vendredi 30 septembre 2011

Loin , très loin au nord ...

Mari  Boine

Le Kalevala 
Elias Lönnrot

Chant  VII 
(Dans la   1ère  traduction   en  vers  de Jean  Louis  Perret )

[...]
Un aigle s'envola du  nord
Il  n'était vraiment pas  très grand,
Ni  petit  parmi  les petits :
Son aile  effleurait les nuages, 
L'autre  aile  balayait  les  flots
Sa queue  s'attardait sur la mer,
Son  bec  frôlait les longs  écueils.
L'aigle volait  d'un  vol  plané,
Observait  la  terre  sous lui;
Il vit le vieux  Väinämöinen
Au sein des  flots de la mer  bleue :
"Homme que  fais-tu  dans la  mer  ,
Héros  à  la merci  des vagues ?"
Le ferme   et  vieux Väinämöinen
Répondit  de  cette  façon:
"Voici  pourquoi  je suis dans l'eau,
Héros  à  la merci  des  vagues :
Je me rendais  à Pohjola
Chercher une  vierge pour  femme;
Je voyageais à  bonne allure
Sur  les  flots de la mer sans  glace ;
Alors, au bout de quelques jours,
Une certaine matinée,
Je  parvins jusqu'à  Luotola,
Sur le  fleuve de Jukola
Mon cheval  fut tué sous moi,
Mais  c'était moi  que l'on visait.
"Alors j'ai roulé dans les ondes,
Des  doigts me  retournant dans l'eau,
Pour  être  bercé par le vent 
Ballotté par les grosses vagues.
"Le vent  souffla  du  nord-ouest
De  l'est  surgit  un  ouragan
Qui  très longtemps me  transporta 
Loin  de le  terre  vers le  large ;
Pendant  bien  des jours  j'ai  guetté
Pendant  bien  des jours j'ai  nagé
Au-dessus  des  vastes  abîmes
Au sein  des ondes infinies
Et j'ignore complètement
Je ne peux  vraiment  deviner
Quelle mort  va fondre  sur  moi
 Quel  trépas viendra  le premier :
L'épuisement par la  famine,
La disparition sous l'eau."
L'aigle, l'oiseau  de l'air  parla:
"Ne  cède point  au désespoir,
Viens prendre place sur mon dos
Grimpe  vite   au  bout  de mon aile,
Je te sortirai  de la  mer
Pour  te mener  où  tu  voudras;
Je  me souviens  d'un  autre jour
Me  rappelle  des temps meilleurs,
Quand  tu  défrichais   Kaleva,
Abattais  les bois d'Osmola :
Tu laissas  croître le  bouleau,
Prospérer  cet arbre  superbe
Pour le repos des oisillons,
Pour que je  vienne  m'y  percher."
     Alors  le  vieux Väinämöinen
Souleva  promptement la tête,
Le héros  sortit  de la  mer,
L'homme  se  délivra des vagues,
S'installa  vite sur les ailes,
Au  bout des pennes  du  bel  aigle.
Alors l'aigle, l'oiseau de l'air
Porta le  vieux Väinämöinen
le  long de la route des  vents
Sur le chemin du   fort  norois
Au fond  de l'obscur  Pohjola,
Dans le  sinistre   Sariola;
Il  y déposa le  héros,
Lui-même  s'éleva dans l'air
Là-bas, Väinämöinen pleura
Il  pleura  puis il  sanglota
Sur le  rivage de la mer
Dans l'endroit  au  nom inconnu,
Le flanc   meurtri  de  mille  plaies
De cents  coups donnés par le  vent,
La  barbe bien  mal arrangée.
Les  cheveux  tout  embroussaillés.
Deux nuits , trois  nuits il sanglota,
Et  pendant  tout  autant  de  jours ;
Il ne savait quel  chemin  prendre
Ignorait,  étranger, que faire
Pour retourner  dans son logis
Pour regarder  les champs connus,
Sa résidence précédente
La courte  serve de  Pohja
La domestique  aux cheveux blonds,
Avait  un  pacte avec la  lune,
Un  accord  avec le  soleil
[...]


2 commentaires:

  1. Ellas Lönnrot ? Dans le courant des nationalismes du début du XIX , Elias Lönnrot né en 1802, poète finlandais, entreprit de rassembler un maximum de récits de mythes et légendes transmis depuis des siècles (les plus anciens sont du VIII ème siècle ) par le système de la tradition orale des bardes finlandais . La moisson fut énorme , 25 000 vers et plus je crois ) Il les reunit dans une immense épopée qui sous le titre de Kalevala (pays de Kaleva ,( géant mythique et père des dieux ) retrace la genèse du peuple finlandais.
    On y retrouve des origines vikings, islandaises , animistes suomi et le recouvrement chrétien , la finlande ayant été christianisée au XII ème siècle par les Suedois .
    Un peu plus ici : http://citadelle-fr.com/le_kalevala.htm
    A ta disposition pour en parler encore , c'est une de mes oeuvres préférées !!

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