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Le Déluge indien ou Histoire du poisson
- Mahâbhârata III / 185 -
Présentation
L'histoire du
déluge existe aussi en Inde. Il se dit :"sampraksâlana" d'un verbe
KSHAL signifiant "laver, nettoyer, rincer, purifier".Un poisson - le
dieu Brahma - avertit Manu (d'une racine signifiant "l'homme" . Cf.
les Manouches dont le nom est si évidemment sanscrit) de cette catastrophe
parce qu'il a su prendre soin d'un petit poisson menacé d'être dévoré et
ensuite ne cessant de grandir (il faut chaque fois lui trouver un récipient
adéquat). Manu construit son arche: il est accompagné des sept Richis (êtres
mystérieux assurant la transmission des Védas), il y loge les
"semences" de toutes les "êtres qui se meuvent et qui ne se
meuvent pas ". Le Déluge dure très longtemps. Le poisson devenu
gigantesque a une corne où s'amarre l'arche, il la conduit sur le sommet de
l'Himalaya, et là se manifeste sous sa réelle forme, celle du dieu Brahma. A
Manu d'imaginer les êtres et d'user d'ascèse (tapas: d'une racine signifiant
chaleur, c-à-d énergie et pouvoir accumulés) pour les rendre vivants. Le Mahâbhârata en
livre ici une version ; une version similaire se trouve aussi dans le ShatapathaBrâhmana (1-8-1)(cf. Mythes
et Légendes extraits des Brâhmanas, trad. J. Varenne, Paris, 1967, p. 37-38).
Il faut rappeler que l'Inde a une conception cyclique du temps : il y a
quatorze "Age de Manu" ou "manvatara", d'une durée chacun
de 306 720 000 ans ; les quatorze Ages ou kalpa forment un jour de Brahma ou 4
320 000 000 ans ; nous sommes au septième avec ce Manu Vaivasvata et c'est
notre Age. Tous les Ages sont nommés (1 Manu Svayambhu 2 Manu Svarochisa ... 7
Manu Vaivasvata 8 Manu Savarnya ... 14 Manu Visvakesna). La spéculation
indienne attirée par l'infini poussera l'expertise jusqu'à nous donner les noms
des rois et hommes les plus importants de ces quatorze Ages (à noter que le nom
d'un Age n'est pas forcément celui du seul survivant comme c'est ici le cas,
mais du Manu le plus marquant de ces 306 720 000 ans.( Cf. Mârkandeya
Purâna,Varanasi, 1969, translated by E. Pargiter; Matsya Purâna,
Allahabad, 1916, in coll. "Sacred Bools of the Indus" 27)
(Citadelle –fr.com 2005
(Mahâbhârata III / 185, § 39-47, Vyâse, IIIe s av J-C):
Poussée par les grands vents, l'arche vacillait en tous sens sur l'immense océan comme une prostituée ivre.
La terre, l'horizon, les points cardinaux avaient disparu. Tout l'espace et le ciel n'étaient qu'eau, ô puissant guerrier.
Et dans ce monde ainsi bouleversé, n'existaient plus que les sept Grands Anciens, Manu et le poisson, ô Bhârata.
Ainsi, ô roi, le poisson tira l'arche pendant de nombreuses années sur l'immensité des eaux.
Il la tira jusqu'à l’unique sommet de l'Himavant (Himâlaya) qui dépassait l’onde, ô vaillant descendant de Puru.
Puis, souriant légèrement, il dit aux Grands Anciens : "Amarrez l'arche sans tarder à ce sommet de l'Himavant."
Sur le conseil du poisson, les Grands Anciens amarrèrent aussitôt l'arche au sommet de l'Himavant, ô vaillant Bhârata.
Sache, ô fils de Kuntî, qu'aujourd'hui encore, ce sommet le plus élevé de l'Himavant est appelé "l'amarrage de l'arche".
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