lundi 23 mai 2011

Hymne à Vénus , Lucrèce. Botticelli Mars et Vénus

Botticelli,  Mars  et Venus

Hymne  à Vénus

Mère  des  énéades, volupté des hommes et  des   dieux.
Alme Vénus qui  sous les   étoiles  glissantes
peuples  la mer   aux mille nefs,  les terres  fertiles ,
toi par  qui  toute espèce  vivante est  conçue
puis  s'éveille,  jaillie  de l'ombre , au  clair  soleil
tu parais,   Déesse , et  les  vents ,  les  nuages  te  fuient,
pour toi  la   terre ingénieuse  parsème le  chemin
de  fleurs  suaves,  pour toi  l' océan  rit  en  ses  flots
et le  ciel  passifié  brille  d'un fluide  éclat.
Car sitpot  dévoilé  le  visage  printanier  du  jour,
dès  que  reprend  vigueur  le  fécondant   Zéphyr,
dans les  airs  les oiseaux   te signifient,  Déesse,
Et ton  avènement  frappé  au coeur  par  ta  puissance;
les fauves, les troupeaux  bondissent  dans l'herbe  épaisse
fendent  les  courants  rapides, tant, captif de  ta grâce
chacun brûle  de  te suivre  où tu  le  mènes  sans  trêve.
Par les mers ,  les montagnes, les  fleuves  impétueux
les demeures feuillues  des oiseaux,  les  plaines  reverdies
plantant le  tendre amour  au  coeur  de tous les êtres,
Tu transmets le  désir  de  propager l'espèce.
Et  puisque  tu  es  seule à  régir la nature,
puisque  rien  ne  s'élève  aux rives divines  du  jour,
rien  d'heureux ni d'aimable ne  s'accomplit sans toi ,
c'est  avec  toi  Vénus  que je  souhaite m'allier
pour écrire  ce poème  sur la  nature des choses
dédié à  Memmius,  notre  ami  ,que  toujours  ô  divine,
tu  voulus en  toute  chose parer  de l'excellence.
Aussi   donne à mes mots une  grâce  éternelle.
Cependant ,  sur les terres  et les mers ,  apaise
et endors  les travaux  inhumains  de la  guerre.
Toi seule  accordes aux mortels le bonheur de la paix
puisque le  dieu des  armes,  maître  des combats  féroces,
Mars,vient  souvent  se réfugier  sur ton sein,
vaincu  par la blessure  éternelle  de l'amour.
Il y pose  sa  belle  nuque,  puis  levant les yeux,
avide, s'ennivre  à  ta  vue  Déesse,
et ployé contre  toi  suspend  son  souffle à  tes lèvres.
Lorsqu'il  reposera,  enlacé  à  ton corps  sacré,
fonds-toi  en  son  étreinte  et  tendrement  exhale
pour  les  Romains,  Grande Vénus , tes prières de paix,
Car  dans un temps  où  la  patrie  subit la  tourmente
nous ne pourrions bâtir  notre oeuvre,  l'âme  sereine,
ni l'illustre descendance  des Memmius
négliger  en  telle urgence le  salut  commun.

La nature  absolue des dieux, doit  tout  entière
jouir de l'immortalité dans la paix  suprème,
à l'écart   , bien  loin  desc hoses de  ce monde :
exempte de  souffrance,  exempte de périls,
forte  de ses  ressources, sans  nul besoin  de nous,
elle est insensible  aux  faveurs, inaccessible  à  la  colère.
Désormais  tends l'oreille  aux raisonnements vrais,
montre un esprit  sagace  et libre  de  soucis
pour ne pas  dédaigner  avant  de les  comprendre
ces présents  que  mon soin fidèle  à  disposés  pour  toi.
Je  t'exposerai  l'ultime  raison  du  ciel  et  des dieux,
je te révélerai quels sont les principes des choses,
d'où la nature  crée, accroît  et nourrit  tous les  êtres,
en quoi  elle les  résorbe  à  nouveau  après la mort.
Dans notre poème  nous  appelons ces principes
matièrére, corps   générateurs,  semence  des choses,
Et nous employons  aussi  le  nom  de corps premiers,
puisque  d'eux les premiers,  tout  vient à l'existence.

Lucrèce :De  la nature (De rerum  natura) Livre I 

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