lundi 24 juin 2013

Dimanche : un pâle ennui d'âme, un désoeuvrement (Rodenbach)

Cézanne  : la  pendule noire



Dimanche : un pâle ennui d'âme, un désoeuvrement
De doigts inoccupés tapotant sourdement
Les vitres, comme pour savoir leur peine occulte ;
- Ah ! Ce gémissement du verre qu'on ausculte ! -

Dimanche : l'air à soi-même dans la maison
D'un veuf qui ne veut pas aider sa guérison
Quand les bruits du dehors se ouatent de silence.
Dimanche : impression d'être en exil ce jour,

Long jour que le chagrin des cloches influence,
Et sans cesse ce long dimanche est de retour !
Ah ! Le triste bouquet des heures du dimanche ;
C'est un triste bouquet de fleurs qui lentement

Meurt dans un verre d'eau sur une nappe blanche...
M'en sauver, le pourrai-je ? Et l'éviter, comment ?
Ce jour de demi-deuil aux couleurs trop calmées
Où mon coeur otieux s'en va dans les fumées.

J'en ai l'obsession, j'en ai peur, j'en ai froid
Du spleen hebdomadaire où ce jour me ramène :
Tandis que je me leurre au long de la semaine,
Flux et reflux de jours qui s'accroît et décroît,

Dont l'écume est un peu de vanité qui chante,
Voici que le repos dominical me hante
Et déjà m'apparaît comme un repos amer,

Repos nu d'une grève au départ de la mer,
Grève morte du long dimanche infinissable
Qui coagule au loin ses silences de sable...
 Georges RODENBACH   (1855-1898)

dimanche 23 juin 2013

Les couleurs du temps

Guy Béart - Les couleurs du temps 

Parole de Les Couleurs Du Temps:
La mer est en bleu entre deux rochers bruns.
Je l'aurais aimée en orange
Ou même en arc-en-ciel comme les embruns
Etrange

{Refrain:}
Je voudrais changer les couleurs du temps
Changer les couleurs du monde
Le soleil levant la rose des vents
Le sens où tournera ma ronde
Et l'eau d'une larme et tout l'océan
Qui gronde

J'ai brossé les rues et les bancs
Paré les villes de rubans
Peint la Tour Eiffel rose chair
Marié le métro à la mer
Le ciel est de fer entre deux cheminées
Je l'aurais aimé violine
Ou même en arc-en-ciel comme les fumées
De Chine

{au Refrain}

Je suis de toutes les couleurs
Et surtout de celles qui pleurent
La couleur que je porte c'est
Surtout celle qu'on veut effacer
Et tes cheveux noirs étouffés par la nuit
Je les voudrais multicolores
Comme un arc-en-ciel qui enflamme la pluie
D'aurore

Je voudrais changer les couleurs du temps,
Changer les couleurs du monde
Les mots que j'entends seront éclatants
Et nous danserons une ronde
Une ronde brune, rouge et safran
Et blonde

[ Ces sont Les Couleurs Du Temps Paroles sur http://www.parolesmania.com/ ]
 

samedi 15 juin 2013

Schubert symphonie n°8 " Inachevée "

Schubert: Unfinished Symphony

Symphonie  en   si mineur   opus  D.759 ,écrite en 1822

"...on peut  dire  que jamais jusqu'ici , dans  sa  musique symphonique   tout  du moins  , Schubert  n'a donné  une expression musicale aussi  adéquate  de ce qu'il vient  de  formuler trois mois plus tôt dans  Mein Traum comme une de ses pensées les plus  intimes  : "  Voulais-je chanter l'amour  , il se  transformait  en douleur , voulais-je chanter  la douleur   , elle  se  transformait  en  amour  ."

 Là  n'est pas le trait le moins  fulgurant du  génie  de Schubert : réussir  en  si peu  de  semaines à  cerner son  fantasme personnel comme  source de  sa création  et à  nous le livrer  libéré et  accompli  par  sa  musique. C'est  cette reconnaissance  mutuelle  du  Moi vécu  et  du  Moi  créateur  qui est le romantisme  même.

Brigitte  Massin Franz Schubert  aux éditions  Fayard  

 J'adore  cette  écoute  partagée  avec  Jean-François Zygel....Véritable  dimension  de  cette  symphonie à  défaut  de  pouvoir   l'écouter   en  salle de  concert   !!!

vendredi 14 juin 2013

Lermontov : La voile, Vorobiev : le chêne foudroyé, romantisme russe

Michaïl  Lourievitch Lermontov 
1814-11841
Poète  Russe   influencé par  Pouchkine

La Voile

Une voile blanche et solitaire apparaît
Dans le brouillard bleu des mers. ―
Que cherche-t-elle en terre lointaine ?
Qu'a-t-elle quitté dans son pays ?
Les vagues jouent, le vent siffle,
Le mât ploie et s'écrie ;
Hélas ! ― ce n'est pas le bonheur qu'elle cherche
Et ce n'est pas le bonheur qu'elle fuit ! ―
Au dessous d'elle, un courant plus clair que l'azur
Au dessus d'elle, un rayon doré de soleil : ―
Mais elle, rebelle, réclame la tempête,
Comme si dans les tempêtes se trouve la paix !


Maxime Nikiforovitch Vorobiev (1787-1855) la tempête  ou le  chêne foudroyé