mercredi 5 octobre 2011

Seul , Georges Rodenbach

Gustave   Moreau :  Villa  Borghese

Seul

Vivre comme  en  exil, vivre sans voir personne
Dans l'immense  abandon d'une  ville  qui  meurt,
Où  jamais  l'on  entend  que la vague  rumeur
D'un  orgue qui  sanglote ou du  Beffroi  qui  sonne.

Se sentir  éloigné des  âmes , des  cerveaux
Et  de  tout ce qui  porte au  front  un  diadème;
Et  , sans rien éclairer, se consumer  soi-même
Tel  qu'une  lampe vaine  au  fond  de noirs caveaux.

Etre comme  un  vaisseau qui  rêvait  d'un voyage
Triomphal et joyeux vers  le  rouge équateur
Et qui  se heurte à des  banquises de  froideur
Et  se  sent   naufrager sans laisser un sillage.

Oh!  vivre  ainsi !  Tout seul, tout  seul ! Voir se  flétrir
La blanche  floraison de  son Âme  divine,
Et seul, seul , Toujours seul,  se  regarder  mourir ! 

La jeunesse  blanche 

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