« Que serait un monde sans la musique ? », disait un certain… « Que serait un monde sans images, sans couleurs, sans les mots ? Que serait l’homme sans émotions ? Son cœur est un luth suspendu ; sitôt qu’on le touche, il résonne. » – de Béranger
jeudi 30 juin 2011
mercredi 29 juin 2011
Il Ttrovatore Verdi (Le trouvère)
Luciano Pavarotti - Dolora Zajick - Il Trovatore Duet
L'intrigue se situe en Espagne au XVème siècle
L'histoire est très compliquée , riche en quiproquos et circonstances exceptionnelles , évenements dramatiques et violents mais on trouve dans cet opéra certaines des plus belles pages de Verdi qui font du Trouvère une des pièces les plus populaires .
Le personnage d'Azucena est particulièrement tragique :
Voulant venger sa mère, condamnée au bûcher pour sorcellerie , la folie égare Azucena et lui fait sacrifier son propre enfant. Elle élève en secret Manrico , le fils du bourreau de sa mère qui lui voue un amour filial sans limite.
Quand à son tour ¨la gitane est accusée de sorcellerie Manrico tente de la sauver et échoue . Tous deux condamnés à mort ils se trouvent réunis dans la même cellule pour être exécutés . C'est au cours de cette veillée funèbre que se situe ce duo magnifique entre la mère et le fils :"Madre non dormi ?" .
Mon interpretation préférée pour le personnage d'Azucena ( Dolora Zajick ) :
Stride la vampa - IL TROVATORE- Zajick - Met Opera
Et un grand passage montrant le génie de Verdi dans le traitement des voix , harmonie , nuances, mise en scène vocale , grâce à une interprétation de qualité exceptionnelle :
Fauré + Nicolas de Staël = Ravissement
Gabriel Fauré: Pavane - Nicolas De Staël
ArsLife for Nicolas de Staël
Heures ternes , Maurice Maeterlinck, Odilon Redon
On passe sa vie à tourner des pages . A la fin ça fait de gros livres ...
Odilon Redon : le silence |
Heures ternes
Voici d'anciens désirs qui passent ,
Encor des songes de lassés,
Encore des rêves qui se lassent ;
Voilà les jours d'espoirs passés!
En qui faut-il fuir aujourd'hui !
Il n'y a plus d'étoile aucune:
Mais de la glace sur l'ennui
Et des linges bleus sous la lune.
Encor des sanglots pris au piège !
Voyez les malades sans feu,
Et les agneaux brouter la neige;
Ayez pitié , de tout, mon Dieu !
Moi j'attends un peu de réveil,
Moi, j'attends que le sommeil passe,
Moi, j'attends un peu de soleil
Sur mes mains que la lune glace.
Maurice Maeterlinck
mardi 28 juin 2011
lundi 27 juin 2011
Schubert "la jeune fille et la mort " Du lied au quatuor
Nathalie Stutzmann & Inger Sodergren
" La jeune fille et la mort "
" La jeune fille et la mort "
Der Tod und das Mädchen
Lied opus 7 n°3 D531(1817)
Poème de Matthias Claudius
poète allemand (1740-1815)
Texte original allemand Traduction française
Das Mädchen
Vorüber! Ach, vorüber!
Geh, wilder Knochenmann!
Ich bin noch jung, geh Lieber!
Und rühre mich nicht an.
Der Tod
Gib deine Hand, du schön und zart Gebild!
Bin Freund, und komme nicht, zu strafen.
Sei gutes Muts! ich bin nicht wild,
Sollst sanft in meinen Armen schlafen!
Vorüber! Ach, vorüber!
Geh, wilder Knochenmann!
Ich bin noch jung, geh Lieber!
Und rühre mich nicht an.
Der Tod
Gib deine Hand, du schön und zart Gebild!
Bin Freund, und komme nicht, zu strafen.
Sei gutes Muts! ich bin nicht wild,
Sollst sanft in meinen Armen schlafen!
La jeune fille
Va-t'en! Ah! va-t'en!
Disparais, odieux squelette!
Je suis encore jeune, va-t-en!
Et ne me touche pas.
La Mort
Donne-moi la main, douce et belle créature!
Je suis ton amie, tu n'as rien à craindre.
Laisse-toi faire! N'aie pas peur
Viens doucement dormir dans mes bras
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_jeune_fille_et_la_mort_%28Lied%29
Va-t'en! Ah! va-t'en!
Disparais, odieux squelette!
Je suis encore jeune, va-t-en!
Et ne me touche pas.
La Mort
Donne-moi la main, douce et belle créature!
Je suis ton amie, tu n'as rien à craindre.
Laisse-toi faire! N'aie pas peur
Viens doucement dormir dans mes bras
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_jeune_fille_et_la_mort_%28Lied%29
(Une traduction qui conviendra à Brigitte Massin ... paragraphe ci- dessous)
"... Encore une fois pour Schubert , voici le thème de la mort accordé à son inspiration ... à son psychisme.Le poème de Claudius comporte deux strophes : la prière de la jeune fille :"Laisse-moi spectre terrible, je suis si jeune , va et ne me prends pas ." et la réponse de la Mort : "Donne-moi ta main , belle et douce créature; je suis ton amie et ne viens pas te punir ! Courage je ne suis pas cruelle, tu dormiras doucement dans mes bras."
Il n'est peut être pas inutile de rappeler qu'en allemand , la mort (ou si l'on préfère le trépas) est un substantif masculin :der Tod . Dans les estampes allemandes de l'age flamboyant (...) une iconographie abondante montre un squelette aux allures de gentilhomme , enlaçant une jeune femme avec les gestes caractéristiques d'un séducteur masculin. Dans le texte allemand du poème de Claudius , la précision n'est pas moins nette : ce cruele squelette que la jeune fille supplie de s'éloigner proteste qu'il est un ali (et non une amie) et qu'il n'est pas cruel (et non cruelle) . Faute d'y songer on ne comprendrait pas assez intimeement la terrible séduction que la musique de Shubert rend fascinante : quand le squelette convie la eune fille à dormir dans ses bras , ce n'est pas au sommeil du néant mais à de macabres épousailles qu'il l'entraine. " Brigitte Massin : Frantz Schubert chez Fayard
Le quatuor à cordes en ré mineur (1824) D810
Toutes les ressources des cordes sont utilisées par le génie du compositeur pour organiser ce dialogue avec la Mort , tour à tour déchirantes , ( certaines mesures sont quasi insupportables dans leur émotion extrème, des aigus ou les frottés de l'archet) tantôt plaintives , implorantes. La résonance musicale de la cruauté n'en est pas absente quand elles tyrannisent la mélodie du violon qui personnifie la jeune fille osant les mesures légères jusqu'à l'insouciance , donnant toute sa puissance à l'intensité dramatique.
Death and the Maiden 1 , Allegro (part 1)
Death and the Maiden 2 Andante con moto (part 1)
Death and the Maiden 3 Scherzo allegro molto
Death and the Maiden : 4, presto
Une belle analyse de Esprits nomades
et
un site interessant sur la danse macabre
C'est cette ancienne vision qui sera mise en forme à la fin du 15e siècle pour devenir le thème de la jeune fille et la Mort. Celui-ci connaîtra son point culminant chez les artistes allemands de la Renaissance. Dans presque toutes les danses macabres, déjà, figurait une rencontre de la Mort avec une ravissante pucelle; on trouvait aussi une jeune femme dans le thème des trois âges et la Mort. Mais ces oeuvres ne dégageaient en général aucun érotisme (sauf quelques rares exceptions, comme la danse macabre de Berne, peinte par Niklaus Manuel Deutsch)......°
samedi 25 juin 2011
"Un seul être vous manque..." Lamartine /Ravel, Piano Concerto in Sol , adagio assai,- /J.B.C. COROT
Ravel, Piano Concerto in Sol - 2 (Adagio Assai) - Michelangeli
L'isolement
Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.
Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !
Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire;
Je ne demande rien à l'immense univers.
Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !
Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire ;
Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !
Que ne puîs-je, porté sur le char de l'Aurore,
Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi !
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.
Quand là feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.
Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !
Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire;
Je ne demande rien à l'immense univers.
Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !
Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire ;
Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !
Que ne puîs-je, porté sur le char de l'Aurore,
Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi !
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.
Quand là feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
Lamartine ; Méditations poetiques
Jean Baptiste Camille Corot A la rive du fleuve |
de la flûte enchantée de Mozart : "Papagena / Papageno!"
Pour ne pas sombrer , en ce beau samedi de juin, dans une humeur mélancolique , ce merveilleux duo de Mozart de la flûte enchantée .
vendredi 24 juin 2011
Andersen : mes contes préférés; L'histoire d'une mère
Le conte le plus bouleversant que je connaisse
L’HISTOIRE D’UNE MERE – conte d’Andersen de 1848 –
Dans la traduction d'une de mes amies
La mère s’assit à côté de son enfant ; elle était profondément triste car elle craignait qu’il ne meure. Il était très pâle et ses petits yeux étaient clos, et parfois on entendait une respiration lourde et profonde, comme un sanglot ; alors, la mère regardait le pauvre petit être, plus triste que jamais.
On frappa à la porte et un pauvre vieil homme entra. Il était enveloppé dans quelque chose qui ressemblait à une grande couverture de cheval dont il avait vraiment besoin pour se tenir chaud car l’hiver était très froid. Le pays, partout, était couvert de neige et de glace et le vent était si cinglant qu’il coupait les visages.
Le petit enfant s’était assoupi et la mère, voyant que le vieil homme tremblait de froid, se leva et lui mit à réchauffer sur le fourneau un petit bock de bière. Le vieil homme s’assit et berça l’enfant dans son berceau ; et la mère s’assit aussi sur une chaise à côté de lui, regarda son enfant malade qui respirait bruyamment et saisit une de ses petites mains.
« Je le garderai, n’est-ce pas ? » dit-elle. « Notre Dieu miséricordieux ne me le prendrait pas ».
Le vieil homme, qui en réalité était la Mort elle-même, hocha la tête de cette façon particulière qui peut signifier soit oui soit non. Et la mère baissa les yeux, cependant que des larmes coulaient le long de ses joues.
Alors, sa tête se fit lourde car elle n’avait pas fermé l’oeil depuis plusieurs jours, et elle s’endormit pour un court instant. Elle s’éveilla tremblante de froid et regarda autour d’elle. Le vieil homme n’était plus là. Il était parti en emmenant son fils ! Dans un coin de la pièce, la vieille pendule commença à sonner ; la pauvre mère se précipita hors de la maison en appelant son enfant. Dehors, dans la neige, était assise une femme vêtue de vêtements noirs qui dit à la mère : « C’est la mort qui était avec toi. Je l’ai vue qui emmenait ton enfant ; elle allait plus vite que le vent et elle ne rend jamais sa proie ».
« Dis-moi seulement de quel côté elle est allée » dit la mère. « Montre-moi le chemin et je saurai la trouver ».
« Je connais le chemin » dit la femme aux vêtements noirs, « mais avant de te le dire, tu dois me chanter toutes les chansons que tu as chantées à ton enfant ; j’adore ces chansons. Je suis la Nuit et j’ai vu couler tes larmes tandis que tu chantais ».
« Je te les chanterai toutes » dit la mère, « mais ne me retiens pas maintenant. Je dois la ratrapper et retrouver mon enfant ».
Mais la Nuit s’assit sans rien dire, et attendit. Alors la mère chanta en pleurant et en se tordant les mains. Il y avait beaucoup de chansons et toujours plus de larmes. A la fin, la Nuit dit : « va sur ta droite, dans la sombre forêt de pins. J’ai vu la Mort prendre cette route avec ton enfant ».
Dans le bois, la mère arriva à un carrefour et ne sut pas quel chemin prendre. Devant elle, il y avait un buisson d’épines qui n’avait ni feuilles ni fleurs car on était en hiver, et des glaçons pendaient à ses branches. « As-tu vu la Mort passer par là avec mon petit enfant ? » demanda-t-elle ?
« Oui » répliqua le buisson, « mais je ne te dirai le chemin qu’elle a pris que lorsque tu m’aura réchauffé contre toi. Je suis gelé à en mourir et je vais me transformer en glace ».
Alors, elle pressa le roncier contre elle si fort qu’il dégela et que les épines lui transpercèrent la peau ; et de grosses gouttes de sang de répandirent. Alors, du roncier jaillirent de vertes et tendres feuilles qui devinrent des fleurs dans la froide nuit d’hiver, réchauffant le cœur de la pauvre mère. Alors, le buisson lui montra le chemin qu’elle devait prendre.
Elle arriva près d’un grand lac à la surface duquel on ne voyait aucune barque. Le lac n’était pas suffisamment gelé pour qu’elle puisse le traverser à pied. Cependant, elle devait passer si elle voulait retrouver son enfant. Alors, elle eut l’idée folle de boire l’eau du lac ; elle espérait qu’un miracle se produirait qui viendrait l’aider.
« Tu n’y arriveras jamais » lui dit le lac. « Faisons un marché tous les deux, ce sera beaucoup mieux. J’adore les perles, et tes yeux sont les plus pures que j’ai jamais vues. Si tu fais tomber ces yeux dans mes eaux, alors je t’emmenerai vers la grande serre où réside la Mort et où elle cultive les fleurs et les arbres qui représentent chacun une vie humaine ».
« Oh, que ne donnerais-je pas pour reprendre mon enfant » dit la mère en pleurant. Comme elle continuait à pleurer, ses yeux tombèrent dans les profondeurs du lac où ils devinrent deux précieuses perles.
Alors le lac la souleva et la déposa sur la rive opposée comme l’aurait fait une balançoire. Elle se trouva devant un magnifique bâtiment d’une longueur impressionnante. Personne n’aurait pu dire s’il s’agissait d’une montagne couverte de forêts et remplie de grottes ou d’une construction. Mais la pauvre mère ne pouvait rien voir puisqu’elle avait donné ses yeux au lac. « Où pourrais-je trouver la Mort qui est partie avec mon petit enfant ? » demanda-t-elle.
« Elle n’est pas encore arrivée » dit une vieille femme aux cheveux gris qui se promenait par là et qui arrosait la serre de la Mort. « Comment avez-vous fait pour trouver le chemin jusqu’ici et qui vous a aidé ? »
« Dieu m’a aidée » répondit-elle. « Il est miséricordieux ; n’aurez-vous pas pitié de moi vous aussi ? Où pourrais-je trouver mon petit enfant ? »
« Je ne vois pas qui c’est » dit la vieille femme, « et vous êtes aveugle. Beaucoup de fleurs et d’arbres sont morts cette nuit, et la Mort viendra bientôt les transplanter. Vous savez déjà que chaque être humain possède un arbre de vie ou une fleur de vie, ainsi qu’il en a été fixé pour lui. Ils ressemblent aux autre plantes, mais ils ont un cœur qui bat. Le cœur des enfants bat aussi. Vous pourrez peut-être reconnaître celui de votre enfant. Mais, que me donnerez-vous si je vous en dis plus ? »
« Je n’ai rien à donner » dit la mère affligée, « mais j’irais au bout de la Terre pour vous ».
« Vous ne pouvez pas m’être utile » dit la vieille femme, « mais vous pouvez me donner vos longs cheveux noirs. Vous savez qu’ils sont beaux et ils me plaisent. Vous pouvez prendre mes cheveux blancs en échange ».
« Vous ne demandez rien d’autre ? » dit-elle. « Je vous les donnerai avec plaisir ».
Elle donna ses beaux cheveux et reçut en retour les boucles blanches de la vieille femme. Puis elles entrèrent dans la grande serre de la Mort, où les fleurs et les arbres croissaient ensemble en une superbe profusion. Des jacinthes en fleurs, sous des cloches de verre, et des pivoines comme des arbres. Là poussaient des plantes d’eau, certaines toutes fraîches et d’autres paraissant malades, avec des serpents d’eaux tournant autour d’elles et des crabes noirs qui grimpaient à leur tige. Là se dressaient de nobles palmiers, des chênes et sous eux s’épanouissaient thym et persil. Chaque arbre et fleur avait un nom ; chacun représentait une vie humaine et appartenait à des gens encore en vie, les uns en Chine, les autres au Groenland et dans toutes les parties du monde. Quelques grands arbres avaient été plantés dans des petits pots, si bien qu’étant à l’étroit, ils semblaient sur le point de faire éclater le pot en mille morceaux, alors que de nombreuses petites fleurs fragiles poussaient en pleine terre, avec de la mousse autour d’elles, tendrement soignées et surveillées. La mère emplie de chagrin se pencha au-dessus des petites plantes et écouta le cœur humain battre dans chacune d’elles, et reconnut les battements de cœur de son fils parmi des millions d’autres.
« Il est ici » s’écria- t-elle, tendant les mains vers une petite fleur de crocus qui laissait pendre sa tête malade.
« Ne touchez pas les fleurs » s’exclama la vieille femme, « mais mettez-vous là ; quand la Mort viendra – je l’attends d’une minute à l’autre – ne la laissez pas se saisir de cette plante, mais menacez-la de faire la même chose avec les autres plantes. Ca lui fera peur car elle doit rendre des comptes à Dieu pour chacune d’elles. Nulle ne doit être arrachée sans avoir la permission de le faire ».
Un courant d’air glacé se fit sentir à travers la serre et la mère aveugle sentit que la Mort était là.
« Comment avez-vous fait pour arriver jusqu’ici ? » demanda-t-elle. « Comment avez-vous fait pour aller plus vite que moi ? »
« Je suis une mère », répondit-elle.
Alors la Mort tendit la main vers la délicate petite fleur ; mais elle l’entoura de ses mains à elle et la tint solidement mais avec précaution de peur d’abîmer une des feuilles. Alors la Mort souffla sur ses mains ; elle sentit son souffle aussi glacé que le vent et ses mains tombèrent à terre, sans force.
« Vous ne pouvez rien contre moi » dit la Mort.
« Mais Dieu peut, lui » répondit-elle
« Je fais uniquement Sa volonté » répliqua la Mort. « Je suis son jardinier. Je m’occupe de tous ses arbres et fleurs pour les transplanter dans les jardins du Paradis dans lieu inconnu. Qu’advient-il d’eux et à quoi ce jardin ressemble, je ne peux vous le dire ».
« Rendez-moi mon enfant ! » dit la mère, pleurant et implorant. Et elle saisit deux jolies fleurs dans ses mains en s’écriant : « Je vais arracher toutes vos fleurs parce que je suis désespérée ! »
« Ne les touchez pas » dit la Mort. « Je sais que vous être malheureuse ; voulez-vous rendre une autre mère aussi malheureuse que vous ? »
« Une autre mère ! » s’écria la pauvre femme en libérant les fleurs.
« Voici vos yeux » dit la Mort. « Je les ai repêché pour vous, tellement ils brillaient. Mais je ne savais pas qu’ils étaient à vous. Remettez-les en place –ils sont plus lumineux maintenant qu’avant – et ensuite, regardez dans le puit profond qui est près d’ici. Je vous dirai le nom des deux fleurs que vous vouliez arracher et vous verrez l’avenir des êtres qu’elles représentent et les conséquences de leur destruction. »
Alors elle regarda dans le puit. C’était merveilleux de constater comment l’un d’eux devenait une bénédiction pour le monde et comme il répandait la joie et le bonheur autour de lui. Mais elle vit que la vie de l’autre était pleine de misère, de pauvreté et de malheur.
« Les deux sont voulus par Dieu » dit la Mort.
« A qui est la fleur qui n’a pas de chance et à qui est celle qui est bénie ? » dit-elle.
« Je ne peux vous le dire » dit la Mort. « Tout ce que je sais, c’est que l’une des deux fleurs est votre propre enfant. C’est l’avenir de votre enfant que vous avez vu, -l’avenir de votre propre enfant ».
Alors la mère se lamenta : « lequel des deux appartient à mon enfant ? dites-le moi. Délivrez mon malheureux enfant. Délivrez-le de tant de misère. Emportez-le. Emmenez-le dans le royaume de Dieu. Oubliez mes larmes et mes prières. Oubliez ce que j’ai dit ou fait. »
« Je ne comprends pas » dit la Mort. « Voulez-vous récupérer votre enfant ou dois-je l’emmener dans un lieu que vous ne connaissez pas ? »
Alors la mère se tordit les mains, tomba à genoux et pria Dieu : « N’écoute pas mes prières si elles sont contraires à ta volonté qui est toujours ce qu’il y a de mieux. Oh, ne les écoute pas ! » Et sa tête retomba sur sa poitrine.
Cezanne : fleurs au vase bleu
Quelques une des " Fleurs au vase bleu "
Pretextes à la recherche acharnée de la composition et de la résonance des couleurs , fleurs et fruits servent souvent de motif au peintre . Mais Cézanne avait aussi le goût des choses simples et des objets du quotidien dont il subissait le charme .A près la désintégration du groupe impressionniste Cézanne poursuit une voie personnelle dans la solitude d'Aix en provence, reconstruit et réorganise le monde des formes . en se fondant sur la "petite sensation " et l'observation de la nature , avec référence constante au sujet et refus de tout élément littéraire et philosophique . Le tableau est une entité en soi et pour soi , qui ne tient qu'aux valeurs picturales: '"Quand la couleur a sa richesse , la forme a sa plénitude"
Andersen , mes contes préférés :The Red shoes
The Red Shoes Ballet - Part One (The Red Shoes)
L'aspect religieux de ce conte est difficilement contournable puisque c'est pour avoir porté des souliers rouges , le jour de sa confirmation (et en d'autres circonstances "sacrées" comme l'enterrement de sa protectrice ) que Karen doit subir sa malédiction . L'orgueil et la vanité détournent les enfants (et les hommes ) du droit chemin et de leur relation à Dieu. Inspiré de la tradition judéo-chrétienne la plus mortifère , Andersen arme d'un glaive , l'ange chargé de guider Karen sur la voie de la rédemption et lui fait combattre les faiblesses humaines impitoyablement par l'épée.
Les tortures diaboliques qui tourmentent la jeune fille portant les souliers envoûtés, condamnée à danser jour et nuit sont cruelles, mais le prix du pardon encore bien davantage.: elle ne se libérera de l'enchantement qu'en se mutilant .
"Il faut couper le membre par lequel nous avons péché" disent les vieux textes sacrés, ou qui nous font souffrir ce que Molière avait si bien tourné en dérision .
Le cinéma des années 40 (1948) a tiré de ce conte cruel une adaptation féerique mais non moins moraliste grâce en grande partie à la chorégraphie qui sait si bien exprimer la séduction et la tyrannie comme toutes tensions dramatiques par cette beauté du mouvement dont s'efface toute trace de l'effort douloureux, .
Les réalisateurs avaient fait preuve d'un talent visionnaire dans la conception de leur art
fiche du film de Kinok.com
Sortie en France : 10 juin 1949
Titre original: The red shoes
Réalisation, production et scénario : Michael Powell, Emeric Pressburger
Production : The Archers.
Producteur : George Busby
Scénario : Emeric Pressburger d’après une histoire d’Hans Christian Andersen
Directeur de la photographie : Jack Cardiff
Pellicule : Technicolor.
Effets spéciaux : F. George Dunn, E. Hague (photographie Technicolor composite).
Montage : Reginald Mills
Directeur artistique : Arthur Lawson
Dessinateurs : Don Picton, V. B. Wilkins, V. Shaw, Albert Withy, G. Heavens, Bernard Goodwin.
Masques : Terence Morgan
Musique : Brian Easdale
Direction musicale : Brian Easdale, jouée par le Royal Philarmonic Orchestra
Son : Charles Poulton
Interprétation :
Moira Shearer (Victoria Page), Anton Walbrook (Boris Lermontov), Marius Goring (Julian Craster), Robert Helpmann (Ivan Boleslawsky), Léonide Massine (Grisha Ljubov), Albert Basserman (Ratov), Ludmilla Tcherina (Boronskaja), Esmond Knight (Livingstone « Livy » Montague), Austin Trevor (professeur Palmer), Eric Berry (Dimitri)...
Titre original: The red shoes
Réalisation, production et scénario : Michael Powell, Emeric Pressburger
Production : The Archers.
Producteur : George Busby
Scénario : Emeric Pressburger d’après une histoire d’Hans Christian Andersen
Directeur de la photographie : Jack Cardiff
Pellicule : Technicolor.
Effets spéciaux : F. George Dunn, E. Hague (photographie Technicolor composite).
Montage : Reginald Mills
Directeur artistique : Arthur Lawson
Dessinateurs : Don Picton, V. B. Wilkins, V. Shaw, Albert Withy, G. Heavens, Bernard Goodwin.
Masques : Terence Morgan
Musique : Brian Easdale
Direction musicale : Brian Easdale, jouée par le Royal Philarmonic Orchestra
Son : Charles Poulton
Interprétation :
Moira Shearer (Victoria Page), Anton Walbrook (Boris Lermontov), Marius Goring (Julian Craster), Robert Helpmann (Ivan Boleslawsky), Léonide Massine (Grisha Ljubov), Albert Basserman (Ratov), Ludmilla Tcherina (Boronskaja), Esmond Knight (Livingstone « Livy » Montague), Austin Trevor (professeur Palmer), Eric Berry (Dimitri)...
The Red Shoes Ballet - Part Two (The Red Shoes)
mais c'est au génie d'Andersen que revient l'intensité de cette association du bien et du mal où la grâce et l'innocence symbolisent le mal dans la délicate beauté de deux souliers rouges.
La danseuse est interpellée par son professeur : "Pourquoi veux-tu danser ?" Réponse : "Pourquoi voulez-vous vivre ?" L'art devient inséparable de la vie, à ce point consubstantiel à elle qu'on peut en mourir.(un commentaire du film )
jeudi 23 juin 2011
Hans Christian ANDERSEN
Vous ne serez sans doute pas surpris si je vous dis que je me suis nourrie de contes et de légendes
Jamais je ne les ai reniés et quoi je fasse , quelles que soient les circonstances et mon évolution , j’en sens les marques à chaque instant au plus profond de moi et de mes options de toutes natures
Mon Grand Maitre en ce domaine fut Andersen.
Hans Christian ANDERSEN , religieux chrétien et protestant ,inconcevable pour une athée ?
Avec mon "accession à l’athéisme", le divin a pris la coloration du Merveilleux et tout autant que Paul Veyne qui s’est longuement interrogé sur les croyances des Grecs en leurs mythes , -quid des contes de nourrice de Platon ? - je me suis aussi questionnée pour arriver à la conclusion satisfaisante qu’on peut fort bien faire cohabiter le rêve et la plus profonde sagesse, la foi et la raison .
C’est là une des plus grandes capacités de l’esprit humain qui pour survivre crée ses propres réponses aux questions qui n’en ont pas . Dans le Merveilleux l’impossible trouve sa solution comme le hasard répond à l’absurde .
De la même manière qu’il a construit ses mythes qui fondent ses origines , il véhicule par le légendaire pour petits et grands , pour l’enfant qui n’est autre que le père de l’homme , cette structure morale impérieuse et nécessaire où le Bien triomphe sur le Mal dans des voies impénétrables . ......
Barbara Jacques Prevert, Prévert , Reggiani
"Je dis tu à tous ceux que j'aime...."
Rappelle-toi Barbara : Serge Reggiani . poème de Jacques Prévert
Barbara
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Jacques Prévert, Paroles
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Jacques Prévert, Paroles
mercredi 22 juin 2011
Sibelius symphonie n°3 opus 52 mouvements 1, 2, 3
- 1. Allegro moderato
- 2. Andantino con moto, quasi allegretto
- 3. Allegro ma non tanto
VENISE LA Rouge - Charles Gounod Alfred de Musset
Felicity Lott - VENISE - Charles Gounod
Un petit tour à Venise en Compagnie de Charles Gounod et d'Alfred de Musset
Dans Venise la rouge,
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l'eau,
Pas un falot.
La lune qui s'efface
Couvre son front qui passe
D'un nuage étoilé
Demi-voilé.
Tout se tait, fors les gardes
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.
Ah! maintenant plus d'une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L'oreille au guet.
Sous la brise amoureuse
La Vanina rêveuse,
Dans son berceau flottant
Passe en chantant;
Tandis que pour la fête
Narcissa qui s'apprête,
Met devant son miroir
Le masque noir.
Laissons la vieille horloge
Au palais du vieux doge
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.
Sur sa mer nonchalante,
Venise indolente
Ne compte ni ses jours
Ni ses amours.
Car Venise est si belle
Qu'une chaîne sur elle
Semble un collier jeté
Sur la beauté.
ALFRED DE MUSSET
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l'eau,
Pas un falot.
La lune qui s'efface
Couvre son front qui passe
D'un nuage étoilé
Demi-voilé.
Tout se tait, fors les gardes
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.
Ah! maintenant plus d'une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L'oreille au guet.
Sous la brise amoureuse
La Vanina rêveuse,
Dans son berceau flottant
Passe en chantant;
Tandis que pour la fête
Narcissa qui s'apprête,
Met devant son miroir
Le masque noir.
Laissons la vieille horloge
Au palais du vieux doge
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.
Sur sa mer nonchalante,
Venise indolente
Ne compte ni ses jours
Ni ses amours.
Car Venise est si belle
Qu'une chaîne sur elle
Semble un collier jeté
Sur la beauté.
ALFRED DE MUSSET
La beauté fragile du ballet
Voilà plus de quatre siècles que cet art né à la cour de Henri III enchante le monde. Quatre siècles que la dans classique élève l'homme , magnifie la femme et promeut une noblesse du corps qui eclipse toutes les aristocraties. Une nacienne danseuse raconte cette épopée dans la plus belle histoire jamais ecrite sur cet art d'exception dont elle annonce aussi le declin . (The New York times)
"Une poignée de rêveurs fous et de danseurs ont magnifié la plus haute expression du physique humain"
"A la vue de Marie Taglioni en sylphide, Chateaubriand fut transporté dans des "états frénétiques de désir incontrolé."
Krouchtchev avait vu tant de fois Le lac des cygnes que ses rêves étaient peuplés de chars d'assaut et de tutus blancs.
Le ballet est un exercice si éthéré qu'il semble n'avoir plus sa place dans ce monde mû par la technologie .
Extraits et photo de la revue Books mai 2011
mardi 21 juin 2011
Paul Cézanne. Dans le parc du Château Noir
Encore une oeuvre pour laquelle j'ai un faible particulier .
Notre "Beau" est inépuisable . J'aimerais pouvoir m'attarder plus longtemps , mais c'est impossible...
Le plaisir nous sollicite au gré de nos humeurs , du temps ou de nos [...] .Un mot en entraine un autre , une image résonne et la musique emprunte formes et couleurs ..
Ce n'est pas une si mauvaise chose que celle qui consiste à butiner . Mon remède c'est alors de tout garder auprès de moi , d'une manière ou d'une autre , savoir que tout est là pour revenir tantôt à l'un , tantôt à l'autre, à certains seulement plus souvent qu' à d'autres ...
Si ce n'est pas toujours vrai ailleurs , en Art , c'est possible...
"Tout choix est effrayant , quand on y songe: effrayante une liberté que ne guide pas un devoir."
André Gide Les nourritures terrrestres., Livre Premier
Pablo Neruda : El canto général , "Je suis venu afin que tu chantes avec moi"
Obertura para un Canto general de Pablo Neruda,Acalanto
El Canto General
(1950 - extraits )
Je prends congé, je rentre
chez moi, dans mes rêves,
je retourne en Patagonie
où le vent frappe les étables
où l'océan disperse la glace.
Je ne suis qu'un poète
et je vous aime tous,
je vais errant par le monde que j'aime :
dans ma patrie
on emprisonne les mineurs
et le soldat commande au juge.
Mais j'aime, moi, jusqu'aux racines
de mon petit pays si froid.
Si je devais mourir cent fois,
c'est là que je voudrais mourir
et si je devais naître cent fois
c'est là aussi que je veux naître
près de l'araucaria sauvage,
des bourrasques du vent du sud
et des cloches depuis peu acquises.
Qu'aucun de vous ne pense à moi.
Pensons plutôt à toute la terre,
frappons amoureusement sur la table.
Je ne veux pas revoir le sang
imbiber le pain, les haricots noirs,
la musique: je veux que viennent
avec moi le mineur, la fillette,
l'avocat, le marin
et le fabricant de poupées,
Que nous allions au cinéma,
que nous sortions
boire le plus rouge des vins.
Je ne suis rien venu résoudre.
Je suis venu ici chanter
je suis venu
afin que tu chantes avec moi.
Je prends congé, je rentre
chez moi, dans mes rêves,
je retourne en Patagonie
où le vent frappe les étables
où l'océan disperse la glace.
Je ne suis qu'un poète
et je vous aime tous,
je vais errant par le monde que j'aime :
dans ma patrie
on emprisonne les mineurs
et le soldat commande au juge.
Mais j'aime, moi, jusqu'aux racines
de mon petit pays si froid.
Si je devais mourir cent fois,
c'est là que je voudrais mourir
et si je devais naître cent fois
c'est là aussi que je veux naître
près de l'araucaria sauvage,
des bourrasques du vent du sud
et des cloches depuis peu acquises.
Qu'aucun de vous ne pense à moi.
Pensons plutôt à toute la terre,
frappons amoureusement sur la table.
Je ne veux pas revoir le sang
imbiber le pain, les haricots noirs,
la musique: je veux que viennent
avec moi le mineur, la fillette,
l'avocat, le marin
et le fabricant de poupées,
Que nous allions au cinéma,
que nous sortions
boire le plus rouge des vins.
Je ne suis rien venu résoudre.
Je suis venu ici chanter
je suis venu
afin que tu chantes avec moi.
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