Oh que voilà un
« fil » comme je les
aime , une pelote dont les extrémités se
perdent et qu’il faut
patiemment devider .....
On a déjà beaucoup
parlé ici de
Carthage de Flaubert ,
de Salammbô, de
Tanit et du
fameux Zaïmph (le voile
sacré ) :
"Tout à la fois bleuâtre comme la nuit, jaune comme l'aurore
, pourpre comme le soleil, nombreux, diaphane, étincelant, léger". (G.
Flaubert)
Mais prenons d’abord
par le bout de
l’opéra de Berlioz .
La chaine TV Mezzo nous a retransmis récemment
en direct du Covent
Garden de Londres
les Troyens dans une
superbe mise en
scène ,avec des
interprètes de choix et l’ anticipation
d’un plaisir , l’annonce de Anna Carita Antonacci dans le
role de Cassandre. Superbe en
effet : une voix chaude et
splendide , un jeu dramatique
digne des plus grandes comédiennes et en plus d’une
beauté sculpturale !
J’ai réuni quelques uns
des extraits publiés sur
Youtube les plus
proches de cette
représentation (merci )
"Les Troyens" act 1.,H. Berlioz Représentation en 2003
Anna Caterina Antonacci en 2012
Berlioz - Les Troyens - Ah! Ah! Je vais mourir ... Adieu, fière cité
ici par Susan Graham
Les trois autres
interpretes des roles principaux,
ceux d’ Elissa et d’Enée étaient à la
hauteur comme la sœur de
Didon. J’ai particulièrement aimé Ava Maria Westbroek
dans
le dernier acte
« la mort de Didon ».
Mais cette interpretation du Duo d'amour Enée-Didon par Susan Graham et Gregory Kunde , dans un accord parfait , reste inoubliable et ma préférée
Les Troyens - Susan Graham - duo: Didon Enée: nuit d'ivresse
Donc écoutant les Troyens
, je me
trouvais à Carthage
et par le
plus grand des hasards
une discussion portait
sur Salammbô. Encore
dans l’émotion de la
musique je naviguais
allègrement de la
naissance de la
grande ville punique jusqu’à
ses dernières heures de
gloire puisque Flaubert
situe son roman au
IIIème s. av JC pendant la Guerre
des mercenaires , Je ne pouvais
échapper aux inévitables questions qui nous
font toujours hésiter
entre mythe et
réalité et la comparaison de l’opéra
et et de ses sources
(l’Eneide) , le roman de
Flaubert et , si
c’est possible une
réalité d’historien .
Flaubert termine son
roman sur le mariage
de Salammbô avec
Narr’ Havas et la
cérémonie s’achève sur
la mort de l’héroine quand Matho
rend son dernier
soupir . Dans un incomparable
effet dramatique et contrairement à son habitude
Flaubert est peu
éloquent sur les
causes de la mort de
son héroine nous laissant
l’imputer à la vengeance
de la déesse ou
bien , plus romanesque , à la mort
de Mathô . On peut cependant
se souvenir que l’évènement a
lieu durant la
cérémonie de son
mariage avec Narr’Havas riche
carthaginois rusé et rival
de Mathô , d’origine numide
« …. Un orientaliste de votre érudition, monsieur, aurait dû avoir
un peu plus d'indulgence pour le nom numide de Naravasse que j'écris
Narr'Havas, de Nar-el-haouah, feu du souffle « Réponse de Flaubert aux critiques de Froehner parues dans la Revue
contemporaine »
Elissa Didon par Cayot musée du Louvre
Ce détail m’a arrêtée car enfin
Elissa – Didon selon Justin , devait
épouser Hiarbas un
Numide trahissant la mémoire
de son époux tyrien Syché et se jeta
sur le bûcher
en raison du
départ d’Enée selaon l’Eneide et
pour se soustraire
à cette trahison selon Justin …..et pour la
ènième fois j’ai
dû remonter aux
sources pour rendre ,
si je puis
dire , à César ce
qui appartient à
César aussi bien qu’
à Virgile , Berlioz ou Flaubert
.
On sait que
Virgile composa l’Eneide
à la demande
de Octave - Auguste
afin de glorifier
sa généalogie en
la faisant remonter
aux grandes heures
des dieux grecs , héros
et semi- dieux . C’était donc
une œuvre littéraire du
temps d’Auguste , où
selon l’habitude de nos anciens
la réalité n’hésitait
pas à puiser sa crédibilité dans le mythe
.
On situe aujourd’hui
la guerre de Troie aux
alentours de -1200 et la fondation
de Carthage en
-814
Romulus fonde Rome
en - 763
Hamilcar Barca père
de Salammbo dans le
roman de Flaubert a vécu
de -270 à -228
Et la chute de
Carthage se produit avec
la dernière guerre
punique en -146
Après sa
victoire à Actium en
-31 Octave prend le
non d’Auguste et
devient le maitre
absolu de l’empire
romain
La grande rivalité
entre Carthage les
grecs puis Rome
pour la suprématie dans
la mediterranée ne pouvait qu’accuiellir favorablement voire souhaiter
vivement une origine
plus prestigieuse pour
le jeune empire
et une essence
divine pour son
empereur .
On peut lire
ici dans le chant
IV de l’Eneide
le récit amoureux d’Elissa
et d’Enee mais aussi toutes les
innombrables péripéties auxquelles
du faire face
le héros troyen dans son voyage
jusqu ‘au Latium , guidé
par sa mère
Vénus .Une nouvelle
odyssée qui porta à Rome , son
auteur au rang d’Homère
.
Dido par Cochet (musée du Louvre ) |
Au IIIème s
ou selon certains
au IV ème , un
historien romain Marcus
Junianus Justinius écrit un
abrégé des histoires
philippiques, puisant ses sources
dans Historiae philippicae et totius mundi origines et terrae situs, rédigé par Trogue
Pompée à l’époque d’Auguste.
On peut
lire ici http://www.forumromanum.org/literature/justin/trad18.html le
texte et particulièrement le
livre XVIII relatif
aux peuples tyriens
dont un extrait :
Histoire des Tyriens 3,1 Et puisqu'on est arrivé à mentionner
les Carthaginois, il faut dire quelques mots de leur origine, en reprenant un
peu plus haut l'histoire des Tyriens dont les malheurs furent également
douloureux.
2 Le peuple des Tyriens fut fondé par des Phéniciens 3 qui malmenés par un tremblement de terre, abandonnèrent le sol de leur patrie et s'installèrent d'abord près de l'étang syrien puis sur le rivage proche de la mer ; 4 ils y fondèrent une ville qu'ils nommèrent Sidon à cause de l'abondance de poissons, car les Phéniciens appellent le poisson Sidon.
5 Ensuite, après de nombreuses années, pris d'assaut par le roi des Ascaloniens, repoussés sur leurs navires, ils fondèrent la ville de Tyr, un an avant le désastre de Troie.
6 Là, harcelés par les guerres des Perses pendant longtemps et de manière variée, ils furent certes vainqueurs mais, leurs troupes étant épuisées, ils subirent de la part de leurs esclaves, qui abondaient en multitude, d'indignes supplices ; 7 ayant fait une conspiration, les esclaves assassinent toute la population libre, avec leurs maîtres, et ainsi en possession de la ville, ils occupent les foyers de leurs maîtres, s'emparent de l'état, prennent des épouses18 et engendrent des hommes libres, ce qu'eux-mêmes n'était pas.
2 Le peuple des Tyriens fut fondé par des Phéniciens 3 qui malmenés par un tremblement de terre, abandonnèrent le sol de leur patrie et s'installèrent d'abord près de l'étang syrien puis sur le rivage proche de la mer ; 4 ils y fondèrent une ville qu'ils nommèrent Sidon à cause de l'abondance de poissons, car les Phéniciens appellent le poisson Sidon.
5 Ensuite, après de nombreuses années, pris d'assaut par le roi des Ascaloniens, repoussés sur leurs navires, ils fondèrent la ville de Tyr, un an avant le désastre de Troie.
6 Là, harcelés par les guerres des Perses pendant longtemps et de manière variée, ils furent certes vainqueurs mais, leurs troupes étant épuisées, ils subirent de la part de leurs esclaves, qui abondaient en multitude, d'indignes supplices ; 7 ayant fait une conspiration, les esclaves assassinent toute la population libre, avec leurs maîtres, et ainsi en possession de la ville, ils occupent les foyers de leurs maîtres, s'emparent de l'état, prennent des épouses18 et engendrent des hommes libres, ce qu'eux-mêmes n'était pas.
[…]
Histoire
d'Élissa 3 Entre temps, le roi21 mourut à Tyr, après avoir institué
comme héritiers son fils Pygmalion et sa fille Élissa, une vierge d'une
remarquable beauté. 4
Mais le peuple remit le pouvoir royal à Pygmalion, un enfant encore. 5 Quant à Élissa, elle épousa son
oncle maternel Acherbas, le prêtre d'Hercule qui était le second en dignité
après le roi. 6 Il
avait de grandes richesses mais elles étaient cachées et, par crainte du roi, il
avait confié son or à la terre, et non à des toits ; 7 et cela, même si les hommes
l'ignoraient, le bruit en courait cependant. 8 Excité par cela, Pygmalion, ayant oublié le droit humain,
tue son oncle qui était aussi son beau-frère22 sans respect des obligations
familiales.
9 Élissa, s'étant longtemps détournée de son frère à cause du crime, ayant à la fin dissimulée sa haine et composé pendant ce temps son visage, prépare sa fuite sans rien dire, s'étant associée des princes dont elle pensait qu'ils avaient la même haine pour le roi et le même désir de fuite. 10 Alors, elle cherche, avec ruse, à circonvenir son frère ; elle feint de vouloir venir s'installer auprès de lui, afin que la maison de son époux ne lui ravive la dure image du deuil, à elle qui est désireuse d'oubli, et afin qu'un amer rappel ne lui vienne plus devant les yeux. 11 Pygmalion écoute sans déplaisir les paroles de sa sœur, estimant qu'avec elle, viendra aussi l'or d'Acherbas. 12 Mais, au crépuscule, Élissa place sur des navires les hommes chargés par le roi de son transport, avec toutes ses richesses, et arrivée au large, elle les oblige à jeter à la mer des fardeaux — de sable, à la place de l'argent — enveloppés dans des bâches. 13 Alors, en pleurs, elle appelle Acherbas d'une voix funèbre ; elle le prie de recevoir de bon gré ses richesses qu'il avait abandonnées et de les avoir comme sacrifice à ses mânes, elles qui avaient été la cause de sa mort23.
14 Alors, elle va trouver les hommes du roi eux-mêmes ; une mort, jadis souhaitée, la menaçait, certes, mais pour eux, qui avaient soustrait à la cupidité du tyran les richesses d'Acherbas, richesses pour lesquelles le roi avait commis un parricide, c'était d'amères tortures et de cruels supplices qui les menaçaient. 15 Une fois cette peur jetée en eux tous, elle les prend comme compagnons de sa fuite. Il s'y joint aussi les colonnes de sénateurs préparées pour cette nuit, et après avoir été chercher les objets sacrés d'Hercule, dont le prêtre avait été Acherbas, ils cherchent un lieu pour leur exil.
5,1 Ils touchèrent terre en premier à l'île de Chypre, 2 où le prêtre de Jupiter, avec son épouse et ses enfants, s'offre à Élissa, sur l'ordre du dieu, comme compagnon et associé à sa fortune, après avoir négocié pour lui et sa descendance la dignité perpétuelle de la prêtrise du dieu. 3 La clause fut acceptée comme un présage évident.
4 Il était de coutume à Chypre d'envoyer sur le rivage de la mer les vierges avant leurs noces, à dates déterminées, pour chercher dans la prostitution l'argent de leur dot ; elles acquittaient des offrandes à Vénus au nom du reste de leur pudeur. 5 Donc, Élissa ordonne de mettre sur les navires environ quatre-vingts vierges enlevées de cette troupe, afin que les jeunes gens puissent se marier et la ville avoir une progéniture.
6 Tandis que cela se passe, comme Pygmalion, ayant appris la fuite de sa sœur, s'était préparé à poursuivre la fuyarde par une guerre impie, il fut difficilement apaisé, vaincu par les prières de sa mère et les menaces des dieux ; 7 comme les devins inspirés lui avaient prédit par leurs chants qu'il ne l'emporterait pas impunément s'il interrompait les développements de la ville la mieux auspiciée dans le monde entier, les fuyards eurent, de cette manière un moment pour reprendre leur souffle.
Fondation de Carthage 8 Ainsi, Élissa, transportée dans le golfe de l'Afrique, sollicite l'amitié des habitants de cet endroit, qui se réjouissaient de l'arrivée d'étrangers et du commerce de biens d'échange ; 9 ensuite, ayant acheté l'emplacement qui pourrait être couvert par une peau de bœuf24, sur lequel elle pourrait refaire les forces de ses compagnons, épuisés par une longue navigation, jusqu'à ce qu'elle s'en aille, elle ordonne de découper la peau en très fines lanières et, ainsi, elle s'empare d'un espace plus grand que celui qu'elle avait demandé ; de là vient que, par la suite, on donna à ce lieu le nom de Byrsa. 10 Ensuite, les voisins de ces lieux, qui par espoir de gain apportaient beaucoup de marchandises aux hôtes, accourant en foule et s'installant là, 11 il se fit par l'affluence des hommes comme une espèce de cité. 12 Les ambassadeurs des gens d'Utique, pour leur part, apportèrent des présents, comme à des parents, et les engagèrent à fonder une ville là où le sort avait fixé leur résidence. 13 Mais les Africains se prirent d'un vif désir de retenir aussi les arrivants.
14 C'est pourquoi, du consentement de tous, Carthage est fondée, après fixation d'un tribut annuel en contrepartie du sol de la ville. 15 Dans les premières fondations, on trouva une tête de bœuf, ce qui était le présage d'une ville prospère, certes, mais laborieuse et pour toujours esclave ; à cause de cela, la ville fut transférée sur un autre emplacement, 16 où une tête de cheval découverte25, signifiant que le peuple serait guerrier et puissant, donna à la ville une implantation auspiciée.
17 Alors, les peuples affluant selon la réputation de la nouvelle ville, en peu de temps il y eut des citoyens et une grande cité.
La demande en mariage du roi Hiarbas 6,1 Alors que les Carthaginois avaient des ressources florissantes par le succès de leurs affaires, le roi des Maxitans, Hiarbas, ayant fait venir auprès de lui dix princes puniques, demande en mariage Élissa sous peine d'une déclaration de guerre. 2 Les ambassadeurs craignant de rapporter cette demande à la reine agirent avec elle selon l'esprit punique : ils annoncent que le roi réclame quelqu'un qui lui enseigne, ainsi qu'aux Africains, un genre de vie plus civilisé, 3 mais qui pourrait-on trouver qui voudrait quitter ses parents par le sang et aller chez des barbares, vivant, qui plus est, à la manière des bêtes sauvages ? 4 Réprimandés alors par la reine de refuser une vie plus âpre pour le salut d'une patrie à laquelle était due la vie même si la situation l'exigeait, ils découvrirent les injonctions du roi, en disant que ce qu'elle ordonnait aux autres, il lui fallait elle-même l'accomplir si elle voulait veiller à la ville. 5 Prise par cette ruse, après avoir longtemps invoqué le nom de son époux Acherbas avec bien des larmes et un gémissement lamentable, elle répondit à la fin qu'elle irait où l'appelait son destin et celui de la ville.
Suicide d'Élissa26 6 Au bout d'un délai de trois mois, ayant fait dresser un bûcher funéraire dans la partie la plus élevée de la ville comme pour apaiser les mânes de son époux et lui dédier avant les noces des sacrifices funéraires, elle immole de nombreuses victimes et, ayant pris un glaive, elle monte sur le bûcher, 7 et, regardant le peuple d'en haut, elle dit qu'elle allait vers son époux, comme ils l'avaient ordonné, et mit fin à sa vie avec un glaive. 8 Aussi longtemps que Carthage resta invaincue, elle fut honorée comme une déesse.
9 Élissa, s'étant longtemps détournée de son frère à cause du crime, ayant à la fin dissimulée sa haine et composé pendant ce temps son visage, prépare sa fuite sans rien dire, s'étant associée des princes dont elle pensait qu'ils avaient la même haine pour le roi et le même désir de fuite. 10 Alors, elle cherche, avec ruse, à circonvenir son frère ; elle feint de vouloir venir s'installer auprès de lui, afin que la maison de son époux ne lui ravive la dure image du deuil, à elle qui est désireuse d'oubli, et afin qu'un amer rappel ne lui vienne plus devant les yeux. 11 Pygmalion écoute sans déplaisir les paroles de sa sœur, estimant qu'avec elle, viendra aussi l'or d'Acherbas. 12 Mais, au crépuscule, Élissa place sur des navires les hommes chargés par le roi de son transport, avec toutes ses richesses, et arrivée au large, elle les oblige à jeter à la mer des fardeaux — de sable, à la place de l'argent — enveloppés dans des bâches. 13 Alors, en pleurs, elle appelle Acherbas d'une voix funèbre ; elle le prie de recevoir de bon gré ses richesses qu'il avait abandonnées et de les avoir comme sacrifice à ses mânes, elles qui avaient été la cause de sa mort23.
14 Alors, elle va trouver les hommes du roi eux-mêmes ; une mort, jadis souhaitée, la menaçait, certes, mais pour eux, qui avaient soustrait à la cupidité du tyran les richesses d'Acherbas, richesses pour lesquelles le roi avait commis un parricide, c'était d'amères tortures et de cruels supplices qui les menaçaient. 15 Une fois cette peur jetée en eux tous, elle les prend comme compagnons de sa fuite. Il s'y joint aussi les colonnes de sénateurs préparées pour cette nuit, et après avoir été chercher les objets sacrés d'Hercule, dont le prêtre avait été Acherbas, ils cherchent un lieu pour leur exil.
5,1 Ils touchèrent terre en premier à l'île de Chypre, 2 où le prêtre de Jupiter, avec son épouse et ses enfants, s'offre à Élissa, sur l'ordre du dieu, comme compagnon et associé à sa fortune, après avoir négocié pour lui et sa descendance la dignité perpétuelle de la prêtrise du dieu. 3 La clause fut acceptée comme un présage évident.
4 Il était de coutume à Chypre d'envoyer sur le rivage de la mer les vierges avant leurs noces, à dates déterminées, pour chercher dans la prostitution l'argent de leur dot ; elles acquittaient des offrandes à Vénus au nom du reste de leur pudeur. 5 Donc, Élissa ordonne de mettre sur les navires environ quatre-vingts vierges enlevées de cette troupe, afin que les jeunes gens puissent se marier et la ville avoir une progéniture.
6 Tandis que cela se passe, comme Pygmalion, ayant appris la fuite de sa sœur, s'était préparé à poursuivre la fuyarde par une guerre impie, il fut difficilement apaisé, vaincu par les prières de sa mère et les menaces des dieux ; 7 comme les devins inspirés lui avaient prédit par leurs chants qu'il ne l'emporterait pas impunément s'il interrompait les développements de la ville la mieux auspiciée dans le monde entier, les fuyards eurent, de cette manière un moment pour reprendre leur souffle.
Fondation de Carthage 8 Ainsi, Élissa, transportée dans le golfe de l'Afrique, sollicite l'amitié des habitants de cet endroit, qui se réjouissaient de l'arrivée d'étrangers et du commerce de biens d'échange ; 9 ensuite, ayant acheté l'emplacement qui pourrait être couvert par une peau de bœuf24, sur lequel elle pourrait refaire les forces de ses compagnons, épuisés par une longue navigation, jusqu'à ce qu'elle s'en aille, elle ordonne de découper la peau en très fines lanières et, ainsi, elle s'empare d'un espace plus grand que celui qu'elle avait demandé ; de là vient que, par la suite, on donna à ce lieu le nom de Byrsa. 10 Ensuite, les voisins de ces lieux, qui par espoir de gain apportaient beaucoup de marchandises aux hôtes, accourant en foule et s'installant là, 11 il se fit par l'affluence des hommes comme une espèce de cité. 12 Les ambassadeurs des gens d'Utique, pour leur part, apportèrent des présents, comme à des parents, et les engagèrent à fonder une ville là où le sort avait fixé leur résidence. 13 Mais les Africains se prirent d'un vif désir de retenir aussi les arrivants.
14 C'est pourquoi, du consentement de tous, Carthage est fondée, après fixation d'un tribut annuel en contrepartie du sol de la ville. 15 Dans les premières fondations, on trouva une tête de bœuf, ce qui était le présage d'une ville prospère, certes, mais laborieuse et pour toujours esclave ; à cause de cela, la ville fut transférée sur un autre emplacement, 16 où une tête de cheval découverte25, signifiant que le peuple serait guerrier et puissant, donna à la ville une implantation auspiciée.
17 Alors, les peuples affluant selon la réputation de la nouvelle ville, en peu de temps il y eut des citoyens et une grande cité.
La demande en mariage du roi Hiarbas 6,1 Alors que les Carthaginois avaient des ressources florissantes par le succès de leurs affaires, le roi des Maxitans, Hiarbas, ayant fait venir auprès de lui dix princes puniques, demande en mariage Élissa sous peine d'une déclaration de guerre. 2 Les ambassadeurs craignant de rapporter cette demande à la reine agirent avec elle selon l'esprit punique : ils annoncent que le roi réclame quelqu'un qui lui enseigne, ainsi qu'aux Africains, un genre de vie plus civilisé, 3 mais qui pourrait-on trouver qui voudrait quitter ses parents par le sang et aller chez des barbares, vivant, qui plus est, à la manière des bêtes sauvages ? 4 Réprimandés alors par la reine de refuser une vie plus âpre pour le salut d'une patrie à laquelle était due la vie même si la situation l'exigeait, ils découvrirent les injonctions du roi, en disant que ce qu'elle ordonnait aux autres, il lui fallait elle-même l'accomplir si elle voulait veiller à la ville. 5 Prise par cette ruse, après avoir longtemps invoqué le nom de son époux Acherbas avec bien des larmes et un gémissement lamentable, elle répondit à la fin qu'elle irait où l'appelait son destin et celui de la ville.
Suicide d'Élissa26 6 Au bout d'un délai de trois mois, ayant fait dresser un bûcher funéraire dans la partie la plus élevée de la ville comme pour apaiser les mânes de son époux et lui dédier avant les noces des sacrifices funéraires, elle immole de nombreuses victimes et, ayant pris un glaive, elle monte sur le bûcher, 7 et, regardant le peuple d'en haut, elle dit qu'elle allait vers son époux, comme ils l'avaient ordonné, et mit fin à sa vie avec un glaive. 8 Aussi longtemps que Carthage resta invaincue, elle fut honorée comme une déesse.
Didon Chateau de Verssailles
Elissa ne
serait donc pas
morte du départ
d’Enée mais de son mariage
arrangé par les
Carthaginois . et de sa fidélité à
son premier époux
Sychée ou Acherbas .
Flaubert conclut son roman " Ainsi
mourut Salammbô pour
avoir touché au
manteau de Tanit "
Il n’insiste pas sur
le fait qu’elle
échappe ainsi au mariage
avec Narr’Havas .
Mais je pense qu’il
ne faut pas
trop d’imagination pour lire
une certaine similitude
entre les héroïnes
puniques .
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