Dans   sa  note  sur   les  Hétéronymies Patrick  Quiller (1) cite   ces  exemples  indiqués  par le  poète à propos  des   sensations  qui  lui sont suggérées  par  la couleur  verte  :  
 
" Il  est  une  couleur  qui  me  poursuit  et  que je  hais,
Il est une couleur qui s'insinue loin dans ma peur.
Pourquoi donc les couleurs ont-elles le pouvoir
De persister dans notre âme,
Telles des fantômes ?
Il est une couleur qui me poursuit et d'heure en heure
Sa couleur change en la couleur de mon âme.
Il est une couleur qui s'insinue loin dans ma peur.
Pourquoi donc les couleurs ont-elles le pouvoir
De persister dans notre âme,
Telles des fantômes ?
Il est une couleur qui me poursuit et d'heure en heure
Sa couleur change en la couleur de mon âme.
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Ô  vert !  Ô horreur  du  vert !
L'oppression angoisseuse jusqu'à l'estomac,
La nausée de tout l'univers dans la gorge
Seulement à cause du vert,
Seulement parce que le vert me brouille la vue,
Et que la lumière elle-même est verte, un éclair arrêté dans le vert...
L'oppression angoisseuse jusqu'à l'estomac,
La nausée de tout l'univers dans la gorge
Seulement à cause du vert,
Seulement parce que le vert me brouille la vue,
Et que la lumière elle-même est verte, un éclair arrêté dans le vert...
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Je hais le  vert.
Le vert est la couleur des choses jeunes
--Prairies, espoirs, --
Le vert est le préavis de la vieillesse,
Parce que toute la jeunessse est le préavis de la vieillesse.
Le vert est la couleur des choses jeunes
--Prairies, espoirs, --
Le vert est le préavis de la vieillesse,
Parce que toute la jeunessse est le préavis de la vieillesse.
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Une  couleur  me  poursuit du  fond de ma mémoire,
Et comme si elle était une essence, me soumet
A sa permanence.
Combien un simple rien surajouté par la lumière
A la matière obscure peut-il me remplir
De dégoût pour le vaste monde.. ""
Et comme si elle était une essence, me soumet
A sa permanence.
Combien un simple rien surajouté par la lumière
A la matière obscure peut-il me remplir
De dégoût pour le vaste monde.. ""
(1) Fernando  Pessoa ,  Oeuvres  poétiques,  nrf  Gallimard.
Combien  il  semble  difficile de partager  une  sensation   , de  communiquer  son  ressenti   et quand le point  d'entrée  est le nom  attribué  par  une  langue à  une  "couleur"   la prudence  semble  s'imposer  ! 
On a cru longtemps   pouvoir  trouver un consensus   sur les  couleurs  primaires  ;  le   jaune le bleu  et  le  rouge  , mais à l'heure  du   numérique  m^me   ce  trio  de  base  est   instable  , le  bleu  est  devenu  cyan  et  le  rouge    magenta   . 
Certaines  couleurs   telles le  bleu  n'ont pas   de  nom  dans  certaines   langues   Le  rouge   en  Asie  est   riche et bourgeois, le  bleu  n'a pas  bonne  réputation  ,  la mort  est blanche   tandis que le noir  ... etc .. 
Ces  couleurs ,  ces  tons  qui  symbolisent  nos  états  d'âmes,  figurent  nos sensations  , avec  lesquelles  nous peignons nos sentiments  ne  sont  en propre  qu'à  nos sens  ,  à  notre  unique  ressenti  et   si  l'on peut  s'entendre  sur  la  notion  de  couleurs  froides  , de  tons chauds  , là  encore  nos  habitudes  culturelles  divisent l'universel  !
A  fortiori  lorsque  nos  couleurs sur la palette   sont  issues  de mélanges  , couleurs  secondaires    ou  coul eurs  saturéées   tendant  toutes  vers  des tonalités  de gris  .
Doit   on  rester  dans le  registre  du  lumineux  ou de l'obscur,   du  profond   ,  du léger   de l'oppressant  de   l'excitant    ou  de l'apaisant  plutôt   que  d'attribuer  un  nom  qui   n'a   pas la   même  representation intérieure    d'un  individu  à  l'autre ...
  Et  pourtant   lorsqu'on   dit  que  le  ciel  est  bleu  on a presque   l'impression  d'un  pléonasme  !    
Et  pour   qui   la mer  est-elle  verte   ?  
Ce que m'évoque la "couleur verte" de Pessoa :
(C'est tout a fait gratuit et subjectif bien sûr , c'est peu être osé , mais je n'ai pas résisté ; avec toutes mes excuses si c'est choquant ) J'oserai dire que moi, j'aime le vert et j'ai essayé de mettre en opposition les citations de Pessoa sur ses verts que j'imagine et auxquels j'attribue tant d'émotions contraires !
Ce que m'évoque la "couleur verte" de Pessoa :
(C'est tout a fait gratuit et subjectif bien sûr , c'est peu être osé , mais je n'ai pas résisté ; avec toutes mes excuses si c'est choquant ) J'oserai dire que moi, j'aime le vert et j'ai essayé de mettre en opposition les citations de Pessoa sur ses verts que j'imagine et auxquels j'attribue tant d'émotions contraires !
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| "Je hais le  vert. Le vert est la couleur des choses jeunes --Prairies, espoirs, -- Le vert est le préavis de la vieillesse, Parce que toute la jeunessse est le préavis de la vieillesse." | 



 
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