Rimsky-Korsakov - Scheherazade: The Story of the Kalendar Prince [Part 2/4]
Donc un petit saut en Russie ...
Dans son anthologie de la poésie russe du XVIII au XXème s, Efim Etkind déclare : si en France tout commence par des chansons , en Russie tout commence par des poèmes ..
".. précurseur, annonciateur ou à la rigueur prophète : telle est la conception russe du poète. Voilà pourquoi de nos jours encore - malgré tous les effroyables mensonges de l'époque stalinienne qui ont compromis la littérature en entier et tout particulièrement la poésie - les poètes qui disent leurs vers peuvent compter sur un public qui n'est comparable qu'à celui d'un grand match de football. Ce n'est pas le goût des vedettes qui attire ces foules de jeunes gens aux stades où se produisent les poètes ; c'est la soif de la parole et de la vérité.
La portée de la parole du poète a toujours été immense pour la nation. Jamais cette parole n'a connu la liberté, mais l'auditoire et les lecteurs pouvaient la comprendre malgré son code qui était parfois secret. La cryptographie poétique pouvait changer d'une époque à l'autre, mais la foi en l'importance de la poésie pour le destin national restait inébranlable."
Il est difficile de choisir parmi les poètes les plus opprimés ,revenons encore une fois à Anna Akhmatova :
Ma bouche ne sait plus sourire-
Lèvres que gerce un vent glacé...
Un vers en plus qu'il faut écrire,
Un rêve en moins, qu'il faut laisser...
Et malgré moi j'offre en pâture
Ma romance au monnde moqueur,
Car l'amour m'est une torture
S'il doit se taire dans mon coeur .
(1915)
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Il est une limite à toute intimité,
Ardeur et passion jamais ne la franchissent-
Que d'amour votre coeur soit tout prêt d'éclater,
Que le silence oppressent et les lèvres s'unissent.
L'amitié n'y peut rien ni les ans de bonheur
Où de sublime ardeur tout l'être brûle et vibre
Quand l'âme s'affranchit de la molle langueur
Des lentes voluptés, et se retrouve libre.
Y aspirent ceux qui sont pris de déraison
Et la tristesse étreint, pour peu qu'on y parvienne...
Maintenant tu comprends : c'est pour cette raison
Que ma main a cessé de frémir sous la tienne .
(1915)
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Autour du cou un fin rosaire,
Des mains cachées dans un manchon,
Des yeux distraits et sans colère
Qui jamais plus ne pleureront.
Un visage qui semble pâle,
A cause du satin lilas;
Jusqu'aux sourcils mêmes, s'étale
Ma frange qui ne boucle pas .
La démarche est lente, incertaine ,
Et n'a rien du vol d'un oiseau,
Comme si le parquet de chêne
2tait sous mes pieds un radeau.
La bouche entrouverte et chagrine,
Je suis tout près de suffoquer,
Et frissonnent sur ma poitrine
Les fleurs du rendez-vous manqué.
(1921)
Bizarre que ces poésies me touchent tant, elles éveillent en moi des rêves évanescents, d'une profondeur intouchable... Jack Broadstone
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