreux séjour. Elle s'avance d'un pas lent, retardé par sa blessure. Elle est rendue à son époux : mais, telle est la loi qu'il reçoit : si, avant d'avoir franchi les sombres détours de l'Averne, il détourne la tête pour regarder Eurydice, sa grâce est révoquée; Eurydice est perdue pour lui sans retour.
[53] À travers le vaste silence du royaume des ombres, ils remontent par un sentier escarpé, tortueux, couvert de longues ténèbres. Ils approchaient des portes du Ténare. Orphée, impatient de crainte et d'amour, se détourne, regarde, et soudain Eurydice lui est encore ravie.
Le malheureux Orphée lui tend les bras, Il veut se jeter dans les siens : il n'embrasse qu'une vapeur légère. Eurydice meurt une seconde fois, mais sans se plaindre; et quelle plainte eût-elle pu former ? Était-ce pour Orphée un crime de l'avoir trop aimée ! Adieu, lui dit-elle d'une voix faible qui fut à peine entendue; et elle rentre dans les abîmes du trépas.