lundi 27 juin 2011

Schubert "la jeune fille et la mort " Du lied au quatuor

 
Nathalie Stutzmann & Inger Sodergren  
" La jeune fille  et la  mort  "
Der Tod und das Mädchen 

Lied  opus 7 n°3 D531(1817)

Poème de Matthias Claudius
poète allemand (1740-1815)
Texte original allemand Traduction française 
Das Mädchen
Vorüber!
Ach, vorüber!
Geh, wilder Knochenmann!
Ich bin noch jung, geh Lieber!
Und rühre mich nicht an.

Der Tod
Gib deine Hand, du schön und zart Gebild!
Bin Freund, und komme nicht, zu strafen.
Sei gutes Muts! ich bin nicht wild,
Sollst sanft in meinen Armen schlafen!

La jeune fille
Va-t'en! Ah! va-t'en!
Disparais, odieux squelette!
Je suis encore jeune, va-t-en!
Et ne me touche pas.

La Mort
Donne-moi la main, douce et belle créature!
Je suis ton amie, tu n'as rien à craindre.
Laisse-toi faire! N'aie pas peur
Viens doucement dormir dans mes bras

   http://fr.wikipedia.org/wiki/La_jeune_fille_et_la_mort_%28Lied%29  

(Une   traduction  qui  conviendra  à  Brigitte   Massin ... paragraphe ci- dessous)


"... Encore une fois pour Schubert , voici le thème de la mort accordé à son inspiration ... à son psychisme.Le poème de Claudius comporte deux strophes : la prière de la jeune fille :"Laisse-moi spectre terrible, je suis si jeune , va et ne me prends pas ." et la réponse de la Mort : "Donne-moi ta main , belle et douce créature; je suis ton amie et ne viens pas te punir ! Courage je ne suis pas cruelle, tu dormiras doucement dans mes bras."
Il n'est peut être pas inutile de rappeler qu'en allemand , la mort (ou si l'on préfère le trépas) est un substantif masculin :der Tod . Dans les estampes allemandes de l'age flamboyant (...) une iconographie abondante montre un squelette aux allures de gentilhomme , enlaçant une jeune femme avec les gestes caractéristiques d'un séducteur masculin. Dans le texte allemand du poème de Claudius , la précision n'est pas moins nette : ce cruele squelette que la jeune fille supplie de s'éloigner proteste qu'il est un ali (et non une amie) et qu'il n'est pas cruel (et non cruelle) . Faute d'y songer on ne comprendrait pas assez intimeement la terrible séduction que la musique de Shubert rend fascinante : quand le squelette convie la eune fille à dormir dans ses bras , ce n'est pas au sommeil du néant mais à de macabres épousailles qu'il l'entraine. " Brigitte Massin : Frantz Schubert chez Fayard


Le quatuor  à  cordes   en  ré mineur (1824) D810

Toutes  les ressources  des cordes sont utilisées  par le génie du   compositeur  pour  organiser    ce  dialogue  avec la Mort ,  tour à  tour   déchirantes  , ( certaines mesures  sont  quasi   insupportables  dans leur émotion extrème, des aigus   ou  les  frottés  de l'archet)  tantôt   plaintives ,   implorantes. La résonance  musicale  de la  cruauté  n'en  est pas  absente quand elles tyrannisent  la   mélodie  du  violon qui  personnifie   la   jeune fille  osant  les  mesures  légères  jusqu'à l'insouciance  , donnant  toute   sa  puissance à  l'intensité dramatique.  

 

Death and the Maiden 1 , Allegro (part 1)


  Death and the Maiden 2 Andante  con  moto (part 1)

 Death and the Maiden 3 Scherzo allegro  molto

 

 

Death and the Maiden : 4,  presto


Une belle  analyse  de Esprits  nomades 

et 
un site interessant  sur la  danse  macabre 
 ...........Ce thème a un passé à multiples facettes. Il prend racine dans de très vieilles traditions mythologiques: chez les anciens Grecs, le rapt de Perséphone (Proserpine chez les Romains) par Hadès (Pluton), dieu des Enfers, est une claire préfiguration de cette collision entre Éros et Thanatos. La jeune déesse cueillait des fleurs en compagnie de nymphes insouciantes lorsqu'elle aperçut un joli narcisse et le cueillit. À ce moment, la terre s'entrouvrit; Hadès sortit des abysses et enleva Perséphone.
C'est cette ancienne vision qui sera mise en forme à la fin du 15e siècle pour devenir le thème de la jeune fille et la Mort. Celui-ci connaîtra son point culminant chez les artistes allemands de la Renaissance. Dans presque toutes les danses macabres, déjà, figurait une rencontre de la Mort avec une ravissante pucelle; on trouvait aussi une jeune femme dans le thème des trois âges et la Mort. Mais ces oeuvres ne dégageaient en général aucun érotisme (sauf quelques rares exceptions, comme la danse macabre de Berne, peinte par Niklaus Manuel Deutsch)......°

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