William Blake
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Retour à nos premières amours !
Entretien de Socrate avec Diotime
( Le Banquet )
" En ce début du mois de fevrier , en 416 av JC, Agathon vient de gagner le concours des tragédies aux Lénéennes (Fête civique et religieuse en l'honneur de Dionysos).Pour fêter sa victoire le poète convie ses amis à participer à un banquet. Alors qu'ils ont beaucoup bu la veille, le médecin Eryximac les invite à abandonner le vin au profit des beaux discours en l'honneur du dieu Eros. Le Banquet de Platon rapporte les six meilleurs éloges qui auraient été prononcés à cette occasion et livre la conception platonicienne, et non platonique de l'amour.
L'amour platonicien n'a rie n de platonique. il est faux de croire que Platon aurait fait l'éloge d'un amour dénué de toute sensualité , d'un amour sans sexe.
Dans le texte du Banquet on découvre une réflexion subtile sur l'amour dans tout ce qu'il a d'humain, sur la puissance du désir qu'il suscite , sur la formidable énergie qu'il éveille en nous...."
J'ai choisi l'éloge de Diotime d'abord parce qu'elle est une femme quoique si peu "féministe " ou bien d'un féminisme dont nous avons perdu l'usage , mais aussi parce qu'elle argumente sur l'Idée selon laquelle l'Amour et le Beau sont indissociables ." ce qui est beau est aimable , seul le Beau est aimable, on ne peut aimer que ce qui est Beau ..n'est aimable que celui qui a l'amour du Beau ..."
[...]
Voilà, cher Socrate, dit l'Étrangère de Mantinée, quel est le point de la vie où, autant qu'en aucun autre imaginable, il vaut pour un homme la peine de vivre: quand il contemple la beauté en elle-même! Qu'un jour il t'arrive de la voir, alors ce n'est point à la mesure de la richesse comme de la toilette, ni de la beauté dans les jeunes garçons comme dans les jeunes hommes, qu'elle te semblera être: à la mesure de cette beauté dont la vue, à présent, te met hors de toi-même, pour laquelle tu es prêt, et aussi bien que toi beaucoup d'autres encore, pourvu que vous voyiez vos bien-aimés et soyez toujours en leur compagnie, tous prêts à vous passer, au cas qu'il y en eût possibilité quelconque, de manger et de boire, ayant assez par contre de les contempler seulement et de leur tenir compagnie! Quelle idée nous faire dès lors, ajouta-t-elle, des sentiments d'un homme à qui il serait donné de voir le beau en lui-même, dans la vérité de sa nature, dans sa pureté, sans mélange; et qui, au lieu d'un beau infecté par des chairs humaines, par des couleurs, par mille autres sornettes mortelles, serait au contraire en état d'apercevoir, en lui-même, le beau divin, dans l'unicité de sa forme? As-tu idée que ce doive être une vie misérable, celle de l'homme qui regarde dans cette direction-là, qui contemple au moyen de ce qu'il faut l'objet dont nous parlons et qui est en union avec lui? Ne réfléchis-tu pas, dit-elle, que c'est là, là seulement, qu'il lui sera donné, alors qu'il voit le beau au moyen de ce par quoi il est visible, d'enfanter, non pas des images de mérite, attendu que ce n'est pas avec une image qu'il a pris contact, mais un mérite réel, attendu que c'est le réel avec quoi il a pris contact? N'est-ce pas, d'autre part, à celui qui enfante le mérite réel et qui le nourrit, qu'il appartient de devenir cher à la divinité, et, s'il y a homme au monde capable de s'immortaliser, n'est-ce pas à celui dont je parle qu'en reviendra le privilège?
C'est ainsi donc, Phèdre et vous autres, que me parlait Diotime et voilà ce dont, moi, elle m'a convaincu. Maintenant que j'ai été convaincu, j'essaie pareillement de convaincre les autres que, pour l'acquisition de ce bien, difficilement on trouverait à la nature humaine un collaborateur qui vaille plus que l'Amour! Aussi mon opinion déclarée est-elle dès lors, que c'est pour tout homme un devoir de faire grand cas de l'Amour; aussi fais-je pour mon compte grand cas des choses d'amour et sont-elles pour moi un objet tout particulier d'exercice, que je recommande également à autrui; aussi, en tout temps comme aujourd'hui, je célèbre les louanges de l'Amour, de sa force et de sa vaillance, pour autant que j'en suis capable. Et voilà, Phèdre, le discours que tu voudras bien, s'il te plaît, considérer comme une célébration de louanges en l'honneur de l'Amour, après tout, le nom dont il te plaira bien de nommer ce discours, donne-le-lui!»
C'est ainsi donc, Phèdre et vous autres, que me parlait Diotime et voilà ce dont, moi, elle m'a convaincu. Maintenant que j'ai été convaincu, j'essaie pareillement de convaincre les autres que, pour l'acquisition de ce bien, difficilement on trouverait à la nature humaine un collaborateur qui vaille plus que l'Amour! Aussi mon opinion déclarée est-elle dès lors, que c'est pour tout homme un devoir de faire grand cas de l'Amour; aussi fais-je pour mon compte grand cas des choses d'amour et sont-elles pour moi un objet tout particulier d'exercice, que je recommande également à autrui; aussi, en tout temps comme aujourd'hui, je célèbre les louanges de l'Amour, de sa force et de sa vaillance, pour autant que j'en suis capable. Et voilà, Phèdre, le discours que tu voudras bien, s'il te plaît, considérer comme une célébration de louanges en l'honneur de l'Amour, après tout, le nom dont il te plaira bien de nommer ce discours, donne-le-lui!»
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