Cioran : La tentation d'exister
Petite théorie du destin
Cioran n'épargne personne , il griffe , il égratigne , dans une volonté de lucidité qui ressemble bien au desespoir inconsolable d'un absolu impossible mais il sait aussi retourner favorablement la malédiction de l'histoire en auréolant les vaincus , les perdants de défauts admirables .
D'ailleurs jusqu'à présent nous n'avons pas vu l'ombre d'un vainqueur , si ce n'est la marche inexorable du temps qui règle aussi bien le sort des civilisations .que le destin des hommes .
Le philosophe de Rembrandt |
"Comment croire aux philosophies quand on sait de quels regards pâles elles sont le reflet ? L'habitude du raisonnement et de la spéculation est l'indice d'une insuffisance vitale et d'une déterioration de l'affectivité .
Pensent avez méthode ceux là seuls qui , à la faveur de leurs déficiences parviennent à s'oublier , à ne plus faire corps avec leurs idées : la philosophie apanage d'individus et de peuples biologiquement superficiels ."
C'est Cioran, le philosophe, qui le dit ..
Les grandes nations et les grands peuples
Musée de l'Hermitage Saint Petersbourg |
La Russie : Les personnages de Dostoievski la mettent sur le même pied que Dieu , puisque le mode d'interrogation appliqué à celui-ci , ils l'étendent à celle-là : faut-il croire à la Russie ? Faut-il la nier ? existe-t-elle réellement ou n'est -elle qu'un pretexte ? S'interroger de la sorte c'est poser en termes théologiques un problème local . Mais justement , pour Dostoievski, la Russie , loin d'être un problème local , est un problème universel , au même titre que l'existence de Dieu .
L'Escurial de Madrid De Philippe II |
L'Espagne : C'est le mérite de l' Espagne de proposer un type de developpement insolite , un destin génial et inachevé. (On dirait un Rimbaud incarné dans une collectivité )....
Et les "petits peuples" , les autres les Roumains par exemple puisque Cioran nous parle de lui
Château de Bran ( http://exporoumanie.free.fr/bran1.htm) |
Etre français est une évidence : on n'en souffre ni on ne s'en réjouit ; on dispose d'une certitude qui justifie la vieille interrogation : "Comment peut on être Persan ? "
Le paradoxe d'être persan (en l'occurrence roumain ) est un tourment qu'il faut savoir exploiter , un défaut dont on doit tirer profit ...... Gardons nous pourtant de trop nous plaindre : n'est-il pas réconfortant de pouvoir opposer aux désordres du monde la cohérence de nos misères et de nos défaites ? Et n'avons -nous pas , face au dilettantisme universel, la consolation de posséder , en matière de douleurs, une compétence d'écorchés et d'érudits ?
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