Au
xiie
siècle, le clerc Benedeit
écrit en octosyllabes Le
Voyage de saint Brendan.
Il
y
retrace la quête chrétienne
de Brendan,
abbé irlandais animé du désir de voir le Paradis de son vivant.
Malgré la portée
métaphysique du propos, celui-ci n’est pas porté par le latin —
langue du savoir —
mais par l’anglo-normand,
langue vulgaire de la cour d’Angleterre.
De là, on peut émettre
l’idée que Benedeit écrit en premier lieu pour plaire à ses
lecteurs. C’est ce qu’avancent Ian
Short et Brian Merrilees dans
la préface de leur traduction du poème en français moderne,
lorsqu’ils énoncent que
« le
rythme
narratif [que
Benedeit] impose à son récit en langue vulgaire, et surtout les
éléments dramatiques qu’il se plaît à mettre en valeur, [font
du Voyage de saint
Brendan] une sorte de
roman d’aventure
avant la lettre ».
Le
« rythme narratif » fige la structure générale de
l’œuvre ; si en
effet Benedeit écrit un premier « roman d’aventure »,
c’est que sans mouvement didactique structurant, Le
Voyage de saint Brendan
peut être lu comme une œuvre profane. Les
« éléments dramatiques » sont quant
à eux les actions et
rencontres effectuées par le protagoniste ;
dans le cas précis du
Voyage de saint Brendan,
on peut parler de multiplicité des rencontres, et pour reprendre
l’insistance
des traducteurs, de plaisir véritable de Benedeit à les dépeindre.
En
nous demandant en quoi la
multiplicité des rencontres
crée le
récit d’aventure, nous élaborerons un plan en trois parties,
chacune s’appuyant sur un moment précis du Voyage
de saint Brendan. Nous
traiterons en premier lieu de la quête dans le récit d’aventure
et du héros qui y est lié, le prisme par lequel peuvent s’effectuer
les rencontres ; cette partie s’appuiera principalement sur
l’épisode du départ de Brendan. Dans un deuxième temps, nous
évoquerons le problème de la construction personnelle des acteurs
du récit d’aventure ; en nous appuyant sur le passage des
créatures de la mer, nous comprendrons la recherche de cadres
extraordinaires. Enfin, la rencontre de Judas nous inspirera une
troisième partie sur l’aventure arrêtée, tant pour le personnage
que pour le récit.
*
**
Un
récit fait de rencontres n’implique pas l’aventure. Du
latin adventura,
désignant ce qui doit arriver, l’aventure
implique le
hasard. Les rencontres dans le récit d’aventure ne sont donc pas
annoncées et demeurent imprévisibles pour le lecteur. C’est
le cas dans Le Voyage de
saint Brendan qui se
découpe en épisodes très
autonomes, ni annoncés explicitement par des oracles ou assimilés,
ni implicitement amenés par une successions d’événements se
faisant suite.
L’imprévisible est renforcé par la non adéquation des temps de
la fable et de la narration : Le
Voyage de Saint Brendan
couvre plus de sept années de voyage, mais son rythme est d’environ
trois fois 600 vers pour un récit de 1834 vers. Le rythme alterne
les récits de voyages, les instructions et les péripéties, avec
de longs temps consacrés aux éléments dramatiques (les
rencontres), et peu de vers au voyage en lui-même et à des temps de
méditation. C’est ainsi toujours avec surprise que le lecteur se
confronte à une rencontre. L’écueil serait d’avoir un récit
décousu. Mais dans les
récits d’aventure, les
voyages à l’aveugle sont permis par des objectifs précis et
assumés par le protagoniste. Il
s’agit dans Le Voyage
de saint Brendan du
Paradis. Dans le cadre du
roman, il s’agit d’une
terre au-delà de la mer dont l’existence ne fait l’objet d’aucun
doute. Cet objectif à l’esprit dès
le vers 49, si tôt le prologue achevé,
les rencontres qui le
précèdent apparaissent comme des obstacles ou des aides pour y
accéder. Cette impression n’est pas de l’ordre du rationnel ;
il s’agit d’un jeu littéraire pour un lecteur qui ne désire pas
apprendre comment aller
au Paradis, mais savoir ce que Brendan rencontre
en s’y rendant.
L’enjeu étant l’aventure en elle-même, les péripéties quelles
qu’elles soient « font sens ».
Le
récit d’aventure a pour protagoniste une figure de héros. Le
héros du récit d’aventure est un prisme au travers duquel sont
perçus les éléments du récit,
dont il est la mesure. Les situations du roman d’aventure sont à
juger selon la morale du héros, ce qui prend
tout son sens dans un récit
chrétien. Brendan est une figure de saint, héros
choisi par Dieu ; d’une part, les situations qu’il rencontre
sont pensées selon sa morale chrétienne. D’autre part, Dieu ayant
choisi Brendan, il est convenu qu’aucune situation n’est à même
d’en triompher, quelle qu’elle soit. Avançons
que le Paradis comme mission définit Brendan comme un saint
canonique. Non seulement
voir le Paradis de son vivant est une quête impossible pour nous
tous, et que cela soit possible pour Brendan relève du miracle de
premier ordre. Mais
encore cela passe-t-il
par un syllogisme :
avoir le Paradis pour objet de désir est le plus sacré des désirs,
et fait de Brendan le plus saint des héros. La légitimité de saint
est assurée par l’auteur (v.16 :
« Itel
servant blasmer n’esteot »)
mais aussi par un personnage de mentor : Barint, dont
la qualité de la vie fait la qualité du jugement
(v.76 : « Murs
out bons e sainte vite »).
Dans le cadre du christianisme, religion de l’« opinion
juste » (l’orthodoxie,
principe de la foi, du latin fides,
une confiance aveugle), le syllogisme a une binarité qui sied bien à
la maxime. Dans le roman d’aventure, cette binarité permet de
définir simplement des personnages simples, ce qui laisse à
l’auteur le luxe de se consacrer à d’autres éléments de récit.
La héros est la mesure des situations qu’il rencontre, et il le
sait. Du moment où Brendan est confronté à une situation, il sait
d’où elle vient (de Dieu ou de Satan) et comment agir avec elle.
Fatalement, il connaît aussi le destin qui lui est lié (dénouement
heureux ou malheureux de la situation). On peut dire que le héros du
roman d’aventure a une certaine omniscience de ce qu’il voit :
du moment où il pose son regard sur une chose, celle-ci ne revêt
plus de mystères. On doit insister sur le fait que cette capacité
n’est pas partagée avec les autres personnages du récit, y
compris les adjuvants qui amènent des savoirs. En effet, ceux-ci ne
connaissent que l’élément unique de l’intrigue les concernant.
Le héros a le monopole sur l’intelligence spontanée de la
situation. Ainsi, lorsque les trois moines surnuméraires rejoignent
les voyageurs, Brendan peut prévoir la damnation de deux et le salut
du troisième. Si d’autres personnages, comme les anges neutres,
peuvent prévoir l’organisation générale du voyage ou d’autres
choses futures (v.547 – 548 : « Arere sunt uncore sis
[Ainz que vengez en paraïs »), Brendan est ainsi le seul
personnage à délivrer de véritables oracles à court termes,
précis et liés à la situation présente. Ces oracles de Brendan
reviennent dans le roman à chaque retour aux moines surnuméraires,
qui sont dans la globalité du texte des rappels de l’enjeu du
Paradis. Ils sont aux vers 339 – 340 : « Prïez pur
lui ; Vus le verrez murrir en cui » et au vers 1500 :
« Deus en ad fait ço que li plout ». Au vers 1198,
Brendan est « le seul » à voir l’immolation du
troisième moine. Si comme nous l’avons vu plus tôt, Brendan ne
peut échouer, son voyage est moral et certains peuvent s’égarer.
Ces damnés vont en Enfer, ce sont les moines surnuméraires, des
Brendans en échec puisqu’ils ignoreront (même dans leur mort) la
vérité du Paradis. Ils rappellent l’enjeu du roman.
*
**
Les
éléments dramatiques du Voyage
de saint Brendan sont
principalement répartis en deux catégories, les voyages et les
rencontres, correspondant aux trois merveilleux médiévaux définis
par Jacques Legoff : le
miracolosus (de Dieu), le
magicus (du Diable) et le
mirabilis
(non aligné). Ce
sont des éloges de la grandeur de la création, mis
à part le magicus
qui est un blâme de sa
déformation. Dieu crée le
monde en six jours, et le voyage permet de rendre compte de l’étendue
de son œuvre. L’aventure mène donc à des lieux qui
impressionnent par leur majesté et leur originalité. De nouveau,
cela se fait relativement au héros, la mesure des rencontres. Le
peuple irlandais, peuple de marin, connaît les mers noires de
l’Atlantique froid. Pour prendre un exemple concret, la procession
des monstres se fait sous une eau cristalline (v.1041 :
« Quar tant cler’ est chascun’ unde »),
et cette seule vue d’une eau parfaitement claire et une merveille.
Il y a par ailleurs la magie de la procession des bêtes, cette magie
combinant la taille et le nombre des bêtes et de leur procession. On
reconnaît un passage d’émerveillement à l’absence de
précisions dans les
descriptions, celles-ci
trahissant les moments plus symboliques. Pensons
notamment au moment du « grant piler » pour lequel sont
énumérées six matériaux des vers 1065 à 1085, chacun ayant son
sens dans la Bible. Le passage de la procession des monstres est donc
une rencontre plus gratuite, pour le seul éloge de Dieu.
La rencontre avec les monstres est aussi une mise à l’épreuve
des voyageurs. Le héros a souvent une suite d’un ou plusieurs
camarades. Il s’agit de personnages secondaires qui ne fondent pas
le récit et peuvent donc en disparaître. Ces personnages ont
diverses fonctions dramatiques :
–
faire valoir le héros ;
–
assister le héros (valeur de consilium) ;
– perturber le héros (antagonistes ou membres faibles). Ces
valeurs se mélangent dans le récit d’aventure et se retrouvent
dans le passage étudié : en conseillant le héros en lui
intimant de chanter moins fort, les moines perturbent son éloge de
Dieu ; Brendan demeurant impassible s’en trouve grandi
d’autant. Admettons qu’en tant que saint, Brendan a la qualité
du merveilleux qu’il rencontre, ce qui n’est pas le cas de ses
moines qui ne sont que de simples voyageurs pour lesquels on peut
parler d’une certaine vanité. En effet, Dieu aime la modestie des
gens casaniers, offre terre promise aux peuples choisis
(originellement, les Juifs) ; Dieu regarde avec plus de dureté
les errances et les vagabondages, souvent associés aux errements des
âmes sans foi. Dieu demande ainsi davantage de foi aux voyageurs
qu’aux vies plus réglées. Prenant peur lorsqu’ils aperçoivent
la procession des bêtes sous-marines, les moines sont prêts à
renoncer à la messe ; devant la majesté de la procession,
c’est d’une part la vanité de leur propre passage sur Terre qui
est mise en avant, et d’autre part la vanité de leur foi comparée
aux bêtes, dont la seule existence témoigne de la grandeur de la
création. Le cadre de l’aventure est donc un éloge systématique
de Dieu via sa création, et une mise en avant de la vanité des
voyageurs.
La péripétie est un épisode de mise en situation du héro.
Celui-ci rencontre la péripétie dont l’enjeu est tant la
construction personnelle du héro que l’avancée de l’intrigue.
L’enjeu revêt parfois une portée didactique. Une « fausse
péripétie » a un enjeu dérisoire. C’est une aventure dont
le héros ne peut que triompher. De manière générale, elle affirme
un personnage de héros fait. C’est ici la vertu de la procession
majestueuse pour Brendan. Mais pour les moines, les lieux de
l’aventure sont les cadres rêvés de la construction personnelle.
Imprégnés de la majesté du lieu, ils s’en trouvent grandis et un
peu plus dignes d’obtenir le Paradis. Nous l’avons dit en
première partie, le récit d’aventure joue sur le hasard des
situations imprévisibles. Il est le genre rêvé de la
retranscription de l’impénétrabilité des voies du Seigneur. En
concordance avec le cadre narratif, les moines apprennent à ne plus
appréhender la surprise des rencontres et à conserver une foi égale
face à elles, malgré leurs voyages. Car les enseignements divins
sont à prendre comme des savoirs, vrais en tout temps et en tout
lieu, y compris en pleine mer dessus la procession des bêtes
archaïques. Ainsi chantent-il la messe au vers 1056 : « Clamez
culpe ! »
*
**
Dans les parties précédentes, nous avons relevé en quoi une forme
proche de ce qui deviendrait plus tard le récit d’aventure a
permis à Benedeit de rédiger au mieux son hagiographie. Dans cette
dernière partie, nous nous attardons sur la rencontre de Judas,
passage en rupture totale avec le roman d’aventure comme on peut
l’imaginer. Il s’agit en effet d’un moment d’arrêt du voyage
et des rencontres. Des vers 1211 à 1486, la rencontre de Judas est
le passage le plus long du récit. Judas y raconte son passé mortel
et sa vie aux deux Enfers. On peut penser que cette insistance se
justifie par un tableau véritable de l’échec de l’aventure.
Judas est par essence l’antithèse de Brendan. Non seulement il
échoue aux portes du Paradis (les îles de l’Enfer bordent celles
du Paradis), mais encore, et cela le distingue des moines
surnuméraires, a-t-il connu la présence de Dieu à ses côtés,
ayant été apôtre de Jésus. Il a donc acquis le savoir du Paradis
et l’a perdu d’autant plus amèrement. Dans le roman, pour
marquer cet échec, Judas est condamné à un voyage fou. Soient deux
cas de figure raisonnés : la vie réglée (sans voyages) et le
voyage vers une destination (l’épreuve soumise aux fidèles).
Entre eux deux est une absurdité, un voyage qui tournerait en rond.
C’est le destin de Judas pris entre deux Enfers, l’un ouranien,
l’autre chthonien (v.1339 : « L’uns est en munt e
l’altre en val »). On peut parler ici d’anti-aventure :
Judas n’a plus de liberté d’agir et de se confronter aux
situations, celles-ci constamment répétées au cours de ses
supplices.
Rien n’est vain dans l’aventure, chaque action a ses
conséquences. Cela permet au récit d’avancer tout en étant le
terreau propice à l’enseignement moral. Ainsi la bonne action
est-elle systématiquement récompensée par l’acquisition d’un
item ou d’un savoir utile. Par exemple, après avoir su respecter
les secrets divins du « grant piler », Brendan peut en
repartir au vers 1093 avec un « chaliz mult festival »,
objet de grande valeur. Judas n’échappe pas à la règle comme
l’introduisent les items de soulagement : d’une part une
étoffe protégeant son visage, d’autre part le pilier qui
l’éloigne de la mer (v.1225 – 1226 : « D’un drap
liéd sun vis aveit, [A un piler si se teneit »). Ici, l’arrêt
de l’aventure est mis en avant par l’impossibilité pour Judas
d’acquérir de nouveaux items. L’amertume de la situation est
renforcée par la dualité des objets, mise vis à vis de l’immensité
des supplices. Par ailleurs, si les supplices revêtent diverses
facettes, un objet de soulagement n’a qu’une fonction et demeure
donc plus avares en dons qu’un objet de torture équivalent. D’un
point de vue dramatique, Judas est nul, plus à même d’effectuer
la moindre rencontre pour améliorer sa situation et se racheter. Il
est de nouveau une anti-aventure.
Il
faut maintenant établir si
le passage de la rencontre de Judas est véritablement une
anti-aventure. Il apparaît plutôt que cette rencontre finit
d’asseoir Brendan comme saint digne de l’aventure dont il est le
héros. Au même titre que la découverte du Paradis, la mission la
mission de Brendan connaît dans l’écoute de Judas une grande et
chrétienne réussite. Pour
sa traduction de l’Énéide,
Paul Veyne distingue le
« héros à exploits », dont la construction personnelle
fonde le récit, du « héros à mission », qui va plutôt
influencer le monde qui l’entoure pour l’accomplissement d’un
objectif défini. S’il n’y a pas de barrière hermétique entre
ces personnages, le héros à exploits évolue dans la perspective
d’exploits toujours plus grands, tandis que le héros à mission a
tendance à demeurer fidèle à lui-même et à faire évoluer le
monde pour le rendre meilleur. Ainsi fait Brendan s’arrêtant pour
Judas pour lequel il pleure. On doit dire que l’aventure est une
rencontre réciproque, car Judas rencontre Brendan aussi bien que
Brendan le rencontre. Judas peut donc profiter du répit offert par
le saint (v.1469 – 1470 :
« Laissez l’ici [Desque al matin que seit lunsdi »).
Le monde en est
un peu meilleur, car Dieu permet
de laisser s’exprimer les sentiments d’humanité de Brendan. Ses
larmes coulent pour les égarés et les damnés, comme plus
tôt pour les moines
surnuméraires (v.333 :
« Forment plurant »).
Grâce à la rencontre de
Judas, Brendan est davantage que le prisme chrétien par lequel sont
perçues les rencontres : il est acteur de la foi chrétienne.
*
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Le
Voyage de saint Brendan
use de nombreux ressorts dramatiques dignes du roman d’aventure
moderne. Son héros se définit dans une quête impossible, voir
le Paradis de son vivant. Les lieux de l’aventure sont des cadres
majestueux. Il y a enfin l’anti-héros qui a échoué à
l’aventure. Au-delà de cela, Le
Voyage de saint Brendan
est rythmé par les rencontres qui l’ancrent un peu plus dans la
façon moderne d’écrire l’aventure : la figure du héros
sait d’emblée comment traiter avec ces rencontres, ses camarades
sont des faire-valoir de sa personne, et les anti-héros ont leurs
mauvaises actions pardonnées par la
conduite du saint.
Mais ne nous y trompons pas : la
binarité qui rapproche nos
récits d’aventure modernes de celui de Benedeit est
pour le clerc
un manichéisme chrétien. La binarité du héros et des anti-héros,
du saint qui a la foi et de ses camarades qui doutent, s’ancre ici
dans une morale chrétienne
omniprésente et dans un constant éloge de Dieu et de sa création.
Dans la sainte quête du Paradis qui définit la sainteté de
Brendan, mais aussi dans la grandeur même des lieux et dans l’action
du pardon de Brendan pour les damnés, il y a la chrétienté. Sans
elle, Brendan n’est en rien un héros et sa quête perd son sens.
Les outils du récit d’aventure sont donc mis au service d’un
éloge de la religion et on ne peut sans scrupules parler de gratuité
des aventures de Brendan ou,
plus cavalièrement les assimiler à un roman
profane.
Anton
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerMerci . je ne connaissais pas du tout . Pourrais-tu nous mettre quelques vers de la traduction en français moderne.
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