samedi 5 janvier 2013

Louise Labé




1524 -1566 Renaissance  

Eléments  biographiques
Fille  d'un  riche  cordier  de  Lyon  elle  est  surnommée  La Belle  cordière. Son éducation  est  inspirée  des idées italiennes   , elle  apprend le latin ,l'italien, l'espagnol ,la musique  s'initie  au  métier  des  armes  et  monte à cheval .
Son  époque  est  celle  de  l'essor  de  la poésie où  elle  revendique la place (Vision  de  l'ideal  amoureux  ) et  la présence  féminine aux  côtés  des grands poètes  de  son  époque ,dans la  lignée de   Marie  de France  avec Marguerite  de  Navarre et   Pernette  du  Guillet   .
Elle crée un  des  premiers  salons  littéraires   fréquentés par  Maurice Scève, s'inspire des pétrarquistes  et platoniciens  .
Contemporaine de  Rabelais ,  Erasme , Calvin , Marot ,Du Bellay,  Ronsard, ...

Quelques poèmes :

Je vis, je meurs: je me brûle et me noie,

Je vis, je meurs: je me brûle et me noie,
J'ai chaud extrême en endurant froidure;
La vie m'est et trop molle et trop dure,
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout en un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure,
Mon bien s'en va, et à jamais il dure,
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être en haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.


Je fuis la ville, et temples, et tous lieux

Je fuis la ville, et temples, et tous lieux
Esquels, prenant plaisir à t'ouïr plaindre,
Tu pus, et non sans force, me contraindre
De te donner ce qu'estimais le mieux.

Masques, tournois, jeux me sont ennuyeux,
Et rien sans toi de beau ne me puis peindre ;
Tant que, tâchant à ce désir éteindre,
Et un nouvel objet faire à mes yeux,

Et des pensers amoureux me distraire,
Des bois épais suis le plus solitaire.
Mais j'aperçois, ayant erré maint tour,

Que si je veux de toi être délivre,
Il me convient hors de moi-même vivre ;
Ou fais encor que loin sois en séjour.

Las ! que me sert que si parfaitement

Las ! que me sert que si parfaitement
Louas jadis et ma tresse dorée,
Et de mes yeux la beauté comparée
A deux Soleils, dont Amour finement

Tira les traits causes de ton tourment ?
Où êtes-vous, pleurs de peu de durée ?
Et mort par qui devait être honorée
Ta ferme amour et itéré serment ?

Doncques c'était le but de ta malice
De m'asservir sous ombre de service ?
Pardonne-moi, Ami, à cette fois,

Etant outrée et de dépit et d'ire ;
Mais je m'assur', quelque part que tu sois,
Qu'autant que moi tu souffres de martyre.

Sonnet de la belle cordière

Las ! cettui jour, pourquoi l'ai-je dû voir,
Puisque ses yeux allaient ardre mon âme ?
Doncques, Amour, faut-il que par ta flamme
Soit transmué notre heur en désespoir !

Si on savait d'aventure prévoir
Ce que vient lors, plaints, poinctures et blâmes ;
Si fraîche fleur évanouir son bâme
Et que tel jour fait éclore tel soir ;

Si on savait la fatale puissance,
Que vite aurais échappé sa présence !
Sans tarder plus, que vite l'aurais fui !

Las, Las ! que dis-je ? Ô si pouvait renaître
Ce jour tant doux où je le vis paraître,
Oisel léger, comme j'irais à lui !


Luisant Soleil,


Luisant Soleil, que tu es bien heureux,
de voir toujours le visage de ton Amie :
et toi de même, sa soeur, qu'Endymion embrasse,
tant tu savoures de miel amoureux !
Mars voit Vénus : Mercure aventureux
de Ciel en Ciel, de lieu en lieu se glisse :
et Jupiter remarque en de nombreux endroits
ses premières années plus gaies et chaleureuses.
Voilà du Ciel la puissante harmonie,
qui lie ensemble les esprits divins :
mais si ce qu'ils aimaient était loin d'eux,
leur harmonie et leur ordre irrévocable
se changerait en errance sans logique,
et comme moi ils se tortureraient en vain.


Un   très  beau  site ,  avec  au  sommaire :

Les sonnets de Louise Labé

Ce site a été réalisé lors d'un stage IUFM de l'Académie de Lyon (formation continue), par Christine Adjahi, Michel Balmont, Coline Fabre, Arlette Le Hémon, Véronique Pruner Delarche, Florence Ricard, Didier Schuehmacher, André Sonzogno, Michèle Victor Baptiste et Joseph Vivas. Vous pouvez nous contacter en cliquant ici.

Les sonnets
  1. Non havria Ulysse ... [autre traduction de ce sonnet]
  2. O beaus yeus bruns, ô regars destournez...
  3. O longs désirs, O esperances vaines...
  4. Depuis qu'Amour cruel empoisonna...
  5. Clere Venus, qui erres par les Cieus...
  6. Deus ou trois fois bienheureus le retour...
  7. On voit mourir toute chose animee...
  8. Je vis, je meurs : je me brule et me noye.
  9. Tout aussi tot que je commence à prendre...
  10. Quand j'aperçoy ton blond chef couronné..
  11. O dous regars, ô yeus pleins de beauté...
  12. Lut, compagnon de ma calamité...
  13. Oh si j'estois en ce beau sein ravie...
  14. Tant que mes yeux pourront larmes espandre, ... [pour une explication de ce sonnet] [Réflexion de Lauranne]
  15. Pour le retour du Soleil honorer, ...
  16. Apres qu'un tems la gresle et le tonnerre...
  17. Je fuis la vile, et temples, et tous lieus, ...
  18. Baise m'encor, rebaise moy et baise : ...
  19. Diane estant en l'espesseur d'un bois...
  20. Predit me fut, que devoit fermement...
  21. Quelle grandeur rend l'homme venerable ?...
  22. Luisant Soleil, que tu es bien heureus...
  23. Las ! que me sert, que si parfaitement...
  24. Ne reprenez, Dames, si j'ay aymé...


Autres oeuvres (texte de 1555 corrigé d'après l'erratum et l'édition de 1556)

  • Poèmes attribués

Autour des textes
  1. Lyon à la Renaissance
  2. Les éditeurs, imprimeurs & libraires
  3. Humanisme & Réforme
  4. Poètes
  5. Lexique (idées & personnages) D'autres indications sont données passim.
  6. Vie de Louise Labé
  7. Ressources (Louise, Lyon, l'imprimerie)

2 commentaires:

  1. Malgré les tournures à l'ancienne, c'est quand même d'un esprit très vif, et sensuel...

    merci d'aider à nous faire connaître Louise Labé, je ne serais pas forcément allé de moi-même vers ses écrits...

    RépondreSupprimer
  2. Le style ancien c'est vrai demande un certain temps d'adaptation . Mais au prix de ce petit effort quel plaisir dans ces pas de deux entre mélancolie et sensualité . Pétrarque Louise Labé, Maurice Scève... l'époque s'ouvrait à la confusion des sentiments.

    RépondreSupprimer