lundi 9 mai 2011

Ame de nuit , Maeterlinck, Khnopff

La tiare d'argent de Fernand Khnopff



AME DE NUIT

(poème conclusif du recueil Serres Chaudes)


Mon âme en est triste à la fin ;
Elle est triste enfin d'être lasse,
Elle est lasse enfin d'être en vain,
Elle est triste et lasse à la fin
Et j'attends vos mains sur ma face.


J'attends vos doigts purs sur ma face,
Pareils à des anges de glace,
J'attends qu'ils m'apportent l'anneau ;
J'attends leur fraîcheur sur ma face,
Comme un trésor au fond de l'eau.


Et j'attends enfin leurs remèdes,
Pour ne pas mourir au soleil,
J'attends qu'ils lavent mes yeux tièdes
Où tant de pauvres ont sommeil !


Où tant de cygnes sur la mer,
Des cygnes errant sur la mer,
Tendent en vain leur col morose !
Où, le long des jardins d'hiver,
Des malades cueillent des roses !


J'attends vos doigts purs sur ma face,
Pareils à des anges de glace,
J'attends qu'ils mouillent mes regards,
L'herbe morte de mes regards,
Où tant d'agneaux las sont épars 

 (Maurice Maeterlinck)

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