mercredi 29 août 2012

Le jeune homme et la mort : G. Moreau / Jean Lorrain


 (vers  1881)
Le  jeune homme et  la mort
à Gustave  Moreau

Le  long  des marbres  noirs et  des sombres portiques
Bordant  du   pâle hadès les  quais  silencieux,
L'éphèbe  éblouissant  et  l'espoir  dans les  yeux
Descend  d'un  pas   léger les  trois  degrés  mystiques.

Fort  de  la calme  foi des  calmes temps antiques,
Il  sait  que  chez les morts  , séjour  mystérieux,
Le  héros chaste et  nu trouve  sous  d'autres cieux
Les palmes  de la stade et  des lauriers  Médiques.

Aussi  la  mort  pour  lui fut  douce  et passagère
Et  tandis qu'il  descend, comme  une ombre  légère,
La déesse  fatale, au  front  pur  et  voilé,

Voltige en  l'effleurant du  souffle  de  sa robe
Et,  pensive, sourit sous le  voile enroulé,
Dont  un  pli  virginal et  tremblant   la dérobe.

Jean Lorrain
Fécamp,  14  juillet

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