dimanche 7 août 2011

Herodiade ,ou Hérodias , Salomé

Hérodias  Paul  Delaroche


Hérodiade

Ses yeux sont transparents comme l'eau du Jourdain.
Elle a de lourds colliers et des pendants d'oreilles ;
Elle est plus douce à voir que le raisin des treilles,
Et la rose des bois a peur de son dédain.

Elle rit et folâtre avec un air badin,
Laissant de sa jeunesse éclater les merveilles.
Sa lèvre est écarlate, et ses dents sont pareilles
Pour la blancheur aux lis orgueilleux du jardin.

Voyez-la, voyez-la venir, la jeune reine !
Un petit page noir tient sa robe qui traîne
En flots voluptueux le long du corridor.

Sur ses doigts le rubis, le saphir, l'améthyste
Font resplendir leurs feux charmants : dans un plat d'or
Elle porte le chef sanglant de Jean Baptiste.

(Théodore de Banville  )

M'est  tout  de  suite venu  à  l'esprit   l'image  dansante  d'une  figure  de   Botticelli:

Judith  de  Botticelli


Mais  bien  sûr , il  s'agit  de  Judith et  la  tête  est  celle  d'Hollopherne , le  tableau  de  Paul Delaroche  est  beaucoup  plus  vraisemblable  . Pourtant ,  si  voluptueuse,  elle  me semble  trop  sévère pour   le  poète.

C'est  vers  les   symbolistes   qu'il  faut  se  tourner  et   Vers  Gustave  Moreau  en particulier  qui  l'a peinte  dans  de  nombreuses  scènes  :


G Moreau Salomé 1

L'apparition   détail


Nous  sommes  en  fait  en  présence le  plus  souvent  de Salomé   , fille  d'Hérodias .


Le  mythe  de Salomé  et Hériodias   a   souvent  inspiré  les  arts  et  les  lettres , surtout   à partir  du   XIXème s .Pourtant  son  signalement  dans la  Bible  se  limite  à   deux  ou trois  lignes :

.....Elle  a  épousé  en  secondes   noces , Hérode Antipas le  frère  de  son mari Hérode   Boethos avant  la  mort  de  celui-ci   , et dont   elle  avait  une fille   Salomé. 

Le  mythe  poursuit : Outragé  par   les  dénonciations publiques  de  Jean  Baptiste   , le couple   royal  le  fait  emprisonner  .   Hérodias  , particulièrement  incriminée , veut   obtenir  la  tête  de  Jean  Baptiste  et  l'obtient  en  se  servant  des  charmes    de  sa  fille  Salomé  convoitée par   Antipas  .  


L'histoire  est  le  sujet  d'un  des  trois contes  de Flaubert  : (la  légende de Saint  Julien  l'hospitalier  , Un  Coeur simple et  Hérodias)

[...]On avait déplié le vélarium, et apporté vivement de larges coussins auprès d'eux. Hérodias s'y affaissa, et pleurait, en tournant le dos. Puis, elle se passa la main sur les paupières, dit qu'elle n'y voulait plus songer, qu'elle se trouvait heureuse ; et elle lui rappela leurs causeries là-bas, dans l'atrium, les  aux étuves, leurs promenades le long de la voie Sacrée, et les soirs, dans les grandes villas, au murmure des jets d'eau, sous des arcs de fleurs, devant la campagne romaine. Elle le regardait comme autrefois, en se frôlant contre sa poitrine, avec des gestes câlins. - Il la repoussa. L'amour qu'elle tâchait de ranimer était si loin, maintenant ! Et tous ses malheurs en découlaient ; car, depuis douze ans bientôt, la guerre continuait. Elle avait vieilli le Tétrarque. Ses épaules se voûtaient dans une toge sombre, à bordure violette ; ses cheveux blancs se mêlaient à sa barbe, et le soleil, qui traversait le voile baignait de lumière son front chagrin. Celui d'Hérodias également avait des plis ; et l'un en face de l'autre, ils se considéraient d'une manière farouche [...]

Mallarmé    en  fait  l'argument  de  son poème  tragique  : 

Hérodiade

Ouverture ancienne d'Hérodiade

La Nourrice

(Incantation)

Abolie, et son aile affreuse dans les larmes
Du bassin, aboli, qui mire les alarmes,
Des ors nus fustigeant l'espace cramoisi,
Une Aurore a, plumage héraldique, choisi
Notre tour cinéraire et sacrificatrice,
Lourde tombe qu'a fuie un bel oiseau, caprice
Solitaire d'aurore au vain plumage noir...
Ah ! des pays déchus et tristes le manoir !
Pas de clapotement ! L'eau morne se résigne,
Que ne visite plus la plume ni le cygne
Inoubliable : l'eau reflète l'abandon
De l'automne éteignant en elle son brandon
Du cygne quand parmi le pâle mausolée
Ou la plume plongea la tête, désolée
Par le diamant pur de quelque étoile, mais
Antérieure, qui ne scintilla jamais.
Crime ! bûcher ! aurore ancienne ! supplice !
Pourpre d'un ciel ! Étang de la pourpre complice !
Et sur les incarnats, grand ouvert, ce vitrail... 
[... ]
J'aime l'horreur d'être vierge et je veux
Vivre parmi l'effroi que me font mes cheveux
Pour, le soir, retirée en ma couche , reptile
Inviolé sentir en ma chair inutile
Le froid scintillement de ta pâle clarté
Toi qui te meurs, toi qui brûle de chasteté,
Nuit blanche de glaçons et de neige cruelle .

[....]

Aubrey   Beardsley (1872-1898) Illustration  pour  "Salomé  d' Oscar Wilde

Le  mythe  aurait   atteint  sa  célébrité   avec   la  pièce  d' Oscar  Wilde  ,  écrite  en  français  par  le  poète  britannique  à cause de      la  censure.http://morne.free.fr/celluledessites/Mossa/Mossa23.htm


La  complexité  du  mythe  a fourni  également un référent  appréciable    à  la  psychanalyse  .




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire