samedi 31 décembre 2011

Sibelius - Symphony No. 5 - III. Finale

Sibelius - Symphony No.4 - 3rd. movement


Sibelius - Symphony No.4 - 3rd. movement

Et un poète dit ,Parle-nous de la Beauté. Et il répondit :



Où chercherez-vous la  beauté et comment la  trouverez-vous, si  elle n'est  elle-même votre  chemin  et  votre  guide ?

Et  comment  parlerez-vous  d'elle, si  elle n'est  le fil qui  tisse le  chemin de  vos paroles ?

*
Les  affligés  et les stigmatisés  disent, " La beauté  est  bonne  et  douce.

Comme  une jeune  mère intimidée  par  sa propre  gloire, elle  passe  parmi nous."

Et les passionnés  disent, Non,  la  beauté procède  de  la puissance  et de la terreur.

Comme la  tempète elle secoue la  terre sous nos pieds, et  le ciel   au-dessus  de nos têtes. "

*
Et  les  fatigués et les las disent, " La beauté  est  faite  de doux murmures. Elle parle   en notre  esprit.

Sa voix cède à nos silences, comme une lumière   à peine  visible  qui  vacille  dans la peur de l'ombre. "

Et les impétueux disent, " Nous l'avons entendu  crier   à  travers les montagnes,

Et  avec  ses  cris viennent le  bruit  des  sabots, et  le  battement  des ailes et le rugissement  des lions. "

*
La nuit les  veilleurs  de nos cités  disent, " La beauté se  lèvera à  l'est  avec l'aurore. "

Et  à  midi, les travailleurs  et  les voyageurs  disent, " Nous l'avons vue  se pencher  sur  la  terre  des fenêtres  du couchant. "

*
En  hiver, ceux qui  sont  enneigés  disent, " Elle  viendra  avec le printemps, bondissant  sur les  collines. "

Et dans la chaleur  de l'été, les moissonneurs disent, " Nous l'avons  aperçue dansant  avec les feuilles  de l'automne, avec  des flocons  de neige  dans  ses  cheveux. "


Toutes  ces choses,  vous les avez  dites  de la  beauté,

Cependant , en vérité vous ne parlez pas d'elle, mais de  vos  besoins insatisfaits,

Et la   beauté n'est pas un  besoin  mais une  extase.

Elle n'est pas une  bouche  assoiffée, ni  une  main  vide   et  tendue.

Mais plutôt un coeur  embrasé et  une  âme  enchantée.

Elle  n'est pas l'image  que  vous voudriez voir ni  le chant que  vous voudriez   entendre,

Mais plutôt une image  que  vous voyez  bien  que   vous  fermiez vos  yeux, et  un chant  que  vous   entendez  quand  bien même  vous  bouchez  vos oreilles.

Elle n'est pas la  sève  sous l'écorce  desséchée, ni  une  aile  attachée à  une  serre,

Mais plutôt un  jardin  pour toujours  épanoui et  une nuée  d'anges  à jamais en  vol.

*
Peuple  d'Orphalese, la beauté est  la  vie  quand la vie  dévoile  sa face  sacrée.

Mais vous êtes la  vie  et  vous êtes  le  voile,

La beauté est l'éternité se  contemplant  dans un miroir.

Mais vous êtes  l'éternité  et  vous êtes le miroir.

Khalil  Gibran :  Le  prophète , sur  la  beauté .



jeudi 29 décembre 2011

Jacob Van Ruysdaël



 (Un  très  beau  blog  sur  ce peintre  ) :
http://loiredesarts.over-blog.com/article-25297178.html


le coup  de  soleil


View   Rhenen  seen  West
Le cimetière  juif

Paysage  des environs de  Harlem

Jacues Brel , le plat pays (Mijn vlakke land )

Jacques Brel - Mijn vlakke land

Equador Henri Michaux

 Ecuador  est le journal d'un voyage qu'Henri  Michaux  a  entrepris   à  travers les  Andes,  les montagnes  de  l'équateur et  les  forêts  du  Brésil  pour  arriver  , un  an plus tard à l'embouchure  de  l'Amazone. A l'époque  de ce voyage  épuisant , l'auteur n'avait pas encore trente ans,  n'avait  guère publié  que  des plaquettes et  avait  le  coeur   malade. Dans  ce récit publié  en 1929 , apparaisssent  déjà  ,  ponctués de  quelques uns  des  plus beaux  poèmes  d'  Henri  Michaux,,  ces célèbres  espaces du  dedans, dont l'exploration  donnera  par la suite  l'oeuvre  étonnante  que l'on  connait  . 

 Ecuador 

Journal  de  voyage



Dimanche  de  Noël  1927
Paris


Voilà deux ans  qu'il  a commencé  , ce  voyage.  On m'avait  dit : " Je t'emmènerai . "  Deux ans , une sorte  de  constipation et  maintenant ,  c'est pour mardi  matin.  Je  suis soumis  toute  la jouenée  à une sorte  de projection  à  distance.  On  cherche  mon  regard. Quel  effort il me  faut pour  revenir  à  m oi, et, combien "impur"  ce  retour,  comme   quand on  cède  à une image de  sexe dans la prière.

3 heures

Je n'ai  écrit  que  ce peu  qui   précède et  déjà  je tue  ce voyage.Je  le  croyais  si grand.  Non,  il   fera  des pages, c'est  tout.

Mardi.  Dans l'Etoile  du  Nord  , allant à  Amsterdam, ville  où je  dois m'embarquer   le  lendemain  à   bord  di  Boskoop à destination  de  Guayaquil (Equateur )  via  Panama.
17h301/2


Moi  j'avais l'air  d'un joueur malheureux. Cet  éclair  de   joie  dans l'oeil  de  mon ami  ! On a  fait ouvrir mes  bagages mais non  les siens.  La  douane, c'est  comme le jeu.  On  veut croire à l'intrervention des puissances  occultes.  Elles  auraient  dit  aux  douaniers..."Laissez-le, celui-là  est  un  homme  à  nous." Tandis  que de moi ... Que   pense-t-il  donc qu'elles  aient  dit ?  Peutêtre  simplement  qu'elles  se sont  tues à  mon  endroit...




Amsterdam,  mercredi  matin


Ah  ce  froid,  il  faut   s'envelopper  en  soi,  s'égaliser  plutôt  pour   y bien  résister.
Celui  qui  a  sa plus grande  force localisée  dans sa tête, le  coeur,  la poitrine  ,  les bras,  n'est pas  fait  pour  ce pays. Je n'ai   pas  assez de tenue  devant  ce  froid. Pas encore assez  homogène... - Et cette campagne  flamande d'hier !  On ne peut la  regarder  sans  douter  de  tout   . Ces maisons basses  qui  n'ont  pas osé un  étage vers le  ciel ,  puis tout  à  coup file  en  l'air un haut  clocher  d'église,  comme s'il n'y  avait  que   ça  en l'homme   qui  pût  monter, qui   ait  sa chance en   hauteur.
Et  maintenant  ,écrire à   I,P,H,...donner  du  mangeable à  chacun.
Bonsoir ,  bonsoir   messieurs  .


A bord  du  Boskoop  en  mer

Voyons,  trente ou  trente et un  jours en   décembre?  Est-ce  depuis  deux ou  trois jours  qu'on est  en mer?  Dans l'anticalendrier  de la mer ? Pauvre  journa ! D'ailleurs  ce qui  s'est passé  tout   à  l'heure  je ne le dirai pas. Mieux vaut lui  couper tout  de  suite  son  avenir.

4ème jour  de   mer  
16 heures.
 Etre  seul  navire,  très insolent et  superbe sur le  grand  désert  d'eau... Le  vent   vient à  toute  vitesse  sur mon peu  de  cheveux qu'il  secoue,  puis  repart à toute  vitesse et  moi je  reste  sur le pont.  Vient  encore ce vent  contre ma tête,  repart   à  toute  vitesse , et   Dieu  sait  quand il  rencontrera  encore un  front et  de qui  pourrait  bien  être  ce  front  et ce qu'on pourrait  avoir  à  dire  de nos deux  fronts comparés. O navire-orgueil,  Ôcapitaine-orgueil, passagers-orueil, vous qui  ne vous mettez pas  de plain-pied avec la mer...sauf  toutefois  au jour  du naufrage...Ah,  alors..enfin il s'enfonce ,  le navire, avec  son  jeu  complet de mâts  et  s  cheminée.


[...]
A 2 heures p.m.


Le moteur  s'est  arrêté. On  a  été pris dans les lames.  On  a  été bord  sur bord,  à  croire qu'on  allait  être  renversé. Les officiers  étaient  inquiets. Moi,  ça m'a  remis  tout à  fait. Très bien  , Atlantique, tu sais  secouer , et  te  montrer  grand  .


*
Je viens  de jouer... comme  ça  dilate...Excellent contre la pétrification qui  est  tout l'écrivain.
Il  y  a quelques minutes,  j'étais large. Mais   écrire, écrire : tuer,  quoi.


*
Mais où est  -il  donc ce  voyage  ?


*

Dans nos bagages rien  que  des livres  modernes  et non choisis.
Cette  bande  d'impressionnistes...écrivant genre  d'étincelles,  ou  genre  enveloppement humide, ou  genre  travaux  d'aiguilles... Ce  style  à  trace  d'images,  à  trace  de merveilles,  à  trace  d'émotion ,  à  trace  de miracles,  à  trace  de génie,  à  trace  d'humeur,  à  trace  d'études  , à  traces  de tout. Un  insuppportable  bazar où  l'on ne  trouve pas de pain.

Et  ce  voyage  , mais  où est-il  ce  voyage ?

[...]

mercredi 28 décembre 2011

La mort en direct






La  mort en  direct  
de  Bertrand  Tavernier  

avec  Romy  Schneider   et Harvey Keitel
1980
 Musique de  Antoine   Duhamel


Un  film  qui ne se raconte  pas  , alors  simplement   un extrait  du commentaire  de David  Rault sur Amazon:

  Extrapolation terriblement visionnaire des excès et débordements de ce qui ne s'appelait pas encore la télé-réalité, La Mort en direct est un réquisitoire contre le voyeurisme, pour la liberté ; une histoire d'amour sombre, teintée de fantastique ; un drame social comme Tavernier sait parfaitement les peindre. Le duo étonnant Romy Schneider/Harvey Keitel fonctionne parfaitement, la fragilité de l'une contrebalançant la force et le désarroi grandissant de l'autre, face à une situation irréelle et bouleversante. Du grand cinéma. --David Rault




Quelques images   supplémentaires  quand même  :






















"Qu'est-ce  qui  est le plus dur  Catheriene :  subir une   déception   ou  décevoir  ? "




Qu'est-ce  qu'un rêve ?







lundi 26 décembre 2011

Brahms concerto pour piano n°2 mouvements 2, 3 et 4



Richter / Chicago - Brahms Piano Concerto No. 2 Mvt 2 (3/5) 

 

Richter / Chicago - Brahms Piano Concerto No. 2 Mvt 3 (4/5) 

 


Richter / Chicago - Brahms Piano Concerto No. 2 Mvt 4 (5/5)

Richter / Chicago - Brahms Piano Concerto No. 2 Mvt 1 part 1(1/5)

Concerto pour  Piano  n °  2    1er  mouvement



1er  mvt   1/5

Richter / Chicago - Brahms Piano Concerto No. 2 Mvt 1 part 2 (2/5)

Severed Garden by Jim Morrison The Doors


 Un nouvel  adagio    à  ajouter à  "ma  collection ...
via Almasoror   que  je  remercie  pour  son   énergie  ,  son  audace ,  son  absence  de   préjugés , son   ouverture  d'esprit ,  son  humour,  son  amour  du  beau  etc.... 
Un  grand  sourire  à  Almasorror 



Severed Garden by Jim Morrison The Doors

dimanche 25 décembre 2011

Le Silence : Bergman , Brahms , Richter ....


The Silence - Bergman / Piano Concert nº 2 - Brahms 

 

Le Silence  

 Ingmar  Bergman 

(Suède  1963 )

Anna et   Esther,  deux soeurs, rentrent  en  Suède après un voyage à l'étranger. Elles sont  accompagnées  de  Johan le  fils d'Anna  . A  la suite d'un  malaise d'Esther, elles  font halte  dans une ville inconnue, dont les habitants  parlent une langue qui leur  est tout à fait  étrangère. Dès lors,  Esther  et Anna   sont  confrontés  au  silence  de l'incommunicabilité  .

 

Le Silence     est parfois  considéré  comme faisant partie  d'une trilogie réunissant  également "  A travers le miroir" et  les Communiants" et  baptisée la trilogie  de l'absence  de  Dieu.  Après  avoir rmpu  avec la foi  dans les  deux précédentes oeuvres , le cinéaste  explore dans le silence  les moyens  d'échapper  à la solitude. Un  film  au climat oppressant,  magnifiquement inyerprété  .


samedi 24 décembre 2011

Joyeux Noël, Buon natale ...


La tradition  jusqu'au bout !!!!


O Tannenbaum. Tradicional alemán. 

Les Anges dans nos campagnes -- Cântico natalino da França

 

 

 

vendredi 23 décembre 2011

jeudi 22 décembre 2011

Adagio in C minor (A.Marcello)




Adagio in C minor (A.Marcello).

Adagio J.S. Bach, Claude Roy : Sais-tu si nous sommes encore loin de la mer ?


Adagio Bach


Lorsque la terre respire    celà  s'appelle  le  vent  
L'eau qui  devient  homme     celà s'appelle  le  sang

L'enfant  buissonnier   charmeur  de  sauterelles 
couché  à la perpendiculaire   de la  canicule  blanc-bleu
l'ébouriffé   à  plat  ventre  sur l'été-feu  du  causse
colle l'oreille  à la terre  étouffée  d'août
au-dessus  de la  dalle  quaternaire  sous les couches du  temps


L'enfant  curieux  écoute aux portes de la terre

L'eau lisse  au  fil  aveugle du  grand  fond
la coureuse  hors soleil
l'eau  tisse  sa  voix d'eau  sourde
menu clapotis  des mille  pas nus
Pieds nus  de l'eau  nue     l'eau  toujours ressourcée
eau  battante    eau vivante    eau  fine  qui  glisse
dans la nuit  de la  grande  aoorte souterraine
dans la veine  qui  ralentit un  peu 
à  l'arrivée   dans la  grotte estomac -de- la- terre 
L'enfant  étonné écoute l'eau
et  le  silence      entre les stalactites
que  font  en  battant  dans le noir  hypofgée
les ailes du paillon aveugle  des cavernes 
nommé  Triphosa dubitata

L'oeil  du  coeur    en s'ouvrant     et   fermant  
fut la  source    d'où  naquit   le  cycle  des temps 


Claude Roy 
  de son recueil   "Sais-tu  si  nous sommes encore loin de la mer  ?  "(Epopée  cosmogonique,  géologique, hydraulique, philosophique  et   pratique  en  douze  chants   et en  vers  )

Chopin - Adagio _ Moïse Alfred de Vigny






Chopin - Adagio153


Moïse  

Le soleil prolongeait  sur la cime   des  tentes 
Ces  obliques  rayons,  ces  flammes  éclatantes,
Ces  larges  traces  d'or qu'il  laisse  dans les airs,
Lorsqu'en  un  lit  de  sable  il  se  couche  au désert.
La pourpre  et l'or  semblaient revêtir  la campagne.
Du  stérile  Nébo  gravissant la   montagne,
Moïse   homme  de  Dieu,  s'arrête  et  sans orgueil,
Sur le  vaste  horizon  promène  un  long   coup d'oeil.
Il  voit  d'abord Phasga, que  des  figuiers entourent;
Puis  au-delà des monts que  ses regards parcourent,
S'étend  tout   Galaad,  Ephraïm,  Manassé,
Dont le pays  fertile  à  sa  droite est placé;
Vers le  Midi , Juda grand et  stérile  , étale
Ses  sables où  s'endort la mer occidentale;
Plus loin  dans un  vallon  que le  soir   a pâli,
Couronné  d'Oliviers , se montre Nephtali;
Dans  des plaines de  fleurs  magnifiques et  calmes
Jericho s'aperçoit, c'est la ville  des  palmes;
Et  prolongeant  ses  bois  des plaines de  Phogor
Le lentisque touffu s'étend jusqu'à  Segor.
Il voit tout   Canaan  et la  terre promise,
Où  sa tombe,  il le sait, ne sera point  admise.
Il voit ;  sur les Hébreux étend sa  grande main ,
Puis vers le haut  du mont   il  reprend son  chemin  .

_____
Or, des  champs de  Moab couvrant la  vaste  enceinte,
Pressés  au  large  pied   de la montagne  sainte,
Les  enfants   d' Israël s'agitaient  au  vallon
Comme   les  blés   épais  qu'agite  l'   aquilon.
Dès   l'heure  où  la  rosée humecte  l'or des sables
Et  balance  sa perle au  sommet  des  érables,
Prophète  centenaire ,  environné d'honneur,
Moïse  était  parti  pour trouver  le   seigneur.
On  le  suivait  des yeux   aux  flammes  de sa tête,
Et ,  lorsque  du  grand mont il  atteignit le  faîte
Lorsque  son  front  perça le nuage  de Dieu
Qui  couronnait  d'éclairs,  la cîme  du  haut lieu,
L'encens  brûla partout  suur  les  autels  de   pierre,
Et  six  cent  mille  hébreux  , courbés  dans la poussière
A l'ombre  du parfum  par le  soleil  doré,
Chantèrent  d'une voix le  cantique  sacré;
Et  les  fils de Lévi  , s'élevant  sur la  foule,
Tels  qu'un bois  de   cyprès  sur le  sable  qui  roule,
Du  peuple  avec la  harpe   accompagnant les  voix,
Dirigeaient  vers le  ciel l'hymne  du   Roi  des  Rois.
_______

Et  debout  devant   Dieu ,  Moïse  ayant pris  place,
Dans le  nuage  obscur lui  parlait ,  face à  face  .

Il disait  au   Seigneur :  "  Ne  finirai-je pas ?
Où  voulez-vous encore  que je porte mes pas?
Je  vivrai  donc toujours  puissant  et  solitaire?
Laissez-moi m'endormir du  soleil  de la terre._
Que  vous   ai-je  donc fait pour être  votre  élu?
J'ai  conduit  votre peuple où  vous  avez  voulu.
Voilà  que  son pied  touche  à   la  terre  promise.
De vous  à  lui , qu'un  autre  accepte  l'entremise,
Au coursier  d' Israël   qu'il  attache  le  frein ;
Je  lui  lègue mon livre  et la  verge  d'airin.

____

Pourquoi  vous  fallut-il  tarir mes  espérances
Ne pas me laisser homme  avec mes ignorances,
Puisque  du mont   Horeb jusques au  mont  Nebo
Je n'ai  pas pu  trouver le  lieu  de mon tombeau?
Hélas,  vous m'avez fait  sage  parmi  les sages !
Mon  doigt  du peuple  errant  a guidé les passages .
J'ai  fait  pleuvoir le  feu  sur la tête des rois;
L'avenir  à  genoux  adorera  mes lois  ;
Des tombes des humains j'ouvre la plus antique,
La  mort  trouve à ma voix une  voix prophétique ,
Je suis très grand ,  mes pieds sont  sur les nations,
Hélas ! Je suis  Seigneur   ,  puissant  et  solitaire,
Laissez-moi  m'endormir  du  soleil de la terre !

____

Hélas  ! je  sais  aussi  tous les  secrets  des  cieux,
Et vous m'avez  prêté  la force de vos   yeux.
Je  commande à  la nuit  de  déchirer  ses  voiles;
Ma  bouche par  leur  nom  à compter les  étoiles,
Et,  dès  qu'au  firmament  mon  geste  l'appela,
Chacune  s'est  hâtée, en  disant   :  Me  voilà.
J'impose mes  deux mains sur le  front  des nuages
Pour  tarir  dans leurs  flancs  la  source des   orages;
J'engloutis  les   cités sous les  sables  mouvants;
Je  renverse  les monts  sous les  ailes   du  vent;
Mon  pied  infatigable  est plus  fort  que l'espace;
Le  fleuve   aux  grandes eaux  se  range  quand  je passe,
Et la voix  de la mer  se  tait  devant   ma voix.
Lorsque  mon  peuple  souffre,  ou  qu'il  lui  faut  des lois,
J'élève   mes  regards , votre esprit me  visite;
La terre  alors chancelle et le  soleil  hésite,
Vos  anges sont  jaloux  et m'admirent  entre  eux._
Et  cependant  Seigneur   , je ne suis pas heureux;
Vous m'avez fait  vieillir  puissant  et  solitaire
Laissez-moi  m'endormir  du  sommeil  de la terre.

____

Sitôt  que  votre  souffle a  rempli le  berger,
Les hommes  se  sont  dit  :  il  nous est  étranger ;
Et leurs yeux  se  baissaient   devant  mes  yeux de flammes,
Car  ils venaient   ,hélas !  d'y voir plus que mon  âme.
J'ai  vu  l'amour  s'éteindre   et l'amitié  tarir,
Les vierges se voilaient  et craignaient  de mourir.
M'enveloppant  alors de la colonne noire,
J'ai  marché  devant  vous , triste  et seul  dans ma  gloire,
Et j'ai  dit  dans mon  coeur  : Que  vouloir à présent ?
Pour   dormir  sur un sein   mon  front  est  trop  pesant,
Ma main laisse  l'effroi  sur la main  qu'elle touche,
L'orage  est dans ma voix,  l'éclair  est  sur ma bouche;
Aussi,  loin  de m'aimer,  voilà  qu'ils tremblent tous,
O Seigneur ,  j'ai  vécu  puissant  et   solitaire,
Laissez-moi  m'endormir du  sommeil  de la   terre .

____

Or, le peuple attendait, et,  craignant  son courroux,
Priait  sans regarder  le  mon  du  Dieu  jaloux;
Car  s'il levait les yeux ,  les  flancs noirs du  nuage ,
Roulaient  et redoublaient   les  foudres  de l'orage,
Et le  feu  des éclairs, aveuglant les regards,
Enchainait  tous les fronts  courbés  de  toutes parts,
Bientôt le haut  du mont   reparut  sans Moïse.--
Il fut pleuré. -- Marchant  vers la terre promise,
Josué  s'avançait pensif  et   pâlissant,
Car il  était  déjà  l'élu  du  Tout-Puissant .

Alfred  de  Vigny ,1822


Moïse  Michel  Ange

Un petit bonjour d'Elena ...avec Chopin


 Ne croyez pas  que   j'aie  oublié Elena  !  Tous les  trésors  du monde   n'y parviendraient   pas   !! 
  Au contraire ils me  la rappellent   à chaque instant  :-) 
Mais c'est  un bon  jour pour   l'évoquer et  danser  avec son fantôme .

Evgeny Kissin. Chopin, Valse n°7 Op. 64 N°2.

dimanche 18 décembre 2011

Cioran : Les grandes nations , les grands peuples ..et les autres

Cioran :  La tentation  d'exister 
 Petite  théorie  du  destin 

Cioran    n'épargne personne   ,  il   griffe  , il  égratigne  , dans une   volonté  de  lucidité  qui  ressemble  bien  au  desespoir   inconsolable  d'un  absolu  impossible mais  il  sait  aussi   retourner    favorablement    la  malédiction   de  l'histoire  en   auréolant   les  vaincus  ,  les perdants   de   défauts  admirables   .
D'ailleurs  jusqu'à  présent nous n'avons pas vu l'ombre d'un  vainqueur   , si   ce n'est  la marche  inexorable  du  temps   qui   règle  aussi bien le  sort  des  civilisations .que le  destin des hommes . 
Le philosophe  de   Rembrandt

"Comment  croire   aux philosophies quand on  sait  de  quels  regards  pâles   elles sont  le  reflet  ?  L'habitude  du  raisonnement  et de la  spéculation  est  l'indice  d'une insuffisance   vitale  et  d'une  déterioration  de l'affectivité .
Pensent  avez méthode   ceux là  seuls qui  , à  la  faveur  de leurs  déficiences  parviennent à  s'oublier  ,  à ne plus faire  corps  avec leurs idées  :  la philosophie  apanage  d'individus  et  de peuples  biologiquement   superficiels  ."

C'est   Cioran, le  philosophe,  qui  le  dit  ..


Les  grandes  nations  et les  grands peuples  

Musée  de  l'Hermitage   Saint Petersbourg

La Russie  : Les personnages  de  Dostoievski  la  mettent  sur le même  pied  que Dieu  ,  puisque le mode  d'interrogation  appliqué  à  celui-ci ,  ils l'étendent à celle-là :  faut-il  croire à la Russie ?  Faut-il  la nier ?  existe-t-elle  réellement  ou n'est  -elle  qu'un pretexte  ?  S'interroger  de la  sorte  c'est   poser   en  termes  théologiques  un  problème local . Mais  justement   , pour Dostoievski, la  Russie ,  loin d'être un  problème local  , est un problème universel , au  même  titre  que l'existence de  Dieu . 

L'Escurial  de  Madrid  De  Philippe  II

L'Espagne  : C'est le mérite  de  l' Espagne   de  proposer un  type  de   developpement  insolite  , un  destin  génial  et inachevé. (On  dirait un  Rimbaud  incarné  dans une  collectivité  )....


Et  les "petits  peuples"  ,  les  autres    les Roumains par  exemple   puisque   Cioran  nous parle  de  lui
Château  de  Bran   ( http://exporoumanie.free.fr/bran1.htm)

Etre  français est une  évidence  :  on n'en  souffre   ni on ne  s'en  réjouit  ;  on  dispose  d'une  certitude qui   justifie   la  vieille  interrogation   :  "Comment peut  on  être  Persan ?  "
Le paradoxe  d'être  persan   (en l'occurrence  roumain   )  est  un tourment   qu'il  faut  savoir  exploiter   ,  un  défaut dont on  doit   tirer  profit  ...... Gardons nous  pourtant de  trop  nous plaindre   :  n'est-il  pas  réconfortant  de  pouvoir opposer  aux désordres  du  monde   la  cohérence  de nos  misères et  de nos défaites   ?  Et  n'avons -nous pas  , face  au  dilettantisme  universel,  la  consolation  de  posséder ,  en   matière  de  douleurs,  une   compétence  d'écorchés et  d'érudits  ? 

samedi 17 décembre 2011

Sibelius : Symphony N° 3 (mvt. II)

Un morceau  qui  m'enchante  !... Le  thème  en est  probablement  tiré de mélodies populaires  . Danses  paysannes  autour  de  feux de l'été,  , cortège  de noces  ou  simple   promenade  bucolique sur  des sentiers pierreux  ? La  simplicité en  est  émouvante  à  cause  sans  doute de  cette  gaîté  qui  se fond  dans la  mélancolie ....   comme tout  regard   lucide   sur l'existence  dont  on   accueille  les  joies  qu'on  sait  si  éphémères  .

Sibelius : Symphony N° 3 (mvt. II)

Renoir : chemin  montant  dans les Hautes herbes 

 

 

Cioran , Sur une civilisation essoufflée :Décadence de l'Occident, vacuité vaine, mais la Musique !!!



Cioran :   la  tentation  d'exister  
  chapitre  2 
  Sur une civilisation  essoufflée
(Sur la  décadence  de l'Europe )



Leonardo  Da vinci La  bataglia  d'Anghiari


Angleterre  France Allemagne   ....
Celui  qui  appartient   organiquement   à une  civilisation ne saurait identifier  la nature  du  mal  qui   la mine  . Son  diagnostic ne  compte  guère ; le jugement  qu'il porte  sur elle  le  concerne ; il la ménage par  égoïsme.

...Devant l'accumulation  de leurs  réussites,  le pays occidentaux n'eurent pas  de peine   à  exalter l'histoire, à  lui  attribuer une signification   et  une  finalité . Elles leur  appartenait  , ils en  étaient les  agents  ...Aussi la placèrent-ils  tour à  tour  sous le patronage   de la Providence,  de la  Raison  et   du  Progrès..  

Sur la musique 

Si , dans   l'ordre   de l'esprit,  nous  voulons  peser   les  réusssites depuis la Renaissance jusqu'à  nous, celles  de la philosophie ne nous  arrêteront pas ,  la philosophie  occidentale ne  l'emportant  guère  sur la  grecque,  l'hindoue ou  la  chinoise. Tout au  plus les  vaut-elle  sur  certains  points. Comme elle ne représente qu'une  variété de l'effort philosophique  en  général , on  pourrrait ,  à la rigueur  , se passer  d'elle  et lui  opposer les méditations   d'un  çankara, d'un  Lao-Tse , d'un Platon . Il  n'en  va pas  de même pour la musique, cette  grande  excuse  d'un monde moderne,  phénomène  sans parallèle dans   aucune  autre   tradition  :  où trouver  ailleurs  l'équivalent d'un Monteverdi ,  d'un Bach ,  d'un Mozart  ?  C'est par elle  que  l'Occident révèle sa physionomie   et  atteint  à  la profondeur .S'il  n'a  créée  ni  une  sagesse ,  ni  une métaphysique  qui lui  fussent  absolument propres ni  même  une  poèsie  dont  on  pût  dire  qu'elle  est  sans  exemple, il  a  projeté en  revanche  dans   ses projections musicales,Toute sa  force  d'originalité, sa  subtilité , son  mystère et  sa  capacité d'ineffable. Il  a pu aimer  la  raison  jusqu'à  la perversité;  son  vrai  génie   fut  porutant un génie  affectif.  Le mal   qui l'honore le plus ? L'hypertrophie  de  l'âme.
Sans la musique, il n'eut produit  qu'un  style de  civilisation  quelconque, prévu.... S'il  dépose  donc son  bilan , elle  seule  témoignera qu'il ne s'est pas gaspillé en  vain,  qu'il   avait vraiment  quoi perdre  .




vendredi 16 décembre 2011

Apocalyptica - Seeman

 
Seemann apocalyptica

Il  y  a  de  la magie  dans  ce  clip  !
Merci  à  D.N. d'Almasoror   de  me  rappeler  ce  bon  moment .

Seaman : A  man  in a  boat ! ( Mj)

jeudi 15 décembre 2011

Rite...."Ma dove....."

Fabrizio de André - Hotel Supramonte

Héautontimoroumenos...Cioran, Baudelaire

C'est  Cioran  qui  me  ramène  encore  une  fois  à   Baudelaire  ..
Cioran : la  Tentation  d'exister   
(1956)
1er  chapitre    : " Penser  contre soi  "

Une  pierre  dans mon  jardin  contre   mon  universalisme  

"Que  l'homme  n'aime  rien  et   il sera  invulnérable"  Tchouang-Tse ,  la  sagesse  asiatique   indienne  ou chinoise  , autant  qu'elle   peut  nous  paraitre  juste  et ideale est inaccessible  à  l'occidental façonné dans l'esprit  de  révolte  et pour  qui   soufrir est la seule modalité d'acquérir  la  sensation  d'exister .

"Le  taoisme m'apparait  comme  le premier  et le  dernier mot  de  la  sagesse:  j'y suis pourtant  réfractaire, mes instincts le  refusent, comme ils refusent  de  subir quoi  que  ce soit, tant pèse  sur nous l'hérédité de  la  rébellion ."

"....Or  il  faut  bien l'avouer : nous  avons le phénomène  dans le  sang. Nous  pouvons le mépriser  ou  l'abhorrer , il  n'en  est  pas moins notre patrimoine, notre  capital  de  grimaces ,  le  symbole  de notre  crispation  ici-bas. Race  de  convulsionnaires,  au centre  d'une farce  aux  dimensions  cosmiques, nous avons  imprimé à  l'univers  les stigmates de notre histoire et, cette  illumination  qui  convie  à périr  tranquillement, nous n'en  serons jamais  capables. C'est  par  nos  oeuvres   ce  n'est pas par nos  silences , que nous  avons  choisi  de  disparaitre :  notre avenir  se  lit  dans le  ricanement  de nos figures,  dans nos  traits  de poètes meurtis  et  affairés. Le  sourire  de Bouddha  , ce  sourire  qui  surplombe le  monde , n'éclaire point nos visages. A  la limite  nous concevons le  bonheur;  jamais la  félicité, apanage de  civilisations fondées   sur  l'idé&e  de  salut, sur  le  refus  de  savourer ses  maux,  de  s'y delecter ;  mais  sybarites  de la  douleur, rejetons  d'une  tradition  masochiste, qui  de nous balancerait  entre  le   Sermon  de  Bénarès   et l'Heautontimoroumenos ,  "Je suis   la plaie  et le   couteau  ",  voilà  notre   absolu  ,  notre  éternité....."

L'enfer :  Bouguereau


L'héautontimorouménos
A J. G. F.

Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,

Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera

Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !

Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?

Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.

Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !

Je suis de mon coeur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !


Ch.  Baudelaire   :  les fleurs  du mal  LXXXIII

mercredi 14 décembre 2011

Spring, Summer, Fall, Winter... and Spring

Spring, Summer, Fall, Winter... and Spring - soundtrack

La fin de la journée (Ch. Baudelaire )


Isaac  Lévitan


La fin  de la journée  

Sous une lumière  blafarde  
Court, danse  et  se  tord  sans raison 
La Vie ,  impudente   et  criarde.
Aussi,  sitôt qu'à  l'horizon 


La nuit  voluptueuse  monte
Apaisant  tout, même la  faim 
Effaçant   tout,  même la honte ,
Le poète  se  dit: "enfin !


Mon esprit   comme mes vertèbres,
Invoque ardemment le  repos;
Le  coeur plein de  songes  funèbres,


Je vais  me coucher  sur le  dos 
Et me rouler  dans vos rideaux
Ô rafraîchissantes  ténèbres! "

Charles  Baudelaire :  les  fleurs du  mal CXXIV