mardi 28 novembre 2017

Esclavage

Condorcet sur  wikipédia
L'esclavage  ternit  notre  image  du  siècle  des  lumières... complaisance  à  l’égard  du  commerce   triangulaire  de   Voltaire  ,  ambiguïté  de   Rousseau pour certains,  tiédeur  même parfois de   Diderot , position détestable  de  Montesquieu ...  bien  des voix   cependant se sont  élevées  contre  cette  odieuse  pratique  dans  cette Europe   éclairée  en prélude  à  son  abolition .
L'un deux  Condorcet  mérite  notre  admiration par  la clarté  de   ses  positions  qu'il  exprime   en 1781 dans  ses  Réflexions sur   l'esclavage  des  nègres  .
Il le  fait sous  pseudonyme  mais avec  Mirabeau , Diderot  et  Louis de  Jaucourt  (Encyclopédie)  il  condamne  ouvertement   Montesquieu :

""Cette légitimation du « crime», comme l'a écrit Condorcet, pour des intérêts économiques, que l'on peut relever dans de nombreux dictionnaires de l'époque a été reprise, sous l'autorité de Montesquieu, au sein même d'assemblées coloniales, pour maintenir cette institution oppressive, et vivement dénoncée, notamment par le Chevalier Louis  de  Jaucourt dans son article sur la "Traite des Nègres", publié dans l'Encyclopédie
«  On dira peut-être qu'elles seraient bientôt ruinées, ces colonies, si l'on y abolissait l'esclavage des nègres. Mais quand cela serait, faut-il conclure de là que le genre humain doit être horriblement lésé, pour nous enrichir ou fournir à notre luxe ? Il est vrai que les bourses des voleurs des grands chemins seraient vides, si le vol était absolument supprimé : mais les hommes ont-ils le droit de s'enrichir par des voies cruelles et criminelles ? Quel droit a un brigand de dévaliser les passants ? À qui est-il permis de devenir opulent, en rendant malheureux ses semblables ? Peut-il être légitime de dépouiller l'espèce humaine de ses droits les plus sacrés, uniquement pour satisfaire son avarice, sa vanité, ou ses passions particulières ? Non... Que les colonies européennes soient donc plutôt détruites, que de faire tant de malheureux ! »
Et Condorcet, lui aussi, a condamné fermement la nécessité et la légitimité de cette « violence » et de cet « avilissement » de l'homme exercés, bien au-delà de « la lutte pour l'existence », par une « minorité » privilégiée pour satisfaire un « nouveau monde de besoins » :
« On prétend qu'il est impossible de cultiver les colonies sans Nègres esclaves. Nous admettrons ici cette allégation, nous supposerons cette impossibilité absolue. Il est clair qu'elle ne peut rendre l'esclavage légitime. En effet, si la nécessité absolue de conserver notre existence peut nous autoriser à blesser le droit d'un autre homme, la violence cesse d'être légitime à l'instant où cette nécessité absolue vient à cesser : or il n'est pas question ici de ce genre de nécessité, mais seulement de la perte de la fortune des colons. Ainsi demander si cet intérêt rend l'esclavage légitime, c'est demander s'il m'est permis de conserver ma fortune par un crime »
C'est cette justification économique de la servitude qui a fait dire à Diderot que Montesquieu n'avait « pu se résoudre à traiter sérieusement la question de l'esclavage » :
« En effet, c'est dégrader la raison que de l'employer, on ne dira pas à défendre, mais à combattre même un abus si contraire à la raison. Quiconque justifie un si odieux système, mérite du philosophe un silence plein de mépris, & du negre un coup de poignard. »
sur  Wikipedia   Montesquieu 

 Je citerai   également  cet  article  de  Marcel   Dorigny  sur  le   web , où il se réfère notamment   au   Contrat social  pour soutenir  la  position  de   Rousseau  contre   l'esclavage  



jeudi 23 novembre 2017

Rousseau et la musique

Jean Jacques Rousseau - Le devin du village - ouverture

J. J. Rousseau: Le Devin du Village - I/2 Air [Colette]: J'ai perdu tout mon bonheur

 

Rousseau et la musique

Larges extraits  de  l'article  de  Elizabeth Giuliani

Les essentiels   BNF Gallica

"" C’est au tournant du XXe siècle, après soixante-dix ans d’abandon, que l’œuvre de Rousseau comme compositeur fut redécouverte. Son Devin du village fut pourtant l’un des succès publics les plus intenses et durables de la scène lyrique, donné sans interruption de 1752 à 1829 ; tandis que son Dictionnaire de musique, publié en 1767, constitua le modèle et le réservoir de tout travail de lexicographie musicale ultérieur.

L’authenticité de ses facultés de musicien (auditeur, compositeur, « musicologue » et musicographe) est au cœur des ultimes pages autobiographiques et, notamment, de cet étonnant texte Rousseau juge de Jean-Jacques. À défendre sa paternité du Devin du village, il applique plus d’effort qu’à toute autre cause et justification. Comme Rousseau lui-même dans cet écrit, il faut donc envisager la musique comme véritablement fondatrice de sa vie, de son œuvre et de sa personne.
[...]
De la musique, Jean-Jacques Rousseau en composa et sa première notoriété dans la société parisienne fut musicale. À trente ans, il s’installait dans la capitale avec dans ses bagages quelques compositions. Après un séjour à Venise où il avait reçu la révélation de la vocalité italienne, il reprenait un acte de ses Muses galantes qu’il avait placées sous l’autorité alors révérée de Rameau et le faisait entendre chez le fermier général La Pouplinière, en septembre 1745. Rousseau y récoltait l’enthousiasme du monde mais l’hostilité du « maître » : selon Les Confessions, « Rameau prétendit ne voir en moi qu’un petit pillard sans talent et sans goût. » Flatté par l’un et irrémédiablement meurtri par l’autre, il persévérerait dans la composition et entreprendrait d’investir la sphère de la critique et de la théorie musicales. Avec Le Devin du village, créé en 1752, il obtient véritablement la gloire. Des reprises régulières à l’Académie royale de musique attestent d’un réel engouement du public pour cet ouvrage.

Dans ces mêmes années où Rousseau est un homme à la mode, il compose pour Mademoiselle Fel qui tenait les premiers rôles à l’Opéra, un Salve Regina exécuté au Concert spirituel, autre institution phare de la vie culturelle française. La musique occupera toujours le proscrit et contempteur du genre humain qu’il est devenu après la condamnation de l’Émile par le Parlement de Paris en juin 1762. En 1770, il l’honore en participant, comme auteur du texte, à la création d’une œuvre d’un genre musical inédit, le mélodrame Pygmalion. Représenté, sans son assentiment, par la Comédie-Française le 31 octobre 1775, l’ouvrage impressionne une fois encore et inaugure une formule qu’adopteront les musiciens romantiques de Beethoven à Schumann ou Liszt.

[...] 

Le philosophe musicographe

C’est à Rousseau que Diderot et d’Alembert confient dès 1747, la rédaction des articles « techniques » sur la musique pour l’Encyclopédie. Ils lui valurent une nouvelle réaction hostile de la part de Rameau exprimée dans les Erreurs sur la musique dans l’Encyclopédie et entraînèrent une série de contrefeux polémiques (dont la célèbre Lettre sur la musique française) avant d’être repris et complétés pour composer le Dictionnaire de musique.

Au-delà du seul pittoresque de cette querelle entre vedettes de la vie culturelle parisienne, Rousseau inaugure et attise une nouvelle étape dans la controverse séculaire engagée autour des mérites comparés de la langue (élément sonore et véhicule d’idées) et de la musique. Rameau est alors considéré comme le représentant du génie français pour avoir inscrit l’art musical dans un système rationnel et universel fondé sur les lois scientifiques de la résonance du corps sonore. Toute sa théorie est fondée sur l’harmonie. Rousseau au contraire défend la primauté de la mélodie sur l’harmonie. Selon lui, le principe harmonique défini par Rameau est inadéquat à rendre compte de la totalité du phénomène sonore puisqu’il impose l’artifice réducteur du « tempérament » qui assimile des sons de tonalités différentes et cristallise toutes les tonalités dans les seuls modes majeur et mineur. Mais surtout, il est inapte à expliquer les ressources rhétoriques et expressives du langage musical. « L’Harmonie est une cause purement physique ; l’impression qu’elle produit reste dans le même ordre ; les accords ne peuvent qu’imprimer aux nerfs un ébranlement passager et stérile. […] Les plus beaux accords, ainsi que les plus belles couleurs, peuvent porter aux sens une impression agréable et rien de plus. Mais les accents de la voix passent jusqu’à l’âme ; car ils sont l’expression naturelle des passions, et en les peignant ils les excitent. C’est par eux que la Musique devient oratoire, éloquente, imitative, ils en forment le langage ; c’est par eux qu’elle peint à l’imagination les objets, qu’elle porte au cœur les sentiments. » (Jean-Jacques Rousseau, Examen de deux principes avancés par Monsieur Rameau dans sa brochure intitulée « Erreurs sur la musique dans l’Encyclopédie »)

L’écho de cette discussion fut considérable. Les positions théoriques de Rameau étaient fixées depuis plus de vingt-cinq ans et elles avaient donné lieu à nombre de commentaires savants et d’écrits de vulgarisation qui leur assuraient la force de l’autorité. En revanche, celles de Rousseau ne connaissaient ni codification, ni finition. Jusqu’aux articles de l’Encyclopédie, elles ne se s’étaient exprimées que fragmentairement. Il y avait, de même, une disparité considérable entre Rameau et Rousseau compositeurs : au professionnel et au savant s’opposait le philosophe et le musicien débutant. Sa pratique personnelle de musicien représentait d’ailleurs pour Rousseau une première forme de lutte contre l’arrogance technique de la musique. Selon lui, elle ne doit pas être confisquée par les seuls spécialistes. On ne s’étonne pas que les premiers travaux musicaux de Rousseau aient cherché à simplifier l’écriture musicale pour la rendre accessible à tous.

La priorité de la mélodie sur l’harmonie que Rousseau martèle, comme celle de la musique sur la langue, est celle du sentiment sur la raison, de l’éthique sur la physique, de la signification sur le signe. Il y applique ce mouvement rétroactif propre à toute sa pensée qui fait de la reconstruction volontaire d’un idéal primitif la solution aux déchirures du réel et contradictions de la pensée. C’est ainsi qu’il faut interpréter le concept d’unité de mélodie, véritable contrat musical, qui, au-delà du seul contexte de la musique, représente un nœud du système de penser de Rousseau. « L’harmonie, qui devait étouffer la mélodie, l’anime, la renforce, la détermine : les diverses parties, sans se confondre, concourent au même effet ; et quoique chacune d’elles paraisse avoir son chant propre, de toutes ces parties réunies on n’entend sortir qu’un seul et même chant. C’est là ce que j’appelle unité de mélodie. » (Dictionnaire de musique : « Unité de mélodie »)

On a moqué le goût immodéré de Jean-Jacques pour les airs naïfs et pastoraux mais souvent négligé le cas qu’il fait du « récitatif obligé », seul apte à rendre la violence ou l’ineffable des passions. Il sait donner « à la parole tout l’accent possible et convenable à ce qu’elle exprime, et jeter dans les ritournelles de la symphonie toute la mélodie, toute la cadence et le rythme qui peuvent venir à l’appui. » (Fragments d’observations sur l’Alceste italien de M. le Chevalier Gluck) On mesure l’impact immédiat qu’eut cette pensée de la musique au fait que Gluck, annonçant son arrivée à Paris et sa réforme, elle aussi controversée, de l’opéra, se plaça sous l’autorité de Jean-Jacques Rousseau. Il voulut le rencontrer et lui demanda de publier son jugement sur Alceste. Ce furent les derniers textes publics du philosophe sur la musique. Mais dans le dialogue avec lui-même que transcrivent ses œuvres ultimes, la musique est présente. Cette voix qui fonde l’humanité est aussi voix de la conscience, celle qui fonde l’être.

L'homme mélomane

La conscience de soi qu’il éprouve et qui nourrit toute sa production littéraire s’exprime dans la musique, remémorative, consolatrice, thérapeutique.
Son entrée dans le monde qu’il se rappelle sans cesse est placée sous le signe de la musique. Elle lui a été instillée avec les airs que lui chantait sa tante Suzon (souvenir des Confessions). « Je suis persuadé que je lui dois le goût ou plutôt la passion pour la musique qui ne s’est bien développée en mois que longtemps après. »
Une quête de l’identité ou du temps perdus croise toujours un souvenir musical, comme cet air évoqué dans le Dictionnaire de musique : « Le célèbre Rans-des-vaches, cet Air si chéri des Suisses qu’il fut défendu sous peine de mort de le jouer dans leurs Troupes, parce qu’il faisait fondre en larmes, déserter ou mourir ceux qui l’entendaient, tant il excitait en eux l’ardent désir de revoir leur pays. »
Quand il décrit dans La Nouvelle Héloïse, faute de le vivre, un idéal de sociabilité et de bonheur, Rousseau romancier associe la musique à la rusticité, la frugalité et l’égalité qui entourent les vendanges sur les rives du Lac de Genève. « Après le souper on veille encore une heure ou deux en taillant du chanvre ; chacun dit sa chanson tour à tour. Quelquefois les vendangeuses chantent en chœur toutes ensemble, ou bien alternativement à voix seule et en refrain. La plupart de ces chansons sont de vieilles romances dont les airs ne sont pas piquants ; mais ils ont je ne sais quoi d’antique et de doux qui touche à la longue. »
La fiction, les souvenirs, les rêveries, sont des remèdes au sentiment de persécution ; les véritables consolations des misères de sa vie résident sans aucun doute dans ces musiques composées et tracées par la main de Rousseau.
 Bernard Romanens - Le Ranz des Vaches

mercredi 15 novembre 2017

Barbara , Alexandre Tharaud,Camelia Jordana

Quand une reprise n'est pas trahison ! Piano, voix, poésie, une réussite !


Alexandre Tharaud and Camélia Jordana record 'Septembre' by Barbara

jeudi 26 octobre 2017

Aphrodite Kaufmann


Aphrodite  Kaufmann
Aphrodite  de   Praxitèle copie romaine
Maintes fois  copiée l''Aphrodite  Kaufmann trouvée  à   Tralles  (Asie  Mineure  ) dans  un  site de l'époque   hellènistique  était elle-même d'inspiration  de  l'époque  classique  et  probablement  de  l'Aphrodite  de Cnide  de   Praxitèle D'autres  fragments  trouvés avec  cette  tête  laissent  penser  que la  statue complète de  Praxitèle  avait été reproduite.
La douceur du  modelé  et  le traitement  des cheveux  sont  typiques de  l'époque  hellènistique  .









Aphrodite  de  Praxitèle  (copie romaine  )

mercredi 25 octobre 2017

Femme drapée époque hellènistique



Caractéristique  de   la fin  de  l'époque  hellénistique (début du  1er  siècle  av. JC)
 Statue de  femme   drapée de  Magnésie  en  Asie  mineure  .

Marbre  hauteur  2,04 m
Colllection  d'antiquités classiques  ,  du  Musée de  Pergame  à  Berlin.
"Le nom de la femme  était  inscrit sur le socle aujourd'hui  disparu . Les sculptures  honorifiques de ce type jouaient  un rôle important  dans  l'auto-représentation  de  l'élite  urbaine   hellènistique  "

vendredi 20 octobre 2017

Musée de Pergame à Berlin

Illustration  :  Combat  d'une  Moire avec   un  géant  . extraite   de  la grande   frise  de   l'Autel  de  Pergame  consacrée  à  une  gigantomachie  époque  hellénistique  .

Situé  sur l'ile des  Musées  , vaste complexe  culturel  de   Berlin ,  le Pergamon  doit  son   nom   à  l'Autel   de la période   hellènistique   du   IIème siécle   av. JC dont les fragments ont  été exhumés lors des  fouilles   réalisées  à  Pergame   entre 1878 et 1886.
Outre  ce  monument  capital sur  lequel   j'aimerais  revenir  plus tard  ,  le musée  propose   les collections  d'antiquités réunies depuis  plus de  300 ans.: Collection des  Antiquités  Classiques de  Berlin, Musée  des Antiquités   du  Proche-Orient et le  Musée des  Arts  Islamiques.

Sur l'île tout  près du  Pergamon,  , le  Neues Museum abrite  le   Musée  égyptien  et  une collection  de   Papyrus  ,  la  préhistoire   et la protohistoire  est  présentée  dans  un  bâtiment  spécifique  et  la collection   d''art  Byzantin  est exposée  au   Musée  Bode  Le  XIXème siécle est regroupé  dans  l'Ancienne    Galerie  nationale  qui  complète l'ensemble  des  Musées de   l'Ile  .

Ayant  eu  la chance  de  visiter  il y a quelques années   ce  complexe  artistique  je vous  propose   quelques  photos   de   modeste   qualité  et  quelques  reproductions bien   supérieures, prélevées dans   le catalogue  .

Le site  en   2012  
Il  était  alors  à  la veille   d'une  longue  période  rénovations
 





Lors  de  notre  visite  nous avons   pu  profité  du  spectacle  extraordinaire de Yadegar  Asisi.
A  l'intérieur  de  cet   énorme   cylindre   très disgracieux  il  faut bien  l'admettre,  un  immense  panorama animé conçu par une  technologie  relativement   récente  , simulait  de  façon   surprenante  une   journée,  de  l'aube  au  coucher du   soleil ,   dans l'ancienne   ville  de  Pergame  .
Inoubliable  !  
Panorama  de   Yadegar   Asisi 

Antiquités  du  proche-Orient  

Voie  processionnelle  à Babylone   et  Porte  D'Ishtar 

Babylone règne de  Nabuchodonosor II (604-532 av. JC



     





Adad le  taureau , dieu  de  l'orage  

Les  lions   en  marche   : symbole  de  la  déesse  Ishtar

Stèle  du  code  d'Hammourabi  (copie   en  plâtre de l'original  au   Musée  du  Louvre ) (photo)
et  Stèle de  donation   de terrain  (catalogue) Marbre  45 cm,  fin  du  VIIIème avJC


Collection  d'Antiquités  classiques  

Autel  de  Pergame   
Période  hellenistique  
IIème  s   av Jc



Deux  grandes  frises  :  la  plus grande   ,une gigantomachie  de   2.30m de haut  sur une  longueur   de   113m    

La seconde   plus  petite  raconte  l'histoire  de  Telephe  à l'origine   légendaire  des  rois de  Pergame  

Télèphe  était  le  fils  d'Heraclès   et  d' Augé, fille  du roi d'Arcadie.Sa naissance  révéla qu'Augé n'avait  pas respecté  ses  voeux   de chasteté  en  tant  que  prétresse  d'Athéna et elle  fut  abandonnée  en  mer  .  Télèphe  fut exposé  dans  un  milieu  sauvage, mais héraclès  prit  soin de  son  fils  .

 Epoque   hellenistique 

mercredi 4 octobre 2017

Schopenhauer et la musique , Schubert fantasy D 940

Arthur  Schopenhauer

Portrait  par  Ludwig Sigismund  Ruhl 1815

[ La  musique ] n'est donc  pas comme les autres arts, une reproduction  des Idées, mais une  reproduction  de la volonté  au même  titre que les  idées elles-mêmes. C'est  pourquoi l'influence de la musique  est  plus  puissante  et plus  pénétrante que  celle  des autres  arts;  ceux-ci n'expriment  que   l'ombre, tandis  qu'elle  parle  de  l'être.
......
Il est dans la nature de l'homme  de  former  des vœux,  de  les réaliser, d'en  former  aussitôt  de nouveaux et  ainsi  de suite,  indéfiniment;  il  n'est heureux  et calme  que  si  le passage  du   désir  à sa  réalisation  et celui  du  succès à un  nouveau  désir se  font  rapidement, car  le  retard de  l'une amène la souffrance,  et  l’absence  de l'autre  produit  une  douleur  stérile  , l'ennui. La  mélodie par essence  reproduit  tout   cela : elle erre  par  mille chemins, et s'éloigne  sans cesse du  ton  fondamental ;   elle ne va pas seulement  aux  intervalles harmoniques ,  la tierce ou  la quinte,   mais à  tous les autres degrés , comme la  septième dissonante et les intervalles  augmentés , et  elle   se termine  toujours  par  un  retour final   à  la  tonique;  tous ces écarts de la  mélodie représentent les formes diverses du  désir  humain et son  retour  à  un  son   harmonique, ou  mieux  encore  au  ton  fondamental  en  symbolise la  réalisation. Inventer  une mélodie, éclairer  par  là  le  fond  le  plus secret  de  la volonté et des sentiments  humains, telle  est l’œuvre  du  génie; ici  plus que  partout  il  agit  manifestement   en dehors de  toute  réflexion , de  toute intention   voulue. Comme  dans tous  les  arts  , ici  également, le concept  est  stérile. Le compositeur  nous révèle l'essence  intime  du  monde,  il se fait  l'interprète  de la sagesse  la plus  profonde, et dans  une   langue  que sa raison ne  comprend pas :  de  même  la somnambule dévoile, sous  l'influence  du  magnétiseur, des choses dont elle  n'a aucune  notion lorsqu'elle  est  éveillée.
.....
Ce rapport  étroit entre  la  musique  et  l'être  vrai  des choses nous explique  le fait suivant: si,  en  présence  d'un spectacle quelconque, d'une  action , d'un évènement, de quelque  circonstance , nous  percevons  les sons d'une musique appropriée, cette  musique  semble nous en  révéler  le sens le  plus  profond,  nous en  donner  l’illustration  la  plus exacte  et  la plus claire  .[...]  Elle explique  ce qu'il  y a  de  métaphysique   dans le  monde  physique, la chose  en soi  de chaque  phénomène. En conséquence le  monde pourrait être appelé une incarnation  de  la  musique  tout aussi  bien  qu'une incarnation  de   la volonté.;  nous comprenons  désormais,  comment  il  se fait  que la  musique  donne  directement  à  tout   tableau ,  à  toute  scène  de la vie ou du  monde  réel ,  un  sens  plus élevé .
Il  y a  dans  la  musique  quelque  chose  d'ineffable et  d'intime ;  aussi  passe-t-elle  près de nous  semblable  à  l'image d'un paradis  familier quoique éternellement   inaccessible; elle est  pour  nous ,  à  la fois  parfaitement intelligible et tout  à  fait  inexplicable;  cela tient à ce qu'elle nous  montre tous les  mouvements  de notre  être,  même les  plus cachés, délivrés désormais de cette réalité  qui  les   déforme  et  les  altère .
(Monde I,273.... )

Maria João Pires & Julien Libeer play Schubert Fantasy in F minor, op. 103 (live)

 Fantaisie ou  sonate  D894 et  D 940   par  david Fray 

(David Fray: Schubert piano music and duets from the album 'Fantaisie')

Démosthène

Orateur  attique   (384-322av. JC)
Grand   adversaire  de   Philippe II  de  Macédoine  ,  père  d'Alexandre
Il fut  poussé au suicide  en  322
En  280 son  neveu  lui fit  ériger   une  statue , oeuvre de   Polyeuctos
avec  cette  épigramme  sur   le  socle :

"Si  tu  avais  eu Démosthène, une force  égale  à ta  pensée, jamais  l'Arès  Macédonien   n'aurait commandé  aux Grecs".

 

lundi 25 septembre 2017

Alexandre par Lysippe

Un  Mooc*  interessant  à  Suivre :" La sculpture  grecque   d'Alexandre   à   Cléopâtre "
Les  inscriptions sont  encore  possibles et  la première  séance   promet  de belles découvertes !
D'Aigai  à  Pella  en   Macédoine (grecque) à l'hommage de  la   Basse   Égypte à Alexandre en passant   par  le  lion   assis d'Amphipolis. et  une   description  précise  de  la technique  étonnante de   moulage  du  bronze  selon  le  principe  de   la  "fonte indirecte" .
Tête d 'Alexandre  par  Lysippe

Statuette  d'Alexandre à la  lance  trouvée en  basse  Egypte
 
* organisé  par  Fun.Mooc

samedi 16 septembre 2017

Georges Jeanclos

Une découverte et  beaucoup  d'émotion !  Merci à l'ami  auquel  je dois ce partage  !
Un  document d'une qualité  rare  .

Georges Jeanclos, sculpteur d'humanité

Le  sculpteur sur  wikipedia :

"...Fortement imprégné du traumatisme du génocide juif, et plus généralement de tout le poids des souffrances et détresses humaines, de la spiritualité chrétienne (bien que Jeanclos soit issu d'une famille juive), et de toute l'épaisseur de la tendresse interindividuelle (une de ses œuvres s'appelle « Éloge des caresses ») son œuvre dégage pourtant une étrange sérénité. Dans son aspect, son art est fortement influencé par des antiques statues de terre étrusques, la plupart de ses œuvres étant faites de terre grise.
Son travail est précieux et fragile, ce que l'artiste présente lui-même comme une influence du bouddhisme Zen...."

LEOPARDI : A Silvia

Giacomo Leopardi: "A SILVIA" - Le Videopoesie di Gianni Caputo

Traduction de  René de   Ceccaty


Sylvia te souvient-il  encore 
De ce temps de  ta vie  mortelle
Quand  la beauté  resplendissait
Dans tes  yeux  rieurs et  fuyants,
Et que, pensive et  gaie  tu  gravissais
Les  premières  marches de  la  jeunesse?

Les  pièces de la  maison
Et  les rues  voisines
Résonnaient de  ton  chant  continu
Tandis qu’assise, tu  t’occupais
Aux tâches des femmes,  plus que contente
De ce  vague  souvenir que tu  avais en  tête.
C’était  le  mois de  mai  parfumé : c’est ainsi  que  d’ordinaire
Tu passais tes  journées.

Je délaissais  parfois  mes douces études
Et mes  notes  laborieuses,
Auxquelles  je  consacrais  la  meilleure   part
De mes  premières années et de   moi
Tendant  l’oreille au son de  ta  voix

Par-dessus  les balcons de la demeure  de  ton  père,
Et au bruit de  ta main rapide
Sur ton métier  à  tisser.
J’observais  le  ciel  bleu,
Les rues  dorées et  les  jardins,
D’un côté  la mer lointaine, de l’autre  la montagne.
La  langue des  mortels  ne  peut  pas exprimer
Ce que je ressentais  au  fond  de  ma  poitrine.

Quelles suaves  pensées,
Quels  espoirs,  ô  ma  Silvia,  quels cœurs  battants
Comment   nous apparaissaient   en  somme
La vie   et  le destin des  hommes !
Quand  je me  rappelle   ces  moments,
D’espérance, un sentiment
M’oppresse, poignant,  inconsolable,
Et  je souffre  à  nouveau  de mon si  grand  malheur.
Nature,  nature  impitoyable
Pourquoi n’accordes-tu  jamais,
Ce que  tu  nous  promettais ?
Et  pourquoi  réserver   à  tes  fils tant d’erreurs ?

Toi,  avant que  l’hiver  ne  dessèche  les herbes,
Par  un mal  très  étrange, assaillie  et vaincue,
Tu  périssais,  ma  pauvre  enfant.  Sans  voir s’épanouir
Les fleurs de  ta jeunesse.
Ni ton cœur  s’attendrir  sous de  douces  louanges
Pour  ta brune  chevelure ou  pour  tes yeux languides et  timides.
Nulle compagne  le  jour de  fête
Ne venait  avec toi  se  confier  sur  l’amour.
Mon  doux espoir   se  mourait
De même  en  peu  de  temps : le destin
De même   a refusé  à  ma vie
La jeunesse. Comment  hélas  tu  es  passée,
Chère compagne  de  mon jeune  âge,
Espérance  noyée  de  larmes !
C’est donc  cela  le  monde ? Cela,
Les  plaisirs,  l’amour,  les créations,  les évènements,
Dont  nous avions tant  parlé  ensemble ?
Quand  la vérité  pouvait enfin  apparaitre,
Pauvre  enfant  tu  es tombée. Et tu s indiqué
D’un geste   de la main,  la froide mort au  loin
Et  une  tombe  nue.