Direction Léonard Bernstein
« Que serait un monde sans la musique ? », disait un certain… « Que serait un monde sans images, sans couleurs, sans les mots ? Que serait l’homme sans émotions ? Son cœur est un luth suspendu ; sitôt qu’on le touche, il résonne. » – de Béranger
dimanche 30 septembre 2012
samedi 29 septembre 2012
Le Déluge Indien dans le Mahâbhârata
Matsya-avatar in the great Deluge |
Le Déluge indien ou Histoire du poisson
- Mahâbhârata III / 185 -
Présentation
L'histoire du
déluge existe aussi en Inde. Il se dit :"sampraksâlana" d'un verbe
KSHAL signifiant "laver, nettoyer, rincer, purifier".Un poisson - le
dieu Brahma - avertit Manu (d'une racine signifiant "l'homme" . Cf.
les Manouches dont le nom est si évidemment sanscrit) de cette catastrophe
parce qu'il a su prendre soin d'un petit poisson menacé d'être dévoré et
ensuite ne cessant de grandir (il faut chaque fois lui trouver un récipient
adéquat). Manu construit son arche: il est accompagné des sept Richis (êtres
mystérieux assurant la transmission des Védas), il y loge les
"semences" de toutes les "êtres qui se meuvent et qui ne se
meuvent pas ". Le Déluge dure très longtemps. Le poisson devenu
gigantesque a une corne où s'amarre l'arche, il la conduit sur le sommet de
l'Himalaya, et là se manifeste sous sa réelle forme, celle du dieu Brahma. A
Manu d'imaginer les êtres et d'user d'ascèse (tapas: d'une racine signifiant
chaleur, c-à-d énergie et pouvoir accumulés) pour les rendre vivants. Le Mahâbhârata en
livre ici une version ; une version similaire se trouve aussi dans le ShatapathaBrâhmana (1-8-1)(cf. Mythes
et Légendes extraits des Brâhmanas, trad. J. Varenne, Paris, 1967, p. 37-38).
Il faut rappeler que l'Inde a une conception cyclique du temps : il y a
quatorze "Age de Manu" ou "manvatara", d'une durée chacun
de 306 720 000 ans ; les quatorze Ages ou kalpa forment un jour de Brahma ou 4
320 000 000 ans ; nous sommes au septième avec ce Manu Vaivasvata et c'est
notre Age. Tous les Ages sont nommés (1 Manu Svayambhu 2 Manu Svarochisa ... 7
Manu Vaivasvata 8 Manu Savarnya ... 14 Manu Visvakesna). La spéculation
indienne attirée par l'infini poussera l'expertise jusqu'à nous donner les noms
des rois et hommes les plus importants de ces quatorze Ages (à noter que le nom
d'un Age n'est pas forcément celui du seul survivant comme c'est ici le cas,
mais du Manu le plus marquant de ces 306 720 000 ans.( Cf. Mârkandeya
Purâna,Varanasi, 1969, translated by E. Pargiter; Matsya Purâna,
Allahabad, 1916, in coll. "Sacred Bools of the Indus" 27)
(Citadelle –fr.com 2005
(Mahâbhârata III / 185, § 39-47, Vyâse, IIIe s av J-C):
Poussée par les grands vents, l'arche vacillait en tous sens sur l'immense océan comme une prostituée ivre.
La terre, l'horizon, les points cardinaux avaient disparu. Tout l'espace et le ciel n'étaient qu'eau, ô puissant guerrier.
Et dans ce monde ainsi bouleversé, n'existaient plus que les sept Grands Anciens, Manu et le poisson, ô Bhârata.
Ainsi, ô roi, le poisson tira l'arche pendant de nombreuses années sur l'immensité des eaux.
Il la tira jusqu'à l’unique sommet de l'Himavant (Himâlaya) qui dépassait l’onde, ô vaillant descendant de Puru.
Puis, souriant légèrement, il dit aux Grands Anciens : "Amarrez l'arche sans tarder à ce sommet de l'Himavant."
Sur le conseil du poisson, les Grands Anciens amarrèrent aussitôt l'arche au sommet de l'Himavant, ô vaillant Bhârata.
Sache, ô fils de Kuntî, qu'aujourd'hui encore, ce sommet le plus élevé de l'Himavant est appelé "l'amarrage de l'arche".
Les déluges en Grèce : Ogygès et Deucalion
Turner :Déluge vers 1805 |
Le déluge d’Ogygés
Du
nom du Roi
de Thèbes en
Béotie , aurait
précédé celui de Deucalion .
Leon Comerre :Déluge (1890) |
Déluge de Deucalion
Un soir, Lycaon, roi d'Arcadie, fut l'hôte de Zeus. Pour le
mettre à l'épreuve Lycaon lui servit la chair de l'un de ses cinquante fils.
Zeus s'en aperçut. Furieux et indigné, il quitta la table en la renversant et
foudroya Lycaon ainsi que sa famille. Remonté dans les cieux, Zeus convoqua les
siens, résuma la situation et jura sur le Styx de détruire le genre humain afin
de préserver les nymphes, satyres et autres divinités secondaires. Après avoir
d'abord pensé à foudroyer la Terre, il se ravisa, se souvenant que le destin du
monde était de périr embrasé ; aussi préféra-t-il la noyer
Les flots envahirent la terre et emportèrent hommes, animaux
et constructions. Certains tentèrent de se réfugier sur des hauteurs ou dans
des barques. Même Les oiseaux ne trouvant plus de perchoir se noyèrent. Les
nymphes de la mer pouvaient évoluer dans les maisons, parcs et jardins des
villes. Les dauphins se heurtaient aux arbres des forêts.
La faim tiraillait les derniers survivants. Pourtant deux
personnes survécurent, Deucalion et Pyrrha. En effet, Prométhée leur avait
conseillé de construire une arche ou ils embarquèrent seuls. Après neuf jours
et neuf nuits de dérive, ils accostèrent sur l'une des deux cimes du Mont
Parnasse en Thessalie. À peine débarqués, il rendirent hommage aux nymphes de
la montagne et à Thémis Zeus satisfait fit cesser le déluge. Notos retourna
auprès de ses frères tandis que Poséidon déposa son trident et ordonna à Triton
de souffler dans sa conque le signal de la retraite. Toutes les eaux se retirèrent
et le monde réapparut. Deucalion et Pyrrha, qui se rendirent rapidement compte
de leur solitude, décidèrent de se rendre sur les bords du Céphise afin d'y
interroger les oracles. Là, ils se purifièrent et implorèrent Thémis dans son
temple en lui demandant comment remédier aux dégâts subis par les mortels. La
réponse fut surprenante : ils devaient s'éloigner du temple, la tête
voilée et lancer en marchant les os de leur grand-mère. De quelle grand-mère
pouvait-il bien s'agir ? Après mûre réflexion, il s'avéra que cette
grand-mère n'était autre que la Terre, dont les os étaient les pierres. En
suivant les conseils de Thémis, il s'exécutèrent. Peu à peu, les pierres prirent forme humaine.
Les pierres lancées par Deucalion engendrèrent des hommes, et celles lancées
par Pyrrha, des femmes. Quant aux autres espèces, la Terre les engendra
d'elle-même au fil du temps.
Turchi Alessandro Déluge |
Le Déluge de Deucalion dans
les Métamorphoses d’ Ovide
Livre I ; v.257
[…]
Les dieux approuvent les paroles de Jupiter, ceux-ci par de
bruyantes acclamations, et en excitant son courroux, ceux-là par un muet
assentiment ; mais la perte du genre humain est pour tous un sujet de
douleur. Que deviendra la terre, veuve de ses habitants ? Qui désormais
brûlera l’encens sur leurs autels ? Va-t-il donc livrer le monde à la
fureur des bêtes féroces ? Le souverain des Dieux se charge de pourvoir à
tout : il fait cesser leurs demandes et leur inquiétude, en leur
promettant une nouvelle race, différente de la première, et dont l’origine sera
merveilleuse.
Déjà prêt à foudroyer toute la terre, il craint que tant de
feux partout allumés n’embrasent la voûte des cieux, et ne consument l’axe du
monde dans toute son étendue. Il se souvient que les Destins ont fixé dans
l’avenir un temps où la mer et la terre et le palais des cieux seront dévorés
par les flammes, où la machine merveilleuse du monde s’abîmera dans un vaste
embrasement. Il dépose ses traits forgés de la main des Cyclopes, et choisit un
autre genre de châtiment : il veut engloutir le genre humain sous les
eaux, qui, de toutes les parties du ciel, se répandront en torrents sur la
terre. Il enferme soudain dans les antres d’Éole l’Aquilon et tous les vents
qui dissipent les nuages, et ne laisse que l’Autan en liberté. L’Autan vole,
porté sur ses ailes humides : son visage terrible est couvert d’un épais
et sombre nuage, sa barbe est chargée de brouillards, sur son front
s’assemblent les nuées ; l’eau ruisselle de ses cheveux blancs, de ses
ailes et de son sein. Dès que sa main a pressé les nuages suspendus dans les
airs, un grand bruit se fait entendre, et des torrents de pluie s’échappent du
haut des cieux. La messagère de Junon, parée de ses mille couleurs, Iris aspire
les eaux de la mer et alimente les nuages. Les moissons sont renversées, les
espérances du laboureur détruites sans retour, et, dans un instant, périt tout
le fruit de l’année et de ses longs travaux. Les eaux qui tombent du ciel ne
suffisent pas à la colère de Jupiter : le roi des mers, son frère, lui
prête le secours de ses ondes. Il convoque les dieux des fleuves, et, dès
qu’ils sont entrés dans son palais : « Qu’est-il besoin de longs
discours ? dit-il. Il s’agit de déployer toutes vos forces : allez,
ouvrez vos sources, renversez vos digues, et donnez carrière à vos flots
déchaînés ». Il parle : on obéit, et les fleuves, forçant les barrières
qui retiennent leurs eaux, précipitent vers la mer leur course impétueuse.
Neptune lui-même frappe la terre de son trident : elle tremble, et les
eaux s’élancent de leurs gouffres entr’ouverts. Les fleuves débordés roulent à
travers les campagnes, entraînant ensemble dans leur course les plantes et les
arbres, les troupeaux, les hommes, les maisons et les sanctuaires des dieux,
avec leurs saintes images. Si quelque édifice reste encore debout et résiste à
la fureur des flots, l’onde en couvre bientôt le faîte, et les plus hautes
tours sont ensevelies dans un profond abîme. Déjà la terre ne se distinguait
plus de l’Océan : la mer était partout, et la mer n’avait pas de rivages.
L’un gagne le sommet d’une colline, l’autre se jette dans un esquif, et
promène la rame dans le champ où naguère il conduisait la charrue. Celui-ci
passe dans sa nacelle au-dessus de ses moissons ou de sa maison
submergée ; celui-là trouve des poissons sur la cime d’un ormeau. Si
l’ancre peut être jetée, c’est dans l’herbe d’une prairie qu’elle va s’arrêter ;
les barques s’ouvrent un chemin sur les coteaux qui portaient la vigne ;
les phoques monstrueux reposent dans les lieux où paissaient les chèvres
légères. Les Néréides s’étonnent de voir au fond des eaux, des bois, des
villes, des palais ; les dauphins habitent les forêts, et bondissent sur
la cime des chênes qu’ils ébranlent par de violentes secousses. On voit nager
le loup au milieu des brebis ; les flots entraînent les lions et les
tigres farouches ; également emportés, les sangliers ne peuvent trouver
leur salut dans leur force, ni les cerfs dans leur vitesse. Las de chercher en
vain la terre pour y reposer ses ailes, l’oiseau errant se laisse tomber dans
la mer. L’immense débordement des eaux couvrait les montagnes, et, pour la
première fois, leurs sommets étaient battus par les vagues. La plus grande
partie du genre humain périt dans les flots : ceux que les flots ont
épargnés deviennent les victimes du supplice de la faim.
L’Attique est séparée de la Béotie par la Phocide, contrée
fertile avant qu’elle fût submergée ; mais alors, confondue tout à coup
avec l’Océan, ce n’était plus qu’une vaste plaine liquide. Là s’élève jusqu’aux
astres un mont dont la double cime se perd au sein des nues : le Parnasse
est son nom ; c’est sur cette montagne, seul endroit de la terre que les
eaux n’eussent pas couvert, que s’arrêta la faible barque qui portait Deucalion
et sa compagne. Ils adorent d’abord les Nymphes de Coryce, les autres dieux du
Parnasse, et Thémis, qui révèle l’avenir, et qui rendait alors ses oracles en
ces lieux. Jamais homme n’eut plus de zèle que Deucalion pour la vertu et pour
la justice, jamais femme n’eut pour les dieux plus de respect que Pyrrha. Quand
Jupiter a vu le monde changé en une vaste mer, et que de tant de milliers
d’hommes, de tant de milliers de femmes qui l’habitaient, il ne reste plus
qu’un homme et qu’une femme, couple innocent et pieux, il écarte les nuages,
ordonne à l’Aquilon de les dissiper, et découvre la terre au ciel et le ciel à
la terre.
Cependant le courroux de la mer s’apaise, le souverain des
eaux dépose son trident et rétablit le calme dans son empire. Voyant, au-dessus
des profonds abîmes, Triton, dont les épaules d’azur se couvrirent en naissant
d’écailles de pourpre, il l’appelle et lui commande d’enfler sa conque
bruyante, et de donner aux ondes et aux fleuves le signal de la retraite ;
soudain, Triton saisit ce clairon creux et recourbé, qui va toujours
s’élargissant par d’obliques détours, ce clairon terrible, qui, lorsqu’il sonne
du milieu de l’Océan, fait retentirde sa voix les rivages où le soleil et se
lève et se couche. Dès que la conque eut touché les lèvres humides du Dieu dont
la barbe distille l’onde, et transmis en résonnant les ordres de Neptune, les
flots de l’Océan et ceux des fleuves l’entendirent, et tous se retirèrent. Déjà
la mer a retrouvé ses rivages ; les fleuves décroissent et rentrent dans
leur lit, assez large pour les contenir tout entiers ; les collines
semblent sortir des eaux, la terre surgit par degrés, et paraît s’élever à
mesure que les eaux s’abaissent ; si longtemps cachés sous les flots, les
arbres découvrent leurs têtes dépouillées de feuillage, et chargées encore de
limon. Le monde était enfin rendu à lui-même. À l’aspect de cette solitude
désolée, où règne un profond et morne silence, Deucalion ne peut retenir ses
larmes, et, s’adressant à Pyrrha :
« Ô ma sœur ! ô ma femme !
s’écrie-t-il ; ô toi qui seule survis à la destruction de ton sexe, unis
jadis par le sang, par une commune origine, et bientôt par l’hymen, que le
malheur resserre aujourd’hui ces nœuds. Du couchant à l’aurore, le soleil ne
voit que nous deux sur la terre ; nous sommes le genre humain, tout le
reste est enseveli sous les eaux. Je n’ose même encore répondre de notre
salut ; ces nuages suspendus sur nos têtes m’épouvantent toujours.
Infortunée ! si le ciel t’eût sauvée sans me sauver, quel serait
aujourd’hui ton destin ? Seule, qui t’aiderait à supporter tes
alarmes ? qui consolerait tes douleurs ? Ah ! crois-moi, chère
épouse, si la mer t’avait engloutie sans moi, je t’aurais suivie, et la mer
nous eût engloutis tous les deux ! Ne puis-je, à l’exemple de Prométhée
mon père, faire naître une nouvelle race d’hommes, et, comme lui, souffler la
vie à l’argile pétrie de mes mains ? Nous sommes, à nous deux, les seuls
débris de l’espèce humaine ; les dieux l’ont ainsi voulu ; ils ont
sauvé en nous un modèle des hommes ». Il dit, et tous deux pleuraient,
résolus d’implorer le secours des dieux, et de consulter l’oracle. Ils se
rendent sur les bords du Céphise, dont les flots, limoneux encore, coulaient
déjà dans leur lit ordinaire. Quand ils ont arrosé de son eau sainte leur tête
et leurs vêtements, ils dirigent leurs pas vers le temple de la déesse ;
le faîte était souillé d’une mousse fangeuse, et le feu des autels éteint. Dès
que leurs pieds ont touché le seuil du temple, prosternés l’un et l’autre la
face contre terre, ils baisent le marbre humide avec une sainte frayeur.
« Si les dieux, disent-ils, se laissent fléchir aux
humbles prières des mortels, s’ils ne sont pas inexorables, apprends-nous, ô
Thémis, quelle vertu féconde peut réparer la ruine du genre humain, et
montre-toi propice et secourable au monde abîmé sous les eaux ». Touchée
de leur prière, la déesse rendit cet oracle : « Éloignez-vous du
temple, voilez vos têtes, détachez les ceintures de vos vêtements, et
jetez derrière vous les os de votre aïeule antique ». Ils demeurent
frappés d’un long étonnement. Pyrrha, la première, rompt le silence et refuse
d’obéir aux ordres de la déesse ; elle la prie, en tremblant, de lui
pardonner, si elle n’ose outrager les mânes de son aïeule en dispersant ses os.
Cependant ils cherchent ensemble le sens mystérieux que cachent les paroles
ambiguës de l’oracle, et les repassent longtemps dans leur esprit. Enfin,
Deucalion rassure la fille d’Épiméthée par ces consolantes paroles :
« Ou ma propre sagacité m’abuse, ou l’oracle n’a point un sens impie, et
ne nous conseille pas un crime. Notre aïeule, c’est la terre, et les pierres
renfermées dans son sein sont les ossements qu’on nous ordonne de jeter
derrière nous ». Bien que cette interprétation ait ébranlé l’esprit de
Pyrrha, son espérance est encore pleine de doute, ou bien le doute combat
encore son espérance, tant il leur reste d’incertitude sur le sens véritable de
l’oracle divin ! Mais que risquent-ils à tenter l’épreuve ? ils
s’éloignent, et, le front voilé, laissant flotter leurs vêtements, selon le vœu
de Thémis, ils marchent en jetant des cailloux en arrière. Ces cailloux (qui le
croirait, si l’antiquité n’en rendait témoignage ?), perdant leur rudesse
première et leur dureté, s’amollissent par degrés, et revêtent une forme
nouvelle. À mesure que leur volume augmente et que leur nature s’adoucit, ils
offrent une confuse image de l’homme, image encore imparfaite et grossière,
semblable au marbre sur lequel le ciseau n’a ébauché que les premiers traits
d’une figure humaine. Les éléments humides et terrestres de ces pierres
deviennent des chairs ; les plus solides et les plus durs se convertissent
en os ; ce qui était veine conserve et sa forme et son nom. Ainsi, dans un
court espace de temps, la puissance des dieux change en hommes les pierres
lancées par Deucalion, et renouvelle, par la main d’une femme, la race des
femmes éteinte. C’est de là que nous venons : race dure et laborieuse,
nous témoignons sans cesse de notre origine.
La terre enfanta d’elle-même et sous diverses formes les
autres animaux. Quand les feux du soleil eurent échauffé le limon qui la
couvrait et mis en fermentation la fange des marais, les germes féconds qu’elle
renfermait dans son sein y reçurent la vie comme dans le sein d’une mère, se
développèrent par degrés et revêtirent tons une forme différente. […]
mercredi 26 septembre 2012
John Martin 1789-1854
Sodome and Gomorah |
Le Déluge |
Satan Rises the burning lake |
The bard |
Egalement ici (n et b)
Le déluge dans l'Epopée de Gilgamesh
Martin John : le Déluge (1834) |
Dans une île, au-delà des eaux de la Mort, vit d'une vie éternelle Outa-Napishtim que les dieux ont sauvé du déluge. Il raconte cette aventure au héros Gilgamesh qui est parti en quête de l'immortalité.
Dans la vieille ville de Shurrupak, au bord de l'Euphrate, habitaient les dieux : Anu, le maître du ciel, le guerrier Enlil, le sage Ea... En ce temps-là, les hommes n'existaient pas. Les dieux devaient accomplir tous les travaux pénibles : dépierrer les champs, nettoyer les rigoles, creuser les canaux... et ils n'aimaient pas du tout ça !
Dans la vieille ville de Shurrupak, au bord de l'Euphrate, habitaient les dieux : Anu, le maître du ciel, le guerrier Enlil, le sage Ea... En ce temps-là, les hommes n'existaient pas. Les dieux devaient accomplir tous les travaux pénibles : dépierrer les champs, nettoyer les rigoles, creuser les canaux... et ils n'aimaient pas du tout ça !
Au bout de trois mille six cents ans, ils en eurent assez et affrontèrent Ellil, le possesseur de la tablette où est inscrit le sort des dieux. Ellil convoqua l'assemblée de grands dieux pour entendre les griefs des mécontents. Tous décidèrent de créer une race de mortels pour effectuer le travail à leur place.
Belet-ili, la déesse-mère, prit quatorze poignées d'argile. Elle plaça sept poignées à droite, sept poignées à gauche ; au milieu, elle posa une brique. Ea, à genoux sur une natte, ouvrit le nombril des figurines et, des deux groupes, sept produisirent des femmes et sept produisirent des hommes. La déesse qui crée les destins les compléta par paire et Belet-ili dessina les formes humaines. Tout se passa si bien que six cents ans plus tard la population des hommes devint trop nombreuse et surtout trop bruyante.
La terre alors était riche, les hommes se multipliaient et le monde mugissait comme un taureau sauvage si bien que la rumeur réveilla les dieux. Enlil, indisposé par un tel tumulte alla se plaindre aux grands dieux : l'humanité l'empêchait de dormir. Alors, pour se débarrasser des hommes, Ellil leur envoya trois fléaux successifs : la peste, la sécheresse et la famine. Au bout de six années, les hommes en furent réduits à dévorer leurs filles. Ils ne purent plus effectuer les travaux pour lesquels ils avaient été créés. Ellil décida alors, malgré la volonté des autres dieux, d'envoyer un Déluge afin d'anéantir ce qui restait de l'humanité.
Mais Ea, le seigneur de l'eau sous la terre, source de toutes les connaissances magiques, m'avertit en songe. Il m'ordonna de construire un bateau et me prévint que le déluge durerait sept jours. Sur ses conseils, je démolis ma maison de roseaux et construisis un bateau couvert où je rassemblai la semence de tous les êtres vivants. Les enfants apportèrent la poix pour le calfatage, les charpentiers préparèrent la quille et le bordage. Je construisis sept ponts superposés, divisés par des cloisons. On rangea les provisions dans les cales.
Chaque jour, je tuai des boeufs et des moutons, et pour les travailleurs je fis couler à flots le vin rouge, le vin blanc et le vin nouveau. Je me parfumai la tête ; c'était la fête, comme au temps de l'année nouvelle. Au septième jour la construction du bateau était terminée.
Je portai dans le bateau tout l'or et l'argent que je possédais, je fis monter toute ma famille et mes parents, toutes les bêtes domestiques et les animaux de la plaine. Je fis monter aussi tous les artisans. Shamash, le dieu-soleil, m'avait fixé le moment précis et m'avait dit : " Lorsque le soir qui tient les tempêtes fera tomber la pluie du malheur, entre dans ton bateau et ferme la porte ! "
Le jour venu, je regardai le ciel. Il était sombre et terrifiant. J'entrai alors dans le bateau et je fermai la porte. Aux premières lueurs de l'aurore, un nuage noir monta des profondeurs du ciel, au-dessus de l'horizon lointain. A l'intérieur du nuage, le dieu Adad, dieu des orages et de la pluie, tonnait et devant lui marchaient ses messagers. Le déluge mugissait comme un taureau furieux, les vents hurlaient comme les braiments d'un âne. Le soleil avait disparu, les ténèbres étaient totales. Certains dieux, eux-mêmes terrifiés, fuyaient, rampant le long des murs comme des chiens.
Les nuages s'avançaient en menaçant à travers les montagnes et les plaines. Nergal, le dieu de la peste et de la guerre, arracha les piliers du monde. Ninourta, le dieu chasseur et guerrier, fit éclater les barrages du ciel. Les dieux du monde d'en bas, les dieux Anounnaki, enflammèrent la terre tout entière. Les tonnerres du dieu Adad montèrent au plus haut des cieux et transformèrent toute la lumière en ténèbres opaques. La terre immense se brisa comme une jarre. Les tempêtes du sud se déchaînèrent un jour entier. Les flots couvrirent même le sommet des montagnes. Tous les hommes furent massacrés.
Les tempêtes du Déluge soufflèrent pendant six jours et sept nuits. Le septième jour, l'armée des vents du sud qui avait tout massacré sur son passage, s'apaisa enfin. La mer se calma. La clameur du déluge se tut.
Les tempêtes du Déluge soufflèrent pendant six jours et sept nuits. Le septième jour, l'armée des vents du sud qui avait tout massacré sur son passage, s'apaisa enfin. La mer se calma. La clameur du déluge se tut.
Je regardais le ciel. Un grand silence régnait sur le monde. Je vis que les hommes étaient redevenus de l'argile. Les eaux lisses formaient un toit sur la terre invisible. J'ouvris une petite fenêtre. La lumière inonda mon visage. Je tombai à genou et me mis à pleurer. Au loin, vers l'horizon, j'aperçus une bande de terre. Le bateau accosta au pied du mont Niçir. Je restai là pendant six jours entiers.
Lorsqu'arriva le septième jour, je lâchai une colombe. Elle prit son envol et, comme elle ne trouva où se poser, elle revint au bateau. Je lâchai une hirondelle. Elle prit son envol et, comme elle ne trouva où se poser, elle revint au bateau. Puis je lâchai un corbeau. L'oiseau prit son envol. Il vit que les eaux s'étaient retirées. Il trouva de la nourriture, se posa sur la terre et ne revint plus. Alors je lâchai aux quatre vents tout ce que le bateau avait sauvé des eaux du Déluge puis j'offris un sacrifice aux dieux.
Légende babylonienne,Origine sumérienne
selon les traditions sumérienne, babylonienne et akkadienne, comportant quelques variantes , le sage , le protégé des dieux s'appelle Outa-Napishtim, Ziusudra ou Ziusura (trad. sumérienne) ou Atrahasis
(publié sur Cidadelle -fr.com)
(publié sur Cidadelle -fr.com)
Mésolithique ou la naissance des mythes
Mesolithique
Arrivée dans le
mesolithique avec le paleontologue Jean-Paul Demoule dont la plus grande qualité (à mon sens) est d'explorer sans vraiment choisir les
différentes théories sur cette époque .
Généralement on passe sans solution de
continuité du Paléolithique au Néolithique,
de l'âge des cavernes aux première
cités de l'Orient Ancien ? Or il
me semble que cette période qui
s'échelonne grosso modo entre le -15 000 et -8 000 /6 000 ~~ ? , (n'ayant pas de prétentions d'expertise, on n'est pas à
quelques milliers d'années près ) est surement
une des périodes les plus déterminantes dans la marche de l'évolution de l'homme social !
La plus difficile d'accès aussi peut être, d'abord parce qu'on est toujours dans
les temps préhistoriques , tributaires du hasard des
fouilles et de la conservation des témoignages, sans écritures encore , mais aussi parce que
la terre elle -même se met en place
modifiant notablement le climat des régions où
l'homo sapiens sapiens commençait à se
manifester et à se répandre dans toutes
les directions . Neandertal et Cro-magnon du
Moyen Orient ont tendance à se séparer , l'un remontant avec le gros gibier vers
le nord jusqu'en Sibérie, les autres, toujours un peu mélangés, s'en vont contournant les Alpes, par le nord
jusqu'en Bretagne où ils sont rejoints via le
Sud , par ceux qui ont préféré le pourtour
de la méditerranée ; ils inventent l'arc
et les flèches, sortent des profondeurs des
cavernes pour construire hutttes et abris ,
taillent leurs pierres, et façonnent leurs
outils .. mais chacun à sa manière , "
rompant avec l'academisme du paleolithique " (dixit J-P Demoule )
Heraklès de Bourdelle |
Le climat se réchauffant , ils optent
pour une vie plus sédentaire mais sont toujours
chasseurs -cueilleurs -pêcheurs . Ils sculptent de
plus en plus la pierrre, l'os et le
bois et commencent même à cuire l'argile
en ceramique ! Au Sud apparemment
(croissant fertile ) le climat est
plus capricieux , alors ils seront les premiers
à se soumettre aux contraintes de la
plus grande révolution de tous les
temps le Néolithique avec l'élevage et
l'agriculture auxquels , petit à petit
ils convertiront les autres peuples jusqu'à
éliminer notre frère néandertalien ...
Ici se situent précisément nos
grands questionnements et les grandes théories
divergent !
Dans une sphère geographique relativement homogène
qui va du Sud au nord : du Sud du
croissant fertile à la Norvège et la Sibérie, et de
l'est en ouest : de l'Inde-Chine jusqu'à
la Bretagne , on trouve une incroyable
diversité de cultures attestant de schémas de
cultures et de civilisations différents. On n'ose plus trop affirmer aujourd'hui si la
sédentarisation est à l'origine de
l'agriculture : certains peuples pratiquaient
l'agriculture sans l'élevage et continuaient de
se deplacer avec le gibier ) d'autres
domestiquaient les animaux sans agriculture
( les pasteurs avec domestication du chien,auxiliaire de chasse et gardien de troupeaux) , on ne sait plus à quel type
d'économie attribuer l'apparition d'une organisation
sociale , et encore moins fixer des
généralités dans l'émergence du divin et du religieux . (très
embêtant pour la tripartiton Dumézilenne des indo-européens qui
devrait voir son champ se reduire à quelques
cultures ;sa précieuse théorie sera probablement maintenue
pour des temps plus récents ?) .
On s'accorde sur l' interaction constante de tous ces facteurs mais toutes causes ne produisant pas systématiquement ou immédiatement les mêmes effets , leur apparition chronologique détermine un ordre de dé-naturation conduisant à des
visions du monde très différentes variant
de l'immanence à la transcendance et qui
pourraient être à l'origine des voies
differentes qu'ont empruntées les philosophies orientales
et occidentales et des voies de socialisations plurielles.
Cette période du mésolithique dont les limites restent
fluctuantes selon les
regions du globe
et selon les
théories de spécialistes
dans une même
discipline ou dans
des disciplines complémentaires , n’a pas
été elle-même constante
, avec des épisodes
plus ou moins
sensibles de réchauffement et
de refroidissement climatique
. A voir ce que le Moyen
Age a subi en
Europe on pourrait
aussi trouver beaucoup
d’exemples de cette
relative instabilité jusqu'à nos jours .
Je vais
oser sans prendre trop de risques, mais c’est
tout à fait
gratuit , y situer
les origines de l’un
de
nos plus vieux
mythes le déluge ..
HOME par Arthus- Bertrand
Une nouvelle étape de l'Aventure humaine . En espérant qu'elle ne sera pas la dernière !
lundi 24 septembre 2012
Chaman de Cristina Castello
Automne |
Crepusculo matinal tus ojos peregrinos
Chaman de todas mis corolas
Convocas el polen de cada savia mia
Fluis entre mis algas de glicinas
Florecemos enhebrados a la espuna
Y el universo se detiene en tu folllaje.
Siento tu ser tal una cosmogonia
Y como una siesta soleada del otono.
Fecundas mis abejas sin colmillos
Sacudis mis raices cristalinas
Renaces mi poesia taciturna
Resucitas mi palabra vagabunda
Halito, soplo,brizna, filamento,
Vendaval, serenidad estremecida.
Chaman de infinitudes y de olympos
No huyas, no me huyas, no te huyas.
Yo nos sobrevivo.
Cristina Castello 5de julio 2006 du recueil Tempestad/Orage
(pardon pour les accents qui font défaut )
Chaman
Crépuscule matinal tes yeux pèlerins
Chaman de toutes mes corolles
Tu convoques le pollen de chacune de mes sèves
Tu flues entre mes algues de Glycines
Nous fleurissons tissés dans l'écume
Et l'univers fait halte sur ton feuillage.
Je sens ton être telle une cosmogonie,
Et comme une sieste ensoleillée de l'automne.
Tu fécondes mes abeilles sans crocs
Tu secoues mes racines cristallines
Tu fais renaître ma poésie taciturne
Tu ressuscites ma parole vagabonde
Haleine, souffle, brin , filament,
Tornade, sérénité frémissante.
Chaman d'infinitudes et d'olympes
Ne fuis pas , ne me fuis pas, ne te fuis pas
Je nous survis.
Traduit de l'espagnol (argentin) par Pedro Vianna
dimanche 23 septembre 2012
Préhistoire > Paléolithique : petite bibliographie
(Edition 1997 )
"Les chroniques que Stephen Jay Gould a publié dans le Naturel History Magazine ont sans doute fait davantage pour expliquer la théorie de l'évolution que des montagnes d'ouvrages savants
l'étonnant mélange "gouldien" de sciences , d'histoire et de littérature a passionné les lecteurs du Sourire du flamant rose ..... Avec Darwin et les grandes énigmes de la vie ils découvriront le premier recueil de cette série de chroniques où la palourde pêcheuse , l'élan d'Irlande et le bambou qui fleurit tous les 120 ans témoignent des bizarreries de l'évolution , tandis que les arguments racistes, le déterminisme biologique ou la notion de quotient intellectuel illustrent les errements auxquels peut mener l'interprétation de l'évolution .
Un inimitable cocktail conçu par l'auteur comme un antidote à notre arrogance universelle "
(Edition 2002 )
Eugène Bonifay Collection " Histoire de la France préhistorique , dirigée par Jean Clottes
( Edition 1997 )
Jacques Pernaud D'Orlac
(Edition 2009 )
Pascal Picq
(éditions 2003) Claudine Cohen
Marylène Patou-Mathis
(édition 2009)
L'homme est un mangeur de viande. Par nécessité physiologique, par goût, de la viande animale, mais aussi de la chair humaine lors de reps cannibales. Certains chercheurs a affirment que la consommation de viande a déclenché l'hominisation ; pour d'autres c'est la chasse et ses rituels hiérarchisés qui auraient favorisé l'émergence de l'homme sociétal..
Marylène Patou-Mathis, au cours de ses travaux sur la préhistoire dont elle est un de nos meilleurs spécialistes, a étudié le rôle et l'impact de la viande sauvage dans les sociétés humaines jusqu'à notre époque. A travers la viande , c'est bien évidemment de la place de l'animal dont il s'agit. Une relation complexe s'est étable au fil du temps. En témoignent l'art préhistoriques, les récits mythologiques, les croyances... où la figure animale est omniprésente. Cette théâtralisation de la Nature semble tomber dans l'oubli.
Pourtant la chasse, vieille de plusieurs centaines de millions d'années, fait partie de notre capital culturel. Seules quelques pratiques perdurent dans nos sociétés telle la chasse à courre ou la tauromachie, avatar ancien du culte du taureau , mais elles font désormais polémiques Signe sue l'animal , aujourd'hui comme hier, occupe une place centrale dans notre monde et dans notre imaginaire qui s'en nourrit inlassablement .
".... En fait conscient de l'existence d'une consubstantialité entre lui et l'animal , comme l'a suggéré le psychiatre et anthropologue Philippe Brenot, la plus grande peur (ou honte ) de l'Homme ne serait-elle pas celle de ses origines animales?
Pour la vaincre , il tente d'enfouir au plus profond de lui ce fonds animal, sorte de "péché originel" , en se "cultivant" pour ainsi s'extraire de la nature. Progressivement, en se civilisant, l'homme s'est dégagé de cette animalité pour prouver son identité, son humanité. Les Ecritures , lui adjoignant de dominer la nature l'ont conforté dans cette démarche. C'est probablement ce rejet de l'animalité qui entraîna au XIX siècle celui des idées transformistes puis évolutionnistes, car l'homme , la créature de Dieu la plus aboutie, ne peut accepter quelque filiation animale. La théorie de l'évolution, transformation des espèces fait resurgir de vieilles légendes de métamorphoses(être mi homme , mi animal comme le loup garou) et avec elle , cette vieille peur ancestrale de devenir "autre", de se déshumaniser. C'est au cours de ce siècle que les expéditions coloniales rapportent une vision négative des "Sauvages", considérés comme des être inférieurs , voire des animaux. L'idée d'une filiation, d'une origine commune est alors pour la plupart inacceptable; comme celles de descendre d'hommes préhistoriques perçus alors comme simiesques. Aujourd'hui, la réintroduction d'espèces sauvages (ours, loup) provoque chez les populations, le retour de peurs irrationnelles ; survivance d'une pensée originelle où les animaux sont perçus comme dangereux., liés au monde surnaturel .
L'Homme veut être un être unique, libéré de ses origines animales, souvent perçues comme responsable de ses faiblesses. En réalité ne se sert-il pas de cette part d'animalité comme alibi pour justifier ou excuser ses défaillances et ses déviances. ?
L'animal n'est pas "intrinsèquement mauvais" il est un animal, un être vivant ni inférieur ni supérieur à nous, mais simplement différent ."
Marylène Patou-Mathis
(édition 2009 )
Anne-Marie Tillier
samedi 22 septembre 2012
Le feu
Ce qui caractérise l'homme pourrait bien être sa capacité à transformer tout ce qui l'entoure et surtout sa volonté à le faire . Il le fit d'abord par nécessité , puis par goût et son évolution suit son son ambition dans la maîtrise des éléments , la domination de la nature, des animaux et de ses semblables.
"Le feu qui protége et réchauffe, qui permet dans toutes les mythologies de passer du cru au cuit , de la nature à la culture, du sauvage au civilisé. " (JPDemoule)
Avec le feu nous avons bien envie de rouvrir une porte du Rêve où nous croiserions Prométhée ou le Phénix , et ce cortège de symboles , d'allégories ou de métaphores peuplant l'histoire de tous les continents .
Comme bien d'autres puissances de la nature , le feu a sans doute d'abord effrayé nos ancêtres avant de provoquer vénération et admiration . Sa banalisation dans son aspect utilitaire n'a pas réussi à éteindre sa magie au fond de notre inconscient et chez les poètes dont le role de passeur agit pour réunir nos différents niveaux de conscience
"Il nait , il meurt , il est un drame" dit Bachelard dans la psychanalyse du feu .
Sa dialectique est infinie :" Sa chaleur est source de vie mais il est aussi destructeur quand il brûle et consume et sa force destructrice porte en elle la purification .
Sa lumière qui tient à l'écart les bêtes sauvages a illuminé les grottes profondes pour que l'homme en couvre leur parois, laissant là les premiers témoignages mystérieux d'art , de religion ou de chamanisme .
En même temps il a fait jaillir l'ombre et de ses jeux peut être, cette conscience de l'irréel , de la puissance du spirituel ou de l'illusion .
vendredi 21 septembre 2012
Naissance de la figure
Naissance de la figure
L' art du paléolithique à l'âge du fer
A la fois livre de spécialiste -( JP Demoule) et livre d'art (photos de Erich Lessing)
Présentation de l'éditeur :
"l'homme s'est représenté lui-même à partir du moment où il est apparu sous sa forme d'homme moderne -celle d'homo sapiens sapiens- , même si l'on discute aussi sur la possibilité et l'interprétation d'éventuelles figurations plus anciennes . Et pour l'essentiel , l'homme a d'abord représenté la femme . Mais ces images sont longtemps restées minoritaires : ce sont d'abord les animaux qui ont été figurés, dans une grande variété de styles, comme si la représentation devait rester exceptionnelle ou périphérique.(1) Puis la révolution néolithique , qui voit agriculture et élevage remplacer chasse et pêche, s'accompagne d'une révolution des images au sein de laquelle la figure humaine se libère en Orient des canons inexpressifs et codés du paléolithique à travers des figurines d'argile cite, mais aussi de pierre et de chaux .
Ces premières figurations humaines, étudiées par J.P. Demoule , apparaissent dans un espace cohérent et homogène, celui du Proche-Orient , de la Méditerranée, de l'Europe, qui évoluent de conserve tout au long de ces trente millénaires. L'auteur retrace la naissance et l'évolution de la figure humaine aux périodes préhistoriques et protohistoriques, jusqu'à l'apparition de l'esthétique propre aux organisations étatiques. Cette histoire globale de la figure, illustrée par les clichés d'Erich Lessing, n'a sans doute jamais été racontée sous cette forme . "
(1) Question sur l'absence de représentation autrement que schématique : Abstraction ? exception ? Superstition ? Dépréciation de soi ?
Venus de Galgenberg |
Découverte sur un site de basse Autriche datant de l'aurignacien (30 000 ans bp environ ) 7 cm
Serait la plus ancienne représentation humaine connue.
Vénus de Grimaldi |
Des grottes de Baoussé Roussé (Balzi Rossi Vintimille Frontière italienne : 6 cm
Venus de Laussel |
Bas-relief 50 cm de h Dordogne
Vénus de Willendorf |
Gravettien 25 0000 environ Provient d'un site de plein air près de Krems en basse Autriche
Venus de Brassempuy |
La Dame à la capuche du site de Brassempuy dans les landes Gravettien 6cm environ
Une représentation extrèmement rare d'un visage , rare également par sa facture gracile . On pourrait émettre l'hypothèse que cette statuette n' avait pas les mêmes fonctions que les représentations de la féminité dans ses caractères exagérés de fécondité dont les formes seraient à interpreter moins comme une représentation de la femme mais comme des symboles de : Fécondité ? Sexualité ? Continuité ? Role de gardienne ?
Les grands thèmes du Paleolithique Figurations animales où le cheval est associé à 'lhomme et le bison à la femme
Cheval du Mas D'azil Magdalenien |
Bison du site de la Madeleine (Dordogne) |
Magdalénien vers 15 000 environ 10 cm
L'humain avant l'image et la naissance du symbolisme
Dès qu'elles surgirent , femmes chevaux, lions, bisons, les premières images humaines parlèrent surtout du sexe et de la mort. Et ce surgissement parut si soudain , si limité aussi dans l'espace, comme si le génie était né d'un seul coup , apportant brusquement la lumière au fond des crânes et des cavernes .
C'est évidemment un biais de notre regard moderne , ou plutôt trois. D'une part nous écrasons le temps et ce qui mit des millénaires, des dizaines de millénaires à se produire, et qui n'est toujours pas achevé, nous semble un instant . D'autre part nous isolons sous le nom d'"art" un segment restreint et variable des créations des sociétés humaines qui n'était certainement pas perçu comme tel. Ce que nous appelons "art" ne fut dans la Préhistoire ,qu'un symptôme supplémentaire de la complexification , progressive et en partie aléatoire, du psychisme humain . Enfin seules les productions réalisées dans les matériaux les plus durables, parois rocheuses, objets de pierre ou de terre cuite ont pu parvenir jusqu'à nous et souvent au gré de hasards successifs et favorables .
( Jean Paul Demoule)
mercredi 19 septembre 2012
Quelques trésors de l'art pariétal du paléolithique
Paléolithique supérieur
Entre Aurignacien et Gravettien (environ 36 à 22000 ans bp)
La grotte Chauvet : Vallée de l'Ardèche (31 000 bp ~~)
Chevaux |
Grande fresque |
Gravettien 30 000 à 22 000 bp et Solutréen 21 000 à 18 000 bp
Grotte Cosquer , calanques près de Marseille entre 27 000 et 19 000 bp
Magdalénien environ 18 à 10 000 ans bp
Grotte de Lascaux entre 17 000 et 16 500 ans bp
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grotte_de_Lascaux
Grotte d'Altamira Espagne entre 15000 et 13 000 bp
Inscription à :
Articles (Atom)