Mari Boine
Le Kalevala
Elias Lönnrot
Chant VII
(Dans la 1ère traduction en vers de Jean Louis Perret )
[...]
Un aigle s'envola du nord
Il n'était vraiment pas très grand,
Ni petit parmi les petits :
Son aile effleurait les nuages,
L'autre aile balayait les flots
Sa queue s'attardait sur la mer,
Son bec frôlait les longs écueils.
L'aigle volait d'un vol plané,
Observait la terre sous lui;
Il vit le vieux Väinämöinen
Au sein des flots de la mer bleue :
"Homme que fais-tu dans la mer ,
Héros à la merci des vagues ?"
Le ferme et vieux Väinämöinen
Répondit de cette façon:
"Voici pourquoi je suis dans l'eau,
Héros à la merci des vagues :
Je me rendais à Pohjola
Chercher une vierge pour femme;
Je voyageais à bonne allure
Sur les flots de la mer sans glace ;
Alors, au bout de quelques jours,
Une certaine matinée,
Je parvins jusqu'à Luotola,
Sur le fleuve de Jukola
Mon cheval fut tué sous moi,
Mais c'était moi que l'on visait.
"Alors j'ai roulé dans les ondes,
Des doigts me retournant dans l'eau,
Pour être bercé par le vent
Ballotté par les grosses vagues.
"Le vent souffla du nord-ouest
De l'est surgit un ouragan
Qui très longtemps me transporta
Loin de le terre vers le large ;
Pendant bien des jours j'ai guetté
Pendant bien des jours j'ai nagé
Au-dessus des vastes abîmes
Au sein des ondes infinies
Et j'ignore complètement
Je ne peux vraiment deviner
Quelle mort va fondre sur moi
Quel trépas viendra le premier :
L'épuisement par la famine,
La disparition sous l'eau."
L'aigle, l'oiseau de l'air parla:
"Ne cède point au désespoir,
Viens prendre place sur mon dos
Grimpe vite au bout de mon aile,
Je te sortirai de la mer
Pour te mener où tu voudras;
Je me souviens d'un autre jour
Me rappelle des temps meilleurs,
Quand tu défrichais Kaleva,
Abattais les bois d'Osmola :
Tu laissas croître le bouleau,
Prospérer cet arbre superbe
Pour le repos des oisillons,
Pour que je vienne m'y percher."
Alors le vieux Väinämöinen
Souleva promptement la tête,
Le héros sortit de la mer,
L'homme se délivra des vagues,
S'installa vite sur les ailes,
Au bout des pennes du bel aigle.
Alors l'aigle, l'oiseau de l'air
Porta le vieux Väinämöinen
le long de la route des vents
Sur le chemin du fort norois
Au fond de l'obscur Pohjola,
Dans le sinistre Sariola;
Il y déposa le héros,
Lui-même s'éleva dans l'air
Là-bas, Väinämöinen pleura
Il pleura puis il sanglota
Sur le rivage de la mer
Dans l'endroit au nom inconnu,
Le flanc meurtri de mille plaies
De cents coups donnés par le vent,
La barbe bien mal arrangée.
Les cheveux tout embroussaillés.
Deux nuits , trois nuits il sanglota,
Et pendant tout autant de jours ;
Il ne savait quel chemin prendre
Ignorait, étranger, que faire
Pour retourner dans son logis
Pour regarder les champs connus,
Sa résidence précédente
La courte serve de Pohja
La domestique aux cheveux blonds,
Avait un pacte avec la lune,
Un accord avec le soleil
[...]
quelques mots sur l'auteur ?
RépondreSupprimerEllas Lönnrot ? Dans le courant des nationalismes du début du XIX , Elias Lönnrot né en 1802, poète finlandais, entreprit de rassembler un maximum de récits de mythes et légendes transmis depuis des siècles (les plus anciens sont du VIII ème siècle ) par le système de la tradition orale des bardes finlandais . La moisson fut énorme , 25 000 vers et plus je crois ) Il les reunit dans une immense épopée qui sous le titre de Kalevala (pays de Kaleva ,( géant mythique et père des dieux ) retrace la genèse du peuple finlandais.
RépondreSupprimerOn y retrouve des origines vikings, islandaises , animistes suomi et le recouvrement chrétien , la finlande ayant été christianisée au XII ème siècle par les Suedois .
Un peu plus ici : http://citadelle-fr.com/le_kalevala.htm
A ta disposition pour en parler encore , c'est une de mes oeuvres préférées !!