dimanche 31 mars 2013

Joseph Conrad : Typhon


(1903)
Avec quelle puissance Conrad nous projette  à bord du Nan Shan dans un terrible Typhon de la mer de Chine ! Les éléments se sont déchaînés et s'acharnent sur le navire et sur les hommes . "dans leur acharnement on sentait de la haine, de la férocité dans leurs coups " Le vent couvre les voix , terrasse la volonté "Car tel est le pouvoir désagrégeant des grands souffles: il isole. Un tremblement de terre, un éboulement , une avalanche s'attaque à l'homme incidemment pour ainsi dire et sans colère. L'ouragan lui, s'en prend à chacun comme à son ennemi personnel, tâche de l'intimider, à le ligoter membre à membre, met en déroute sa vertu." Les montagnes d'eau s'écrasent sur le pont, balayant tout , le matériel et les résistances physiques et morales . Pendant des heures les hommes luttent c'est "l'attente d'une catastrophe interminablement imminente; le corps aussi s'épuise dans ce simple raccrochement  à l'existence parmi le tumulte excessif; c'est une lassitude insidieuse qui pénètre dans les poitrines, s'infiltre insidieusement jusqu'au coeur, l'alourdit et le contriste  - ce coeur incorrigible de l'homme qui, par delà tous les biens de la terre , par delà la vie même, aspire à la paix" .
Dans ce déchainement titanesque  deux  hommes qu'une stature si modeste oppose de façon dérisoire à la puissance des éléments Pourtant tous deux vont vaincre  et même révéler ce que la force tranquille peut accomplir quand on ne déroge pas au devoir. Point de drame ou de tragédie; le Nan Shan traversera le cyclone et  ramènera marins et passagers au port. Le Typhon n'aura pris ni homme, ni honneur .   L'exploit sera silencieux , discret comme ce capitaine Mac Whirr petit homme taciturne mais profondément humain soucieux d'écarter de ses hommes la déchéance morale que suggère la furie de la nature; discret aussi comme Jukes le second qui n'aspirant plus qu'à la paix de l'abandon, risque néanmoins sa vie pour exécuter la volonté de son capitaine et préserver l'équipage de la sauvagerie ou le navire risque de sombrer.
Simple la dernière phrase du récit ,celle de Jukes parlant de Mac Whirr:
"Pour un homme si court, je trouve qu'il ne s'en est pas mal tiré "

Rimsky Korsakov: Sadko - Hindu Song - performed by Takako Nishizaki

Rimsky Korsakov: Sadko - Hindu Song - performed by Takako Nishizaki

jeudi 21 mars 2013

Nicolas de Chamfort (2) : quelques maximes et pensées

Avant  de  citer Chamfort  je  citerai   Camus:

"...C'est  qu'en même   temps   ce personnage épris  de hauteur  d'âme a l'expérience  de la passion  et  de ses  blessures.Le même  homme  qui  a  écrit  l'une  des plus  fières maxuimes   qu'un  esprit  français   ait  jamais  formées :
"  la fortune   pour arriver  à  moi passera par  les  conditions  que  lui  impose mon caractère " donne cependant  à  chaque  page   toutes les preuves  d'une sensibilité frémissante  . Simplement , et le personnage  nous  donne ici  sa dernière  dimension , il a réalisé  ce  mélange  de  la volonté et  de  la passion  qui  fait  le  caractère  tragique et  qui  donne  à  Chamfort une  avance considérable  sur  son  siècle. Car  c'est  un  contemporain de Byron  et  de  Nietzsche  qui  eut  pu  écrire :
"  J'ai  un  peu  de  fierté dont j'ai  été content. Ce que  je connais  de mieux dans le  genre , c'est  cele  de  Satan  de  le  Paradis  perdu."
Qu'on  se  souvienne  seulement  de la  société  à laquelle  cet  esprit  appartient malgré lui  et  que,  pour son  malheur, il n'a  pu  s'empêcher  de  juger .On  imaginera aisément  dès  lors, l'aventure  de  mépris et  de  désespoir  qu'une âme  de  cette envergure  est destinée à  courir dans un  monde  qu'elle méprise. Et l'on  tiendra le  roman  dont  Chamfort nous  a laissé les éléments. C'est  le  roman  du  refus,  le récit  d'une  négation  de tout  ce qui  finit par  s'étendre à  la  négation  de  soi , une course  vers l'absolu  qui  s'achève  dans la rage  du  néant.
[...]
  S'il  faut  à  toute intrigue son  ressort  profond on trouvera donc   son   ressort  dans le  goût  de  la  morale  . Il  s'agit  d'une morale  d'engagement  et non  d'une  moralité  En fait   Chamfort  est  immoraliste  :
"Jouis  et  fais  jouir sans  faire  de mal  à  toi  et  à personne ., voilà  je crois  toute la morale" 

Voilà  donc  notre personnage  installé  au  milieu   de ses  réussites   et  d'un  monde  corrompu . La seule  chose  qui  l'anime  c'est  le mouvement  d'une morale  personnelle. Imediatement   , c'est à  ses avantages particuliers  qu'il  s'attaque Lui  qui  vit  de  pensions  demande  leur  suppression,  ,qui  reçoit de  l'Académie  ses jetons, l'attaque  avec  violence, et  demande  sa  dissolition.  Homme  d'ancien  régime , il se  jette  dans le parti  qui  finira  par le  tuer .  Il s'écarte  de   tout,  il  refuse  tout ,il n'épargne personne  ni  lui-même: on voit  qu'il  s'agit  d'une  tragédie  de l'honneur. Solitaire , dès lors  , il s'acharne  aussi   contre l'unique   recours  de l'homme seul ;  jamais  l'incroyance   n'avait  trouvé  d'accents  si  vigoureux . Si  l'incroyance   est  la privation  volontaire  d'espérance   , qu'a-t-on  dit  de plus  définitif  à  cet  égard:
" l'espérance  n'es  qu'un  charlatan  qui  nous  trompe sans  cesse  et  pour  moi  le  bonheur  n'a commencé  que  lorsque   je l'ai  eue  perdue  ."
(Albert  Camus  1944)
....
Maximes  et  pensées
29
La pensée console  de  tout et  remédie  à  tout. Si quelquefois elle  vous  fait  du  mal ,  demandez-lui  le  remède du  mal  qu'elle  vous  a fait, elle  vous le  donnera.

43
"N'as-tu  pas  honte  de  vouloir  parler  mieux  que  tu  ne le peux  ?"  disait  Sénèque  à  l'un  de  ses  fils  , qui  ne pouvait  trouver  l'exorde d'une harangue  qu'il  avait commencée. on  pourrait  dire  de même  de  ceux  qui  adoptent  des principes plus  forts  que leur  caractère :  "  n'as-tu  pas  honte  de  vouloir   être  philosophe  plus que  tu ne   peux  ?  "

52
Dans  les  grandes  choses , les hommes  se  montrent  comme  il  convient  de  se  montrer ;  dans les petites  ils  se  montrent  comme ils  sont.

78
De  nos  jours  ceux  qui  aiment  la   nature  sont  accusés  d'être  romanesque.

80
La plus perdue  de  toute  les journées  est  celle   où  l'on   n'a  pas  ri .
93
(en  partie  citée par  Camus )
L'espérance n'est  qu'un  charlatan qui  nous  trompe sans  cesse  ; et  pour moi  le   bonheur  n'a  commencé que   lorsque  je  l'ai  eue perdue. Je mettrais  volontiers  sur  la porte   du  paradis le vers  que  le  Dante  a  mis  sur  celle  de  l' Enfer  :  Lasciate ogni  Speranza, voi  ch'entrate.

105
Vain  veut  dire  vide;  ainsi   , la  vanité  est  si misérable, qu'on   ne peut  guère  lui dire pis  que  son  nom . Elle  se  donne  elle-même  pour  ce  qu'elle  est. 

113
Vivre  est une maladie dont  le  sommeil  nous  soulage toutes  les  seize  heures. C'est  un  palliatif .  La  mort  est  le  remède.

115
 Il y a deux choses  auxquelles  il  faut  se  faire, sous peine  de  trouver  la  vie   insupportable :  ce sont  les injures du  temps  et les injures des  hommes.

118
 Le  grand   malheur  des passions   n'est  pas  dans les  tourments  qu'elles  causent,  mais  dans les  fautes,  dans les  turpitudes  qu'elles nous  font  commettre et  qui  dégradent l'homme. Sans  ces  inconvénients elles auraient  trop  d'avantages  sur  la froide  raison , qui  ne rend point  heureux.  Les passions  font  vivre l'homme, la sagesse  le  fait  seulemnt  durer .


124 
Il faut  convenir  que  pour être  heureux  en  vivant  dans le monde, il  y a  des côtés  de  son  âme  qu'il  faut  entièrement  paralyser.

129
L'homme  sans principes  est  aussi  ordinairement  un homme  sans  caractère , car  s'il  était  né avec  du  caractère,  il  aurait  senti  le  besoin  de  se  creer  des principes.


146
J'ai  souvent  remarqué dans mes  lectures , que  le premier  mouvement  de  ceux  qui  ont  fait  quelque action  héroïque, qui  se  sont  livrés  à  quelque impression  généreuse, qui  ont  sauve des infortunés, couru  quelque  grand  risque et  procuré quelque  grand  avantage , soit  au  public   soit  à  des particuliers,  j'ai,  dis-je,  remarqué   que  leur  premier  mouvement  a  été  de  refuser   la récompense  qu'on leur  offrait.  CE sentiment  s'est  trouvé dans le  coeur  des plus indigents et  de la dernière  classe  du  peuple . Quel  est  donc  cet  instinct  moral  qui  apprend  à  l'homme  sans  éducation , que la récompense de  ces  actions est  dans le  coeur  de  celui  qui  les  a faites ?  Il semble  qu'en  nous  le  payant,  on  nous  les   ôte.

155
Quand   on  soutient  que  les  gens  les moins  sensibles  sont,  à  tout  prendre,  les plus heureux, je me  rappelle  le  proverbe indien  : " Il vaut  mieux  être   assis  que  debout, être  couché qu'assis;  mais  il  vaut  mieux  être mort  que  tout  celà " 


lundi 18 mars 2013

Anna Akhmatova : "Juste au bord de la mer" (bilingue)


(pour une lecture  plus  facile   et  faire   défiler  les  pages   cliquer  sur  la  première   image)


 







 

 












Anna Akhmatova : quelques poèmes en bilingue


A ma lectrice anonyme :
J'espère  que  ces  quelques   copies seront  suffisamment  lisibles . Dans un  prochain article  j'ajouterai un  des  plus beaux, je trouve  "Juste  au bord  de la mer ". 
Merci  de m'avoir  ramenée  à  cette merveilleuse  poésie ...
En toute  amitié.....





Poèmes  1911- 1964






 



dimanche 17 mars 2013

"Le bonheur n'est pas chose aisée,.." N. de Chamfort

(Nicolas  de  Chamfort )
La citation  est  donnée  en  Incipit de  l'introduction   de "Aphorismes sur  la  sagesse dans  la  vie " de   Schopenhauer  ., ce qui m'a  amenée  à  découvrir   le  moraliste   misanthrope   Nicolas  de  Chamfort   ,  personnage  fort  intéressant ,  cité comme  on le  voit   ci-dessous   par   Cioran, Nietzsche,  Rémy de   Gourmont, Jean   Rostand   et   Albert Camus  . On ajoutera donc Schopenhauer  ! 


Chamfort, le Misanthrope écartelé...

« À intervalles de plus en plus espacés, accès de gratitude envers Job et Chamfort, envers la vocifération et le vitriol...»
(Cioran)

« Chamfort, homme riche en profondeurs et en tréfonds de l'âme, sombre, souffrant, ardent, - penseur qui jugea le rire nécessaire comme un remède contre la vie et qui se croyait presque perdu le jour où il n'avait pas ri...» (Nietzsche)

« Forcé de renoncer à l'amour, ou du moins engagé à une prudence terrible, au moment même où ses passions parlaient le plus haut, il fut pris d'une sorte de désespoir ; mais le fond de son âme était farouche : ce désespoir se transforma en violence, et il se mit à observer la société avec un regard agressif, que la réflexion, ensuite, chargeait d'une philosophique amertume.» (Remy de Gourmont)

« Il est le plus désolé des moralistes, et cependant il préconise le rire, - un rire noir, viril et tonique. Jamais avant lui le désespoir n'avait consenti à avoir tant d'esprit, la douleur ne s'était faite à ce point désinvolte. »
(Jean Rostand)
critique par Christian Adam sur "critiques libres"

Nicolas  de Chamfort  sur   Wikipedia:
Sébastien-Roch_Nicolas_de_Chamfort

jeudi 14 mars 2013

Handel - Sarabande


Encore  un  de  ces  airs  qui  ne perd  rien  à   trop  de  célébrité   ! 
N'est-ce  pas le privilège du  génie   !

dimanche 10 mars 2013

Schopenhauer : Aphorismes sur la sagesse dans la vie


" Je prends ici  la notion  de la sagesse dans la vie  dans  son  acceptation immanente c'est  à  dire que j'entends par là   l'art  de rendre    la vie  aussi  agréable et  heureuse  que possible. cette  étude  pourrait  s'appeler  également l ' Eudémonologie :  ce serait  donc un  trait  de la vie  heureuse   [..] Pour pouvoir  traiter la  question   j'ai  dû  m'éloigner entièrement  du  point  de  vue  élevé, métaphysique  et  moral , auquel  conduit  ma véritable  philosophie ."

vendredi 8 mars 2013

Chinh Phu Ngam (Plaintes d'une femme dont le mari est parti pour la guerre)

Quand   sur  le monde  épouvanté
Se  déchaîne  la fureur  des tempêtes,
Sous le poids  du  malheur se  fanent nos  joues roses !
Dites-nous, Ciel  lointain, Ciel bleu  d'indifférence,
Ces épreuves  sans  nom,  qui  donc  en  est l'auteur .
....


Ces vers sont  extraits d'un  des plus purs joyaux de la  poésie  vietnamienne.(poème  de 477 vers  libres).
Ecrit  à  l'origine en  caractrères  chinois par Dang Trân Côn vers le milieu  du   XVIII ème siècle,  il serait passé inaperçu s'il  n'avait  eu  la chance  d'être  traduit   par  la plus  grande poétesse  de l'époque,  Doan Thi Diêm (1705-1748). 
Les deux poètes vivaient  l'une  des   époques les plus  troublées du  Viet  Nam,  celle  de   la décadence  des  rois  Lê qui  devaient   subir  au  nord  la  tutelle des  seigneurs   Trinh et   accepter  au  sud  la secession  des   seigneurs  Nguyen.  Depuis le  début  du   XVII ème s , les deux  clans  rivaux  se livraient   une lutte  fratricide qui  devait  durer  deux  cents  ans. Leurs expéditions fréquentes  , jointes  aux  incessantes repressions, plongeaient  le pays  dans la misère  et la désolation .
...
L'eau qui  coule ne peut  emporter ma  tristesse,
Ni cette herbe embaumée dissiper ma  douleur.
Je lui dis  et  redis les plus douces paroles,
Et ma main  cherche  en  vain  à  retenir sa  main
A  peine   nus séparons-nous  d'un pas, 
que  me voilà  de   nouveau  arrrêtée.

Partout  où vous irez  seigneur,
Mon  âme  vous  suivra  comme un  rayon  de  lune!
Mais  votre  esprit  déjà  s'envole  loin de  moi
Rechercher sur les monts   les  exploits  et la  gloire!
Notre coupe  d'adieu n'est pas  encore  vidée
Qu'on  vous  voit   brandir  votre  épée,
Et  pointer  votre pique  vers les  antres  des  fauves .
...
Au  loin  il  est parti, vers les pluies  et les  vents,
Je reviens  toute  seule à  la  couche nuptiale !
Je le  cherche  des yeux, et mes yeux  ne le  voient !
Devant moi  se  déroule
Le ciel  d'azur immense au  dessus  des monts bleus.
...
Ensemble on  se  retourne, ensemble  on  ne se  voit !
Qui  a  mis  entre nous cette  mer   de  verdure,
Ces  mûriers  frémissants nous cachant l'un  à  l'autre ?
Votre  coeur   ou  le  mien,
Lequel  des  deux  seigneur,  est le plus  affligé ?  
...

Depuis qu'il  est parti vers les  vents  et le  sable,
Où  se  repose-t-il   par  ces  belles nuits  claires?
Tous les  champs  de  bataille n'ont jamais  été
Que de  vastes   déserts, grands  de mille  lis,
Où  l'on doit  s'exposer  aux extrêmes  rigueurs..

Le vent y est  glacial; les  troupes sans  ardeur,
Et  les  courants profonds   rebutent aux  chevaux .
Les hommes sont  lassés  de dormir  sur leur  selle,
D'avoir pour oreiller un simple  tambourin,
Lassés  de  se  coucher  sur le  sable  des  dunes,
De  toujours  s'étendre à  même   la  mousse  humide.

...
Le vent   hurle  et  gémit sur les mânes  des morts.
De ses  rayons  blafards, la  lune   éclaire  
Les  masques livides des  combattants.
Combien  donc  êtes-vous , ô morts  qu'on dit  glorieux !
Qui  peint  votre  visage, évoque  vos  esprits ? 

Sur la terre de la patrie
La  guerre  a fait  tant  de  ravages !
Comment peut-on les  voir sans  que  le  coeur  se  serre  ?  
Vieillir  au champ  d'honneur  est  le  sort  des héros,
Et   Ban Siei ne  rentra qu'avec  des  chevaux  blancs  .


Nous sommes  tous  les  deux  au  printemps  de  la  vie,
Heureux  de nous  aimer d'un amour partagé.
Notre couple est  si  jeune et si  bien  assorti,
Pourquoi  donc  entre nous a-t-on mis  ces distances,
Pourquoi  nous  empêcher  de partager
Chaque  jour  de la vie  nos soucis et  nos joies ?

 Souvenez-vous, le jour   de notre adieu,
Le  loriot n'était  pas  venu   siffler  sur  le  saule.
Je vous  ai  demandé quand  vous reviendriez,
Vous m'avez  répondu :  quand  chante le  do   Quien 
Aujourd'hui  le  Loriot,  le   do  quyen  ont  vieilli ,
Devant  notre  maison  gazouille  une  hirondelle.

Souvenez-vous, lors  de  votre   départ,
L'abricotier n'avait  ps ouvert  ses  fleurs au  vent  d'est.
 Je  vous  ai  demandé  quel  jour  vous  rentreriez,
Vous m'avez  bien promis :  quand  fleurit  le pêcher.
Aujourd'hui  les  fleurs  de pêchers au  vent  sont  envolées,
Et  déjà  les  ketmies  fanées jonchent   les  berges  .

Vous  m'aviez  donné rendez-vous près du  mont  de  Lung Tay ,
Je ne  vous  ai pas  vu  quand j'y vins le matin !
Sur  la tresse  de mes cheveux  tombaient  des  feuilles mortes
Des  oiseaux dans le  bois  s'appelaient  en  chantant  

....
(Traduction  en  français de  Le Van  Chat )

dimanche 3 mars 2013

Indra, le mythe des Panis, mythologie hindoue

A droite Vishnou  sous sa  forme  de sanglier, à gauche le  dieu  Indra monté sur l'élephant   Airavata.Avec   son  foudre   il  est  montré ici  comme  dieu  de   l'orage  et  des pluies

Dans  notre  monde ,  la créature la plus  évoluée  est  l'homme , être  mental  par  excellence. Dans  cet univers,  le  roi des  dieux  est  Indra , dans lequel il  faut  reconnaître selon   Aurobindo le mental  poussé  jusqu'au plus haut  point  de  développement  dont  il  est  capable.
Pour  expliquer contradictions  et  incongruités apparentes  dans les mythes autour  d'Indra on doit  voir dans  le mental  notre  plus puissant  moyen   d'action  et  de  compréhension "nous lui  vouons  un  véritable culte  et   lui subordonnons  tous  les  autres moyens  de  voir  ou  de ressentir  le  monde  extérieur " (Faut-il  y  reconnaître la  raison?).
Mais  nous  savons  .. " à  quels  excès  , à  quelles intolérances  , à  quelles  malhonnêtetés,, à quelles  craintes aussi peuvent  porter  son orgueil  et  la conscience  obscure   mais  aigûes  de  ses limitations  comportementales."
La  principale   Tâche  du  roi  des  dieux est   de perpétuellement  triompher  sur le  démon  Vala  et  le  démon  Vitra  afin  de  conquérir  la lumière , la  force   ,  l'illumination et  Svar  (le  paradis).

le  mythe  des  Panis

(le  mythe  qui nous  livrerait  le  secret  des   Vedas)

Les  Panis ou  êtres  des ténèbres   se  sont  emparés  des  vaches qui  appartiennent  aux  dieux,  les  cachant  dans leurs  cavernes. Indra les  délivre   avec  l'aide   de   Brihaspati et  des  sept  Angiras (parfois  9 : navagvas; parfois  10 :dashagvas)
Le mythe  vieux  de   50 siècles , le  plus important  selon  Aurobindo ,ne peut  se    réduire à  une interprétation  pseudo -historique (razzias  de  bétail  par  les  dravidiens) ou  pseudo -mtéorologique ( retour du  soleil  après  la nuit):
En  sanskrit  Go traduit   par  vache   signifie  également Rayon,  rayon  de l'illumination.  Ainsi  l'extase  provoquée  par   Soma (1) donne  des  Go et  de même  l'aurore Go-matî .
Parallèlement  le terme   Askva (couramment   =cheval ) désigne  dans les textes  sacrés  hindous la force  vitale.
Inlassablement les  chantres  védiques demandent aux  dieux  la  lumière  et  la  force pour  que  s'ouvrent  à  eux les mondes  supérieurs , et  Indra est particulièrement  désigne pour  distribuer  et   répartir   ces  pouvoirs   .
Les  Panis   (trafiquants  avares , ceux  qui  retiennent) avec leur  chef Vala (celui  qui  entoure ,  enferme, recèle) ont caché cette  lumière    au sein  de la matérialité  la plus   endurie   (figurée par la  montagne)
Pour la   liberer   il  faut  des  sacrifices.
Les Angiras(rishis  à  la fois  dins et  humains divines flammes  d'Agni  (2) accompagnés ou non de  Brihaspati, l'Angiras par  excellence , doivent  faire entendre le mot  vrai   le  Mantra.

Indra  chercheur  de  vaches  (gaveshana) fort  de  l'énergie   puisée  dans   Soma   va  avec les  Angiras libérer   cette  lumière,  guidé par  Saramâ,  l'intuition "qui  a  trouvé  la forte  vastitude  des   Go. Ils  découvrent la caverne  fortifiée, triomphent  des Panis  et  conduisent   les  illuminations    "vers en  haut "  ,  en  une  divine  aurore.

Des  variantes  de  ce mythe mettent  en pésence  difféents  dieux   selon  les  époques   et  les  régions  Mais  Indra  est  toujours  à  la  tête  de  ces dieux:
"En  lui  le mental  lumineux  ou  divin ,  tous les  dieux  entrent et prennent part  au  dévoilement de  la  lumière  cachée."


(1) Soma , créateur  et père  des  dieux,  Etre  suprème   créé avant les   trois  Vedas, il est  aussi  la  Lune , aussi  une plante  et  l'ivresse  que procure la liqueur. Essentiellement  il  correspond à la  Béatitude( ânanda) et  à  la possibilité de jouir  de  cette  béatitude. Soma  ,'le   suprème Taureau pomelé est  le  père  de la diversité des  existences . (à  compléter...)

(2) Agni, 10 livres  du   Rig-Veda commencent   par  des hymnes  adressés à  Agni   ;  c'est  dire   encore  l'importance  de  ce   dieu . Il  est la "  volonté  divine ou  puissance  consciente  qui  est  le  âître  de  l'univers ". Agni  est  partout  ,  dans la terre ,  dans les plantes,   les  eaux , les hommes , les pierres   , les  vaches  et les  chevaux.... (à compléter)

samedi 2 mars 2013

Verdi : la force du destin

ouverture
 ouverture

La forza del  destino

Melodrame  en  4 actes  : Livret de franceso  Maria Piave d'après  "Alvaro  ou  la force  du  destin ", drame  espagnol  d'Angel   de  Saavedra.  Première représentation à  Saint  Petersbourg  le 10   novembre  1862

Les personnages:  Leonora (soprano)
Don  Alvaro  (ténor)
Don Carlo  (Baryton )
le marquis   de Calatrava  (basse)
Preziosilla (mezzzo-soprano)
Frère  melitone Basse  comique
le père  guardiano  (basse)
Curra :  mezzo  (soprano)
maitre  Trubuco   (ténor) 
Un chirurgien  militaire  (basse ) 

L'intrigue  : Vers le  milieu   du  XVIII ème s,  en  Espagne puis  en  Italie .
Acte I  
Don aAlvaro  tente   d'enlever  Leonora,  dfille du  marquis   de   Caltrava,  mais il  est  surpris par le maître  de maison qui  lui  refuse  la main  de  sa fille car il  n'est pas  d  son rang. Alvaro  se  déclare  seul  coupable et innocent  Leonora :il  jette à terre  son pistolet  .Mais le  coup  part  accidentellement et  tue le marquis . En  mourant  celui-ci  maudit  sa fille.
Acte II
Leonora part  à  la recherche d'Alvaro. Vêtue  en  homme, elle  entre  dans une  auberge .La gitane  preziosilla s'aperçoit  du  stratagème, mais ne fait rien pour  trahir Leonora. Le  frère de  cette  dernière, Carlo, se  trouve  aussi  dans l'auberge.  Il cherche  le  amoureux fugitifs pour les tuer tous les  deux. Leonora se  réfugie  au couvent de la  Madona  del   Angeli.  Elle  est  accueillie  par   le  frère  Melitone et  conduite  au père supérieur. Celui-ci  sera seul   à connaître  sa véritable identité. La  jeune  fille  se  retire  dans un ermitage, non  loin du couvent et  les moines  se chargent   de  protéger  sa tranquillité et  son  secret .

 
Acte  III
La guerre  éclate  en   Italie entre les  espagnols  et  les  autrichiens. Don Alvaro  sous  un  faux nom , combat  dans les rangs franco-espagnols , non  loin  de   Velletri. Il est  convaincu  que  Leonora est morte.  Au cours  d'une  bataille  , il sauve  la vie  de l'un  de  ses  compatriotes. C'est  Don Carlo qui  sans le  reconnaître signe  avec lui  un  pacte de  fraternité. Blessé  don Alvaro  lui  remet  un  portrait  en lui demandant  de le  détruire.  CArlo  reconnait aors  Leonora et  comprend  qu' Alvaro    est  l'homme  qui  a  tué  son père  .Dès  que  celui-ci  est  remis  de   ses blessures , il le provoque  ne duel . Ils ont  à  peine  croisé le fer   qu'ne ronde  es  oblige à  fuir. Le jour  se lève  sur le  camp . Vivandières  et  soldats   vaquent à  leurs occupations matinales.
Acte   IV
Le  couvent .  Dasn le cloître   , les pauvres attendent   le repas que leur distribue frère  Melitone. Parmi  les moines se  trouve un  nouveau  venu , père Raffele. qui  n'est  autre  qu'Alvaro . Don  Carlo   réussit  à  le  retrouver et le  défie  une nouvelle  fois.Avant le  combat  Raffaele se  défroque  pour ne pas  commettre  un  sacrifice . Le duel  tourne à  l'avantage  de Don alvaro  et   Don  carlo   mortellement  blessé  demande un confesseur. alvaro  entre  alors  dans l'ermitage tout proche pour  chercher un prêtre.  Il découvre Leonora. Celleci  accourt  au  chevet  de son  frère qui  dans un ultime  effort   la transperce  de  son  épée, assouvissant  ainsi  sa terrible  vengeance.  Elle  expire  dans les  bras  d'Alvaro, tandis  que   le père supérieur lui  donne l'extrème onction .

Verdi  n'était pas satisfait du  livret. Piave  étant  malade   il  demanda   à  Antonio  Ghislanzoni  de le  réecrire . Plei  d'esprit   celui-ci  declare  que  dans le  fnale  les morts  s'entassaient v vraiment trop    (effectivement  dans la version  de  paive  Alvaro  mourait  également et  décida de le laisser  survivre  . C'es  sa version   de  la   forza del  destino   qui  est  chantée aujourd'hui.  La pemière   de l'opéra  remanié  eut lieu  à   la Scala de Milan  le  27  fevrier  1869.
 dans une   mise  en  scène  de Verdi  lui-même . peu  apprécié  à  Moscou  ,   le public italien  de  Milan   lui  fit un triomphe .
Acte   IV et  finale

Bonne  écoute ! 

Mythologie hindoue : le divin innombrable...

Shiva en  Maheçamurti, Elephant  Inde (photo Coloubew)
 On  a  vu  tout  au  début le  triple  visage du  Divin  Unique.
Trois  aspects  du  divin  inséparables   indissociables   inconcevable  l'un  sans  les   autres  créateur, conservateur et  destructeur complémentarité  du   mouvement  vital.
Maintenant  nous  abordons   le  Divin  Innombrable. ..
Au-dessous  du  divin   unique  que  représent   Brahmâ,  Vishnou, Shiva et   la   Mère  divine qui   est  eur  émanation  bien  que  différenciée,  nous  trouvons toutes les manifestations individualisées et  particularisées  du  divin  dans le monde.
Trois  cent millions  de  dieux  avec leurs  aventures  ,  leurs  démêlés  , entre eux  , entre  les  sages , les héros   et  les  démons et  ces  récits  constituent  la partie  la plus massive  de la mythologie  hindoue .
Loin de pouvoir   entrer  dans  une classification  simpliste   telle  que le  bien  et le mal ,  dieux  et  diables ,  le dieu  hindou représente une  conjonction de  forces  et  de lois dont le  jeu , comme  celui de la   nature,  est   tantôt  favorable   et  tantôt  contraire   à  la  réalisation de  ce   nous  croyons  juste  dans notre  conception limitée  du  monde .....


 A propos  de  J Herbert à qui  j'emprunte  tant   de  textes :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1978_num_193_2_6676

Christiane Singer

Neptune  de Walter  Crane

N'oublie  pas les  chevaux  du  passé

Christiane Singer .(1943-4.4.2007)" Romancière et essayiste au charisme
étonnant"
dit un article, pris au hasard sur le net , parce que je ne la
connaissais pas du tout.

C'est bien l'impression que me laisse ce livre, petit par son format , très
accessible et si riche , comme si elle avait voulu y accumuler les trésors de
ses réflexions personnelles d'une
infinie sensibilité en les proposant chacune dans l'écrin d'une pensée partagée
avec les meilleurs artistes , penseurs, poètes , peintres, écrivains choisis
pour leur qualité et non pour leur célébrité .

Chacune de ses phrases retient l'attention; on s'y attarde , invités à la
réflexion ou à la rêverie mais de cette rêverie constructive et subtilement
dirigée qui vous laisse en s'éloignant le sentiment de n'avoir pas perdu son
temps.

Un trait chez elle surtout m'a plu : C .Singer affirme et prend parti mais avec
délicatesse. Ses idées sont claires et sans ambiguïtés sur les sujets qu'elle
aborde et pourtant jamais on ne se sent en défaut même si on ne les partage pas
totalement . Ce sont ses opinions, son regard sur les choses, certes argumentés
, mais il nous appartient de mener notre propre réflexion.

J'aimerais citer d'elle quelques phrases quand elle parle par exemple de ce
passé qui nous porte et qu'on ne peut renier sans ingratitude envers                      
"ces chevaux écumants du passé" :

- Tuer la mémoire , c'est tuer l'homme

- L'oubli est la fin de toute culture et, l'invitation à oublier, le signal de
la mise en servitude


ou bien pour dénoncer la complaisance à la facilité dans la transmission du
savoir:
-- Tout ce qui ne commence pas par un éblouissement n'a pas d'avenir.

- une citation radicale de Derrida: "Renoncer à un pli, un paradoxe, une
contradiction pour être compris de tous est une obscénité inacceptable".


Pour parler du bonheur qu’il faut savoir saisir elle dit:

- le bonheur , le vrai , est volatile. Il ne dresse nulle part ses tentes ; il
surgit et s'esquive ....
Et encore :
- L'amour est visionnaire. Il voit la  divine perfection de l'être aimé au delà des apparences auxquelles les autres s'arrêtent.

-Quelqu'un  qui ne laisse pas la réalité déranger ses rêves est un sage. (La mort viennoise)

Eloge de la différence , richesse de la pluralité , retour à l'essentiel , foi
dans les possibles humains, à condition de laisser parler l'Amour, le grand ,
qui est en même temps respect, l'Amour
de la nature , l'Amour de l'Autre , l'Amour de la vie , mais aussi l'Amour de
soi .
(Publié sur  "Citadelle" )