samedi 26 mars 2016

L'Edda de Snorri Sturluson

Gylfaginning

(La mystification de  Gylfi) 

Ce récit  constitue la  première  partie  de  l' Edda (1)

 Snorri  situe  l'action lors de  la visite d'un roi légendaire  de   Suède, Gilfy,  aux dieux, dans  leur  demeure d'Asgard. Ayant été abusé par une déesse qui  lui avait  enlevé  un  morceau de son  pays, Gilfy  s'interrogeait sur la nature   des  pouvoirs  des  dieux et sur leur  origine. Il décide  de se rendre auprès d'eux, dans la résidence  des  Ases. Il se présente comme un voyageur égaré portant le nom de  Gangleri 
Là, les  Ases  lui promettent  de  répondre  à  ses  questions  à  la condition  de  ne le  libérer que  s'il se  montre   plus savant  qu'eux . Le récit  est construit sous  la forme d'un défi  oratoire.(ce qui  nous rappelle  les jeux d'énigmes ?)
Les interlocuteurs de Gangleri :Ils sont trois, assis sur trois trône superposés; le très haut (sur le trône inférieur) est désigné comme étant le roi, puis vient l'égal du Très haut et enfin le Tiers (au sens de  troisième). Ils interviennent   tour  à  tour  pour  compléter  les  réponses données  à   Gangleri.
Au delà  de la forme narrative, on peut probablement    y lire  les  traces du  recouvrement  par le mythe chrétien.
 
Les premières questions de  Gilfy  portent sur l'origine des temps, sur la création de l'univers , sur l'apparition  des races divines et humaines. Après la description  de la cosmogonie générale  , vient une description des principaux sites célestes autour de  l'arbre  du monde  , le frêne  Yggdrasil, puis une longue présentation  des dieux et  des  déesses avec leurs attributs respectifs. Snorri insère dans  ce  catalogue, certains  épisodes marquant de   la  mythologie  norroise.(enchainement  du  loup  Fenrir grâce au sacrifice de Tyr,  conquête de la belle Gerd par  Skirnir pour son  maître  Freyr etc.....)
Une des représentations du  frêne   Ygrassil
Gylfy  s'instruit   ensuite sur   la Valhalle et  les  guerriers qui s'y trouvent rassemblés  dans l'attente du combat final, sur Sleipnir, le cheval d'Odin, sur la construction de Skidbladnir le bateau de   Freyr. Enfin  les  dieux consentent  à lui raconter l’expédition de  Thor chez  le géant Utgarda-Loki, l’échec (annonciateur  d'une  plus cruelle défaite) qu'y subit le dieu de la force et la revanche  qu'il crut prendre peu  après sur  le   serpent de Mitgard. Le récit de la mort de de  Baldr, suivi de la punition infligée  à  Loki, annonce  le  Crépuscule des dieux dont la grandiose description constitue le  point  d'orgue de la  Gylfaginning. 
Les derniers chapitres évoquent  brièvement le nouveau cycle, lequel  sera dominé  par  les  dieux  jeunes et  bons que l'incendie  universel  aura  épargnés. Après cet  exposé  par  les  Ases,  Gylfy se retrouve  seul  sur une vaste plaine. Les dieux et leur  palais ont disparu. La mystification dont  le  roi suédois  avait  été  l'objet  a pris fin.
Par  la réunion  des différents  mythes dans  la construction  de   son  récit  ,  Snorri  a  établi  une  cohérence  selon  un  plan chronologique  des  plus rigoureux, afin  de donner  une remarquable  unité  à  l'ensemble.
Il a  aussi   tenu  à  citer  ses sources en  puisant  généreusement  dans le   fonds des  poèmes de  l'époque  païenne,La Völuspa notamment, époque pour laquelle il révèle  une profonde  admiration . Quelle  est néanmoins  la part  des  influences  judéo-chrétiennes sur son  récit ?  Depuis  plus d'un  siècle  le  débat  est ouvert  entre philologues et  historiens  des  religions. 

Source  :  préface  de  l'Edda  de Snorri  Sturluson  , récits de  mythologies  nordiques  traduits du vieil islandais introduit  et  annoté  par   François-Xavier  Dillermann (Collection A  l'aube des  peuples  chez  Gallimard)
(1) Le recueil  contient également :une poétique  :  les Skaldskaparmal et un poème et son commentaire : le Hattatal 

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