samedi 18 février 2012

Que m'importe la ville ...



Que m’importe la ville


Que m’importe la  ville  où  je me  trouve  ici ?
J’ai  pris le  train  pour  fuir  mon  cruel  vieux  souci,
Je  suis  sur un  balcon, la nuit  et  c’est  décembre.
Il fait  derrière moi  noir  et  doux  dans ma chambre
Sous mes pieds  roule un  fleuve  immense dont les flots
Se  bousculent  dans l’ombre  avec de  grands sanglots.
 Je  vois des toits, des  quais,  des ponts  couverts  de  neige.
Une  bise  assidue  et  sifflante  m’assiège,
Mais je souffre  d’un feu  si  brûlant  dans le  cœur,
Que j’ouvre à l’air  glacé  ma bouche  avec bonheur.
Tout ce que l’âpre  amour qui  me  domine entraîne
De  désir  de  doute, et  d’espoir et de haine
Bouillonne en  moi  sans fin  comme  un ferment impur ;
Et, traversant le  fond  de mon esprit  obscur,
La vie encore à  vivre et les choses passées
Y forment  un affreux désordre de pensées,
Tandis que, suspendu sur le  fleuve  au grand  bruit,
Je m’enivre  des vents  qui  viennent  de la nuit  .

Charles  Guérin  L’Homme  intérieur.

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