Courte biographie et dernier ouvrage de Zweig avant son suicide en 1942.
Quand Zweig écrit ce livre , il est en exil au Brésil, ses espérances personnelles et collectives ébranlées, ses conceptions humaniste, universaliste , européaniste, pacifiste malmenées.
Son refus d'un engagement plus actif , y compris en faveur du pacifisme est mal compris par ses amis , on perçoit qu'il cherche chez Montaigne la justification de son attitude où la liberté de pensée s'exprime par le silence, anticipant la justification jusqu'à son suicide lui-même
On sait à quel point il fut l'ami et l'admirateur de Romain Rolland et combien il partagea ses positions lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale , comment Romain Rolland se défendait au titre d'une conscience libre pour se situer "Au-dessus de la mêlée". Après l'Armistice de1918 , les relations entre les amis s'espacèrent (La biographie de Romain Rolland par Stefan Zweig s’arrête à 1920) tout en entretenant une correspondance fournie jusqu'en 1940. Romain Rolland ne cessa de s'engager pour dénoncer avec force la montée du nazisme, en homme libre, en solitaire ... Au silence de Zweig , Rolland opposait l'engagement littéraire et des prises de positions officielles soutenues . Il fit de sa notoriété une arme pour défendre leurs convictions partagées . Deux stratégies divergentes pour exprimer le droit de penser en homme libre ....
Ce n'était peut être pas la volonté précise de Zweig , mais en lisant ce texte , dans les circonstances où il a été écrit, j'ai l'impression qu'il s'adresse à Romain Rolland en prenant Montaigne à témoin en quelque sorte .
" Il est quelques rares écrivains qui s'ouvrent à tout lecteur, quel que soit son âge, à tout moment de sa vie : Homère, Shakespeare, Goethe, Balzac, Tolstoï, mais il en est d'autres dont la signification ne se révèle pleinementqu'à un moment précis. Montaigne est l'un de ceux-là. Il ne faut pas être trop jeune, trop vierge d'expériences et de déceptions pour pouvoir reconnaître sa vraie valeur, et c'est à une génération comme la nôtre, jetée par le destin dans un monde qui s'écroulait en cataracte, que la liberté et la rectitude de sa pensée apporteront l'aide la plus précieuse. Seul celui qui, dans le bouleversement de son âme, est contraint de vivre une époque où la guerre, la violence, la tyrannie des idéologies menacent la vie même de chacun et, dans cette vie, sa substance la plus précieuse, la liberté de l'âme, peut savoir combien il faut de courage, de droiture, d'énergie pour rester fidèle à son moi le plus profond, en ces temps où la folie s'empare des masses. Il faut d'abord avoir soi-même douté et désespéré de la raison, de la dignité de l'homme, pour pouvoir louer l'acte exemplaire de celui qui reste debout dans le chaos du monde. "
S. Zweig
"Dans Montaigne, ne m'émeut et ne m'occupe aujourd'hui que ceci : comment dans une époque semblable à la notre, il s'est lui-même libéré intérieurement et comment, en le lisant, nous pouvons nous-mêmes nous fortifier à son exemple. Je vois en lui l'ancêtre, le protecteur et l'ami " de chaque homme libre sur terre", le meilleur maître de cette science nouvelle et pourtant éternelle qui consiste à se préserver soi-même de tous et de tout."(4ème de couverture , PUF collection Quadrige)
Quand Zweig écrit ce livre , il est en exil au Brésil, ses espérances personnelles et collectives ébranlées, ses conceptions humaniste, universaliste , européaniste, pacifiste malmenées.
Son refus d'un engagement plus actif , y compris en faveur du pacifisme est mal compris par ses amis , on perçoit qu'il cherche chez Montaigne la justification de son attitude où la liberté de pensée s'exprime par le silence, anticipant la justification jusqu'à son suicide lui-même
On sait à quel point il fut l'ami et l'admirateur de Romain Rolland et combien il partagea ses positions lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale , comment Romain Rolland se défendait au titre d'une conscience libre pour se situer "Au-dessus de la mêlée". Après l'Armistice de1918 , les relations entre les amis s'espacèrent (La biographie de Romain Rolland par Stefan Zweig s’arrête à 1920) tout en entretenant une correspondance fournie jusqu'en 1940. Romain Rolland ne cessa de s'engager pour dénoncer avec force la montée du nazisme, en homme libre, en solitaire ... Au silence de Zweig , Rolland opposait l'engagement littéraire et des prises de positions officielles soutenues . Il fit de sa notoriété une arme pour défendre leurs convictions partagées . Deux stratégies divergentes pour exprimer le droit de penser en homme libre ....
Ce n'était peut être pas la volonté précise de Zweig , mais en lisant ce texte , dans les circonstances où il a été écrit, j'ai l'impression qu'il s'adresse à Romain Rolland en prenant Montaigne à témoin en quelque sorte .
" Il est quelques rares écrivains qui s'ouvrent à tout lecteur, quel que soit son âge, à tout moment de sa vie : Homère, Shakespeare, Goethe, Balzac, Tolstoï, mais il en est d'autres dont la signification ne se révèle pleinementqu'à un moment précis. Montaigne est l'un de ceux-là. Il ne faut pas être trop jeune, trop vierge d'expériences et de déceptions pour pouvoir reconnaître sa vraie valeur, et c'est à une génération comme la nôtre, jetée par le destin dans un monde qui s'écroulait en cataracte, que la liberté et la rectitude de sa pensée apporteront l'aide la plus précieuse. Seul celui qui, dans le bouleversement de son âme, est contraint de vivre une époque où la guerre, la violence, la tyrannie des idéologies menacent la vie même de chacun et, dans cette vie, sa substance la plus précieuse, la liberté de l'âme, peut savoir combien il faut de courage, de droiture, d'énergie pour rester fidèle à son moi le plus profond, en ces temps où la folie s'empare des masses. Il faut d'abord avoir soi-même douté et désespéré de la raison, de la dignité de l'homme, pour pouvoir louer l'acte exemplaire de celui qui reste debout dans le chaos du monde. "
S. Zweig
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