samedi 20 août 2011

Mallarmé : Tristesse d'été./ F. Leighton :Flaming June

 

Tristesse  d’été

Le soleil  , sur le  sable,  ô lutteuse endormie,
En  l’or  de  tes cheveux,  chauffe un bain langoureux
Et consumant l’encens  sur  ta joue  ennemie,
Il  mêle avec les pleurs un  breuvage  amoureux.

De ce  blanc   flamboiement l’immuable accalmie
T’a fait dire, attristée, ô mes  baisers peureux
« Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l’antique  désert et les palmiers heureux ! »

Mais  ta chevelure est une  rivière  tiède,
Où  noyer   sans  frissons l’âme  qui  nous obsède
Et  trouver  ce Néant  que tu  ne connais pas.

Je goûterai le  fard  pleuré par tes paupières,
Pour  voir s’il sait  donner au  cœur  que  tu  frappas
L’insensibilité de l’azur  et  des pierres.

Stéphane  Mallarmé


Flaming june   de  Frederic  Leighton  (1895)



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