Jeunes filles au bord de la mer (1879 huile sur toile musée d'Orsay ,205x154) |
Soir d'été
Le soleil s'est couché comme une volupté.
Comme un grand coeur de feu par l'ombre convoité,
Il s'est couché splendide au bleu lit de l'été.
Et mon cher crépuscule en est encore hanté.
Et les nuages sont ces féériques lumières
De sang divin, de chairs idéales, si claires
Que c'est, dans l'air ému de leur extase d'or,
Comme si l'ineffable ouvrait tous ses essors,
Et comme si, rayons de la mélancolie,
Au ciel brillaient les sourires d'une Ophélie,
Trop vierge aurore, hélas ! qui caresse et qui fuit
l'un et l'autre baiser du jour et de la nuit.
Et mon âme aspirant le divin qui repose
En ces roses de l'ombre et ces ombres de roses,
Mon âme en qui descend la nuit pour l'émouvoir,
Rêve, en réfléchissant et ce rose et ce noir,
Que, là-haut le soleil a brûlé vive une déesse,
Pour que -vapeur, encens, radieuse tristesse,-
Sa chair se fondit toute en volupté dans ce beau soir.
Ah ! sa chair, envolée en tristesse, en ivresse,
Pâle je la respire et la baise dans ce long soir...
Louis Mandin (1872-1943) Les saisons ferventes
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