lundi 17 octobre 2016

Leopardi : La quiete dopo la tempesta

 Giacomo Leopardi: "LA QUIETE DOPO LA TEMPESTA" - Le videopoesie di Gianni Caputo 

Le calme après l'orage

(Traduction  Michel  Orcel)

    L'orage s'en est allé:
J'entends les oiseaux s'égayer, et la poule reparue sur la route
Qui répète son cri . Voilà que la lumière
Perce, au couchant,  là-bas, vers la montagne;
S'éclaircit  la campagne,
Et dans le  val  soudain brille  le  fleuve.
Tout cœur  s'allège  , de  tout côté
resurgit la rumeur
Et reprend le  travail  familier
L'artisan pour contempler  l'humide ciel
Chantonnant son ouvrage  à la main
Se  montre sur le seuil; en  hâte sort
La  paysanne  pour  puiser  l'eau
De la nouvelle  pluie;
Le maraîcher  renouvelle
De chemin  en  chemin

Son appel  journalier
Voilà  le soleil  reparu, voilà  qu'il  brille
Par les collines, les  hameaux. les serviteurs
Ouvrent volets fenêtres et terrasses
Du fond  de la grand-rue,on  entend au  lointain
Des sonnailles  tinter ; Le  char  grince
Du voyageur qui  reprend son  chemin. 
    S'allègent  tous  les cœurs.
Quand  est si chère  si précieuse,
Comme  à présent,  la vie?
Quand  avec tant d'amour
L'homme s'applique   à ses travaux,
Reprend son œuvre, s'attelle à quelque tâche :
Quand de  ses maux  il  perd  un  peu  le souvenir.
Plaisir  fils de  souffrance;
Joie vaine  car  il est fruit
De la frayeur enfuie, par qui  s'est ranimé,
A redouté  la  mort,
Qui  abhorrait la vie ;
Par qui  d'un  long  tourment,
Pâles,glacés, sans  mots,
Suaient  et  palpitaient les  êtres,
Voyant levés à  notre  assaut
Nuages, foudre et  vents.

    O affable  nature,
Ce sont là  tes  présents,
Tels sont donc  les  plaisirs
Que tu  offres aux  mortels. Sortir  de  peine
est plaisir pour nous.
Les  peines tu  répands  à  pleines  mains; le deuil
Est là  spontanément; et de plaisir, ce peu
Qui par prodige  quelquefois
Naît de  souffrance, est un grand gain.  O  peuple
Humain, si  cher  aux éternels ! heureux  assez
s'il  t'est  permis de respirer
D'une douleur, mais bienheureux
Si  de   douleur  Mort  te  guérit.

 

samedi 15 octobre 2016

Cesare Pavese, Tu as un sang, une haleine....

Cesare Pavese Hai un sangue, un respiro 


Tu as un sang, une haleine,
Tu es  faite  de chair
de cheveux de regards
toi  aussi. Terre et arbres,
ciel  de  mars et lumière,vibrent et  te ressemblent -
Ton rire  et ta démarche
sont des eaux qui  tressaillent -
la ride entre  tes  yeux
des  nuages amassés -
ton  tendre corps rappelle
un coteau  au  soleil.

Tu as  un  sang  ,une haleine
Tu vis sur cette terre.
Tu en connais  les saveurs
les saisons  ,  les éveils,
tu as joué  au soleil,
tu as  parlé avec  nous.
Rejeton  du printemps,
eau  transparente,  terre,
silence qui  bourgeonne,
tu as joué enfant
sous un  ciel  différent,
dans tes  yeux  il  y a son  silence,
un nuage qui  jaillit
comme  du  fond  la source.
Maintenant tu  tressailles
et ris sur  ce silence.

Tendre  fruit  qui  vis
sous  le  ciel  transparent,
qui  respires et qui  vis
notre saison  commune,
dans ton  secret  silence
est ta force.Comme l'herbe  qui  s'anime sous le  vent,
tu frissonnes et  tu ris ,
mais toi,  tu es  terre.
Tu es  racine féroce,
Tu es  la terre  qui  attend.

21 mars  1950
Du recueil "La mort  viendra et  elle  aura tes yeux" 
Traduction de   Gilles de   Van

 

mercredi 12 octobre 2016

Cesare Pavese : You, wind of March


Cesare Pavese You, wind of March

Sei la vita e la morte
Sei venuta di marzo
sulla terra nuda -
il tuo brivido dura.
Sangue di primavera
- anemone o nube -
il tuo passo leggero
ha violato la terra.
Ricomincia il dolore.

Il tuo passo leggero
ha riaperto il dolore.
Era fredda la terra
sotto povero cielo,
era immobile e chiusa
in un torpido sogno,
come chi più non soffre.
Anche il gelo era dolce
dentro il cuore profondo.
Tra la vita e la morte
la speranza taceva.

Ora ha una voce e un sangue
ogni cosa che vive.
Ora la terra e il cielo
sono un brivido forte,
la speranza li torce,
li sconvolge il mattino,
li sommerge il tuo passo,
il tuo fiato d'aurora.
Sangue di primavera,
tutta la tetra trema
di un antico tremore.

Hai riaperto il dolore.
Sei la vita e la morte.
Sopra la terra nuda
sei passata leggera
come rondine o nube,
e il torrente del cuore
si è ridestato e irrompe
e si specchia nel cielo
e rispecchia le cose -
e le cose, nel cielo e nel cuore
soffrono e si contorcono
nell'attesa di te.
E', il mattino, è l'aurora,
sangue di primavera,
tu hai violato la terra.

La speranza si torce,
e ti attende ti chiama.
Sei la vita e la morte.
Il tuo passo è leggero.

 

En français par Gilles-Claude  Thériault

 PAVESE, Cesare - You, Wind of March.

Tu es la vie et la mort.
Tu es venue en mars
sur la terre nue -
et ton frisson dure.
Sang de printemps
- anémone ou nuage -
ton pas léger
a violé la terre.
La douleur recommence.

Ton pas léger
a rouvert la douleur.
La terre était froide
sous un pauvre ciel
immobile et fermée
comme dans la torpeur d'un rêve,
comme après la souffrance.
Et la glace était douce
dans le cœur profond.
Entre vie et mort
l'espoir se taisait.

Maintenant ce qui vit
a une voix et un sang.
Maintenant terre et ciel
sont un frisson puissant,
l'espérance les tord,
le matin les bouleverse,
ton pas et ton haleine
d'aurore les submergent.
Sang de printemps,
toute la terre tremble
d'un ancien tremblement.

Tu as rouvert la douleur.
Tu es la vie et la mort.
Sur la terre nue,
tu es passée légère,
hirondelle ou nuage,
et le torrent du cœur
s'est réveillé, déferle,
se reflète dans le ciel
et reflète les choses -
et les choses, dans le ciel, dans le cœur,
souffrent et se tordent
dans l'attente de toi.
C'est le matin, l'aurore,
sang de printemps,
tu as violé la terre.

L'espérance se tord,
et t'attend et t'appelle.
Tu es la vie et la mort.
Ton pas est léger.

25 mars 1950
Cesare Pavese (1908-1950)