mardi 21 octobre 2014

Elsa d'Aragon : Ces vers toute la nuit sans répit répétés ....

Elsa  Triolet  par Man Ray  1937
Ces vers  toute la nuit sans répit  répétés
Ils ont tourné dans ma tête comme  des mouches
Ils ont tourné comme des mouches dans ma bouche
Et  quand  a  pâli  le  ciel ils m'ont déserté
Je ne suis  qu'un  miroir  aveugle du sommeil
Il n'y avait que toi  durant mes insomnies
Que  toi  dans le  refrain  de  ces mots  mal  unis
Toi seule  encore dans mes  rêves de  réveil
Qu'est-ce qui  les liait   ces  mots qui  se  délient
Qu'est-ce qui  leur  faisait cette saveur  d'alcool
De livre qu'on  lisait  en cachette à  l'école
L'écho  s'en  perd  et  meurt comme un  parfum s'oublie
Comment  recomposer  les stances du  poème
Qui m'a  paru  si  beau  lorsque je  l'épelais
J'aurais  voulu  le  retenir et je  tremblais
Et j'en  recommençais toujours le  début  même
Ce qui  s'est envolé  là  comme  un  oiseau bleu
A laissé  dans  mon cœur une sorte d'abîme
Je ne suis  qu'une rime qui  cherche une rime
Comme une main qui  s'ouvre  en vain  pour voir  s'il  pleut
Mais une chose du moins une chose  est sûre
La musique  en naissait au  profond de mon sang
C'était un de ces airs que  reprend  le passant
Et qui  semblent sortir du cœur  de sa  blessure
Ces fantômes de chant  l'aurore  les  nettoie
Et la main du soleil  revenu  les disperse
Quand le  grand jour  m'en  a  lavé de son averse
Ce que j'en  puis savoir c'est qu'ils parlaient de toi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire