mercredi 14 octobre 2015

Léo Ferré Le hibou de Paris






Le hibou de Paris

L'automne dans  les bois est cousu  de  ouatine
On  y  entend  les  pattes douces de la vie
Quelque  oiseau  malhabile en  sifflant  dès  matines
A tiré de  sa sieste un  hibou   de  Paris

La  chlorophylle s'est  caillée au  bout  des branches
C'es l'amour qui  s'enchante et  se  meurt à  la fois
Et la feuille  d'automne agonise  un  dimanche
Et  le  lundi matin  on  la  montre du  doigt

L'automne  caraïbe a des  printemps  qui  flânent
C'est le tropique  qui   trop  pique  et  goulûment
Délave son  été dans  un  azur  ou plane
Un  soleil  gominé qui  ne fout pas  le camp

ça  c'est la  poésie monsieur, où  meurt  l'automne
Le  poète  va  pondre un  œuf  impunément
L'automne  est morte qu'importe  une chanson  rayonne
Et enroue les pick-up comme  un  emmerdement

Et   ce   jazz  qui  vous tape  au  siphon  comme un pic
Un  vrai  déhanchement  d'épopée en surtax
Un  potentiel  de  brouhaha  qui  tombe  à  pic
Dans cette  épique  époque  où  syntaxent   les  saxs

Et ces nouvelles qu'ont vous tend  comme une perche
Et ces désirs blessés mille  fois rapiécés
Ces manettes truquées où  vainement l'on cherche
Une  voix  bienheureuse  à l'horizon clouée.

samedi 10 octobre 2015

Madame H. , Régis Debray

Je viens de  lire  Madame  H. de  Régis Debray  .
H c'est   l'Histoire 
et le propos  voudrait  (il me semble), mettre en évidence  l'Histoire devenue  impossible  car   l'histoire  a  besoin  de Héros  ,  de  phares,  de  grands  hommes   , surement  à son sens d’idéaux  ,  et  que notre époque  n'en  a  plus , mais seulement  de  petits hommes  ,  dont  les  rêves  rasent le   sol  ,   et  se sont   soumis par opportunisme   qui  s'est  transformé  en   nature   ,  à  la bourse , aux  marchés,  à  l'intérêt ,  à la  pub,  au rentable , au jetable   .....
Ce déclin   R.Debray  nous le  faire  lire  au travers de  sa propre biographie . C'est sa vie qu'il  nous raconte  ,  avec ses espoirs   et  ses désillusions. , le partage  dans l'ombre des existences    de ces géants qu'il  a  côtoyés  Sartre,  De Gaulle,  Malraux,  Mitterrand,  aussi Gary etc...
Ce  déclin  semble   bien  être  son propre  déclin  , et peut être   ce retrait  qu'il  a choisi  par  rapport  au  monde  ?
Et  pourquoi    parle-t-il  si   peu  de ses  grandes  heures de   gloire   dans l'épisode   Che   Guevara  ?
Pourquoi  minimiser  ce  qui aurait   pu  lui conserver  son  auréole ?
Son dieu  argentin   est  mort   tout comme  le dieu  de   sa culture  , alors  il  semble  dire  :  voilà  pour preuve   , tout   fout  le camp  et  c'est  ainsi  , je   partirai  aussi  bientôt  et  serai aussi  vite  oublié  .
"Que le  diable t'emporte   , vieille   Europe"  semble résonner  à la fin de  son  livre  comme l' adieu désabusé   du  Crabe-tambour.

Parce  qu'il  a choisi pour illustrer  ce  déclin  la sphère   la part la  plus  prosaïque  de son  existence , celle des antichambres ,  ses  arguments ne  sont  pas assez  convaincants  Pardonnez-moi  ,  Monsieur   Régis  Debray  qui  fûtes  un  de   mes  phares  dans un" itinéraire  du divin"(1) et  l'approche  du  sacré (2) .J'attendais de  vous  des arguments plus forts pour   définir   cette  décadence  dont  nous sommes  tous  convaincus  de  sa réalité  mais sans certitudes pour en expliquer les  moteurs,  ni en  préciser la sphère .

Le changement   version  Michel  Onfray  est   beaucoup  plus  vitaliste   , plus  bruyant   mais aussi  plus  lumineux  Il est  vrai   que  Michel  Onfray  est   plus  jeune  (nous sommes  de  la  même   génération   Mr  Debray).Michel   Onfray  n'a pas votre  réserve,  Michel  Onfray  se  bat   "à  coup de  marteau"
Lui  semble  avoir  adopté  le  changement  et  me  parait   prêt  au  transhumanisme . Et  cependant  les  médias  , les  mettent  dans le  même   panier  des défaitistes-empêcheurs de  tourner  en  rond, oiseaux de mauvaises  augures ,"nouveaux- réacs déclinistes, pessimistes  " accrochés  à la vieille  identité nationale   et   à  ses  valeurs obsolètes  .
Je pense  que la plupart  de ses détracteurs ne  l'ont pas seulement  lu . Il  ne  fait  pas  partie   du  sérail   il  n'est pas  élitiste  , il  a déboulonné  l'idole qui  nous donnait sur le divan,  l'absolution hors confessionnal , autant  de raisons  suffisantes à justifier  la  cabale  dont il est  victime  .
Onfray  donc  voit plus un  changement  qu'un  déclin mais  lui aussi    la fin  de  l'Europe,d'une  europe, qui  pourrait , devrait  être le  commencement  d'autre  chose.
Comment, pourquoi ,  défendre  les valeurs  d'une  culture  dont il  dénonce les égarements  où  l'ont conduit sa religiosité   ?
Ce serait  négliger  sa défense  farouche  de  l'athéisme avec sa recherche  d'une  morale   laïque  , le pivot  de sa  philosophie,  son étendard .
S'il  nous fallait  un  héros  ,  un  Don Quichotte   nous  l'avons  trouvé  .

Mais  je n'ai  pas le   courage  de  la radicalité  de .M.Onfray. Je ne peux  pas  rayer  d'un  trait  de  plume   plus de  2000 ans de  culture  judéo-chrétienne  ; j'ai  besoin  de   tout  ce  que  nous avons  glané  au cours de   ce  fameux itinéraire  qui  mena  à  la   mort  de   Dieu, besoin  de mémoire,  besoin  de  cathédrales , besoin de  musique  sacrée  Bien que  je partage  votre   nostalgie  Mr  Debray ,  pour nos générations futures  il  faut   emboiter le  pas  de  notre  nouveau  croisé afin  de leur donner la  puissance  d'exister,(3) qu'elles  croient  encore et s'investissent pour l'espérance en de  beaux  lendemains qui seront  les leurs et  que nous ne  verront  pas .

( 1 Dieu  un intinéraire)
(2 Le feu  sacré) 
(3) De Michel  Onfray 

Demain  les dieux 10.10.2015

dimanche 4 octobre 2015

Bartok , Le mandarin merveilleux



Pantomime  en  un  acte  opus  19 (1818-1919) devenue  Suite  pour  orchestre
Pour cette  œuvre  j'ai  ressorti  un  de mes vieux  vinyles RCA par  l'orchestre  National  de l'opéra de   Monte-Carlo Sous la direction  de   Bruno  Maderna.
"La composition du  Mandarin  Merveilleux, "pantomime  en   un  acte" opus  19 de  Bartók, se situe  d'octobre  1918 à  mai   1919, au cœur d'une période pendant  laquelle son  pays est  cruellement  déchiré :"Guerre et révolution, écrit son  compatriote  Bence  Szabolsci, bouleversement  général,  catastrophes partout la vision  d'une   mort  menaçante  et  d'une  vie  s'asphyxiant.  Et la vision  aussi  d'une vie  qui ne  pourra  plus continuer  comme par le passé; le spectre du  bien  et  du  mal  entrelacés dans  une étreinte morbide, le spectacle   désolant  de la force  destructrice et de l'élan  vital, de l'humanisme  et  de la  cruauté, des  mondes oriental  et  occidental, des grandes villes délabrées et  d'une paysannerie  en  révolte, de la civilisation  et  des énergies primitives. C'est en  cette   période  où  s'affrontent  violemment des forces  opposées  que jaillit  de l'âme  du  compositeur hongrois  la musique du  Mandarin  Merveilleux.
Un étrange livret  lui  avait  suggéré l'idée de cette  pantomime.
L'action imaginée  par  Menyhert Lengyel,  qui  se déroule dans  la chambre  d'un  hôtel  mal  famé ( par la suite  des metteurs en  scène lui  ont  donné pour cadre  une  ruelle  sinistre,  un ravin  caché  au  creux d'une  montagne  abrupte, etc.) fait  d'abord apparaître  une jeune  prostituée, dressée par  trois gredins  à  attirer  les passants, qu'ils dévalisent  sans tarder. Entre d'abord un  vieux galant d'aspect  misérable, immédiatement mis  à  la  porte, parce que sans argent.  Lui  succède un jeune homme  timide qui,  pour la  même  raison  subit  les même  sort  .
Alors se présente un  Mandarin,imposant  ,  impassible ,  inquiétant. La jeune  fille  danse pour  le  distraire, mais elle  a  peur  de  lui et s'enfuit   lorsqu'il  tente  de la serrer  de plus  près. Mais  par   sa danse  , elle lui  a inspiré  une  véritable  passion. Il  la poursuit,  la rejoint. A ce moment les bandits  sortent  de leur cachette et,  par  trois fois, essaient  de le  tuer en  l'étouffant  sous des coussins, en  le  transperçant  d'un  coup  d'épée,finalement en  le pendant;  mais la corde cède , il tombe et la jeune  fille  , prise  de  compassion , se  penche  vers lui  et  l'embrasse. Son  désir  étant  exaucé, il  meurt.
On a  expliqué  le  choix de  cet  argument par la révolte  de   Bartók contre la corruption  du  monde  contemporain , qui  avilit  tout, jusqu'à  l'amour. Ce qui  nous importe  à  un  demi  siècle de  distance  * , c'est  que  la violence  certaine  qui  anime  sa  partition  n'a rien perdu  de son intensité, que l'originalité de son  écriture  est  intacte,  que la symétrie  de   l’œuvre,  Triptyque dont la Danse du  Mandarin   forme le  panneau  central , reste un exemple  de structure  formelle, étayée  par la  présence, aux  principales articulations, d'harmonie basées sur  des  intervalles caractéristiques et  tout  aussi  efficace  que  de  véritables  leitmotive."
(Marc  Pincherle)
 
Une autre interprétation  sur   youtube:

 Sous  la  direction  de  Edwards  Gardner

jeudi 1 octobre 2015

Carmina Burana

Intégrale , dans  une version  lyrique  et scénique  impressionnante !
(Très rabelaisienne, peut être célèbre , mais je ne connaissais  pas  .)


Carmina  Burana sur  wikipédia