lundi 31 octobre 2011

Tolstoï , Resurrection : petite rancune ....


Je n’ai jamais été inconditionnelle de quoi que ce soit , de qui que ce fut , mes amours n’exigent pas la perfection . Il m’arrive même d’aimer des gens franchement détestables . Le cœur a ses raisons….. (vieil adage qui va se trouver ironiquement illustré ici… ) Mes auteurs préférés ne font pas exception à la règle. Des désaccords au cours de mes lectures en deviennent parfois obsédants et parce qu’écrire est bien le seul moyen d’échapper à l’idée fixe , comme si une fois déposées sur le papier ou sur l’écran , nos obsessions se faisaient beaucoup plus légères , tolérables, comme si de les avoir figées dans l’écriture nous permettaient de les ranger en lieu sûr afin de pouvoir prendre le risque de les oublier afin de passer à autre chose , je vous fais part de quelque rancune que je garde à l’un de mes auteurs préférés après avoir refermé Résurrection son ouvrage majeur que je tiens toujours par ailleurs, pour admirable .

Je ne lui en veux pas trop de ne pas s’être prononcé plus radicalement en faveur des mouvements révolutionnaires de son époque : Il a suffisamment œuvré, payé de sa personne et servi pour éclairer les esprits .
Je ne lui tiens pas rigueur d’avoir révélé l’unique chance de salut de Nekhlioudov-Tolstoï dans les Evangiles , le problème de l’insondable mystère de la foi ne se discutant pas .
Mais je lui reproche certains propos qui lui ont valu cette réputation de misogynie . Le mot est certes un peu fort à mon avis lorsqu’on sait sa compassion pour Anna Karénine , dont il dit être tombé amoureux en écrivant son roman et sa piètre considération du genre masculin qui a conduit Katioucha au bagne . ..


 Mais comment rester insensible, lorsqu’il déclare , parlant d’un révolutionnaire calculateur, intransigeant et ambitieux : […]d’une tendance morale opposée à celle de Simonson . Chez ce dernier, de complexion éminemment masculine, les actes découlaient de l’activité mentale et étaient déterminés par elle. Novodvorov, au contraire appartenait à cette catégorie de gens , de tempérament spécifiquement féminin, chez qui l’activité mentale en partie est employée à des desseins auxquels les porte leur vie sentimentale, en partie justifie les actes que cette vie leur inspire .[…]
N’est-ce pas ce caractère " éminemment féminin" , partagé heureusement par beaucoup de représentants du genre masculin, qui rend la vie beaucoup plus supportable , privilégiant le sentiment à la raison , la compassion et l’amour y compris parfois devant l’équité ou la justice au nom de laquelle on commet tant de cruautés .

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