vendredi 1 avril 2011

Kalevala, rebondisssement en Finlande Väinämöinen Chant II

"   Ce  que  j'admirais  le  plus   chez  Elena ,  était   sa  capacité  à  rebondir !  En cela aussi   , elle  était  très  schubertienne  ! Plongée  dans  la morosité la plus  profonde , elle  s'emparait  subitement   d'un  rayon  de  lumière  qu'elle  enfourchait  comme  un  cavalier  pour  surmonter   sa vague  de  spleen !
Vu de  l’extérieur   c'était  assez  déroutant  mais   finalement  plutôt  optimiste   !
Généralement   c'était  un  écho  plus  ou  moins lointain  qui  surgissait  à  l'imprévu  , la ramenant   à  d'anciens paysages  ,  on a  envie  de  dire   à  quelque  rivage  où  elle  aurait   déjà  accosté.  Une  odeur , un  parfum ,  une  lumière   était  parfois suffisant   pour  réveiller ses appétits  et  chasser  son  apathie  !
Ne des-aimant  pas , elle  n'oubliait  pas  ...(Dove sei?)...."

Kalevala


Chant II

Väinämöinen ensemence la terre . – Le gros chêne – Le premier écobuage
Traduction de Gabriel Rebourcet
 
Adonc Väinämöinen
gagne  de pied  ferme la lande
Sur l’île rase  aux reins  des vagues,
Terre nue, la terre sans arbres.
Il y demeure mainte année ,
Jour après jours coulant sa vie
Dans l’île rase ,île sans  nom,
Toute nue,  la terre sans arbres. 
Il songe, le sage, et resonge,
Retourne l’idée dans son crâne :
Qui saura faire les semailles ,
Lancer les nuages de graines  ?  
Pellervo, le fils de la  terre
Le fils  petit du champ, Sampsa,
Voilà l’homme pour les semailles
Et les nuées de graines vives ! 
Dos courbé, il jette la semaille,
Sème en terre, sème en moullières,
Il nappe les chablis sableux,
Il ensème dru la rocaille. 
Sur les collines, les pinières,
Sur les tertres,  les sapinières,
Il sème la lande en bruyère
En taillis tendres les vallons.  
Puis les bouleaux en marécages
En terre moullières les aulnes,
Les merisiers en  terres neuves,
Et les marsaults en terres fraîches,
En terres sacrées les sorbiers,
Dans les terres de crues les saules,
Le genièvres en terres arides,
à  l’orée du fleuve les chênes. 
Poussée vive les arbres lèvent,
Hautes ramées, tendres ramilles, 
 Les sapins poussent , cimes rouges
Branches déployées les pins s’ouvrent. 
Les bouleaux lèvent dans les noues,
Les aulnes  par  terres mouvantes,
Les merisiers en terres fraîches
Et le genièvre en terre aride,
Du genièvre la jolie baie,
Et le fruit du bon merisier. 
Le vieux Väinämöinen ,
Barbe sage vient regarder
La levée  des grains de Sampsa,
Les semailles de Pellervo. 
Il voit les arbres déployés,
Bourgeons levés les pousses jeunes ;
Seul manque aux semailles le  chêne,
 L’arbre Dieu n’a point ses  racines. 
Il peste et maudit la canaille,
Jure maints jurons sur son sort ;
 Puis il attend trois nuits encore,
 Veille autant de jours et patiente. 
 Puis il vient regarder l’ouvrage.
Après long temps, longue semaine :
Nenni ,  n’a point poussé le chêne,
Pas une griffe  à l’arbre Dieu. 
Le chêne finit par pousser mais il  est trop grand il faut l’abattre 
L’arbre déploie ses branches grandes
Il s’étire en rameaux feuillus. 
L a cime se  hisse aux nuages,
Le ramage envahit le ciel,
Brise la courre des nuages,
Déchire les flocons pressés,
Soleil étouffé, jour couvert, 
 Le vieux Väinämöinen
Lors songe, barbe sage et pense :
Qui saurait l’abattre le chêne,
Coucher l’arbre , le beau,  le fier ? 
Triste sera la vie pour les hommes,
Pour les poissons, la nage affreuse
Sans jour, sans le feu  du soleil,
Ni la lune aux blanches  lueurs. 
Le  chêne est abattu, puis tous les arbres seul le bouleau  est  épargné 
Le coucou vient , gorge en printemps,
Il voit debout le bouleau  blanc : 
« Pourquoi l’as-tu  donc  épargné
le bouillard à l’écorce blanche ? »
 Väinö le vieux lui répond : 
« entends pourquoi j’ai laissé l’arbre,
 le bouillard ouvrir sa ramée :
il sera ton arbre de chant . 
« Coucou viens-t’en piailler de gorge,
fais ton chant clair , gosier de sable,
gosier d’argent, ton cri limpide,
coule  haut ta gorge d’étain ! 
 Coucoule aux soirs, bavarde à l’aube ,
Chante  encore au mitan du jour,
Crie, prodige en ces terres miennes,
Joue mes forets en tintamarre,
que le gibier  vienne à mes rives
Et les moissons  à mes champagnes ! »

Väinämöinen (plume Mj 2004 )

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