dimanche 1 avril 2012

La Honte ,"Skammen" de Ingmar Bergman

Sortie   1968  avec  Liv  Ullman (Eva) et  Max  von   Sydow (Jan)






Un  couple mène  sur  île   suéduoise ,  une  existence tranquille et monotone dans  son  repli sur  lui-même  et  son  indifférence   au  monde  extérieur  : la  radio   est  cassée ,  le  téléphone  ne  marche  plus  ...
On  situe   mal  le  lieu  exact   et la  période   de l'histoire   (Il  a  souvent  été  reproché  à   Berrgman  sa  neutralité   par  rapport  à l'actualité)..  mais  on  devine : la  guerre   a commencé   ailleurs  depuis longtemps  déjà et  est  en quelque  sorte  responsable  de  leur   isolement  et   de   cette  inquiétude   qu'on perçoirt  sourdement  dans   les  relations.du couple  ...


"Parfois   tout  semble   comme  dans  un  rêve . Pas mon rêve  mais  celui  d'un  autre  , mais j'y  participe. Quand  cet  autre  s'éveillera  aura-t-il  honte  ?  "


La guerre  fait  brutalement irruption   dans l'île et   Bergman   en  montre  le  crescendo jusqu'à  l'horreur  qui  détruit  paralléllement  l'extérieur  et  l'intérieur de  l'homme , dans les  tensions   qu'affronte  le  couple  au  fur  et  à  mesure  que  les   évènements   les  frappent  douloureusement .




La lutte pour survivre , les compromissions, les trahisons les mèneront finalemen jusque dans cette barque infernale où l'on doit repousser à la gaffe les cadavres des noyés.






Le voyage s'achève dont on ne connaitra pas l'issue. Mais Eva et Jan se sont endormis épuisés.

Au réveil , toujours errrants dans cette barque maudite , Eva raconte à Jan son rêve :

"...  Je parcourais  une  très  jolie  rue. D'un  côté   il y  avait  une maison  blanche avec  des  colonnes .De l'autre  un  parc  ombragé et   sous les  arbres   bordant la  rue   , coulait  une  source  vert  sombre. Puis  j'atteignais  un haut  mur  ,tout  recouvert  de  roses.  Alors un  avion a incendié les  rsoiers. Ce  n'était pas  terrifiant   parce  que  c'était   beau . Je  regardais   se  refletéer  dans l'eau  les  roses  qui  brûlaient.
 Je   tenais  un  bébé  dans les bras. C'était  notre  fille. Elle  s'agrippait  à  moi.   Je  sentais  ses lèvres  sur ma joue.
Et  tout   ce  temps  je  songeais  que je   devais  me  rappeler   quelque  chose  ... Mais j'ai  oublié  quoi  .."





Et  comme  toujours  avec   Bergman ,  des  images  d'une    force   extraordinaires . Pour  ces  réalisateurs  d'exception  , le  choix de  leurs   acteurs  témoigne  d'une  permanence   qui   laisse  supposer   une  forme  de   projection : doubles   , idealisation ,  obsesssion ?




2 commentaires:

  1. un film prenant, particulièrement parce que psychologiquement il marque le basculement d'une vie de couple "presque banale", où le front de la guerre se rapproche, mais reste distant.... jusqu'à ce que celà fasse irruption dans le quotidien, et marque les individus de l'intérieur... vi les diverses pressions des clans adverses: ( être filmé malgré soi, et s'entendre rapporter des paroles qu'on n'a jamais dites...; la protection-chantage du chef de quartier ) montrant de façon criante comment deux clans qui s'affrontent peuvent aller graduellement à tous les excès, en se servant des innocents et les détruisant "pour rien"... ce qui est une démonstration éclatante de l'absurdité des conflits - en général - dont on ne sait même pas quels intérêts sont en jeu et qui ils servent.

    RépondreSupprimer
  2. C'est d'un réalisme très sombre , le personnage de Jan particlièrement nihiliste et j'ai été très impressionnée par crescendo dans la deconstruction des individus . Les dernières scènes sont extraordinaires avec cette mer quasiment immobile et insensible au desarroi des hommes Quel force dans ce silence !!

    RépondreSupprimer