« Que serait un monde sans la musique ? », disait un certain… « Que serait un monde sans images, sans couleurs, sans les mots ? Que serait l’homme sans émotions ? Son cœur est un luth suspendu ; sitôt qu’on le touche, il résonne. » – de Béranger
jeudi 28 juin 2012
lundi 25 juin 2012
La plage
Le texte proposé par un lecteur que je remercie :
L'odeur du pin de chardon écrasé
Tiré par des bœufs, le chariot avançait
J'ai vu se briser tant de vagues sur la plage
Et j'ai chassé les ombres des nuages.
Tiré par des bœufs, le chariot avançait
J'ai vu se briser tant de vagues sur la plage
Et j'ai chassé les ombres des nuages.
Elle est venue demander le chemin
Je cherchais ses yeux voilés par sa main
Ramassant une brindille, que la mer avait jetée
Dans le sable mouillé je l'ai tracé.
A travers les dunes elle a disparu
Je ne sais pas si je J'ai revue
Vainement j'essaie de suivre les traces
Que le vent, le vent, le vent efface.
Je vais, je vais, les chemins se nouent
Sur le rivage mon espoir échoue
Au milieu des bruyères le chariot s'est arrêté
Et glisse sur les algues sa chevelure mouillée.
Robert Desnos " Jamais d'autre que toi...." par Serge Reggiani
Jamais d'autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes
En dépit des mutilations d'arbre à la tombée de la nuit
Jamais d'autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien
Plus tu t'éloignes et plus ton ombre s'agrandit
Jamais d'autre que toi ne saluera la mer à l'aube quand
Fatigué d'errer moi sorti des forêts ténébreuses et
Des buissons d'orties je marcherai vers l'écume
Jamais d'autre que toi ne posera sa main sur mon front
Et mes yeux
Jamais d'autre que toi et je nie le mensonge et l'infidélité
Ce navire à l'ancre tu peux couper sa corde
Jamais d'autre que toi
L'aigle prisonnier dans une cage ronge lentement les barreaux
De cuivre vert-de-grisés
Quelle évasion !
C'est le dimanche marqué par le chant des rossignols
Dans les bois d'un vert tendre l'ennui des petites
Filles en présence d'une cage où s'agite un serin
Tandis que dans la rue solitaire le soleil lentement
Déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud
Nous passerons d'autres lignes
Jamais jamais d'autre que toi
Et moi seul seul comme le lierre fané des jardins
De banlieue seul comme le verre
Et toi jamais d'autre que toi.
En dépit des mutilations d'arbre à la tombée de la nuit
Jamais d'autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien
Plus tu t'éloignes et plus ton ombre s'agrandit
Jamais d'autre que toi ne saluera la mer à l'aube quand
Fatigué d'errer moi sorti des forêts ténébreuses et
Des buissons d'orties je marcherai vers l'écume
Jamais d'autre que toi ne posera sa main sur mon front
Et mes yeux
Jamais d'autre que toi et je nie le mensonge et l'infidélité
Ce navire à l'ancre tu peux couper sa corde
Jamais d'autre que toi
L'aigle prisonnier dans une cage ronge lentement les barreaux
De cuivre vert-de-grisés
Quelle évasion !
C'est le dimanche marqué par le chant des rossignols
Dans les bois d'un vert tendre l'ennui des petites
Filles en présence d'une cage où s'agite un serin
Tandis que dans la rue solitaire le soleil lentement
Déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud
Nous passerons d'autres lignes
Jamais jamais d'autre que toi
Et moi seul seul comme le lierre fané des jardins
De banlieue seul comme le verre
Et toi jamais d'autre que toi.
R.Desnos
dimanche 24 juin 2012
Serge Reggiani : "Déjà" de Henry Bataille
Déjà
Hé quoi ?...
Déjà ?... Amour léger comme tu passes !
À peine
avons-nous eu le temps de les croiser
Que nous sentons
déjà nos mains qui se délacent.
Je songe à la bonté que n'a plus le baiser.
Je songe à la bonté que n'a plus le baiser.
Un jour
partira donc ta main apprivoisée !
Tes yeux ne
seront plus les yeux dont on s'approche.
D'autres auront ton cœur et ta tête posée.
Je ne serai plus là pour t'en faire un reproche.
D'autres auront ton cœur et ta tête posée.
Je ne serai plus là pour t'en faire un reproche.
Quoi ? Sans
moi, quelque part, ton front continuera !
Ton geste
volera, ton rire aura sonné,
Le mal et
les chagrins renaîtront sous tes pas ;
Je ne serai
plus là pour te le pardonner.
Sera-t-il
donc possible au jour qui nous éclaire,
À
la nuit qui nous berce, à l'aube qui nous rit,
De
me continuer leur aumône éphémère
Sans
que tu sois du jour, de l'aube et de la nuit ?
Sera-t-il
donc possible, hélas, qu'on te ravisse,
Chaleur de
mon repos qui ne me vient que d'elle !
Tandis que,
loin de moi, son sang avec délice
Continuera
son bruit à sa tempe fidèle.
La
voilà donc finie alors la course folle ?
Et
tu n'appuieras plus jamais, sur ma poitrine,
Ton
front inconsolé à mon cœur qui console,
Rosine,
ma Rosine, ah ! Rosine, Rosine !
Voici venir
rampant vers moi comme une mer,
Le silence,
le grand silence sans pardon.
Il a gagné
mon seuil, il va gagner ma chair.
D'un cœur
inanimé, hélas que fera-t-on?
Eh bien,
respire ailleurs, visage évanoui !
J'accepte. À
ce signal séparons-nous ensemble...
Me voici seul ; l'hiver là... C'est bien... Nuit.
Me voici seul ; l'hiver là... C'est bien... Nuit.
Froid.
Solitude... Amour léger comme tu trembles !
Les deux strophes en italiques ont été supprimées ; je préfère aussi cette version
samedi 23 juin 2012
mardi 19 juin 2012
" Album " (Wislawa Szymborska )
La mort de Chatterton par Wallis |
Personne dans ma famille ne sera mort d'amour.
Il s'est passé des choses , mais de légende, bernique !
Des Roméos phtisiques ? des Juliette diphtériques ?
Certains ont même atteint des âges canoniques.
Jamais une victime d'une lettre sans réponse,
D'un poème de larmes baigné !
Des voisins arrrivaient toujours en fin de compte,
Avec des roses et des pince-nez.
Pas un cas d'étouffement dans une armoire d'époque
au retour du mari de la dame volage.
Ces mantilles, fanfreluches et diverses défroques
n'ont empêché personne de grimper sur l'image.
Pas de visions de Bosch, aucun enfer dans l'âme,
Jamais de pistolets à l'aube dans la clairière
(s'il leur échoit parfois une balle dans le crâne,
c'est pour d'autres raisons et sur une civière).
Même elle , regardez-là, au chignon extatique,
Les yeux cernés d'avoir dansé jusqu'au matin,
fut enlevée par la vague d'une toux hemorragique
mais pas vers son danseur et nullement de chagrin.
Peut-être un autre d'avant les daguerréotypes,
Mais pas dans cet album sinon je le saurais.
Les chagrins s'égayaient, les jours se ressemblaient,
et eux tout consolés, succombaient à la grippe.
(W. S : Je ne sais quels gens)
lundi 18 juin 2012
Folie et Philautie , ou l'éloge de l'amour de soi
Triptyque de la Vanité de Hans Memling |
" Dites-moi si l'homme qui se hait soi-même est capable d'aimer autrui, si celui qui se combat soi-même peut s'entendre avec quelqu'un, si celui qui est à charge à soi-même peut être agréable à un autre ? Pour le prétendre il faudrait être plus fou que moi. Eh bien, si l'on me chassait de la société, nul ne pourrait un instant supporter ses semblables, chacun même se prendrait en dégoût et en haine. La Nature souvent plus marâtre que mère, a semé dans l'esprit des hommes, pour peu qu'ils soient intelligents, le mécontentement de soi et l'admiration d'autrui. Ces dispositions assombrissent l'existence; elle y perd tous ses avantages, ses grâces et son charme. A quoi sert , en effet la beauté , présent suprême des immortels, si elle vient à se flétrir ? A quoi bon la jeunesse , si on la laisse corrompre par un ennui sénile ? Dans toutes les actions ,le premier principe que tu dois observer est la bienséance ; Tu ne t'y tiendras envers toi-même comme envers les autres, que grâce à cette heureuse Philautie(1), qui me sert de soeur, puisque partout elle collabore avec moi. Mais aussi comment paraître avec grâce, charme et succès, si l'on se sent mécontent de soi ? Supprimez ce sel de la vie, aussitôt l'orateur se refroidit dans son discours, la mélodie du musicien ennuie, le jeu de l'acteur est sifflé , on rit du poète et de ses Muses , le peintre se morfond sur son tableau et le médecin meurt de faim avec ses drogues . Le beau Nirée ressemble à Thersite , le jeune Phaon à Nestor, Minerve à une truie,, le brillant parleur s'exprime comme un petit enfant, le citadin comme un rustaud. Tant il est nécessaire que chacun se complaise en soi-même et s'applaudisse !
En fin de compte, si le bonheur consiste essentiellement à vouloir être ce que l'on est, ma bonne Philautie le facilite pleinement. Elle fait que personne n'est mécontent de son visage, ni de son esprit , de sa naissance , de son rang , de son éducation , de son pays. Si bien que l'Irlandais ne voudrait pas changer avec l' Italien , le Thrace avec l'Athénien, le Scythe avec l'insulaire des Fortunées. Et quelle prévoyante sollicitude de la Nature qui fait merveilleusement disparaitre tant d'inégalités! A-t-elle pour quelqu'un été avare de ses dons ? Elle renforce aussitôt chez lui l'amour - propre et je viens de m'exprimer fort sottement, puisque ce don -là vaut bien tous les autres.
Je dirai maintenant qu'il n'est point d'action d'éclat que je n'inspire, point de bel art dont je ne sois créatrice " .
(L'éloge de la Folie Erasme , XXII )
(1) amour exagéré de soi
dimanche 17 juin 2012
vendredi 15 juin 2012
Antonioni, Le Désert rouge (1964)
1er film en couleur de Michelangelo Antonioni
Titre original : Il Deserto rosso
Photographie de Carlo Di Palma
Musique de Giovanni Fusco
Avec
Monica Vitti : Giuliana
Richard Harris : Corrado
Carlo Chionetti : Ugo
Excellente critique sur Wikipédia France.
La critique est plus simple sur Wikipédia Italie.
Dans ce premier film en couleur, Antonioni utilise les images pour soutenir son choix de l’abstraction. La banlieue de Ravenne hyper industrialisée lui procure les atmosphères qui suggèrent le drame de la Nature autant que celui des personnages. La perte de sens se lit dans cette nature impitoyablement ravagée comme dans le personnage bouleversé par la névrose de Giuliana. Leur rêve commun, leur refuge, une île au sable rose illuminée par le soleil, où tout chante… Une histoire dans l’histoire…
Quelques images (j’ai parfois laissé les sous-titres) :
Des atmosphères où je retrouve Tarkovsky |
Un bateau ..et puis un autre ...
Une plage de sable rose ....... |
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