Un
film de Safy Nebbou,
librement
adapté du roman de Sylvain Tesson
Musique
d’Ibrahim Maalouf
Je
suis sortie de la salle toute éblouie par la lumières de ces
paysages sibériens. Un peu plus tard je me suis dit que le film
manquait peut être d’un peu de consistance.
L’intrigue
est maigre : une rencontre improbable dans des lieux
improbables, un rêve de retour aux sources pour l’un, une errance
expiatrice pour l’autre, une amitié solide qui se noue entre deux
hommes si différents, deux solitudes qui se croisent, le thème
n’est pas original.
La
nature sauvage de la Sibérie avec les splendeurs d’un lac Baïkal
filmé au fil des saisons et des heures serait-elle le seul mérite
du film à provoquer l’enchantement ?
C’est
possible mais cette débâcle interminable évoquant un tableau de
Friedrich bien connu, la puissance des sautes d’humeur des éléments
sous des latitudes que bien peu d’entre nous auront affrontées
justifie déjà notre enthousiasme. C’est une succession d’images
à couper le souffle, la suggestion efficace de sensations fortes au
service de l’imaginaire du froid, de la glace, de la neige, c’est
le miroir étincelant et infini du lac qui vient à se briser,
exploser à l’arrivée du printemps dans le grondement titanesque
remontant de ses profondeurs insondables.
Mais
il y a aussi ces deux hommes qui malgré la maigreur du scenario
grandissent, s’enflent à la réflexion, au fur et à mesure que
notre curiosité les rattrape.
Nous
voulons crédible leur belle amitié où l’essentiel des échanges
limités par la barrière de la langue se réduit le plus souvent aux
gestes et aux regards. Le plus jeune ne parle que quelques mots de
russe. Il nous apparaît un peu naïf, fragile dans ce contexte d’une
nature si sauvage. Mais c’est cette innocence qui va les attirer
l’un vers l’autre en réveillant le sentiment protecteur chez le
plus vieux, fugitif, banni par les siens, condamné à errer aux
portes de l’Enfer pour une faute commise dans un de ces moments
d’égarement qui décident de toute une vie.
Dans
ces longues années passées dans l’isolement de ces lieux hostiles
il a apprivoisé le désert glacé, il connaît ses pièges, il peut
transmettre son savoir au jeune candidat à l’ermitage mais il
sait que là n’est pas la place de l’Homme, que cette beauté
glace le cœur sans l’apaiser et dans un sublime sacrifice que lui
offre le hasard de cette rencontre, il va renvoyer son compagnon vers
le monde des hommes.
L’aventure
se déroule sous nos yeux, toujours couverte par le spectacle de la
nature auquel le réalisateur réserve constamment le premier rôle.
Cette relation qui n’est absolument pas construite dans un registre
minimaliste donne à l’ensemble un étrange sentiment de pudeur,
une pudeur si souvent absente des productions cinématographiques et
qui pourrait bien vouloir rappeler la portée dérisoire des actions
humaines.
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