samedi 31 mars 2012

John Constable

John  Constable  célèbre  paysagiste  anglais   1776-1837

Poertrait  par   Daniel   Gardner 
Shoreham- bay   evening  sunset

La voiture  de  foin

Stonehedge

UNe  de  ses nombreuses  cathédrales  de  Salisbury

Sketch  for   Hadleigh castle

Weymouth bay  ?







Paysagiste , l'art suprême (Edgar Poe: Domaine d'Amheim et cottage Landor)



Le domaine   D'Amheim  
  Edgar  Poe  (histoires grotesques  et  sérieuses  )


De   la  possibilité du   Bonheur :

.[....Un examen minutieux de sa carrière m’a fait comprendre que la misère de l’espèce humaine naît, en général, de la violation de quelques simples lois d’humanité ; — que nous avons en notre possession, en tant qu’espèce, des éléments de contentement non encore mis en œuvre, — et que même maintenant, dans les présentes ténèbres et l’état délirant de la pensée humaine sur la grande question des conditions sociales, il ne serait pas impossible que l’homme, en tant qu’individu, pût être heureux dans de certaines circonstances insolites et remarquablement fortuites.
.....Mais mon but n’est pas du tout d’écrire un essai sur le bonheur. Les idées de mon ami peuvent être résumées en quelques mots. Il n’admettait que quatre principes, ou, plus strictement, quatre conditions élémentaires de félicité. Celle qu’il considérait comme la principale était (chose étrange à dire !) la simple condition, purement physique, du libre exercice en plein air. « La santé, — disait-il, — qu’on peut obtenir par d’autres moyens est à peine digne de ce nom. » Il citait les voluptés du chasseur de renards, et désignait les cultivateurs de la terre comme les seules gens qui, en tant qu’espèce, pussent être sérieusement considérés comme plus heureux que les autres. La seconde condition était l’amour de la femme. La troisième, la plus difficile à réaliser, était le mépris de toute ambition. La quatrième était l’objet d’une poursuite incessante ; et il affirmait que, les autres choses étant égales, l’étendue du bonheur auquel on peut atteindre était en proportion de la spiritualité de ce quatrième objet.

Un  héritage  fortuit  et  considérable  aurait  pu  corrompre  et  pervertir ces   penchants   naturels ,  mais    il  fut   heureusement  sauvé  par   sa quête   d'une  beauté exigeante  et   fort dispendieuse  :  le   façonnement  de  paysages  .

.... C’était un poète dans le sens le plus noble et le plus large. Il comprenait, d’ailleurs, le vrai caractère, le but auguste, la nécessité suprême et la dignité du sentiment poétique. Son instinct lui disait que la plus parfaite sinon la seule satisfaction, propre à ce sentiment, consistait dans la création de formes nouvelles de beauté. Quelques particularités, soit dans son éducation première, soit dans la nature de son intelligence, avaient donné à ses spéculations éthiques une nuance de ce qu’on appelle matérialisme ; et ce fut peut-être ce tour d’esprit qui le conduisit à croire que le champ le plus avantageux, sinon le seul légitime, pour l’exercice de la faculté poétique consiste dans la création de nouveaux modes de beauté purement physique. C’est ce qui fut cause qu’il ne devint ni musicien ni poète, — si nous employons ce dernier mot dans son acception journalière. Peut-être aussi avait-il négligé de devenir l’un ou l’autre, simplement en conséquence de son idée favorite, à savoir que c’est dans le mépris de l’ambition que doit se trouver l’un des principes essentiels du bonheur sur la terre. Est-il vraiment impossible de concevoir que, si un génie d’un ordre élevé doit être nécessairement ambitieux, il y a une espèce de génie plus élevé encore qui est au-dessus de ce qu’on appelle ambition ? Et ainsi ne pouvons-nous pas supposer qu’il a existé bien des génies beaucoup plus grands que Milton, qui sont restés volontairement « muets et inglorieux ? » Je crois que le monde n’a jamais vu et que, sauf le cas où une série d’accidents aiguillonnerait le génie du rang le plus noble et le contraindrait aux efforts répugnants de l’application pratique, le monde ne verra jamais la perfection triomphante d’exécution dont la nature humaine est positivement capable dans les domaines les plus riches de l’art.
..
L'homme  plus   GRAND  que  la  Nature   :

Claude  Gelée  dit   Le  Lorrain  :  paysage  pastoral  (1644)



....On ne trouve pas dans la réalité des paradis semblables à ceux qui éclatent sur les toiles de Claude Lorrain. Dans le plus enchanteur des paysages naturels, on découvre toujours un défaut ou un excès, mille excès et mille défauts. Quand même les parties constitutives pourraient défier, chacune individuellement, l’habileté d’un artiste consommé, l’arrangement de ces parties sera toujours susceptible de perfectionnement. Bref, il n’existe pas un lieu sur la vaste surface de la terre naturelle, où l’œil d’un contemplateur attentif ne se sente choqué par quelque défaut dans ce qu’on appelle la composition du paysage. Et cependant, combien ceci est inintelligible ! En toute autre matière, on nous a justement appris à vénérer la nature comme parfaite. Quant aux détails, nous frémirions d’oser rivaliser avec elle. Qui aura la présomption d’imiter les couleurs de la tulipe, ou de perfectionner les proportions du lis de la vallée ? La critique qui dit, à propos de sculpture ou de peinture, que la nature doit être ennoblie ou idéalisée, est dans l’erreur. Aucune combinaison d’éléments de beauté humaine, en peinture ou en sculpture, ne peut faire plus que d’approcher de la beauté vivante et respirante. Dans le paysage seul, le principe de la critique devient vrai ; elle l’a senti vrai en ce point, et c’est l’esprit enragé de généralisation qui l’a poussée à conclure qu’il était vrai dans tous les domaines de l’art. Elle l’a senti vrai en ce point, dis-je ; car le sentiment n’est ni affectation ni chimère. Les mathématiques ne fournissent pas de démonstrations plus absolues que celles que l’artiste tire du sentiment de son art. Non-seulement il croit, mais il sait positivement que tels et tels arrangements de matière, arbitraires en apparence, constituent seuls la vraie beauté.  

La  beauté  naturelle  , un  arrangement primitif  corrompu   par   le  destin  de  mortalité  de  l'homme :


...Je répète que, seulement dans la composition du paysage, la nature physique est susceptible d’ennoblissement, et que cette susceptibilité de perfectionnement dans cette partie unique était un mystère que je n’avais jamais pu résoudre. Toutes mes réflexions sur ce sujet reposaient sur cette idée, que l’intention primitive de la nature devait avoir disposé la surface de la terre de manière à satisfaire en tout point le sentiment humain de la perfection dans le beau, le sublime ou le pittoresque ; mais que cette intention primitive avait été déjouée par les perturbations géologiques connues, — perturbations qui avaient été ressenties par les formes et les couleurs, dans la correction et le mélange desquelles gît l’âme de l’art. Mais la force de cette idée se trouvait très-affaiblie par la nécessité conséquente de considérer ces perturbations comme anormales et destituées de toute espèce de but. Ce fut Ellison qui me suggéra qu’elles étaient des pronostics de mort. Il expliquait la chose ainsi : « Admettons que l’immortalité terrestre de l’homme ait été l’intention première. Nous concevons dès lors un arrangement primitif de la surface de la terre approprié à cet état bienheureux de l’homme, état qui n’a pas été réalisé, mais qui a été préconçu. Les perturbations n’ont été que des préparatifs pour sa condition mortelle, conçue postérieurement.

..

« Il n’y a proprement que deux styles de jardin-paysage, le naturel et l’artificiel. L’un cherche à rappeler la beauté originale de la campagne, en appropriant ses moyens au décor environnant ; en cultivant des arbres qui soient en harmonie avec les collines ou la plaine de toute la terre voisine ; en découvrant et en mettant en pratique ces rapports délicats de grosseur, de proportion et de couleur, qui, voilés pour l’œil de l’observateur vulgaire, se révèlent partout à l’élève expérimenté de la nature. Le résultat du style naturel en fait de jardins se manifeste dans l’absence de tout défaut et de toute incongruité, dans la prédominance de l’ordre et d’une saine harmonie, plutôt que dans la création de miracles et de merveilles spéciales. Le style artificiel comprend autant de variétés qu’il y a de goûts différents à satisfaire. Il implique un certain rapport général avec les différents styles d’architecture. Il y a les majestueuses avenues et les retraites de Versailles ; il y a les terrasses italiennes ; et puis un vieux style anglais, mixte et divers, qui a quelque rapport avec l’architecture gothique domestique et celle du siècle d’Élisabeth. Malgré tout ce qu’on peut dire contre les abus du jardin-paysage artificiel, l’introduction de l’art pur dans un décor rustique y ajoute une très-grande beauté. C’est une beauté qui est, en partie, morale, et en partie faite pour plaire à l’œil par le déploiement de l’ordre et de l’intention rendue visible. Une terrasse, avec une vieille balustrade couverte de mousse, évoque immédiatement pour l’œil les belles créatures qui y ont passé dans d’autres temps. Le plus léger indice d’art est un témoignage de sollicitude et d’intérêt humains. »
« D’après mes observations précédentes, — dit Ellison, — vous comprenez déjà que je repousse l’idée, exprimée par l’auteur, de rappeler la beauté originale de la campagne. Cette beauté originale n’est jamais aussi grande que celle que l’homme y peut introduire.
...


A ce  récit ,   Le   cottage  Landor  (1) , apparait comme  la  justification   de  cette  théorie   dans   une   description  d'un  objet  unique  en  14  pages  (éditions   Club  du  livre   Diderot) : la   découverte  par  un  promeneur , d'une  région paradisiaque   ,  un  domaine   entièrement  agencé   par  le  propriétaire   .
 C'est  dans  ce  récit   que   Bachelard   situe    une  première  vision   de l'eau   comme   matière  poetique  d'Edgar  Poe  , eau  miroir  ,  impression  onirique   ....


....En ce moment, un murmure d’eau frappa doucement mon oreille, et, quelques secondes après, comme je tournais avec la route, un peu plus brusquement qu’auparavant, j’aperçus une espèce de bâtiment situé au pied d’une pente très-douce, juste devant moi. Je ne pouvais rien voir distinctement à cause du brouillard qui remplissait toute la petite vallée inférieure. Une légère brise s’éleva cependant, comme le soleil allait descendre ; et, pendant que je restais debout sur le sommet de la pente, le brouillard se fondit en ondulations et se mit à flotter au-dessus du paysage.
Pendant que la scène se révélait à ma vue, graduellement, comme je la décris, — morceau par morceau, ici un arbre, là un miroitement d’eau, et puis là un bout de cheminée, — je ne pouvais m’empêcher d’imaginer que le tout n’était qu’une de ces ingénieuses illusions exhibées quelquefois chez nous sous le nom de tableaux fondants.
.... Ce petit lac avait peut-être cent yards de diamètre dans sa plus grande largeur. Aucun cristal n’aurait pu rivaliser en clarté avec ses eaux. Le fond, qu’on apercevait distinctement, consistait uniquement en cailloux d’une blancheur éclatante. Les bords, revêtus de ce gazon d’émeraude déjà décrit, arrondis en courbe, plutôt que coupés en talus, s’enfonçaient dans le ciel clair placé au-dessous ; et ce ciel était si clair et réfléchissait parfois si nettement tous les objets qui le dominaient, qu’il était vraiment difficile de déterminer le point où la vraie rive finissait et où commençait la rive réfléchie. Les truites et quelques autres variétés de poissons, dont cet étang semblait, pour ainsi dire, foisonner, avaient l’aspect exact de véritables poissons volants. Il était presque impossible de se figurer qu’ils ne fussent pas suspendus dans les airs. Une légère pirogue de bouleau, qui reposait tranquillement sur l’eau, y réfléchissait ses plus petites fibres avec une fidélité que n’aurait pas surpassée le miroir le plus parfaitement poli.

 (1)  Edgar  Poe  (histoires grotesques  et  sérieuses  ) (Traduction   de  Charles  Baudelaire )

jeudi 29 mars 2012

Franz Schubert - Introduction and Variations for Flute and Piano in E mi...

Gaston Bachelard L'imagination poétique , causerie 1



William   Turner  : Slave  ship



La poésie et  les  éléments 

"Le  lyrisme  est nécessairement un  enthousiasme   linguistique "
La poétique  de la  craie   de Van Gogh  :"... peindre  la  terre  avec  un  morceau  de  terre  ...

 


Un  très  riche  site  sur  Turner  qui  semble  avoir si  souvent   poursuivi  le  même  idéal  poétique  que  Bachelard .
http://www.ibiblio.org/wm/paint/auth/turner/

lundi 26 mars 2012

Bachelard , miroir des eaux dormantes

http://www.artknowledgenews.com/jean-baptiste-camille-corot-in-california.html 
Le lac  est  l'oeil  du  monde   autant  que  son  miroir , 

"...On ne rêve pas profondément  avec  des objets . Pour rêver  profondément  il faut  rêver  avec des matières. Un  poète  qui  commence par le  miroir doit  arriver   à  l'eau  de la  fontaine s'il  veut  donner  son  expérience poétique  complète. L'experience  poétique doit, à nos  yeux , être  mise  sous la  dépendance  de l'expérience  onirique .  Un  poésie  aussi  travaillée   que  celle  de  Mallarmé  manque  rarement  à  cette  loi ; elle  nous donnera   l'intussusception des  images de l'eau dans les images  du  miroir :
O miroir !
Eau froide par l'ennui dans  ton  cadre  gelée
Que   de  fois  pendant  des heures, désolée
Des  songes et  cherchant  mes  souvenirs  qui  sont  
Comme  des feuillages sous  ta  glace  au trou  profond,
Je  m'apparus  en  toi  comme  une  ombre  lointaine,
Mais  horreur!  des  soirs  dans  ta  sévère  fontaine,
J'ai  de mon  rêve  épars connu  la  nudité !


Pour  Rodenbach :  A  Bruges  tout  miroir  est une   eau dormante .

vendredi 23 mars 2012

Berthe Morisot et visite virtuelle du Musée Marmottan -Monet


Exposition  au  Musée  Marmottan -Monet  à  Paris

Exposition Berthe Morisot, Henri Rouart du 8 mars au 01 juillet 2012


Berthe  Morisot Le  port  de  Lorient  

Berthe Morisot  :  Champs  de  blé  à   Gennevilliers  



Visite  virtuelle  du  Musée  Marmottan-Monet :  http://www.marmottan.com/visite/


jeudi 22 mars 2012

La notte di san Lorenzo.




Un épisode tragique du fascisme en Italie, raconté à la manière de ces grands cinéastes , c'est à dire avec toutes les gammes possibles des émotions .




La notte di san Lorenzo. Offertorium (Verdi-Piovani)



la notte di san lorenzo 1 eng subs



Paolo e Vittorio Taviani - La notte di San Lorenzo - La battaglia nel grano

José Carreras - Hostias et Preces (Verdi Messa da Requiem)

mercredi 21 mars 2012

Gaston Bachelard, une de mes sources préférées ....


Gaston Bachelard 

 GASTON BACHELARD 

- Les  eaux claires  , les eaux printanières, et les  eaux courantes. Les conditions  objectives du  narcissisme. Les  eaux  amoureuses .

- Les  eaux profondes,  les eaux dormantes, les  eaux  mortes. "L'eau  lourde" dans la rêverie  d'Edgar Poe

-  Le complexe de Caron. Le  complexe  d'Ophélie

- Les  eaux  composées 

- L'eau maternelle  et l'eau  féminine

- Pureté et  purification. La  morale  de l'eau

- La suprématie  de  l'eau  douce

-  l'eau violente

-  La parole  de l'eau

 

Debussy La Mer, passionnément......


Debussy La Mer movement 1 Abbado



Debussy La Mer movement 2 Abbado

 

 Debussy La Mer 3.- Diágolo entre el viento y el mar

 

lundi 19 mars 2012

Menton, les Balzi-Rossi...


Menton

Le  voyage  est  fini , le  temps  d'un   week end   ,  à  peine  davantage. Mais  suffisamment  pour ressusciter les images  endormies  de  mille souvenirs  d'un  coin de  France  où par   je ne  sais  quelle  fantaisie   j'ai  plongé mes  racines plus   profondément que  si  j'étais  née là-bas.:  Menton et  son   arrière  pays  ,  Sospel ,Tende La   vallée  de la      Roya ,  mer  et  montagne  ,  où croissent  côte à   côte   les palmiers  et   les  cyprès,  sur un  terrain  de  garrigues qui  sent bon  le  thym  et la  lavande  , "où  fleurit  l'oranger"  mais  aussi  les  lys  et les  campanules , mélanges  de parfums et  de couleurs   avec   les   premiers  contre-forts  alpins  qui   plongent  dans la mer   à  la frontière  italienne . 










 Car c'est   aussi  le  miracle  ,: Vintimille   (Ventimiglia ) , là   où  j'ai  marié  depuis   si  longtemps   ces  deux pays  dans le sel  des  eaux   qui  baignent  la  côte en  imprégnant  les  lèvres   du  goût  si  caractéristique  de la  méditerranée.,











Je ne suis pas  allée vraiment en  Italie  mais  j'ai  posé un  pied dans mon  rêve, suivi le  sentier bordé de  cactus   qui mène  aux grottes  préhistoriques  des   Balzi-Rossi  pour  contempler   de  là-haut , comme nos lointains ancêtres   ,  l'horizon  outremer avec ce   sentiment  poignant  d'espace-temps où se  confondent   l'éternité   et  l'immensité,.rendant  si dérisoire   l'infidélité  des hommes .  











Les   Balzi  Rossi  (Grottes préhistoriques  )




Plus sur les   Balzi Rossi :  http://www.viajuliaaugusta.com/fr/museo-balzi.html




mercredi 14 mars 2012

Un petit temps d'absence ...





Je vais  voir  la   mer ...

avec  l'espoir de  laver  dans  la  Grande   Bleue, tous  ces nuages  qui  se  sont   récemment  accumulés
Entendre  une nouvelle   fois   le  chant de  l'éternel  retour,
 dans le  rythme  des  vagues  que  les  galets  avalent
 Croire  encore  , à nouveau  croire
que  l'humanité progresse ,
que  ses  fautes ne  sont  que  des  errements
croire  que  demain  sera   fils d'hier et  bien  mieux qu'aujourd'hui
Croire
que  l'injustice  qui affame  sans   pudeur
que la cruauté  qui  torture  sans pitié
Que  l'indifférence  qui   occulte  sans  remords
 Ne sont  pas les seuls traits inhérents à  la   nature humaine
que  savoirs et  conscience promettent  d'autres  lendemains
Qui , s'ils ne  chantent  pas   seront   moins discordants .
A bientôt

Esthétique du Pôle Nord (Michel Onfray)

Enée  portant  anchise   (Le  Bernin) 






Mon  premier  livre  de  Michel  Onfray 
commençait  par  cette  courte  préface  en prélude   aux chapitres  d'une  philosophie  poétique  sur la matière  et le  temps  et  par  laquelle   il  dédie   à  son  père  dans un envoi  portant  le  titre   "Fidélités",  cette   aventure intellectuelle que   je  qualifierais  de  mystique  si  je n'avais  peur  de  le  trahir .

"Depuis  sa naissance   le  29   janvier   1920, jamais  mon  père   n'a   quitté   Chambois, son  village  natal  normand; jamais il n'a manifesté  de  désirs  , d'envies  , de  souhaits;  jamais  je ne  l'ai  entendu  récriminer ou se  révolter contre  son  sort ;  jamais  je ne    l'ai surpris  dans la convoitise ; jamais  il n'a maudit  sa  condition d'ouvrier  agricole qui l'a condamné  au  dénuement ; jamais   je ne l'ai  vu  dans le  ressentiment à  l'endroit  du monde comme il  va et  qui  l'a  fait  modeste , sans  grade, sans  voix,  tacituren comme  le  sont   viscéralement les  gens  de la  terre, épuisés au  travail, fatigués ,  éreintés.


Au milieu  d'un champ où  nous plantions   des  pommes  de terre,  sous le  gazouillis  d'alouettes  époumonées,  je  lui  avais  demandé  quelle  destination il  élirait si  d'aventure un  magicien  se penchait  sur  son  destin pour rendre  possible  ce  voyage  idéal. Il m'avait  répondu   : "au  pôle Nord."  J'avais  à peine  dix ans,  l'âge  vers lequel  il  m'avait  désigné, une nuit  d'été, devant la porte  de la maison  où  nous  habitions,  la présence  scintillante de l'étoile polaire qui ne  se  couche pas, reste  fixe  dans le  ciel et  sert  aux navigateurs pour ne jamais perdre  leur  cap.


Pour  ses  quatre-vingts ans,  je   lui fis cadeau  de  ce  voyage  en  Terre  de Baffin  ,  au  delà  du  cercle  polaire -  au  pôle  Nord. Ces  pages en  racontent   la partie  émergée.
 A  mon  père , donc  .





lundi 12 mars 2012

Boccioni Umberto , Futurisme

Futurisme  italien , futurisme  parisien,   cubisme,  cubofuturisme russe  , vorticisme  anglais ,  novocento  !!!
Moi  qui  ai  déjà horreur  des  classifications, j'avoue  que  je ne m'y  retrouve  pas  toujours .
Umberto   Boccioni me semble  avoir   lui  même  revendiqué  cette  appartenance  au Futurisme   italien  fondé  par  le Manifeste  d'un poète   provocateur  Filippo Tomaso  Marinetti   , prônant  le rejet radical des  anciennes traditions  artistiques vouées à l'oubli  dans les  Musées  et  glorifiant   la  machine  et la vitesse, anarchiste  dans   sa violence  et  bergsonien dans l'obsession  du  mouvement  .
J'avais  pu  voir   en  2008  au  Centre  Pompidou  une exposition   consacrée  à  cette  période   et regroupant  fort  heureusement les  artistes  des  différents  courants confrontant  similitudes , rapprochements ou  antagonismes  .
J'avais remarqué  à  cette  occasion  un certains  nombre d'oeuvres   particulièrement   inéressantes  et souvent  elles  étaient  signées de  Boccioni  :

Stati d'animo  : Gli  addi  (les  adieux ) 1911

Stati d'animo :Quelli che   restano  (ceux qui  restent)  1911

Stati  d'animo  :  Quelli  che  vanno (ceux qui partent  ) 1911

Il bevitore ,  le  buveur   1914

"...L'abrutissement   et  la léthargie  produits   par l'alcool  résident dans le   poids  donné à cette main, telle une machine  de  Léger  , devenue  abstraction  dynamique .
 Le  verre  cristallise la simultanéité  de  ces  deux  étas  , fragilité  psychologique  et  effondrement  physique, traduits par  cette  attraction  vers le  bad qui  passe  par une  statique de  surface  .  Et  c'est  en  celà  que   Boccioni parvient  à démontrer  combien  la  statique  porte  de  dynamisme , et  combien l'immobilitépeut être  tumultueuse  au  coeur   même  d'une  fébrilité  ..."

La forze  di  una  strada  (détail )


La strada entra nella  casa  1911

d'autres  oeuvres   sur  ce  site  : Eternels éclairs