vendredi 29 juillet 2011

Rêverie (Claude Roy)

Clairière

Rêverie

 Tes  pensées se relèvent et l'herbe après tes pas
Tes pensées qui se pensent paresseusement
l'herbe  du  vieux sentier où l'on  ne passe plus
seulement les chevreuils indifférents aux  hommes

Il y a plus de  chemins dans ta foret  pensive
Que dans les bois d'hiver où  tu marches en silence
J'en connais deux ou trois   Je me perds dans les autres
Rêverie est le nom  que te donnent les chênes

Si   au  carrefour perdu  d'un  très vieux souvenir
et  du layon de  ronces qui  conduit à  l'étang
tu me rencontres à l'improviste  n'aie pas peur Rêverie
C'est moi     Ce  n'est personne   C'est moi  qui  pense à  toi

Je te laisse flotter aux marges de la brume
seule  comme la forêt   et  comme elle  peuplée

Le Haut du bout  1983 
(A la  lisière du temps , déjà  l'hiver  )

Pierrot le fou , Musique de Georges Duhamel


Film de  Jean  Luc Godard    , musique  de   Antoine  Duhamel (1965)

 

Nuit étoilée ... Roy et Van Gogh

  
La nuit étoilée  sur  le Rhône




  Je te dirai :
Regarde là-bas il y a une étoile qui tremble
comme s'il faisait grand vent
                                dans la steppe du ciel"

(Claude Roy )

jeudi 28 juillet 2011

Le poète (Claude Roy)





Plus  encore qu'un  poème ,  une  profession  de  foi :

LE POÈTE



Jamais jamais je ne pourrai dormir tranquille
aussi longtemps

que d’autres n’auront pas le sommeil et l’abri
ni jamais vivre de bon coeur

tant qu’il faudra que d’autres
meurent qui ne savent pas pourquoi

J’ai mal au coeur mal à la terre mal au présent
Le poète n’est pas celui qui dit

Je n’y suis pour personne
Le poète dit J’y suis pour tout le monde

Ne frappez pas avant d’entrer
Vous êtes déjà là

Qui vous frappe me frappe
J’en vois de toutes les couleurs
J’y suis pour tout le monde

Claude Roy

Le passanti De André , Brassens , Baudelaire ..

Le passanti


 
Georges Brassens - Les passantes


                      Ô  toi  que j'eusse  aimé, à  toi  qui  le savais  ..
Baudelaire   :A une passsante 

"Tes yeux sont si profonds ...." Aragon : Les yeux d'Elsa

Les Yeux d'Elsa 

 

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche

Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa
Louis Aragon

mercredi 27 juillet 2011

Michel -Ange (sculpteur)

Michelangelo di  Lovico Buonarotti Simoni  dit 
Michel-Ange
1475-1564

David
David détail

David  Détail


David  détail
 Pieta


Moïse
Esclave mourant


esclave  rebelle



Mahler: Symphony No. 2 (Resurrection) une intégrale !!

Mahler: Symphony No. 2 (Resurrection)

Notti Bianche (les nuits blanches de Visconti d'après Dostoievski )


 
Notti Bianche

"...Une minute  entière  de  félicité ! Mais  n'est-ce pas  assez pour  toute une  vie  d'homme ?" Fedor  Dostoievski , Les nuits blanches . 

La nouvelle de Dostoievski  sur  wikisource 

mardi 26 juillet 2011

Bourdelle, Hercule , Sapho, Adam ...

Heraklès  tuant les oiseaux   du  lac  Stymphale

(Un site  interessant  consacré à  la sculpture )

Hercule

Oeta, mont ennobli par cette nuit ardente,
Quand l'infidèle époux d'une épouse imprudente
Reçut de son amour un présent trop jaloux,
Victime du centaure immolé par ses coups.
Il brise tes forêts : ta cime épaisse et sombre
En un bûcher immense amoncelle sans nombre
Les sapins résineux que son bras a ployés.
Il y porte la flamme ; il monte, sous ses pieds
Étend du vieux lion la dépouille héroïque,
Et l'oeil au ciel, la main sur la massue antique
Attend sa récompense et l'heure d'être un dieu.
Le vent souffle et mugit. Le bûcher tout en feu
Brille autour du héros, et la flamme rapide
Porte aux palais divins l'âme du grand Alcide !

 (André Chénier, poésie antique  )

 Adam

 Sapho

Sapho
 
Alphonse de LAMARTINE (1790-1869)
(Recueil : Nouvelles méditations poétiques)

L'aurore se levait, la mer battait la plage ;
Ainsi parla Sapho debout sur le rivage,
Et près d'elle, à genoux, les filles de Lesbos
Se penchaient sur l'abîme et contemplaient les flots :

Fatal rocher, profond abîme !
Je vous aborde sans effroi !
Vous allez à Vénus dérober sa victime :
J'ai méconnu l'amour, l'amour punit mon crime.
Ô Neptune ! tes flots seront plus doux pour moi !
Vois-tu de quelles fleurs j'ai couronné ma tête ?
Vois : ce front, si longtemps chargé de mon ennui,
Orné pour mon trépas comme pour une fête,
Du bandeau solennel étincelle aujourd'hui !

On dit que dans ton sein... mais je ne puis le croire !
On échappe au courroux de l'implacable Amour ;
On dit que, par tes soins, si l'on renaît au jour,
D'une flamme insensée on y perd la mémoire !
Mais de l'abîme, ô dieu ! quel que soit le secours,
Garde-toi, garde-toi de préserver mes jours !
Je ne viens pas chercher dans tes ondes propices
Un oubli passager, vain remède à mes maux !
J'y viens, j'y viens trouver le calme des tombeaux !
Reçois, ô roi des mers, mes joyeux sacrifices !
Et vous, pourquoi ces pleurs ? pourquoi ces vains sanglots ?
Chantez, chantez un hymne, ô vierges de Lesbos !

Importuns souvenirs, me suivrez-vous sans cesse ?
[...]
Le monument à   Mickiewiez (épopée polonaise)

lundi 25 juillet 2011

Madame Butterfly (1995) - Love duet



Madame Butterfly (1995) - Love Duet 


Dans la série  des   beaux  duos   d'amour   et  pour  marier  un   sogno  italiano à un rêve japonais .  

Koto et Shabukachi : Musique traditionnelle japonaise

Koto & Shakuhachi - Japanese Traditional Music

Hokusai

Katsushika Hokusai


(1760-1849)
Jamais  artiste japonais  ne fut à la fois plus admiré en occident et plus contesté  au Japon . Katsushika  Hokusai,  l'un des plus grands artistes qu'Edo (Tokyo) ait engendrés,  a laissé une oeuvre monumentale, souvent inégale mais d'une diversité sans pareille.
Peintre et dessinateur admirable, grand théoricien, mais très individualiste, perpétuel insatisfait et d'une curiosité toujours en éveil, il s'intéressa à tous les mouvements  picturaux , sans jamais s'attacher à aucun. Sa vie est une quête émouvante de la perfection; il est le type même de l'artiste ne vivant que pour son  art, et que nulle contingence ne saurait faire dévier du but qu'il  poursuit.
Il  sut allier dans un style très personnel, la technique de  l'Ukiyo-e à la grande tradition picturale chinoise et japonaise. Il  renouvela le monde des formes et des couleurs et contribua grandement à rénover l'art de l'estampe en  y introduisant le paysage comme genre indépendant.
Son  oeuvre , par sa grande originalité, força l'admiration de ses contemporains davantage qu'elle ne les séduisit. Cependant, la grande majorité des artistes  de son temps subirent , consciemment  ou non son influence.
(sources : Chantal  Kozyref Essentiels d'Universalis )



Boy  viewing  Mont  Fuji

Tama river

La vague

La vague



Campanules

Deux  grues
Tigre et  bambou

Cascades
Cascades

Cascades


samedi 23 juillet 2011

Pablo Neruda - Poema nº 20 "Puedo escribir los versos mas tristes esta noche"

Pablo Neruda - Poema nº 20 

PUEDO escribir los versos más tristes esta noche.

Escribir, por ejemplo: " La noche está estrellada,
y tiritan, azules, los astros, a lo lejos".

El viento de la noche gira en el cielo y canta.

Puedo escribir los versos más tristes esta noche.
Yo la quise, y a veces ella también me quiso.

En las noches como ésta la tuve entre mis brazos.
La besé tantas veces bajo el cielo infinito.

Ella me quiso, a veces yo también la quería.
Cómo no haber amado sus grandes ojos fijos.

Puedo escribir los versos más tristes esta noche.
Pensar que no la tengo. Sentir que la he perdido.

Oír la noche inmensa, más inmensa sin ella.
Y el verso cae al alma como pasto el rocío.

Qué importa que mi amor no pudiera guardarla.
La noche está estrellada y ella no está conmigo.

Eso es todo. A lo lejos alguien canta. A lo lejos.
Mi alma no se contenta con haberla perdido.

Como para acercarla mi mirada la busca.
Mi corazón la busca, y ella no está conmigo.

La misma noche que hace blanquear los mismos árboles.
Nosotros, los de entonces, ya no somos los mismos.

Ya no la quiero, es cierto, pero cuánto la quise.
Mi voz buscaba el viento para tocar su oído.

De otro. Será de otro. Como antes de mis besos.
Su voz, su cuerpo claro. Sus ojos infinitos.

Ya no la quiero, es cierto, pero tal vez la quiero.
Es tan corto el amor, y es tan largo el olvido.

Porque en noches como ésta la tuve entre mis brazos,
mi alma no se contenta con haberla perdido.

Aunque éste sea el último dolor que ella me causa,
y éstos sean los últimos versos que yo le escribo.
 

vendredi 22 juillet 2011

Elsa's Dream from Lohengrin


Cheryl Studer sings Elsa's Dream from Lohengrin 

Une autre version :


Andersen , La Reine des neiges


La Reine des neiges

D'après  Hans Christian Andersen
Connaissez-vous la Reine des Neiges ?
Sans doute vous souvenez-vous de ce joli conte et en gardez-vous le sentiment d’une histoire un peu triste , un peu froide !
Si l’enfant que vous étiez a versé quelques larmes sur les aventures de Guerda et de Kay , l’avez-vous relu récemment et n’y avez-vous pas découvert l’aspect tragique de cette histoire !
Comme tous les contes sa fin est heureuse , parce qu’il ne faut pas trop attrister les enfants et qu’on peut faire intervenir un bon dieu et des anges pour contrer les manigances du diable .
Mais si l’histoire se joue dans notre monde où l’homme n’a pas le secours des créatures merveilleuses, les efforts de Guerda ont de grandes chances de rester impuissants ; alors Kay peut rester à jamais prisonnier de la Reine des neiges et l’éclat de miroir empêcher définitivement son cœur de battre.

Si vous avez oublié , rappelez-vous …….

Le diable avait inventé un tour particulièrement mauvais ; il avait fabriqué un miroir qui possédait le pouvoir de réduire à néant tout ce qui s’y reflétait de bien et de beau, de noble et d’excellent et au contraire de faire ressortir en l’agrandissant tout ce qui était mauvais , méchant et laid .
Un jour le miroir se brisa et se répandit sur la terre en milliards de grains de sable . Lorsqu’ils pénétraient dans l’œil d’une personne , celle-ci ne pouvait plus l’enlever et elle ne voyait plus que le mauvais coté des choses et le pire était lorsque l’éclat pénétrait son cœur qui devenait dur et froid comme de la glace 


Dans une grande ville vivaient deux enfants , ils n’étaient pas frère et sœur mais s’aimaient comme s’il l’avait été .
L’été ils vivaient dans un jardin plein de fleurs qu’ils s’étaient construit entre leur deux maisons .....



.....mais l’hiver le froid et la neige les empêchaient de se rejoindre. Ils connaissaient bien la Reine des Neiges qui provoquait ces séparations régulières et la redoutaient sans l’avoir jamais vue . Un soir d’hiver Kay , le petit garçon la surprit dans un vol de flocons : elle était belle et gracieuse , mais de glace ; elle brillait , aveuglante mais non sans séduction. Avant de disparaître elle fit un signe mystérieux à Kay qui en fut tout ébranlé.
Au printemps suivant les enfants jouaient parmi les fleurs caressées par une douce brise quand Kay se frotta subitement les yeux et porta la main à son cœur ! Lorsque Guerda , sa petite amie voulu trouver la cause du mal , il la repoussa brutalement comme jamais il ne l’avait fait ; il s’en prit aussi aux roses qui pour lui se fanaient dès qu’il posait le regard sur elles .


A partir de ce moment, son caractère changea ; Guerda eut l’impression qu’il grandissait subitement en dédaignant leurs jeux d’hier .Elle en éprouvait beaucoup de chagrin parce qu’il prenait de moins en moins de plaisir en sa compagnie et qu’il semblait préférer celle de personnes peu sympathiques tout comme il préférait aux fleurs de leurs jardins , les fleurs qu’il découvrait dans les flocons de neige .
Et la Reine des Neiges revint , elle attira Kay dans son traîneau qui filait comme le vent ; elle l’embrassa une première fois et il oublia la sensation du froid ,puis une seconde fois et il perdit toute mémoire de Guerda et de leur jardin . Il ne voyait plus que la Reine des Neiges ; Il voulu lui raconter des choses qu’il connaissait , mais très vite il en perdit le goût, les joies d’hier avaient perdu toute saveur , ses anciens plaisirs lui paraissaient médiocres et dérisoires . Il regarda plus haut , très haut, très loin dans l’infini et au matin il dormait subjugué , aux pieds de la Reine des Neiges.




Restée seule Guerda désespéra ; elle pleura beaucoup pensant comme tout le monde que son ami était mort ; mais au printemps avec les rayons du soleil elle reprit confiance et partit à la recherche de Kay .....