samedi 9 avril 2011

Baudelaire , Spleen, Léo Ferré

 


Pour  savourer  encore une  fois...

Les  fleurs du mal  LXXVIII  -- Spleen

Quand le  ciel  bas  et lourd  pèse  comme  un couvercle
Sur l'esprit  gémissant en proie  aux longs  ennuis,
Et que  de l'horizon  embrassant  tout le  cercle
Il  nous  verse  un  jour noir  plus  triste  que  les  nuits;

Quand la  terre  est changée  en un cachot  humide
Où  l'Espérance, comme  une  chauve souris
S'en  va  battant  les  murs de  son  aile  timide
Et se cognant  la  tête à des plafonds pourris; 

Quand la pluie  étalant  ses immenses trainées
D'une  vaste  prison  imite les  barreaux
Et  qu'un peuple  muet  d'infâmes  araignées
Vient  tendre  ses  filets  au fond  de nos cerveaux,

Des  cloches  tout  à  coup  sautent  avec furie
Et lancent  vers le ciel  un  affreux  hurlement,
Ainsi  que  des  esprits errants et  sans patrie
Qui  se mettent à  geindre   opiniâtrement.

-- Et  de longs corbillards  sans  tambours ni musique,
Défilent  lentement  dans mon  âme  ;  l'Espoir
Vaincu, pleure, et  l'Angoisse  atroce, despotique,
Sur mon crâne  incliné plante  son  drapeau  noir.

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