vendredi 27 juillet 2012

le chat (Baudelaire)




...

De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.

C'est l'esprit familier du lieu ;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire ;
Peut-être est-il fée, est-il dieu ?

Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Tirés comme par un aimant
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même

Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.

mercredi 25 juillet 2012

Musique Quechua du LAC Titicaca

 Une page particulièrement  dédiée  à   Edith-Almasoror  



 Kanturi  Casaracuy

Tout  commence  à  l'aube sur  les  rivages  de  Taquile baignés  par  les  eaux  du  Lac  Titicca d'où  surgit le chant  d'un oiseau le  Katikati . Celui-ci sera  de  bon ou de mauvais  augure selon  qu'il  se  dirigera  vers  le  soleil ou  au  contraire  s'en  éloignera. Nous  sommes  au  mois  de  mai,l'époque  des  mariages  où  résonne  le  son  aigrelet du  bandoline.  Les  Kanturi  casaracuy  sont  joués  les  deux  premiers jours  des  festivités, en  présence  des  mariés, de  leurs  familles et  des invités  réunis  dans  le patio  du  père  du  marié.

Tono de Altarero
Le mois  de juin  est  aussi  l'époque  où l'on honore les  autorités  comme  le  teniente Gobernator   Mayor et  les  quatre Llakata. A cette  occasion  on  leur  dédie  cette mélodie qui  leur est spécialement   réservée et   ne  peut  être  interprétée  en  leur  présence.

Auqui  Puli- Cinta Kana

Au  mois  d'août  on  exécute  deux  danses  appelées  Auqui  Puli  et  cinta  Kana. Ces danses  sont  pratiquées  huit jours  après  la  Saint  Jacques,Octava de   Santiago, au son   des  orchestres  de  quena  et des percussions.

Huayno Negritos

Après les  semailles,  les instruments de  musique  réapparaissent   au  début  de  fevrier , à  l'occasion de  la première  fête  de  l'année. Celle-ci   est  destinée   à  recevoir les premiers  produits  de la  terre, semés   au  mois  d'octobre. On  exécute  alors une  dans   pour  remercier la  terre. Sur  le  sol  sont  disposés des   pommes  de  terre, des  fèves,  des  fleurs  de  mïs et  des  aucas, afin  qu'elles  soient  bénies  par  le  ciel Le  rituel  s'accompagne d'une  danse exécutée par  des personnes âgées,  munies  de  grands   bâtons. Celles-ci  frappent  le  sol  sous le  rythme  soutenu  de  la  percussion  et  d'un orchestre composé de  quatre  tailles  de pinkullo.
Avec  cette   musique  commence  un cycle  nouveau , il faut  satisfaire  les dieux   et  la  terre  mère , pour  atteindre  un  équilibre précaire et  survivre  dans un  monde  hostile .

Les  commentaires  sont  extraits de  la  notice  du   CD   signée  par   Xavier  Bellenger , Lima  Septembre   1984

Les nourritures terrestres André Gide

J.J.Perraud  Le  desespoir  Musée  d' Orsay (1)



" J'eus pour  Ménalque plus  que  de  l'amitié, Nathanël, et  à  peine moins  que  de  l'amour. Je l'aimais  aussi  comme   un  frère.
 Ménalque est  dangereux ; crains-le ; il se  fait  réprouver par  les  sages, mais  ne  se  fait  pas  craindre par les  enfants.  Il  leur  apprend à  n'aimer plus seulement  leur  famille et , lentement, à  la quitter; il rend  leur  coeur  malade d'un  désir  d'aigres  fruits  sauvages et  soucieux  d'étrange  amour.  Ah ! Ménalque, avec  toi  j'aurais  voulu  courir encore  par  d'autres  routes.  Mais  tu  haïssais  la faiblesse   et  prétendais  m'apprendre  à  te  quitter....."

Les  nourritures  terrestres  Livre  premier p24



(1) http://pinterest.com/cynthia11/chisel-in-my-hand/

lundi 23 juillet 2012

Le vol du condor

Puvis de Chavannes : jeunes filles au bord de la mer et louis Mandin

Jeunes filles  au  bord  de la mer (1879 huile  sur  toile   musée  d'Orsay ,205x154)
Soir d'été

Le soleil  s'est  couché comme une  volupté.
Comme un grand  coeur  de  feu par l'ombre  convoité,
Il s'est  couché splendide  au  bleu  lit  de   l'été.
Et mon cher  crépuscule  en  est  encore  hanté.
Et  les  nuages sont  ces  féériques  lumières
De  sang  divin, de  chairs idéales, si  claires
Que  c'est, dans  l'air  ému  de  leur  extase  d'or,
Comme si  l'ineffable  ouvrait  tous  ses  essors,
Et comme  si, rayons  de  la  mélancolie,
Au ciel  brillaient les sourires  d'une  Ophélie,
Trop  vierge  aurore,  hélas ! qui caresse  et  qui  fuit
l'un et l'autre baiser  du  jour  et  de  la nuit.
Et mon  âme aspirant  le  divin  qui  repose
En ces  roses  de  l'ombre et  ces  ombres  de  roses,
Mon  âme  en  qui  descend  la nuit pour l'émouvoir,
Rêve, en  réfléchissant et  ce  rose  et  ce  noir,
Que,  là-haut  le  soleil  a brûlé vive  une  déesse,
Pour que -vapeur, encens, radieuse  tristesse,-
Sa chair  se  fondit  toute  en  volupté dans  ce  beau  soir.

Ah !  sa chair, envolée  en  tristesse, en  ivresse,
Pâle  je  la respire et  la baise  dans  ce  long  soir...

Louis  Mandin  (1872-1943) Les  saisons  ferventes

dimanche 22 juillet 2012

Anton Bruckner : symphonie n°7 , 1er mvt Allegro moderato

Graeme Allwright : Viendras-tu avec moi .




Je peux  vous  offrir un feu  d’artifice
De mille soleils  éclatés
Et  le  tremblement  de  douce angoisse
Je peux  vous  apprendre  à voler

Viendras-tu  avec  moi  ma  belle 
 viendras-tu  avec  moi

Je  peux  vous  emmener par  les racines
Vous  faire monter   dans  la  sève  des  arbres
Je peux  vous  apprendre  la caresse 
 du sang  qui  coule  sur  le  sabre

Viendras-tu  avec  moi  ma  belle 
 viendras-tu  avec  moi 
Je peux  vous  offrir  un  cimetière
Où  les  tombes  s’ouvrent  sur  les  corps
Vous  faire  découvrir  des  désirs  obscurs
Je peux  vous  offrir  la mort . 


Lucifer Guillame   Geefs 1848

samedi 21 juillet 2012

Rainer Maria Rilke par Laurent Terzieff : La solitude

Tableau :Fernand  Knopff : I lock my door upon  myself


La solitude  est  pareille à  ces pluies
qui,  montant  de  la mer, s'avancent  vers  les  soirs.
Des plaines elle  va,  lointaine  et perdue,
au ciel  qui  la  contient  toujours.
Et c'est du  ciel  qu'elle  retombe  sur  la ville.
La solitude pleut  aux  heures indécises:
lorsque  vers  le  matin  se  tournent  les rues  neuves,
Lorsque les  corps épuisés  de  méprises
s'entre-écartent, tristes et  inassouvis,
et que les hommes qui se  haïssent
doivent  coucher  ensemble dans un  lit :
La solitude alors  dérive  au fil  des  fleuves.

vendredi 20 juillet 2012

Génération symboliste : Eugène Carrière

Souffrance 


Le symbolisme  humanitaire  d' Eugène  Carrière

Assez  délaissé de nos  jours  peut-être  à cause  du  sentimentalisme   un  peu  désuet et  répétitif   de  sa  principale source  d'inspiration (sa  femme  et  ses  enfants) Eugène  Carrière fut  très  admiré  à  la  fin  du  XIXème , tant  des  élites  et  de la critique que du  grand  public...[...]

Carrière  était  parti  d'un  genre fort  apprécié  dans  le  dernier   quart    du  XIX ème, clui  de la scène de  genre à tendance  naturaliste, propice  à  l'émotion  facile :  habitant  le quartier  populaire  de  Belleville à Paris, socialiste  militant , il  aurait pu  chercher  à  traduire en  images touchantes   certaines  scènes  des  romans  de  Zola. Même  si  un certain  dolorisme  est  présent  dans  son  oeuvre-mais on  oublie  trop  souvent que  la  maladie  et  la  mort  étaient   sans cesse présentes  au  sein de toute  famille - il sut, au  contraire selon le  mot  d'un  contemporain , donner   à  la réalité la magie  du  rêve.
[...]

La réflexion  de  Gauguin  que  Carrière n'a cessé d'encourager , reflète sans  doute  mieux  la façon  dont   ses contemporains  recevaient  son  oeuvre : " Les   belles  couleurs, sans qu'on  s'en doute, existent  et  se devinent derrière  le  voile  que  la   pudeur a tiré. D'amour conçues, les  fillettes   évoquent la tendresse, les  mains  saisissent  et  caressent. Sans  hésiter, je dis   que  c'est  du  Carrière "

Extrait  de  La Génération symboliste  aux  éditions  Skira

la tendresse 
méditation 


Amitiés 

Verlaine  par  E. Carrière

 

Rodin  par   E   Carrière

Gauguin par   E  Carrière

Puvis de  Chavannes par  E  Carrière

 

site sur la vie et l'oeuvre de Eugène Carrière


mardi 17 juillet 2012

Rilke : Le jeune garçon

Alexandre  et  Bucéphale
 
Je voudras  devenir  un  de  ceux-là
Qui passent  dans  la  nuit sur  des  chevaux  sauvages,
laissant  flotter au  vent  de  leur  galop
les  cheveux  dénoués de  leurs  flambeaux.
Je  voudrais être comme  en barque,  à la  proue et dressé,
Grand ,  tel qu'un  drapeau  déployé;
sombre  mais  casqué d'or
changeant. Et  en  arrière,
dix hommes faits  d'identiques  ténèbres,
Avec  des  casques pareils  au  mien ;
Blancs  comme  verre,  ou  sombres, vieux , aveugles
Et  l'un  debout auprès  de  moi,
Du son  de  sa trompette  élargirait  l'espace,
Dans un  fracas  d'éclairs.
Il  soufflerait autour  de nous  la froide  solitude
que nous  parcourons  comme  un songe  bref.
Les maisons  dépassées  retombent  à  genoux,
les  rues béent  et  biaisent,
les places  reculent, mais  nous prenons  tout,
et nos chevaux bruissent  comme  une  averse.


Rainer  Maria  Rilke "livre  d'images" 1899-1905

dimanche 15 juillet 2012

les Troyens Virgile l'Eneide , Berlioz ...


Oh que voilà un   « fil »  comme  je  les aime , une  pelote  dont  les  extrémités  se  perdent et  qu’il  faut  patiemment  devider  .....
On a  déjà  beaucoup  parlé  ici  de  Carthage   de  Flaubert ,  de  Salammbô,  de  Tanit  et  du  fameux   Zaïmph (le  voile  sacré  ) :
"Tout à la fois bleuâtre comme la nuit, jaune comme l'aurore , pourpre comme le soleil, nombreux, diaphane, étincelant, léger". (G. Flaubert)
Mais  prenons  d’abord  par le  bout  de   l’opéra  de  Berlioz .
La chaine  TV  Mezzo nous a retransmis  récemment  en direct  du  Covent  Garden  de  Londres   les  Troyens  dans une  superbe  mise  en  scène  ,avec  des   interprètes de  choix et l’  anticipation  d’un  plaisir  , l’annonce de  Anna Carita Antonacci  dans le  role  de  Cassandre. Superbe  en  effet : une  voix chaude  et  splendide , un  jeu  dramatique   digne  des plus  grandes comédiennes et  en plus d’une  beauté sculpturale !
J’ai  réuni  quelques uns  des  extraits   publiés sur   Youtube  les   plus  proches  de   cette  représentation  (merci   )

 "Les Troyens" act 1.,H. Berlioz Représentation   en  2003


 
 Anna Caterina Antonacci  en   2012




 Berlioz - Les Troyens - Ah! Ah! Je vais mourir ... Adieu, fière cité
ici  par  Susan  Graham 



Les  trois  autres  interpretes  des roles  principaux,  ceux d’ Elissa et  d’Enée étaient  à la  hauteur   comme   la  sœur  de   Didon.  J’ai  particulièrement  aimé  Ava  Maria  Westbroek  dans  le  dernier  acte   « la mort  de  Didon ».
Mais  cette  interpretation   du  Duo  d'amour  Enée-Didon par Susan  Graham  et  Gregory   Kunde , dans  un  accord  parfait  ,  reste   inoubliable  et  ma préférée 


Les Troyens - Susan Graham - duo: Didon Enée: nuit d'ivresse


Donc  écoutant  les  Troyens , je  me  trouvais  à   Carthage  et  par  le  plus  grand  des hasards  une  discussion  portait  sur   Salammbô.  Encore  dans l’émotion  de  la  musique je naviguais  allègrement   de  la  naissance   de  la  grande ville  punique  jusqu’à  ses dernières   heures  de  gloire     puisque   Flaubert   situe son  roman  au  IIIème  s. av JC pendant  la Guerre  des   mercenaires , Je ne  pouvais  échapper   aux  inévitables questions qui  nous  font  toujours    hésiter  entre  mythe  et  réalité et  la comparaison de   l’opéra  et  et  de ses  sources   (l’Eneide) ,  le roman  de  Flaubert    et   , si   c’est  possible   une  réalité  d’historien .
Flaubert  termine  son  roman sur  le  mariage  de  Salammbô  avec    Narr’ Havas   et  la  cérémonie  s’achève   sur  la mort de  l’héroine quand  Matho  rend  son  dernier  soupir  . Dans un  incomparable  effet  dramatique  et  contrairement    à  son  habitude   Flaubert  est  peu  éloquent  sur  les  causes  de la  mort   de  son   héroine nous  laissant  l’imputer   à  la   vengeance  de  la déesse  ou  bien , plus romanesque   , à la  mort   de  Mathô   . On  peut   cependant  se  souvenir que l’évènement   a   lieu  durant  la  cérémonie  de  son  mariage    avec  Narr’Havas  riche  carthaginois rusé   et  rival  de   Mathô     , d’origine  numide  «  …. Un orientaliste de votre érudition, monsieur, aurait dû avoir un peu plus d'indulgence pour le nom numide de Naravasse que j'écris Narr'Havas, de Nar-el-haouah, feu du souffle  « Réponse de Flaubert aux critiques de Froehner parues dans la Revue contemporaine »


 Elissa  Didon par  Cayot   musée  du  Louvre


Ce  détail  m’a arrêtée car  enfin  Elissa – Didon selon  Justin , devait épouser  Hiarbas  un  Numide trahissant  la  mémoire  de  son  époux  tyrien  Syché  et se jeta  sur  le  bûcher   en  raison  du  départ  d’Enée  selaon l’Eneide    et    pour    se  soustraire  à cette trahison  selon  Justin …..et pour  la  ènième  fois  j’ai  dû  remonter  aux  sources   pour  rendre ,  si  je  puis  dire   ,  à  César  ce  qui  appartient   à   César  aussi  bien qu’  à Virgile , Berlioz   ou   Flaubert  .

On  sait  que  Virgile   composa  l’Eneide  à  la  demande   de  Octave -  Auguste   afin  de  glorifier   sa  généalogie  en   la  faisant  remonter    aux  grandes  heures  des  dieux  grecs , héros  et  semi- dieux . C’était  donc  une   œuvre  littéraire du  temps  d’Auguste ,  où  selon   l’habitude  de  nos  anciens  la  réalité  n’hésitait  pas à   puiser   sa crédibilité dans le  mythe  .
On  situe  aujourd’hui  la guerre de  Troie  aux  alentours de   -1200 et  la fondation  de   Carthage  en   -814
Romulus  fonde   Rome  en  - 763
Hamilcar  Barca  père  de Salammbo  dans  le  roman de  Flaubert a  vécu  de   -270 à  -228
Et  la chute  de  Carthage  se  produit  avec  la   dernière  guerre  punique  en  -146
Après  sa victoire  à  Actium en   -31 Octave   prend  le  non  d’Auguste   et  devient   le  maitre  absolu  de  l’empire  romain 
La  grande  rivalité  entre   Carthage  les  grecs  puis   Rome  pour  la suprématie  dans  la  mediterranée     ne pouvait   qu’accuiellir  favorablement voire  souhaiter  vivement    une    origine   plus  prestigieuse   pour   le  jeune  empire  et  une  essence  divine   pour  son  empereur   .

On  peut  lire  ici   dans le  chant   IV  de  l’Eneide   le récit   amoureux   d’Elissa  et  d’Enee mais aussi toutes  les  innombrables   péripéties  auxquelles  du  faire  face  le  héros troyen dans son  voyage  jusqu ‘au  Latium   , guidé  par   sa  mère   Vénus  .Une  nouvelle  odyssée  qui   porta à Rome ,  son  auteur    au  rang  d’Homère  .

Dido  par  Cochet   (musée  du  Louvre )


Au   IIIème  s  ou  selon  certains   au   IV ème  , un  historien  romain  Marcus  Junianus  Justinius  écrit un  abrégé  des  histoires  philippiques, puisant  ses  sources  dans Historiae philippicae et totius mundi origines et terrae situs, rédigé par Trogue Pompée à l’époque d’Auguste.
 On   peut  lire  ici http://www.forumromanum.org/literature/justin/trad18.html     le  texte   et    particulièrement    le   livre   XVIII  relatif   aux  peuples  tyriens  dont un extrait :
Histoire des Tyriens http://www.forumromanum.org/literature/vatican.gif3,1 Et puisqu'on est arrivé à mentionner les Carthaginois, il faut dire quelques mots de leur origine, en reprenant un peu plus haut l'histoire des Tyriens dont les malheurs furent également douloureux.

2 Le peuple des Tyriens fut fondé par des Phéniciens 3 qui malmenés par un tremblement de terre, abandonnèrent le sol de leur patrie et s'installèrent d'abord près de l'étang syrien puis sur le rivage proche de la mer ; 4 ils y fondèrent une ville qu'ils nommèrent Sidon à cause de l'abondance de poissons, car les Phéniciens appellent le poisson Sidon.

5 Ensuite, après de nombreuses années, pris d'assaut par le roi des Ascaloniens, repoussés sur leurs navires, ils fondèrent la ville de Tyr, un an avant le désastre de Troie.

6 Là, harcelés par les guerres des Perses pendant longtemps et de manière variée, ils furent certes vainqueurs mais, leurs troupes étant épuisées, ils subirent de la part de leurs esclaves, qui abondaient en multitude, d'indignes supplices ; 7 ayant fait une conspiration, les esclaves assassinent toute la population libre, avec leurs maîtres, et ainsi en possession de la ville, ils occupent les foyers de leurs maîtres, s'emparent de l'état, prennent des épouses18 et engendrent des hommes libres, ce qu'eux-mêmes n'était pas.
[…]
Histoire d'Élissa 3 Entre temps, le roi21 mourut à Tyr, après avoir institué comme héritiers son fils Pygmalion et sa fille Élissa, une vierge d'une remarquable beauté. 4 Mais le peuple remit le pouvoir royal à Pygmalion, un enfant encore. 5 Quant à Élissa, elle épousa son oncle maternel Acherbas, le prêtre d'Hercule qui était le second en dignité après le roi. 6 Il avait de grandes richesses mais elles étaient cachées et, par crainte du roi, il avait confié son or à la terre, et non à des toits ; 7 et cela, même si les hommes l'ignoraient, le bruit en courait cependant. 8 Excité par cela, Pygmalion, ayant oublié le droit humain, tue son oncle qui était aussi son beau-frère22 sans respect des obligations familiales.

9 Élissa, s'étant longtemps détournée de son frère à cause du crime, ayant à la fin dissimulée sa haine et composé pendant ce temps son visage, prépare sa fuite sans rien dire, s'étant associée des princes dont elle pensait qu'ils avaient la même haine pour le roi et le même désir de fuite. 10 Alors, elle cherche, avec ruse, à circonvenir son frère ; elle feint de vouloir venir s'installer auprès de lui, afin que la maison de son époux ne lui ravive la dure image du deuil, à elle qui est désireuse d'oubli, et afin qu'un amer rappel ne lui vienne plus devant les yeux. 11 Pygmalion écoute sans déplaisir les paroles de sa sœur, estimant qu'avec elle, viendra aussi l'or d'Acherbas. 12 Mais, au crépuscule, Élissa place sur des navires les hommes chargés par le roi de son transport, avec toutes ses richesses, et arrivée au large, elle les oblige à jeter à la mer des fardeaux — de sable, à la place de l'argent — enveloppés dans des bâches. 13 Alors, en pleurs, elle appelle Acherbas d'une voix funèbre ; elle le prie de recevoir de bon gré ses richesses qu'il avait abandonnées et de les avoir comme sacrifice à ses mânes, elles qui avaient été la cause de sa mort23.

14 Alors, elle va trouver les hommes du roi eux-mêmes ; une mort, jadis souhaitée, la menaçait, certes, mais pour eux, qui avaient soustrait à la cupidité du tyran les richesses d'Acherbas, richesses pour lesquelles le roi avait commis un parricide, c'était d'amères tortures et de cruels supplices qui les menaçaient. 15 Une fois cette peur jetée en eux tous, elle les prend comme compagnons de sa fuite. Il s'y joint aussi les colonnes de sénateurs préparées pour cette nuit, et après avoir été chercher les objets sacrés d'Hercule, dont le prêtre avait été Acherbas, ils cherchent un lieu pour leur exil.

http://www.forumromanum.org/literature/vatican.gif5,1 Ils touchèrent terre en premier à l'île de Chypre, 2 où le prêtre de Jupiter, avec son épouse et ses enfants, s'offre à Élissa, sur l'ordre du dieu, comme compagnon et associé à sa fortune, après avoir négocié pour lui et sa descendance la dignité perpétuelle de la prêtrise du dieu. 3 La clause fut acceptée comme un présage évident.

4 Il était de coutume à Chypre d'envoyer sur le rivage de la mer les vierges avant leurs noces, à dates déterminées, pour chercher dans la prostitution l'argent de leur dot ; elles acquittaient des offrandes à Vénus au nom du reste de leur pudeur. 5 Donc, Élissa ordonne de mettre sur les navires environ quatre-vingts vierges enlevées de cette troupe, afin que les jeunes gens puissent se marier et la ville avoir une progéniture.

6 Tandis que cela se passe, comme Pygmalion, ayant appris la fuite de sa sœur, s'était préparé à poursuivre la fuyarde par une guerre impie, il fut difficilement apaisé, vaincu par les prières de sa mère et les menaces des dieux ; 7 comme les devins inspirés lui avaient prédit par leurs chants qu'il ne l'emporterait pas impunément s'il interrompait les développements de la ville la mieux auspiciée dans le monde entier, les fuyards eurent, de cette manière un moment pour reprendre leur souffle.

Fondation de Carthage
8 Ainsi, Élissa, transportée dans le golfe de l'Afrique, sollicite l'amitié des habitants de cet endroit, qui se réjouissaient de l'arrivée d'étrangers et du commerce de biens d'échange ; 9 ensuite, ayant acheté l'emplacement qui pourrait être couvert par une peau de bœuf24, sur lequel elle pourrait refaire les forces de ses compagnons, épuisés par une longue navigation, jusqu'à ce qu'elle s'en aille, elle ordonne de découper la peau en très fines lanières et, ainsi, elle s'empare d'un espace plus grand que celui qu'elle avait demandé ; de là vient que, par la suite, on donna à ce lieu le nom de Byrsa. 10 Ensuite, les voisins de ces lieux, qui par espoir de gain apportaient beaucoup de marchandises aux hôtes, accourant en foule et s'installant là, 11 il se fit par l'affluence des hommes comme une espèce de cité. 12 Les ambassadeurs des gens d'Utique, pour leur part, apportèrent des présents, comme à des parents, et les engagèrent à fonder une ville là où le sort avait fixé leur résidence. 13 Mais les Africains se prirent d'un vif désir de retenir aussi les arrivants.

14 C'est pourquoi, du consentement de tous, Carthage est fondée, après fixation d'un tribut annuel en contrepartie du sol de la ville. 15 Dans les premières fondations, on trouva une tête de bœuf, ce qui était le présage d'une ville prospère, certes, mais laborieuse et pour toujours esclave ; à cause de cela, la ville fut transférée sur un autre emplacement, 16 où une tête de cheval découverte25, signifiant que le peuple serait guerrier et puissant, donna à la ville une implantation auspiciée.

17 Alors, les peuples affluant selon la réputation de la nouvelle ville, en peu de temps il y eut des citoyens et une grande cité.

La demande en mariage du roi Hiarbas
http://www.forumromanum.org/literature/vatican.gif6,1 Alors que les Carthaginois avaient des ressources florissantes par le succès de leurs affaires, le roi des Maxitans, Hiarbas, ayant fait venir auprès de lui dix princes puniques, demande en mariage Élissa sous peine d'une déclaration de guerre. 2 Les ambassadeurs craignant de rapporter cette demande à la reine agirent avec elle selon l'esprit punique : ils annoncent que le roi réclame quelqu'un qui lui enseigne, ainsi qu'aux Africains, un genre de vie plus civilisé, 3 mais qui pourrait-on trouver qui voudrait quitter ses parents par le sang et aller chez des barbares, vivant, qui plus est, à la manière des bêtes sauvages ? 4 Réprimandés alors par la reine de refuser une vie plus âpre pour le salut d'une patrie à laquelle était due la vie même si la situation l'exigeait, ils découvrirent les injonctions du roi, en disant que ce qu'elle ordonnait aux autres, il lui fallait elle-même l'accomplir si elle voulait veiller à la ville. 5 Prise par cette ruse, après avoir longtemps invoqué le nom de son époux Acherbas avec bien des larmes et un gémissement lamentable, elle répondit à la fin qu'elle irait où l'appelait son destin et celui de la ville.

Suicide d'Élissa
26 6 Au bout d'un délai de trois mois, ayant fait dresser un bûcher funéraire dans la partie la plus élevée de la ville comme pour apaiser les mânes de son époux et lui dédier avant les noces des sacrifices funéraires, elle immole de nombreuses victimes et, ayant pris un glaive, elle monte sur le bûcher, 7 et, regardant le peuple d'en haut, elle dit qu'elle allait vers son époux, comme ils l'avaient ordonné, et mit fin à sa vie avec un glaive. 8 Aussi longtemps que Carthage resta invaincue, elle fut honorée comme une déesse.
 Didon   Chateau  de  Verssailles

Elissa   ne serait  donc   pas  morte   du  départ  d’Enée  mais    de   son  mariage    arrangé   par  les  Carthaginois  . et  de  sa fidélité   à  son   premier  époux   Sychée   ou  Acherbas .
Flaubert  conclut   son  roman " Ainsi   mourut  Salammbô  pour  avoir  touché  au  manteau de   Tanit "
Il  n’insiste pas  sur  le  fait  qu’elle  échappe  ainsi   au mariage  avec  Narr’Havas .
Mais  je pense  qu’il  ne  faut  pas  trop  d’imagination pour  lire   une  certaine  similitude  entre  les   héroïnes  puniques .

lundi 2 juillet 2012

Pourquoi je rêve ? (question d'un ami )

...Parce  que   je  ne  sais  faire  que   ça  !
Que  je  ne peux  faire  que   ça  !
S'il  me   fallait  réaliser un rêve , il  me  faudrait  exclure   tous  les  autres  , et  comme    André  Gide  "Choisir  me  fut  toujours  intolérable  ..." ;-)
choisir-me-fut-toujours-intolerable.html

Mon  dernier  pastel  :  pas  très original,  pas  assez  travaillé  ,  mais  j'y retourne  doucement  ...

Soir (pastel)
Schubert  et Richter étaient  naturellement  avec  moi  :

Sviatoslav Richter Schubert Piano Sonata D 960 in B flat maj II Andante sostenuto