(vers 1881)
Le jeune homme et la mort
à Gustave Moreau
Le long des marbres noirs et des sombres portiques
Bordant du pâle hadès les quais silencieux,
L'éphèbe éblouissant et l'espoir dans les yeux
Descend d'un pas léger les trois degrés mystiques.
Fort de la calme foi des calmes temps antiques,
Il sait que chez les morts , séjour mystérieux,
Le héros chaste et nu trouve sous d'autres cieux
Les palmes de la stade et des lauriers Médiques.
Aussi la mort pour lui fut douce et passagère
Et tandis qu'il descend, comme une ombre légère,
La déesse fatale, au front pur et voilé,
Voltige en l'effleurant du souffle de sa robe
Et, pensive, sourit sous le voile enroulé,
Dont un pli virginal et tremblant la dérobe.
Jean Lorrain
Fécamp, 14 juillet
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