« Que serait un monde sans la musique ? », disait un certain… « Que serait un monde sans images, sans couleurs, sans les mots ? Que serait l’homme sans émotions ? Son cœur est un luth suspendu ; sitôt qu’on le touche, il résonne. » – de Béranger
lundi 31 décembre 2012
lundi 24 décembre 2012
¨Prométhée enchaîné , Eschyle
[....]
LE CHOEUR.
Ô Prométhée! je
déplore ton lamentable destin. Un ruisseau de larmes coule de mes yeux
attendris, humide rosée qui mouille mon visage. L'épouvantable supplice décrété
par Jupiter, c'est pour montrer qu'il n'a de lois que son caprice,
c'est pour faire sentir son orgueilleux empire aux dieux qui furent puissants
autrefois.
Déjà toute la contrée
d'alentour a retenti d'un cri plaintif. Ils pleurent tes nobles et antiques
honneurs, ils pleurent la gloire de tes frères, ils souffrent de les
lamentables douleurs, tous ces mortels qui habitent le sol sacré de l'Asie; et
les vierges de Colchide, intrépides soldats; et la horde scythe, qui occupe les
bords du marais Méotide, aux extrêmes confins du monde ; et cette fleur de
l'Arabie , Ces héros dont le Caucase abrite les remparts, bataillons
frémissants, hérissés de lances.
Le seul Dieu que j'eusse
vu jadis chargé des chaînes d'airain de la douleur pesante, c'était cet
infatigable Titan, Atlas, dont le dos supporte un immense et écrasant fardeau,
le pôle de la terre et du ciel. La vague des mers tombe sur la vague et mugit;
l'abîme pousse un gémissement ; l'enfer ténébreux frémit dans les profondeurs
de la terre ; les sources des fleuves à l'onde sacrée exhalent un douloureux
murmure : tout, dans le monde, pleure sur les tourments d'Atlas .
PROMÉTHÉE.
Croyez-moi, ce n'est
ni l'orgueil ni un obstiné dédain qui cause mon silence; mais j'ai le cœur
rongé d'un cuisant chagrin, à la vue des outrages où je suis en butte. Et
pourtant, ces nouveaux dieux, à qui doivent-ils leurs honneurs? à qui, sinon à
moi? Mais n'en parlons point : ce serait vous dire ce que déjà vous savez.
Écoutez plutôt quel était le triste destin des mortels, et comment ces êtres,
stupides jadis, acquirent, grâce à moi, raison et sagesse. Ce n'est pas que
j'aie à faire aucun reproche aux hommes : je parle pour rappeler seulement
quels furent mes dons et ma bonté. — Autrefois ils voyaient, mais ils voyaient
mal ; ils entendaient, mais ils ne comprenaient pas. Semblables aux fantômes
des songes, ils vivaient, depuis des siècles, confondant pêle- mêle toutes
choses. Ils ne savaient se servir ni des briques ni du bois, pour construire
des maisons éclairées par le jour. Comme la frêle fourmi ils habitaient sous
terre, dans des cavernes profondes où ne pénétrait pas le soleil. Nul signe
certain qui distinguât à leurs yeux l'hiver, soit du printemps plein de fleurs,
soit de l'été aux moissons abondantes. Ils agissaient, mais toujours au hasard,
sans réflexion. Enfin je leur enseignai l'art d'observer et l'instant précis du
lever des astres et l'instant précis de leur coucher. C'est moi
qui inventai pour eux la science des nombres, la plus noble des sciences; pour
eux je formai l'assemblage des lettres, je. fixai la mémoire qui conserve tous
les souvenirs, la mère, l'instrument des Muses. C'est moi aussi qui, le
premier, accouplai sous le joug les animaux auparavant sauvages, désormais
domptés et obéissants; et le corps des mortels fut soulagé du poids des travaux
les plus rudes. C'est moi qui attelai les chevaux, dociles au frein, à des
chars splendides, orgueil de l'opulence. Et ces autres chars aux ailes de lin,
qui emportent le matelot sur les ondes, quel autre que moi les a inventés?
Infortuné! mon industrie a tout créé pour les mortels, et je ne trouve, pour
moi-même, aucun moyen de me délivrer de mon tourment!
LE CHOEUR.
Ton supplice est bien
cruel; mais tu dois ton malheur à ta folie imprudente. Aussi, comme un mauvais
médecin, tu perds courage, dès que tu souffres toi-même; tu ne sais imaginer
nul remède pour te guérir
PROMÉTHÉE.
Apprends le reste, et
tu vas admirer bien plus encore d'autres arts, d'autres inventions, dont l'idée
n'appartient qu'à moi. Voici mon bienfait le plus grand. Jadis, un mortel
tombait-il malade, nul secours à espérer : point d'aliment salutaire, ni de
topique, ni de breuvage, aucun remède enfin; et ils périssaient. Je leur
enseignai à composer de bénins mélanges, préservatifs aujourd'hui pour eux de
toutes les maladies. Et cette autre science aux aspects si variés, la
divination, c'est moi encore qui l'ai fondée. C'est moi qui le premier
distinguai, parmi les songes, les visions qui doivent s'accomplir; c'est moi
qui expliquai les pronostics dont rien ne donnait aux hommes l'intelligence.
Rencontres fortuites durant le voyage, vol des oiseaux de proie, j'ai tout
défini avec clarté; j'ai dit quels oiseaux étaient ou d'un favorable ou d'un
sinistre augure ; j'ai dit aussi les mœurs de leurs races diverses, leurs
mutuelles haines, leurs amitiés, leurs réunions; enfin j'ai montré la sorte de
poli, la couleur qui plaisait aux dieux dans les entrailles des victimes, et
les nuances de beauté du fiel et du foie. J'ai fait brûler sur le feu, dans une
enveloppe de graisse, les cuisses, les larges reins de la victime , guidant
ainsi les mortels sur la route d'un art ténébreux, et rendant sensibles à leurs
regards les signes de la flamme, autrefois inexpliqués. Tels furent mes
bienfaits ; et je ne parle pas de ces trésors que la terre dérobait aux hommes
dans ses profondeurs: l'airain, le fer, l'argent, l'or; qui
pourrait se vanter de les avoir découverts avant moi? personne, sans nul doute,
à moins d'une folle jactance. En un seul mot je puis tout t'apprendre :
l'inventeur de tous les arts dont jouissent les mortels, c'est Prométhée.
LE CHOEUR.
Ne va pas, toi qui as
trop fait pour les mortels, ne va pas, dans ce malheur, t'abstenir de rien
faire pour toi-même; car bientôt, j'en ai la douce espérance, tu serais libre
de ces chaînes, tu deviendrais l'égal de Jupiter.
PROMÉTHÉE.
Non! tel n'est point
l'avenir fixé par la Parque inévitable. Je vivrai courbé sous des maux, sous
des tortures sans nombre : ce n'est qu'après le supplice que je sortirai des
fers. L'art est une bien faible puissance quand il lutte contre la nécessité.
LE CHOEUR.
Mais cette nécessité,
qui donc règle son cours?
PROMÉTHÉE.
C'est la triple
Parque, ce sont les Furies à l'infaillible mémoire.
[...]
De l’âge d’or à l’âge du fer … (Hesiode)
De l’âge d’or à l’âge du fer
Le Mythe des races … (Hesiode)
Les travaux et les jours
(Remerciements toujours au site de Ph. Remacle pour les traductions de ces textes immortels !!)
L'Age d'or
(j'ai reproduit également les notes qui accompagnaient cet extrait)
Quand les hommes et les dieux
furent nés ensemble, d’abord les célestes habitants de l'Olympe créèrent l'âge
d'or (8) pour les mortels doués de la parole. Sous le règne de Cronos qui
commandait dans le ciel, les mortels vivaient comme les dieux, ils étaient
libres d'inquiétudes, de travaux et de souffrances ; la cruelle vieillesse ne
les affligeait point ; leurs pieds et leurs mains conservaient sans cesse la
même vigueur, et loin de tous les maux, ils se réjouissaient au milieu des
festins, riches en fruits délicieux et chers aux bienheureux Immortels. Ils
mouraient comme enchaînés par un doux sommeil. Tous les biens naissaient autour
d'eux. La terre fertile produisait d'elle-même d'abondants trésors ; libres et
paisibles, ils partageaient leurs richesses avec une foule de vertueux amis.
Quand la terre eut renfermé dans son sein cette première génération, ces
hommes, appelés les génies terrestres, devinrent les protecteurs et les
gardiens tutélaires des mortels : ils observent leurs bonnes ou leurs mauvaises
actions, et, enveloppés d'un nuage (9), parcourent toute la terre en répandant
la richesse : telle est la royale prérogative qu'ils ont obtenue.
L'âge d'argent
Ensuite les habitants de
l'Olympe produisirent une seconde race bien inférieure à la première, l'âge
d'argent (10) qui ne ressemblait à l'âge d'or ni pour la force du corps ni pour
l'intelligence. Nourri par les soins de sa mère, l'enfant, toujours inepte,
croissait, durant cent ans, dans la maison natale. Parvenu au terme de la
puberté et de l'adolescence, il ne vivait qu'un petit nombre d'années, accablé
de ces douleurs, triste fruit de sa stupidité, car alors les hommes ne
pouvaient s'abstenir de l'injustice ; ils ne voulaient pas adorer les dieux ni
leur offrir des sacrifices sur leurs pieux autels, comme doivent le faire les
mortels divisés par tribus. Bientôt Zeus, fils de Cronos, les anéantit,
courroucé de ce qu'ils refusaient leurs hommages aux dieux habitans de
l'Olympe. Quand la terre eut dans son sein renfermé leurs dépouilles, on les
nomma les mortels bienheureux ; ces génies terrestres n'occupent que le second
rang, mais le respect accompagne aussi leur mémoire.
L'âge d'airain
Rodin: l'âge d'airain |
Le père des dieux créa une
troisième génération d'hommes doués de la parole, l'âge d'airain, qui ne
ressemblait en rien à l’âge d'argent.
Robustes comme le frêne, ces hommes, violents et terribles, ne se plaisaient qu'aux injures et aux sanglants travaux de Arès ; ils ne se nourrissaient pas des fruits de la terre, et leur coeur impitoyable avait la dureté de l'acier. Leur force était immense, indomptable, et des bras invincibles s'allongeaient de leurs épaules sur leurs membres nerveux. Ils portaient des armes d'airain ; l’airain composait leurs maisons ; ils ne travaillaient que l'airain, car le fer noir n'existait pas encore. Égorgés par leurs propres mains, ils descendirent dans la ténébreuse demeure du froid Hadès sans laisser un nom après eux. Malgré leur force redoutable, la sombre Mort les saisit et ils quittèrent la brillante lumière du soleil.
Robustes comme le frêne, ces hommes, violents et terribles, ne se plaisaient qu'aux injures et aux sanglants travaux de Arès ; ils ne se nourrissaient pas des fruits de la terre, et leur coeur impitoyable avait la dureté de l'acier. Leur force était immense, indomptable, et des bras invincibles s'allongeaient de leurs épaules sur leurs membres nerveux. Ils portaient des armes d'airain ; l’airain composait leurs maisons ; ils ne travaillaient que l'airain, car le fer noir n'existait pas encore. Égorgés par leurs propres mains, ils descendirent dans la ténébreuse demeure du froid Hadès sans laisser un nom après eux. Malgré leur force redoutable, la sombre Mort les saisit et ils quittèrent la brillante lumière du soleil.
L'âge des Héros
Quand la terre eut aussi
renfermé leur dépouille dans son sein, Zeus, fils de Cronos, créa sur cette
terre fertile une quatrième race plus juste et plus vertueuse (11), la céleste
race de ces Héros que l'âge précédent nomma les demi-dieux dans l’immense
univers. La guerre fatale et les combats meurtriers les moissonnèrent tous, les
uns lorsque, devant Thèbes aux sept portes (12), sur la terre Cadméen, ils se
disputèrent les troupeaux d'Oedipe (13) ; les autres lorsque, franchissant sur
leurs navires la vaste étendue de la mer, armés pour Hélène aux beaux cheveux,
ils parvinrent jusqu'à Troie, où la mort les enveloppa de ses ombres. Le
puissant fils de Cronos, leur donnant une nourriture et une demeure différentes
de celles des autres hommes, les plaça aux confins de la terre. Ces Héros
fortunés, exempts de toute inquiétude, habitent les îles des bienheureux (14)
par delà l'océan aux gouffres profonds, et trois fois par an la terre féconde
leur prodigue des fruits brillants et délicieux.
L'âge de fer
Plût aux dieux que je ne
vécusse pas au milieu de la cinquième génération ! Que ne suis-je mort avant !
que ne puis-je naître après ! C'est l'âge de fer (15) qui règne maintenant. Les
hommes ne cesseront ni de travailler et de souffrir pendant le jour ni de se
corrompre pendant la nuit ; les dieux leur enverront de terribles calamités.
Toutefois quelques biens se mêleront à tant de maux. Zeus détruira cette race
d'hommes doués de la parole lorsque presque dès leur naissance leurs cheveux
blanchiront. Le père ne sera plus uni à son fils, ni le fils à son père, ni
l'hôte à son hôte, ni l'ami à son ami ; le frère, comme auparavant, ne sera
plus chéri de son frère ; les enfants mépriseront la vieillesse de leurs
parents. Les cruels ! ils les accableront d'injurieux reproches sans redouter
la vengeance divine. Dans leur coupable brutalité, ils ne rendront pas à leurs
pères les soins que leur enfance aura reçus : l'un ravagera la cité de l'autre
; on ne respectera ni la foi des serments, ni la justice, ni la vertu ; on
honorera de préférence l'homme vicieux et insolent ; l'équité et la pudeur ne
seront plus en usage ; le méchant outragera le mortel vertueux par des discours
pleins d'astuce auxquels il joindra le parjure. L'Envie au visage odieux, ce
monstre qui répand la calomnie et se réjouit du mal, poursuivra sans relâche
les hommes
infortunés. Alors, promptes à fuir la terre immense pour l'Olympe, la Pudeur et
Némésis (16), enveloppant leurs corps gracieux de leurs robes blanches,
s'envoleront vers les célestes tribus et abandonneront les humains ; il ne
restera plus aux mortels que les chagrins dévorants, et leurs maux seront
irrémédiables.
(9) Plusieurs anciens grammairiens ont cru
qu'Hésiode parlait ici des Héros à cause de cet hémistiche «Heéra essaménoi,
» que Virgile a rendu par ces mots «Obscurci aere septi ; » et ils ont fait dériver leur nom
de aeros. Eustathe (Iliade,
ch. 1, v. 3) et le grand étymologiste s'y sont trompés eux-mêmes. Mais Heinsius
remarque avec raison que les Héros et les Génies ne sont pas ici la même chose.
Hésiode, suivant Proclus, divise en quatre classes la hiérarchie céleste et
humaine ; dans la première il place les dieux, dans la seconde les Génies, dans
la troisième les Héros et dans la quatrième les hommes. Ces Génies, agents
intermédiaires entre Zeus et les rois, président à la justice et distribuent la
richesse parmi les mortels. Représentants de la divinité sur la terre, s'ils
restent subordonnés aux dieux, leur pouvoir invisible et protecteur s'élève
au-dessus de la puissance, humaine. Il y a de l'analogie entre ces Génies et
les anges des Hébreux dans la Bible
(10) Hésiode, dans le tableau de l'âge d'argent nous montre la
race humaine déjà dégénérée : les enfants restent pendant cent années, amollis
par une éducation efféminée, auprès de leur mère, et leur intelligence est
lente à se développer ; cet état de mollesse et d'ignorance les porte aux actes
de violence et d'impiété.
Ce nombre de cent années pendant lesquelles se prolonge l'enfance prouve qu'il ne faut pas assigner à chacun de ces âges la durée précise des générations ordinaires qu'Homère borne à trente ans. Quoique Hésiode dise que les enfants, une fois parvenus à l'adolescence, ne vivaient que peu, leur vie entière, n'eût-elle été composée que du temps de l'enfance, était encore plus longue que celle des héros de l'Iliade. Hésiode en effet rapporte une tradition qui se rapproche plus que la tradition homérique du berceau de l'univers. Le mot de génération dans les Travaux et les Jours entraîne donc l'idée d'un espace de temps d'une longueur indéterminée. C'est dans l'Orient que la Grèce a trouvé le modèle des âges du monde.
II y a dans les écrits des Indiens quatre yougas on quatre âges destinés à la durée du monde : la première période (crita ou satya-youga) a duré trois millions deux cent mille ans ; la seconde (treta-youga), deux millions quatre cent mille ans ; la troisième, (dwapara-youga), un million six cent mille ans ; la quatrième (cali-youga) doit durer quatre cent mille ans, dont cinq mille environ sont déjà écoulés. Les hommes vivaient d'abord cent mille ans, puis dix mille ans, ensuite mille ans, maintenant ils ne vivent plus que cent années, ainsi la durée de la vie diminue à mesure que la corruption s'accroît.
Dans le Zend-Avesta, la grande période de douze mille ans, pour la lutte des deux principes, se divise en quatre âges : dans le premier, Ormuds règne seul ; dans le second, Arihman commence à paraître ; dans le troisième, qui est l'âge présent, Arihman combat Ormuds ; dans le quatrième, qui est l'âge futur, le mauvais principe doit l’emporter jusqu'à la fin du monde, où le bon principe dominera pour toujours.
La Grèce, comme on le voit, a réduit l'énormité de ces calculs à des proportions moins gigantesques, mais on trouve encore dans cette partie de ses croyances plus d'exagération que dans les autres, d'où l'on peut conclure que l'empreinte des types orientaux est ici plus frappante.
Ce nombre de cent années pendant lesquelles se prolonge l'enfance prouve qu'il ne faut pas assigner à chacun de ces âges la durée précise des générations ordinaires qu'Homère borne à trente ans. Quoique Hésiode dise que les enfants, une fois parvenus à l'adolescence, ne vivaient que peu, leur vie entière, n'eût-elle été composée que du temps de l'enfance, était encore plus longue que celle des héros de l'Iliade. Hésiode en effet rapporte une tradition qui se rapproche plus que la tradition homérique du berceau de l'univers. Le mot de génération dans les Travaux et les Jours entraîne donc l'idée d'un espace de temps d'une longueur indéterminée. C'est dans l'Orient que la Grèce a trouvé le modèle des âges du monde.
II y a dans les écrits des Indiens quatre yougas on quatre âges destinés à la durée du monde : la première période (crita ou satya-youga) a duré trois millions deux cent mille ans ; la seconde (treta-youga), deux millions quatre cent mille ans ; la troisième, (dwapara-youga), un million six cent mille ans ; la quatrième (cali-youga) doit durer quatre cent mille ans, dont cinq mille environ sont déjà écoulés. Les hommes vivaient d'abord cent mille ans, puis dix mille ans, ensuite mille ans, maintenant ils ne vivent plus que cent années, ainsi la durée de la vie diminue à mesure que la corruption s'accroît.
Dans le Zend-Avesta, la grande période de douze mille ans, pour la lutte des deux principes, se divise en quatre âges : dans le premier, Ormuds règne seul ; dans le second, Arihman commence à paraître ; dans le troisième, qui est l'âge présent, Arihman combat Ormuds ; dans le quatrième, qui est l'âge futur, le mauvais principe doit l’emporter jusqu'à la fin du monde, où le bon principe dominera pour toujours.
La Grèce, comme on le voit, a réduit l'énormité de ces calculs à des proportions moins gigantesques, mais on trouve encore dans cette partie de ses croyances plus d'exagération que dans les autres, d'où l'on peut conclure que l'empreinte des types orientaux est ici plus frappante.
(11) Hésiode dit que l'âge des Héros fut plus juste
et meilleur que l'âge précédent ; mais, comme l'observe Leclerc, combien
celui-ci ne dut-il pas être criminel, puisque celui-là nous montre les forfaits
de la famille d'Oedipe, et les guerres des sept devant Thèbes, et l'enlèvement
d'Hélène et le siège de Troie ! Ce siècle est appelé celui des Héros et des
demi-dieux, parce que les hommes se distinguèrent par leur bravoure, et parce
qu'ayant eu pour auteurs de leurs jours un mortel et une déesse ou bien une
mortelle et un dieu, ils participaient également à la nature divine et à la
nature humaine. (12)
II y avait trois villes de Thèbes dans l'antiquité : la première aux sept
portes, fondée par Cadmus dans la Béotie ; la seconde aux cent portes, en
Égypte, et la troisième, appelée Hypoplacie, en Cilicie ; celte dernière,
suivant Tzetzès, était située auprès d'Atramytium, lieu ainsi appelé
d'Atramytos, frère de Crésus. (13) Étéocle et Polynice se disputent les troupeaux d'Oedipe, car
dans ces temps primitifs les troupeaux composaient la plus grande partie des
richesses royales. Homère nous montre souvent les fils de rois gardant des
troupeaux et des brebis ; l'enlèvement de ces animaux était ordinairement
l'objet de leurs premières guerres. Cette vie pastorale, à laquelle la muse
bucolique rattache des idées de paix, d'innocence et de bonheur, n'était alors
qu'une cause de brigandages et de rapines. II y a loin des paisibles bergers de
Virgile et de Théocrite à ces hommes violents et farouches qui dans les siècles
héroïques s'arrachaient la vie pour s'enlever leurs troupeaux (14)
L'idée de l'île des bienheureux est évidemment prise dans ce passage
de l'Odyssée (ch. 4 v. 561) :
"Pour toi (c'est Protée qui parle) ton destin n'est point, ô Ménélas ! ô nourrisson de Zeus ! de périr dans Argos féconde en coursiers, ni de connaître le trépas. Mais lesIimmortels t'enverront aux champs Élyséens, aux extrémités de la terre ; c'est là que règne le blond Rhadamanthe et que les humains jouissent d'une vie fortunée. Jamais de neiges, jamais de longs hivers, jamais de pluies : l'Océan envoie sans cesse les douces haleines du Zéphyr pour rafraîchir les hommes."
Strabon (liv. 1, c. i) dit que les îles des Bienheureux furent ainsi appelées parce qu'on les croyait heureuses, à cause du voisinage de ces lieux décrits dans l'Odyssée ; il les place vis-à-vis la Maurusie, vers le couchant, du coté de l'extrémité occidentale de l'Ibérie. D'après Diodore de Sicile (liv. 5, c, 82), le continent opposé à ces îles ayant été ravagé par de longues pluies, les fruits de la terre se corrompirent et la famine amena la peste ; mais les îles, rafraîchies par un air sain et abondantes en fruits, rendirent leurs habitants heureux (macarious). C'est leur fertilité qui leur valut leur nom ; "et quelques-uns, ajoute Diodore, disent qu'elles ont été ainsi nommées des fils de Macarée et d'Ion qui y régnèrent. En un mot ces îles dont je viens de parler se distinguaient des îles voisines par leur bonheur, non seulement dans les anciens temps, mais encore dans notre siècle."
Pindare, Horace, Silius Italicus parlent également du séjour des bienheureux.
Hérodote qui, plus voisin du siècle d'Hésiode que ces auteurs, aurait dit se conformer davantage à sa tradition est cependant celui qui s'en écarte le plus ; il raconte (liv. 3, c, 26) que le territoire de la ville d'Oasis, distante de Thèbes de sept journées de marche, portait un nom qui signifiait l'île des Bienheureux. Après tout, dans un temps où tout ce qu'on rapportait sur l'Afrique occidentale était vague et confus, la renommée avait bien pu placer cette île dans une de ces oasis du désert qui sont réellement des îles de verdure jetées an milieu d'une mer de sables. Si Hésiode a relégué l’île des Bienheureux par-delà l'Océan, c'est que, parlant d'une chose idéale, il a dû choisir la contrée qui, à cause de son éloignement, se prêtait merveilleusement à tout ce que la mythologie avait de singulier et de mystérieux. L’existence et la situation de ce séjour fortuné, où la terre produisait des fruits abondants et délicieux, offrent beaucoup de ressemblance avec le jardin où croissaient les pommes d'or des Hespérides. (15) La peinture de l'âge de fer dans lequel vécut Hésiode démontre que la corruption et la méchanceté avaient fait d'effrayants progrès depuis l'âge des héros. Peut-être l'auteur, par une exagération permise en poésie, en a-t-il rembruni à dessein les couleurs. Quoi qu'il en soit, il doit y avoir de la vérité dans ce tableau, qui atteste un long intervalle entre les deux siècles d'Homère et d'Hésiode. Le poète exprime le regret de n'être pas né avant son siècle ou du moins le voeu de ne naître qu'après, comme si les âges futurs devaient être meilleurs. Ce tourment de la pensée qui, fatiguée du présent, a besoin de se reporter vers le passé ou de se lancer dans l'avenir est commun aux hommes d'une époque de malaise et de transition (16) Hésiode, pour compléter la peinture d'un siècle d'injustice et d'impiété, nous montre la Pudeur et Némésis prêtes à s'envoler de la terre vers le ciel ; la blancheur de leurs vêtements semble indiquer la candeur et la pureté de leur âme. Nous observerons de nouveau qu'Homère n'est pas dans l'usage de personnifier ainsi les idées morales. Ce passage a été imité par Juvénal (sat. 6) :
Credo pudicitiam Saturno rege moratam
In terris visamqne diu.
Paulatim deinde ad superos Astraea recessit
Hac comite atque duae pariter fugere sorores
"Pour toi (c'est Protée qui parle) ton destin n'est point, ô Ménélas ! ô nourrisson de Zeus ! de périr dans Argos féconde en coursiers, ni de connaître le trépas. Mais lesIimmortels t'enverront aux champs Élyséens, aux extrémités de la terre ; c'est là que règne le blond Rhadamanthe et que les humains jouissent d'une vie fortunée. Jamais de neiges, jamais de longs hivers, jamais de pluies : l'Océan envoie sans cesse les douces haleines du Zéphyr pour rafraîchir les hommes."
Strabon (liv. 1, c. i) dit que les îles des Bienheureux furent ainsi appelées parce qu'on les croyait heureuses, à cause du voisinage de ces lieux décrits dans l'Odyssée ; il les place vis-à-vis la Maurusie, vers le couchant, du coté de l'extrémité occidentale de l'Ibérie. D'après Diodore de Sicile (liv. 5, c, 82), le continent opposé à ces îles ayant été ravagé par de longues pluies, les fruits de la terre se corrompirent et la famine amena la peste ; mais les îles, rafraîchies par un air sain et abondantes en fruits, rendirent leurs habitants heureux (macarious). C'est leur fertilité qui leur valut leur nom ; "et quelques-uns, ajoute Diodore, disent qu'elles ont été ainsi nommées des fils de Macarée et d'Ion qui y régnèrent. En un mot ces îles dont je viens de parler se distinguaient des îles voisines par leur bonheur, non seulement dans les anciens temps, mais encore dans notre siècle."
Pindare, Horace, Silius Italicus parlent également du séjour des bienheureux.
Hérodote qui, plus voisin du siècle d'Hésiode que ces auteurs, aurait dit se conformer davantage à sa tradition est cependant celui qui s'en écarte le plus ; il raconte (liv. 3, c, 26) que le territoire de la ville d'Oasis, distante de Thèbes de sept journées de marche, portait un nom qui signifiait l'île des Bienheureux. Après tout, dans un temps où tout ce qu'on rapportait sur l'Afrique occidentale était vague et confus, la renommée avait bien pu placer cette île dans une de ces oasis du désert qui sont réellement des îles de verdure jetées an milieu d'une mer de sables. Si Hésiode a relégué l’île des Bienheureux par-delà l'Océan, c'est que, parlant d'une chose idéale, il a dû choisir la contrée qui, à cause de son éloignement, se prêtait merveilleusement à tout ce que la mythologie avait de singulier et de mystérieux. L’existence et la situation de ce séjour fortuné, où la terre produisait des fruits abondants et délicieux, offrent beaucoup de ressemblance avec le jardin où croissaient les pommes d'or des Hespérides. (15) La peinture de l'âge de fer dans lequel vécut Hésiode démontre que la corruption et la méchanceté avaient fait d'effrayants progrès depuis l'âge des héros. Peut-être l'auteur, par une exagération permise en poésie, en a-t-il rembruni à dessein les couleurs. Quoi qu'il en soit, il doit y avoir de la vérité dans ce tableau, qui atteste un long intervalle entre les deux siècles d'Homère et d'Hésiode. Le poète exprime le regret de n'être pas né avant son siècle ou du moins le voeu de ne naître qu'après, comme si les âges futurs devaient être meilleurs. Ce tourment de la pensée qui, fatiguée du présent, a besoin de se reporter vers le passé ou de se lancer dans l'avenir est commun aux hommes d'une époque de malaise et de transition (16) Hésiode, pour compléter la peinture d'un siècle d'injustice et d'impiété, nous montre la Pudeur et Némésis prêtes à s'envoler de la terre vers le ciel ; la blancheur de leurs vêtements semble indiquer la candeur et la pureté de leur âme. Nous observerons de nouveau qu'Homère n'est pas dans l'usage de personnifier ainsi les idées morales. Ce passage a été imité par Juvénal (sat. 6) :
Credo pudicitiam Saturno rege moratam
In terris visamqne diu.
Paulatim deinde ad superos Astraea recessit
Hac comite atque duae pariter fugere sorores
dimanche 23 décembre 2012
samedi 22 décembre 2012
Prométhée
Prométhée est un cousin de Zeus . Il est le fils d'un Titan Japet , comme Zeus est le fils d'un autre Titan Cronos .Les traditions différent sur le nom de sa mère On la nomme Asia , ou Clymèné également une des océanide (Hésiode ) . ou encore Eurymédon .
Prométhée a plusieurs frères : Le maladroit Epiméthée ( son double et contraire ) Atlas ,et Ménoétios . A son tour Prométhée se maria. Le nom de sa femme varie également selon les auteurs: le plus souvent c'est Célaeno , ou encore Climéné. Ses enfants sont Deucalion , Lycos et Chymaérée auxquels on ajoute parfois Hellèn et Thébé.
Prométhée passe pour avoir crée les premiers hommes en les façonnant avec de la terre glaise. Mais cette légende n'apparait pas dans la Théogonie d'Hésiode , où Prométhée est simplement le bienfaiteur de l'humanité et non son créateur .
C'est pour les hommes que Prométhée avait trompé Zeus( 1)une première fois à Méconè, Au cours d'un sacrifice solennel , il avait fait deux parts d'un boeuf : d'un côté il avait mis sous la peau , la chair et les entrailles qu'il avait recouvertes du ventre de l'animal ; de l'autre côte il avait disposé les os dépouillés de la viande et les avait recouverts de graisse blanche . Puis il avait dit à Zeus de choisir sa part , le reste devant aller aux hommes . Zeus choisit la graisse blanche ,et quand il découvrit qu'elle ne cachait que des os , il fut saisit d'une grande rancune contre Prométhée et contre les mortels que cette ruse avait favorisés.Aussi pour les punir décida-t-il de ne plus leur envoyer le feu .Alors Prométhée les secourut une seconde fois : il déroba des semences de feu à la roue du soleil et les apporta sur la terre cachés dans une tige de férue (fenouil). Une autre tradition veut qu'il ait dérobé ce feu à la forge d' Héphaïstos
Prométhée a plusieurs frères : Le maladroit Epiméthée ( son double et contraire ) Atlas ,et Ménoétios . A son tour Prométhée se maria. Le nom de sa femme varie également selon les auteurs: le plus souvent c'est Célaeno , ou encore Climéné. Ses enfants sont Deucalion , Lycos et Chymaérée auxquels on ajoute parfois Hellèn et Thébé.
Prométhée passe pour avoir crée les premiers hommes en les façonnant avec de la terre glaise. Mais cette légende n'apparait pas dans la Théogonie d'Hésiode , où Prométhée est simplement le bienfaiteur de l'humanité et non son créateur .
Prométhée façonne les hommes . |
C'est pour les hommes que Prométhée avait trompé Zeus( 1)une première fois à Méconè, Au cours d'un sacrifice solennel , il avait fait deux parts d'un boeuf : d'un côté il avait mis sous la peau , la chair et les entrailles qu'il avait recouvertes du ventre de l'animal ; de l'autre côte il avait disposé les os dépouillés de la viande et les avait recouverts de graisse blanche . Puis il avait dit à Zeus de choisir sa part , le reste devant aller aux hommes . Zeus choisit la graisse blanche ,et quand il découvrit qu'elle ne cachait que des os , il fut saisit d'une grande rancune contre Prométhée et contre les mortels que cette ruse avait favorisés.Aussi pour les punir décida-t-il de ne plus leur envoyer le feu .Alors Prométhée les secourut une seconde fois : il déroba des semences de feu à la roue du soleil et les apporta sur la terre cachés dans une tige de férue (fenouil). Une autre tradition veut qu'il ait dérobé ce feu à la forge d' Héphaïstos
Rubens Prométhée dérobant le feu |
.Zeus punit les mortels et leur bienfaiteur ; aux premiers il envoya une femme façonnée tout exprès: Pandore .
Quant à Prométhée il l'enchaina par des liens d'acier sur le Caucase. et envoya un aigle né d'Echidna et de Typhon , pour lui dévorer le foie qui renaissait toujours . Et il jura par le Styx de ne jamais détacher Prométhée du rocher .Toutefois Héraclès passant par la région du Caucase perça d'une flèche l'aigle de Prométhée , délivrant celui-ci .
Boëcklin : Prométhée enchainé au sommet du Caucase |
Zeus fut heureux de cet exploit qui ajoutait à la gloire de son fils (Héraclès ) , mais pour que son serment ne demeura pas vain, il enjoignit à Prométhée de porter une bague faite dans l'acier de ses chaines et d'un morceau du rocher sur lequel il était attaché : ainsi un lien d'acier , continuait-il à unir le titan et son rocher. .C'est à ce moment là que le centaure Chiron ,(2) blessé par une flèche d' Héraclès et souffrant sans répit , désira mourir; Prométhée lui rendit ce service et devint immortel à sa place . Zeus accepta la délivrance et l'immortalité du Titan d'autant plus volontiers que celui-ci lui avait rendu un grand service en lui révélant un très ancien oracle selon lequel l'enfant qu'il aurait de Thétis (Achille) serait plus puissant que lui-même et le détrônerait .
Prométhée possédait des dons de devin . C'est lui qui indiqua à Héraclès , le moyen de se procurer les Pommes d'or en lui enseignant que seul Atlas pourrait les cueillir dans le jardin des Hespérides Ce don de prophétie lui était commun avec les très anciennes filles de la Terre qui elle-même est la prophétesse par excellence . C'est lui aussi qui enseigna à son fils Deucalion , le moyen de se sauver du grand déluge que méditait Zeus pour anéantir la race humaine et qu'il avait su prévoir
(Pierre Grimal Dictionnaire de la mythologie .)
1) J.P. Vernant insiste sur les traits particuliers de Prométhée: sa plus grande qualité est la ruse que le grecs ont toujours assimilée à l'intelligence (ex : Ulysse et je dirais même que c'est ce qui valut la tolérance des grecs envers Alcibiade ) D'ailleurs afin d'acquérir la supériorité dans ce domaine , Zeus avala , transformée en goutte d'eau , sa première femme Métis, personnification de la sagesse et de l'intelligence rusée .Metis était alors enceinte d' Athéna et l'on dû fendre la tête de Zeus pour sa naissance.
C'est probablement en vertu de cette prudence que Prométhée ne participa pas au combat de s Titans contre Zeus . L'autre trait de caractère sur lequel insiste J.P Vernant est son esprit de rebellion , son indépendance et son audace. S'il n'a pas crée lui-même les hommes, l'histoire ne dit pas pourquoi il prit leur parti avec tous ces risques . Mais Hésiode rapportant l'épisode du partage du boeuf précise qu'il eut lieu à l'occasion d'une dispute entre les hommes et les dieux alors que Zeus établissait l'ordre du monde en répartissait les biens et les maux et que déjà bien des maux avaient été écartés des dieux au détriment des hommes .
2) Fils de Titan Prométhée ne possédait pas l'immortalite .
vendredi 21 décembre 2012
jeudi 20 décembre 2012
Première renaissance en Italie
Niccolo da perugia ,Osommo Specchio..
Petit voyage en Italie de la pré-renaissance ou 1ère Renaissance
Simone Martini
1284 (date de naissance présumée- 1344 Sienne
Annonciation :galerie des Offices ( détail) |
Annonciation Galerie des Offices (détail ) |
St Martin en méditation (Assise) |
St Martin en méditation (détai) |
Giotto:1267-1337 à Florence
dégage la peinture des canons rigides de la tradition byzantine
Padoue Chapelle des Scrovegni
Assise : Basilique supérieure de Saint François
Les démons chassés d'Arezzo
Padoue Chapelle des Scrovegni |
Fra Angelico ( Guido du Piero dit Beato ou Fra Angelico) (1395-1400)-1455 Florence
rencontre de St Nicolas avec le messager d l'empereur (détail de la fresque |
St Dominique |
St Laurent distribue l'aumône au x pauvres (détail : le langage des mains qu'utilise régulièrement l'artiste .
Jacopo da Bologna
Paolo Ucello : 1397- 1475 Florence
Monument équestre de Sir John Hawwood (fresque,cathédrale de Santa Maria del flore Florence |
Maitre de la perspective en action
Fresques de la bataille de San Romano
Saint Georges et le dragon |
Masaccio 1401- -1428 Florence
La puissance du réalisme .
Le Baptème des néophytes
Saint Paul |
Adam et Eve chassés du Paradis |
St Pierre détail du tribut à César
Francesco Landini (1325 -1397 Adiu adiu dous dame
Filippo Lippi 1406-1469 Florence
".. influencé par le présent et le passé, impulsif et prudent, audacieux et ému, distrait et attentif, il est totalement pris par ce qui dans la beauté est éphémère et par ce qui dans la beauté est éternel ..." (M.Pittaluga)
Le banquet d' Hérode
Vierge à l'enfant et saints (détail) |
Vierge à l'enfant |
Vierge à l'enfant (détail) |
Vierge de la Galerie des Offices |
Piero della Francesca 1415-1420 ? - 1492 Florence Ferrare, Venise
"La restauration sacrée "
Parmi les peintres les plus "intellectualisants " de cette époque avec ses traités sur la peinture et la géométrie Il ouvre l'art florentin à celui de l'Italie du nord et aussi du Nord de l'Europe (flamands en particulier).
flagellation B |
Flagellation A |
Flagellation et reconstitution du dallage |
Madone de Senigallia |
mardi 18 décembre 2012
Schopenhauer," l'art où le monde contemplé "
"Une vie heureuse est impossible : ce que l'homme peut réaliser de plus beau , c'est une vie héroïque: elle consiste à lutter sans relâche, dans une sphère d'activité quelconque , pour le bien commun ..." (Schopenhauer )
Caspar David Friedrich |
L'Absurde et le désespoir : "L'effort continuel joint à l'impossibilité d'atteindre son but "
Trois voies s'offrent à l'homme l'Art , La pitié (l'Amour ) ou le renoncement .
jeudi 13 décembre 2012
La naissance de Vénus : Hésiode et Botticelli
Botticelli La Naissance de Vénus |
......Cronos/Saturne
mutila de nouveau avec l'acier le membre qu'il avait coupé déjà et le lança du
rivage dans les vagues agitées de Pontus : la mer le soutint longtemps, et de
ce débris d'un corps immortel jaillit une blanche écume d'où naquit une jeune
fille qui fut d'abord portée vers la divine Cythère et de là parvint jusqu'à
Chypre entourée de flots. Bientôt, déesse ravissante de beauté, elle s'élança
sur la rive, et le gazon fleurit sous ses pieds délicats. Les dieux et les
hommes appellent cette divinité à la belle couronne Aphrodite, parce qu'elle
fut nourrie de l'écume des mers ; Cythérée, parce qu'elle aborda Cythère,
Cyprigénie, parce qu'elle naquit dans Chypre entourée de flots et Philomédée,
parce que c'est d'un organe générateur qu'elle reçut la vie. Accompagnée de
l'Amour et du beau Désir, le même jour de sa naissance, elle se rendit à la
céleste assemblée. Dès l'origine, jouissant des honneurs divins, elle obtint du
sort l'emploi de présider, parmi les hommes et les dieux immortels, aux
entretiens des jeunes vierges, aux tendres sourires, aux innocents artifices,
aux doux plaisirs, aux caresses de l'amour et de la volupté.......
Toujours fidèle au site de Philippe Remacle : extrait de la théogonie d'Hésiode.
Et pour le plaisir d'encore un regard :
mardi 11 décembre 2012
L'univers, les dieux, les hommes par Jean Pierre Vernant
Avant propos
Il était une fois ..
Tel était le chapitre qu'au départ j'avais pensé donner à ce livre .J'ai choisi finalement de lui en substituer un autre plus explicite . Mais au seuil de l'ouvrage, je ne puis m'empêcher d'évoquer le souvenir auquel ce premier titre faisait écho et qui est à l'origine de ses textes .[...]
Et J.P. Vernant de nous raconter en tout simplicité comment il puisait dans la mythologie grecque les histoires qu'il racontait à son petit fils comme prélude à une douce nuit : "Jipé, l'histoire, l'histoire !! ".
...] Il me plaisait aussi que cet héritage lui parvienne oralement sur le mode de ce que Platon nomme des fables de nourrice, à la façon de ce qui se passe d'une génération à la suivante en dehors de tout enseignement officiel , sans transiter par les livres, pour constituer un bagage de conduites et de savoirs hors texte, depuis les règles de la bienséance pour le parler et l'agir , les bonnes moeurs et , dans les techniques du corps, les styles de la marche , de la course , de la nage , du vélo, de l'escalade .....
Certes il y avait beaucoup de naïveté à croire que je contribuais à maintenir en vie une tradition d'antiques légendes en leur prêtant ma voix chaque soir pour les raconter à un enfant . Mais c'était une époque- je parle des années soixante-dix - où le mythe avait le vent en poupe. Après Dumézil et Levi-Strauss, la fièvre des études mythologiques avait gagné un quarteron d'hellénistes qui s'étaient lancés avec moi dans l'exploration de la Grèce ancienne. Au fur et à mesure que nous avancions et que nos analyses progressaient l'existence d'une pensée mythique en général devenait plus problématique et nous étions conduits à nous interroger : qu'est-ce qu'un mythe ? ou plus précisément, compte tenu de notre domaine de recherche : qu'est-ce qu'un mythe grec ? Un récit bien sûr. Encore faut-il savoir comment ces récits se sont constitués, établis, transmis ,conservés. Or dans le cas grec ils ne nous sont parvenus qu'en fin de course, sous formes de textes écrits dont les plus anciens appartiennent à des oeuvres littéraires relevant de tous les genres : épopée, poésie, tragédie ,histoire , voire philosophie et où, exception faite de l' Iliade, de l'Odyssée , et de la Théogonie d'Hésiode ils figurent le plus souvent dispersés de manière fragmentaire, parfois allusive. C'est à une époque tardive seulement , vers le début de notre ère, que des érudits ont rassemblés ces traditions multiples , plus ou moins divergentes , pour les présenter unifiés dans un même corpus rangées les unes après les autres comme sur les rayons d'une bibliothèque , pour reprendre le titre qu' Apollodore a précisément donné à son répertoire , devenu un des grands classiques en la matière . Ainsi s'est construit ce qu'il est convenu d'appeler la mythologie grecque .
Mythe , mythologie ce sont bien en effet des mots grecs liés à l'histoire et à certains traits de cette civilisation . Faut-il en conclure qu'en dehors d'elle ils ne sont pas pertinents et que le mythe la mythologie n'existent que sous la forme et au sens grec ? C'est le contraire qui est vrai . Les légendes hellènes, pour être elles-mêmes comprises, exigent la comparaison avec les récits traditionnels d'autres peuples , appartenant à des cultures et à des époques très diverses qu'il s'agisse de la Chine , de l'Inde, du Proche Orient anciens , de l'Amérique précolombienne ou de l' Afrique.
[...]
Avec Levi-Strauss , JP Vernant estime que le mythe est très identifiable et se distingue du récit historique ou de la pure oeuvre de fiction , relation étroite avec la poésie des origines dans la forme et dans sa fonction :
Tout autre est le statut du mythe . Il se présente sous la figure d'un récit venu du fond des âges et qui serait déjà là avant qu'un quelconque conteur en entame la narration . En ce sens le récit mythique ne relève pas de l'invention individuelle ni de la fantaisie créatrice , mais de la transmission et de la mémoire . Ce lien intime , fonctionnel, avec la mémorisation rapproche le mythe de la poésie , qui à l'origine dans ses manifestations les plus anciennes, peut se confondre avec l'élaboration mythique. Le cas de l'épopée homérique est à cet égard exemplaire. Pour tisser ses récits sur les aventures de héros légendaires, l'épopée opère d'abord sur le mode de la poésie orale , composée et chantée devant les auditeurs par des générations successives d'aèdes inspirés par la déesse Mémoire (Mnémosunè) , et c'est seulement pus tard qu'elle fait l'objet d'une rédaction , chargée d'établir et de fixer le texte officiel .
Comparaison de JP Vernant avec le poème qui n'a d'existence que parlé , qu'on doit connaitre par coeur et pour lui donner vie se le réciter avec les mots silencieux de la parole intérieure."
Memoire , oralité, tradition sont bien les conditions d'existence et de survie du mythe .
Mais au contraire du poème depuis le XIV ème s dont la forme répond à une construction sévère , organisée qui ne supporte aucune modification de ses éléments (pieds , versification , mots ) unique et immuable, le récit mythique n'est pas fixé dans une forme définitive. Il comporte toujours des variantes, des versions multiples que le conteur trouve à sa disposition, qu'il choisit en fonction des circonstances , de son public ou de ses préférences et où il peut retrancher , ajouter modifier si celà lui parait bon .
Aussi longtemps qu'une tradition orale est vivante , qu'elle reste en prise sur les façons de penser et les moeurs d'un groupe , elle bouge : le récit demeure en partie ouvert à l'innovation .
Quant le mythologue antiquaire la trouve en fin de course déjà fossilisée en des écrits littéraires ou savants , comme je l'ai dit pour le cas grec , , chaque légende exige de lui, s'il veut la déchiffrer correctement , que son enquête s'élargisse , palier par palier: d'une de ses versions à toutes les autres, , si mineures soient elles, sur le même thème puis à d'autres récits mythiques proches ou lointains et même à d'autres textes différents de la même culture .....
Ce qui intéresse en effet l'historien et l'anthropologue , c'est l'arrière plan intellectuel dont témoigne le fil de la narration , le cadre sur lequel il est tissé ce qui ne peut être décelé qu'à travers la comparaison des récits par le jeu de leurs écarts et de leurs ressemblances .
Aux diverses mythologies s'appliquent en effet les remarques que Jacques Roubaud formule très heureusement concernant les poèmes homériques avec leur élément légendaire : "ils ne sont pas seulement des récits. Ils contiennent le trésor de pensées , de formes linguistiques, d'imaginations cosmologiques , de préceptes moraux etc... qui constituent l'héritage commun de la Grèce préclassique."
Et ainsi dans un simulacre respectueux de la tradition orale et du récit mythique JP Vernant nous offrait ici , dans son livre , la voix d'un nouvel aède du XXème s.
[...]
Les trois premiers chapitres (« L’origine de l’univers », « Guerre des dieux, royauté de Zeus », « Le monde des humains ») ont trait à l’œuvre d’Hésiode (avec quelques allusions à Eschyle) dont la Théogonie remonte probablement à 700 av. J.-C.2 Les trois premiers vers qui suivent le prologue aux Muses disent : « Donc avant tout fut Béance (Chaos) ; puis Terre aux larges flancs, assise sûre jamais offerte à tous les vivants, et Amour (Éros), le plus beau parmi les dieux immortels. » De ces trois vers l’auteur tire trois pages (pp. 15-17) où il analyse, tout en ayant l’air de raconter, la conception grecque du chaos, celle de l’amour à ce stade de la genèse de l’univers, et le statut de la Terre, premier fondement ferme sur laquelle la « création » va pouvoir s’appuyer.
Hésiode, donc, pour commencer. L’origine de l’univers, la castration d’Ouranos (le ciel), Cronos avalant ses enfants, Zeus les libérant et triomphant, enfin la lutte de Zeus et de Typhon dont Jean-Pierre Vernant donne plusieurs versions. Puis le conflit entre Zeus et Prométhée, mythe étiologique de la condition actuelle de l’humanité avec la création de Pandore et sa fameuse boîte qui, en réalité, est une jarre.
...]
http://lhomme.revues.org/index8045.html
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