Je dois encore ce soir à l' Ecole du Louvre une de ces rencontres exceptionnelles avec le génie humain : Giotto dont le génie et la force novatrice nous ont été révélées au cours d'une conférence pédagogique accompagnée d'une visite virtuelle de la Chapelle de Scrovegni à Padoue appelée aussi chapelle de l'Arena .
Vous me direz que Giotto n'est pas un inconnu mais j'étais bien loin d'avoir évalué son rôle extraordinaire dans l'histoire de la peinture .
Les liens qui suivent et que j'ai trouvés sur le web sont excellents ,les photographies sont magnifiques mais il manque un guide passionné et érudit comme notre conférencière Elinor Maria -Kelif , Docteur en histoire de l'art , qui a dévoilé pour nous bien des secrets dans l'agencement et la structure autant que dans le dessin par lesquels Giotto di Bondone a marqué définitivement son époque , libéré la peinture et ouvert la voie a ses illustres successeurs.
Avec lui , la nature est entrée dans le tableau , le tableau s'est fait fenêtre et l'homme a retrouvé son humanité dans sa représentation . Avec les premières perspectives le "trompe l'oeil " crée l'espace , L'allégorie et le symbole strictement codifiés par le Moyen Age , laissent la place à la lecture directe au travers de la gestuelle ou de l'expression des personnages . Avec lui le monde pourra s'ouvrir désormais à la réalité et à la lisibilité .
Giotto : I biographie
Giotto II Les fresques de la chapelle Scrovegni (chapelle de l'Arena à Padoue)
Rencontre d' Anne et Joachim à la Porte d'Or |
Dans cette chapelle absolument tout l'espace est recouvert ; notre conférencière insiste sur l'impression de pénétrer dans un écrin lorsqu'on en franchit le seuil !
Les figures qui ornent le 1er niveau des murs de la Chapelle fut aussi l'occasion de rappeler des idées fortes de cette période telles que l'énoncée des vertus et des vices qui menaient inéluctablement au Paradis ou à l'Enfer dans un dualisme catégorique , et dont la représentation convaincante avait pour objectif d'aider le fidèle dans sa confession exhaustive des ses péchés :
D'un coté les vices : Sottise (ignorance, folie), Inconstance (fortune , hasard ) , Colère , Injustice, Infidélidé (non- foi ),Envie, Désespoir
(sept péchés capitaux )
De l'autre les vertus qui leurs répondent :
cinq vertus cardinales et trois théologales
Prudence (au sens romain du terme de la juste mesure et de la raison), la force (essentiellement morale ) La Tempérance , la justice puis la Foi la Charité (l'amour divin) et l'Espérance
Ces dessins (ou fresques presque totalement monochromes), sont d'une surprenante beauté . On peut en voir les images ici (je n'ai pas trouvé meilleures photographies , hormis L'Injustice proposée par Wikipédia )
Et puis poursuivant les images qui couvrent les murs du sol au plafond , nous avons évoqué l'Art de mémoire" , pratiqué depuis l'Antiquité comme nous en a parlé Cicéron : l'Art de mémoire
Dante Alighieri par Giotto |
Giotto et Dante (Regards sur la peinture )
Giotto et Dante : unis à jamais dans les consciences et les mémoires comme les fondateurs de deux langages : écrit et figuré..En effet , malgré la différence de culture, d'origine sociale, de convictions politiques , tous deux ont en commun "une façon de regarder et d'exprimer la vie quotidienne.. un réalisme qui s'ajoute et se mêle à un sentiment profond et indestructible de la tradition chrétienne (Giuliano Briganti 1988)
Le christianisme dans son acception occidentale et romaine est un des fondements de l'art de Dante et de Giotto , comme pour les constructeurs de cathédrales gothiques et les sculpteurs de portails, comme pour Cimabue "le farouche".
Mais chez Giotto ce sentiment devient immersion dans la réalité humaine et quotidienne, élévation de l'homme vers Dieu à travers ses oeuvres , à travers une conception entièrement bourgeoise et laïque, sans apocalypses ou chutes désespérées dans les enfers. [...] ..
Le Saint François de Giotto est un homme vigoureux et rationnel qui n'a rien de l'ascète .. aux membres noués autour de racines d'arbre : guêpes et fourmis grouillant dans sa barbe .." tel qu'on l'imagine souvent (Emilio Cecchi , 1942) en hommage à l'on ne sait trop quelle tradition au myscticisme exacerbé .
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire