« Que serait un monde sans la musique ? », disait un certain… « Que serait un monde sans images, sans couleurs, sans les mots ? Que serait l’homme sans émotions ? Son cœur est un luth suspendu ; sitôt qu’on le touche, il résonne. » – de Béranger
dimanche 27 décembre 2015
Palmyre, Paul Veyne
" Ayant eu pour métier l'étude de l' Antiquité gréco-romaine, je n'ai cessé de rencontrer Palmyre sur mon chemin professionnel. Avec la destruction de Palmyre par l'organisation terroriste Daech, tout un pan de notre culture et mon sujet d’étude viennent brutalement de voler en éclats.
Malgré mon âge avancé , c'était mon devoir d'ancien professeur et d'être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible et d'esquisser un portrait de ce que fut la splendeur de Palmyre qu'on ne peut plus désormais connaître qu'à travers les livres . "
Paul Veyne
Merci à Paul Veyne , à sa mémoire , à son expérience et à son érudition !
jeudi 24 décembre 2015
mardi 22 décembre 2015
Compassion avec Maeterlinck et Gustave Doré
Maurice Maeterlinck ,"l'autre monde"
également :
exposition BNF:
samedi 19 décembre 2015
L'autre monde ( Maeterlinck) .
"Quand nous atteignons la soixantaine, la plupart des amis de notre jeunesse ne sont plus . Ils nous ont abandonnés à l'entrée des grands déserts. Ceux qui leur succèdent, au hasard des rencontres , ne pénètrent plus dans notre existence. Ils restent à la porte de la maison. Ils nous embrassent à distance. Ils ont l'air fortuits ou accidentels. Nous apprenons à vivre au milieu d'étrangers plus ou moins sympathiques qui ne nous connaissent plus et que nous n'essayons plus de connaître. Déjà la mort est entre nous ."
Maurice Maeterlinck , L'autre monde ou le cadran stellaire
Voir également sur Citadelle
dimanche 13 décembre 2015
Pierrot le fou,J.L. Godard
Jean Luc Godard
sortie 1965
Cinéma de ce qu'on appelait à l'époque "la nouvelle vague "
d’après l’oeuvre de: Lionel White
Scénario: Jean-Luc Godard
Avec: Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Graziella Galvani
Genre: Drame,Policier, Comédie
Nationalité: Français italien et américain
Date de sortie: 5 novembre 1965 (1h55min)
Concepteur de production: Pierre Guffroy
Rédacteur: Françoise Collin
Directeur de la photographie: Raoul Coutard
Compositeur original: Boris Bassiak
Compositeur original: Antoine Duhamel
Producteur: Georges de Beauregard
Après un accueil mitigé du public, à sa sortie, à cause de son "anarchisme moral", , ce film s'est imposé pour devenir finalement un film culte .
Ferdinand , alias Pierrot le fou , a tout lâché un soir pour partir avec un ancien flirt retrouvé par hasard .
Las de sa vie de nanti , las de son rôle de mari de Madame , fille d'un gros industriel , las des mondanités avec leurs conversations qui pourraient se résumer à des slogans publicitaires ,il s'embarque avec Marianne dans un road-movie , une équipée folle , sur la route du soleil (" Nationale 7" à l'époque !, fantasme de la libération par le déplacement géographique ) .
Ils se touvent mêlés à une rocambolesque histoire de trafic d'armes qui transforme l'évasion romantique en cavale maffieuse , contée façon burlesque empruntée "aux comics ".
Godard , mêle les genres , émaille son film de références artistiques picturales et littéraires , Rimbaud côtoie les Pieds-nickelés ou Picasso , la publicité de super marché .
Avec une fin en " happy -end " , le film n'aurait pas de sens , mais Godard y a introduit une apothéose ! avec la séquence devenue mythique du suicide raté où la mort s'impose cyniquement au rendez-vous !!!!
Grandiose !!
Pour les cinéphiles plus exigeants , je propose la critique sur le site DVDCLASSIK
Quelques images :
"Il y avait eu la civilisation athénienne, puis on a eu la Renaissance , maintenant on est entré dans la civilisation du cul."- (Ferdinand)
"J'ai l'impression d'être plusieurs" (Ferdinand- Pierrot le fou)
" La vie peut être triste , mais elle est toujours belle " (Ferdinand)
L'amour est à réinventer (Ferdinand-Rimbaud)
"- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
-Rien... on existe
-ça ne doit pas être marrant ..."
"Allonzi, allonzo " (les pieds Nickelé??
"Avec toi c'est toujours pareil sauf que c'est le contraire " (Ferdinand)
On ne peut pas discuter avec toi , T'as pas d'idées , t'as que des sentiments (Ferdiand)
Revenir en arrière ? Eh puis non ! A quoi bon
Mais qu' est-ce que je fais ??? Quel c...... où est la mèche?
Trop tard !!!!
jeudi 10 décembre 2015
mardi 8 décembre 2015
La vie errante , Yves Bonnefoy
Léonard de Vinci Sainte Anne |
L'inachevable
Quand il eu vingt ans il leva les yeux, regarda le ciel, regarda la terre à nouveau,- avec attention. C'était donc vrai ! Dieu n'avait fait qu'ébaucher le monde. Il n'y avait laissé que des ruines.
Ruines ce chêne, si beau pourtant. Ruines cette eau, qui vient se briser si doucement sur la rive. Ruines le soleil même. Ruines tous ces signes de la beauté comme le prouvent bien les nuages, plus beaux encore.
Seule la lumière a eu vie pleine peut être, se dit-il. Et c'est pour cela qu'elle semble simple, et incréée.- Depuis il n'aime plus, dans l’œuvre des peintres, que les ébauches. Le trait qui se ferme sur soi lui semble trahir la cause de ce dieu qui a préféré l'angoisse de la recherche à la joie de l’œuvre accomplie.
mardi 1 décembre 2015
Goya , les vieilles
Parfois appelé pudiquement "le temps"
Et ici un très joli commentaire du tableau de Goya
...
Mourir, cela n'est rien
Mourir, la belle affaire!
Mais vieillir,
Oh, vieillir !!
(Vieillir de Jacques Brel )
Aragon , J'arrive où je suis étranger ..
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D’où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu’importe et qu’importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l’enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C’est le grand jour qui se fait vieux
Les arbres sont beaux en automne
Mais l’enfant qu’est-il devenu
Je me regarde et je m’étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus
Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d’antan
Tomber la poussière du temps
C’est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C’est comme une eau froide qui monte
C’est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu’on corroie
C’est long d’être un homme une chose
C’est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
O mer amère ô mer profonde
Quelle est l’heure de tes marées
Combien faut-il d’années-secondes
A l’homme pour l’homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées
Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger
Louis Aragon
(Image sur Wikipédia )
dimanche 29 novembre 2015
Vu récemment : Interstellar
Quatre étoiles ! J'ai beaucoup aimé .
Musique de Hans Zimmer
"Une réalité douloureuse (en l'état actuel de nos connaissances) : le temps peut s'étirer , se dilater , se distendre ou bien se contracter mais il ne revient jamais en arrière ... "
On peut imaginer de se sacrifier pour nos proches , pour notre monde immédiat mais pourrait- on accepter de les sacrifier pour sauver l'humanité ?
Deux thèmes dans film qui méritent réflexion !!
Les: clés
Musique de Hans Zimmer
"Une réalité douloureuse (en l'état actuel de nos connaissances) : le temps peut s'étirer , se dilater , se distendre ou bien se contracter mais il ne revient jamais en arrière ... "
On peut imaginer de se sacrifier pour nos proches , pour notre monde immédiat mais pourrait- on accepter de les sacrifier pour sauver l'humanité ?
Deux thèmes dans film qui méritent réflexion !!
Les: clés
Interstellar : Explication et analyse du film de C.Nolan
En savoir plus sur http://oblikon.net/analyses/interstellar-explication-et-analyse-du-film-de-c-nolan/#AAZXvZWROQ98THi9.99
En savoir plus sur http://oblikon.net/analyses/interstellar-explication-et-analyse-du-film-de-c-nolan/#AAZXvZWROQ98THi9.99
vendredi 20 novembre 2015
Mélancolie quand tu nous tiens ....
Pourquoi sommes -nous si attachés à notre mélancolie ??
J'ai lu une réponse (proposition de réponse) récemment , mais je ne sais plus chez qui je l'ai trouvée ..... sûrement parce qu'elle fait partie de notre vie, qu'elle nous lie à ce qui nous a quittés, qu'elle maintient vivant en nous ce fil entre passé et présent , parce qu'elle résiste à l'oubli ....
mardi 10 novembre 2015
Master and commander
Pour ce film Peter Weir s'est inspiré de l'un des 20 volumes de l'auteur britannique Patrick O'Brian "De l'autre côté du monde " . O'Brian , raconte dans cette énorme saga, les aventures du capitaine Jack Aubrey et du médecin Stephen Maturin, dans un contexte historique remarquablement reconstitué des guerres napoléoniennes.
Patrick O'Brian a aussi écrit la biographie du naturaliste Joseph Banks précurseur de Charles Darwin et c'est lui qu'incarne probablement le médecin Stephen Mathurin , embarqué sur la frégate La Surprise, et dont le rôle est tenu par Paul .Bettany. Il est au côté du charismatique Russel Crowe , le capitaine Jack Aubray qui entraine son équipage dans une bataille navale épique , poursuivant l' Achéron français au milieu des brumes et des tempêtes , évoquant le combat mythique du Capitaine Achab de Melville à la poursuite de Moby Dick.
Aubray toutefois n'est pas Achab . S'il semble parfois céder à son obsession belliqueuse et à sa quête de gloire personnelle , l'amitié qui le lie à son médecin de bord Mathurin/Bettany modère sa témérité et le soude à son équipage .Ces instants d'apaisement la musique nous les restitue lors des moments musicaux auxquels se livrent en duo ces hommes de valeurs aux âmes si différentes et complémentaires .
Boccherini
Corelli Adagio concerto grosso opus 6 n°8
dimanche 1 novembre 2015
Petite fleur
Bizarre mais cet air dans ma tête arrive toujours après les feuilles mortes
ou chantée par Mouloudji
ou chantée par Mouloudji
Seul sur Mars
A consommer sans hésitation ! Un très bon divertissement qui vous tient en haleine de la première à la dernière minute. Crédibilité scientifique non garantie , mais de belles images (la 3d n'est pas de trop ) et un bon scénario avec une bonne dose de péripéties . Matt Damon y est excellent .
Bien sûr , on ne se pose pas la question sur les millions de dollars engloutis , sur la justification d'une telle expédition, c'est hors sujet . La grande surprise c'est le parti pris optimiste : pas un seul coup de feu , pas une seule bagarre, pas de trahisons, pas de défaillances mentales, ni morales, pas de sexe. Pas de méchants ... Curieux.que sans aucun des ces ingrédients le scénario fonctionne . Tous les protagonistes sont des gens de bien , loyaux ,courageux et dévoués.
Dommage que la musique soit insupportable . (pour moi.. ce n'est vraiment pas mon style !)
Bien sûr , on ne se pose pas la question sur les millions de dollars engloutis , sur la justification d'une telle expédition, c'est hors sujet . La grande surprise c'est le parti pris optimiste : pas un seul coup de feu , pas une seule bagarre, pas de trahisons, pas de défaillances mentales, ni morales, pas de sexe. Pas de méchants ... Curieux.que sans aucun des ces ingrédients le scénario fonctionne . Tous les protagonistes sont des gens de bien , loyaux ,courageux et dévoués.
Dommage que la musique soit insupportable . (pour moi.. ce n'est vraiment pas mon style !)
mercredi 14 octobre 2015
Léo Ferré Le hibou de Paris
Le hibou de Paris
L'automne dans les bois est cousu de ouatineOn y entend les pattes douces de la vie
Quelque oiseau malhabile en sifflant dès matines
A tiré de sa sieste un hibou de Paris
La chlorophylle s'est caillée au bout des branches
C'es l'amour qui s'enchante et se meurt à la fois
Et la feuille d'automne agonise un dimanche
Et le lundi matin on la montre du doigt
L'automne caraïbe a des printemps qui flânent
C'est le tropique qui trop pique et goulûment
Délave son été dans un azur ou plane
Un soleil gominé qui ne fout pas le camp
ça c'est la poésie monsieur, où meurt l'automne
Le poète va pondre un œuf impunément
L'automne est morte qu'importe une chanson rayonne
Et enroue les pick-up comme un emmerdement
Et ce jazz qui vous tape au siphon comme un pic
Un vrai déhanchement d'épopée en surtax
Un potentiel de brouhaha qui tombe à pic
Dans cette épique époque où syntaxent les saxs
Et ces nouvelles qu'ont vous tend comme une perche
Et ces désirs blessés mille fois rapiécés
Ces manettes truquées où vainement l'on cherche
Une voix bienheureuse à l'horizon clouée.
dimanche 11 octobre 2015
samedi 10 octobre 2015
Madame H. , Régis Debray
Je viens de lire Madame H. de Régis Debray .
H c'est l'Histoire
et le propos voudrait (il me semble), mettre en évidence l'Histoire devenue impossible car l'histoire a besoin de Héros , de phares, de grands hommes , surement à son sens d’idéaux , et que notre époque n'en a plus , mais seulement de petits hommes , dont les rêves rasent le sol , et se sont soumis par opportunisme qui s'est transformé en nature , à la bourse , aux marchés, à l'intérêt , à la pub, au rentable , au jetable .....
Ce déclin R.Debray nous le faire lire au travers de sa propre biographie . C'est sa vie qu'il nous raconte , avec ses espoirs et ses désillusions. , le partage dans l'ombre des existences de ces géants qu'il a côtoyés Sartre, De Gaulle, Malraux, Mitterrand, aussi Gary etc...
Ce déclin semble bien être son propre déclin , et peut être ce retrait qu'il a choisi par rapport au monde ?
Et pourquoi parle-t-il si peu de ses grandes heures de gloire dans l'épisode Che Guevara ?
Pourquoi minimiser ce qui aurait pu lui conserver son auréole ?
Son dieu argentin est mort tout comme le dieu de sa culture , alors il semble dire : voilà pour preuve , tout fout le camp et c'est ainsi , je partirai aussi bientôt et serai aussi vite oublié .
"Que le diable t'emporte , vieille Europe" semble résonner à la fin de son livre comme l' adieu désabusé du Crabe-tambour.
Parce qu'il a choisi pour illustrer ce déclin la sphère la part la plus prosaïque de son existence , celle des antichambres , ses arguments ne sont pas assez convaincants Pardonnez-moi , Monsieur Régis Debray qui fûtes un de mes phares dans un" itinéraire du divin"(1) et l'approche du sacré (2) .J'attendais de vous des arguments plus forts pour définir cette décadence dont nous sommes tous convaincus de sa réalité mais sans certitudes pour en expliquer les moteurs, ni en préciser la sphère .
Le changement version Michel Onfray est beaucoup plus vitaliste , plus bruyant mais aussi plus lumineux Il est vrai que Michel Onfray est plus jeune (nous sommes de la même génération Mr Debray).Michel Onfray n'a pas votre réserve, Michel Onfray se bat "à coup de marteau"
Lui semble avoir adopté le changement et me parait prêt au transhumanisme . Et cependant les médias , les mettent dans le même panier des défaitistes-empêcheurs de tourner en rond, oiseaux de mauvaises augures ,"nouveaux- réacs déclinistes, pessimistes " accrochés à la vieille identité nationale et à ses valeurs obsolètes .
Je pense que la plupart de ses détracteurs ne l'ont pas seulement lu . Il ne fait pas partie du sérail il n'est pas élitiste , il a déboulonné l'idole qui nous donnait sur le divan, l'absolution hors confessionnal , autant de raisons suffisantes à justifier la cabale dont il est victime .
Onfray donc voit plus un changement qu'un déclin mais lui aussi la fin de l'Europe,d'une europe, qui pourrait , devrait être le commencement d'autre chose.
Comment, pourquoi , défendre les valeurs d'une culture dont il dénonce les égarements où l'ont conduit sa religiosité ?
Ce serait négliger sa défense farouche de l'athéisme avec sa recherche d'une morale laïque , le pivot de sa philosophie, son étendard .
S'il nous fallait un héros , un Don Quichotte nous l'avons trouvé .
Mais je n'ai pas le courage de la radicalité de .M.Onfray. Je ne peux pas rayer d'un trait de plume plus de 2000 ans de culture judéo-chrétienne ; j'ai besoin de tout ce que nous avons glané au cours de ce fameux itinéraire qui mena à la mort de Dieu, besoin de mémoire, besoin de cathédrales , besoin de musique sacrée Bien que je partage votre nostalgie Mr Debray , pour nos générations futures il faut emboiter le pas de notre nouveau croisé afin de leur donner la puissance d'exister,(3) qu'elles croient encore et s'investissent pour l'espérance en de beaux lendemains qui seront les leurs et que nous ne verront pas .
( 1 Dieu un intinéraire)
(2 Le feu sacré)
(3) De Michel Onfray
Demain les dieux 10.10.2015
H c'est l'Histoire
et le propos voudrait (il me semble), mettre en évidence l'Histoire devenue impossible car l'histoire a besoin de Héros , de phares, de grands hommes , surement à son sens d’idéaux , et que notre époque n'en a plus , mais seulement de petits hommes , dont les rêves rasent le sol , et se sont soumis par opportunisme qui s'est transformé en nature , à la bourse , aux marchés, à l'intérêt , à la pub, au rentable , au jetable .....
Ce déclin R.Debray nous le faire lire au travers de sa propre biographie . C'est sa vie qu'il nous raconte , avec ses espoirs et ses désillusions. , le partage dans l'ombre des existences de ces géants qu'il a côtoyés Sartre, De Gaulle, Malraux, Mitterrand, aussi Gary etc...
Ce déclin semble bien être son propre déclin , et peut être ce retrait qu'il a choisi par rapport au monde ?
Et pourquoi parle-t-il si peu de ses grandes heures de gloire dans l'épisode Che Guevara ?
Pourquoi minimiser ce qui aurait pu lui conserver son auréole ?
Son dieu argentin est mort tout comme le dieu de sa culture , alors il semble dire : voilà pour preuve , tout fout le camp et c'est ainsi , je partirai aussi bientôt et serai aussi vite oublié .
"Que le diable t'emporte , vieille Europe" semble résonner à la fin de son livre comme l' adieu désabusé du Crabe-tambour.
Parce qu'il a choisi pour illustrer ce déclin la sphère la part la plus prosaïque de son existence , celle des antichambres , ses arguments ne sont pas assez convaincants Pardonnez-moi , Monsieur Régis Debray qui fûtes un de mes phares dans un" itinéraire du divin"(1) et l'approche du sacré (2) .J'attendais de vous des arguments plus forts pour définir cette décadence dont nous sommes tous convaincus de sa réalité mais sans certitudes pour en expliquer les moteurs, ni en préciser la sphère .
Le changement version Michel Onfray est beaucoup plus vitaliste , plus bruyant mais aussi plus lumineux Il est vrai que Michel Onfray est plus jeune (nous sommes de la même génération Mr Debray).Michel Onfray n'a pas votre réserve, Michel Onfray se bat "à coup de marteau"
Lui semble avoir adopté le changement et me parait prêt au transhumanisme . Et cependant les médias , les mettent dans le même panier des défaitistes-empêcheurs de tourner en rond, oiseaux de mauvaises augures ,"nouveaux- réacs déclinistes, pessimistes " accrochés à la vieille identité nationale et à ses valeurs obsolètes .
Je pense que la plupart de ses détracteurs ne l'ont pas seulement lu . Il ne fait pas partie du sérail il n'est pas élitiste , il a déboulonné l'idole qui nous donnait sur le divan, l'absolution hors confessionnal , autant de raisons suffisantes à justifier la cabale dont il est victime .
Onfray donc voit plus un changement qu'un déclin mais lui aussi la fin de l'Europe,d'une europe, qui pourrait , devrait être le commencement d'autre chose.
Comment, pourquoi , défendre les valeurs d'une culture dont il dénonce les égarements où l'ont conduit sa religiosité ?
Ce serait négliger sa défense farouche de l'athéisme avec sa recherche d'une morale laïque , le pivot de sa philosophie, son étendard .
S'il nous fallait un héros , un Don Quichotte nous l'avons trouvé .
Mais je n'ai pas le courage de la radicalité de .M.Onfray. Je ne peux pas rayer d'un trait de plume plus de 2000 ans de culture judéo-chrétienne ; j'ai besoin de tout ce que nous avons glané au cours de ce fameux itinéraire qui mena à la mort de Dieu, besoin de mémoire, besoin de cathédrales , besoin de musique sacrée Bien que je partage votre nostalgie Mr Debray , pour nos générations futures il faut emboiter le pas de notre nouveau croisé afin de leur donner la puissance d'exister,(3) qu'elles croient encore et s'investissent pour l'espérance en de beaux lendemains qui seront les leurs et que nous ne verront pas .
( 1 Dieu un intinéraire)
(2 Le feu sacré)
(3) De Michel Onfray
Demain les dieux 10.10.2015
mardi 6 octobre 2015
dimanche 4 octobre 2015
Bartok , Le mandarin merveilleux
Pour cette œuvre j'ai ressorti un de mes vieux vinyles RCA par
l'orchestre National de l'opéra de Monte-Carlo Sous la direction
de Bruno Maderna.
Une autre interprétation sur youtube:
Sous la direction de Edwards Gardner
"La composition du Mandarin Merveilleux, "pantomime en un acte" opus 19 de Bartók, se situe d'octobre 1918 à mai 1919, au cœur d'une période pendant laquelle son pays est cruellement déchiré :"Guerre et révolution, écrit son compatriote Bence Szabolsci, bouleversement général, catastrophes partout la vision d'une mort menaçante et d'une vie s'asphyxiant. Et la vision aussi d'une vie qui ne pourra plus continuer comme par le passé; le spectre du bien et du mal entrelacés dans une étreinte morbide, le spectacle désolant de la force destructrice et de l'élan vital, de l'humanisme et de la cruauté, des mondes oriental et occidental, des grandes villes délabrées et d'une paysannerie en révolte, de la civilisation et des énergies primitives. C'est en cette période où s'affrontent violemment des forces opposées que jaillit de l'âme du compositeur hongrois la musique du Mandarin Merveilleux.(Marc Pincherle)
Un étrange livret lui avait suggéré l'idée de cette pantomime.
L'action imaginée par Menyhert Lengyel, qui se déroule dans la chambre d'un hôtel mal famé ( par la suite des metteurs en scène lui ont donné pour cadre une ruelle sinistre, un ravin caché au creux d'une montagne abrupte, etc.) fait d'abord apparaître une jeune prostituée, dressée par trois gredins à attirer les passants, qu'ils dévalisent sans tarder. Entre d'abord un vieux galant d'aspect misérable, immédiatement mis à la porte, parce que sans argent. Lui succède un jeune homme timide qui, pour la même raison subit les même sort .
Alors se présente un Mandarin,imposant , impassible , inquiétant. La jeune fille danse pour le distraire, mais elle a peur de lui et s'enfuit lorsqu'il tente de la serrer de plus près. Mais par sa danse , elle lui a inspiré une véritable passion. Il la poursuit, la rejoint. A ce moment les bandits sortent de leur cachette et, par trois fois, essaient de le tuer en l'étouffant sous des coussins, en le transperçant d'un coup d'épée,finalement en le pendant; mais la corde cède , il tombe et la jeune fille , prise de compassion , se penche vers lui et l'embrasse. Son désir étant exaucé, il meurt.
On a expliqué le choix de cet argument par la révolte de Bartók contre la corruption du monde contemporain , qui avilit tout, jusqu'à l'amour. Ce qui nous importe à un demi siècle de distance * , c'est que la violence certaine qui anime sa partition n'a rien perdu de son intensité, que l'originalité de son écriture est intacte, que la symétrie de l’œuvre, Triptyque dont la Danse du Mandarin forme le panneau central , reste un exemple de structure formelle, étayée par la présence, aux principales articulations, d'harmonie basées sur des intervalles caractéristiques et tout aussi efficace que de véritables leitmotive."
Une autre interprétation sur youtube:
jeudi 1 octobre 2015
Carmina Burana
Intégrale , dans une version lyrique et scénique impressionnante !
(Très rabelaisienne, peut être célèbre , mais je ne connaissais pas .)
Carmina Burana sur wikipédia
(Très rabelaisienne, peut être célèbre , mais je ne connaissais pas .)
Carmina Burana sur wikipédia
mercredi 30 septembre 2015
Bartok Concerto pour piano n°3
Adagio
par
Orchestre Symphonique de Birmingham
Direction.- Sir Simon Rattle
Soliste.- Andras Schiff (Piano)
Merci pour cette excellente vidéo.
lundi 28 septembre 2015
Emily Brontë , poèmes
Cahiers de poèmes
(Edition bilingue)15
(le cahier E.J.B.)
L'amour est comme l'églantier,
L'amitié , comme le houx
Le houx est sombre quand l'églantier fleurit,
Mais lequel fleurit le plus constamment ?
L'églantier au printemps a du charme,
L'été ses fleurs embaument l'air
Mais attends que revienne l'hiver
Qui trouvera beau l'églantier ?
Alors dédaigne sa futile guirlande
Et pare-toi du luisant houx
Ainsi, quand décembre flétrira ton front
Au moins il laissera verte ta couronne.
29
(le cahier E.J.B.)
Mort, qui frappas alors que je me fiais le plus
A ma Foi assurée en la joie à être;
Frappe encore , branche flétrie du Temps qui bifurque
De la racine verte de l'Eternité !
Les feuilles sur la branche du Temps, poussaient vives
Gorgées de sève, argentées de rosée;
Les oiseaux, sous son couvert , au soir se rassemblaient;
De jour, autour de ses fleurs , volaient les abeilles.
Le chagrin passa, arrachant la fleur dorée,
La faute dépouilla le feuillage de sa gloire;
Mais dans le sein généreux des parents
Coulait le flot réparateur de la Vie...
Je ne pleurai guère sur la joie disparue,
Le nid désert et le silence du chant;
L'espoir était là, rieur il chassait ma tristesse,
Murmurant : "L'hiver ne s'attardera point."
Et voici le printemps, de sa grâce fructifiante
Orna le rameau alourdi de beauté;
Le vent et la pluie, la chaleur aux caresses ardentes
Le couvrirent de gloire en son second mai
Là-haut il montait, à l'abri de tout chagrin ailé,
Son éclat faisait fuir à distance le péché;
L'amour, sa vie même avait pouvoir de le garder
De tout mal, de tout ravage hormis le tien !
Mort, les jeunes feuilles sèchent et dépérissent !
Le doux air du soir peut encor guérir
Non, le soleil du matin se moque de ma détresse
Pour moi jamais plus le Temps n'éclora.
Foudroie-le ! que d'autres branches fleurissent
Où se trouvait ce surgeon détruit;
Que, du moins, son cadavre pourrissant nourrisse
Le tronc d'où il a jailli, l' Éternité.
Cahier Emily Jane Brontë
(poèmes de Gondal)
8
Ecrit au château d'Aspin
Oh comme j'aime par les nuits d'été
M'asseoir derrière ce porche normand
Dont le sombre portail cache les lueurs
Qui sur moi vont toujours s'épaississant !
Oh comme j'aime entendre les eaux
De l'Aspin murmurer doucement
Et des heures durant écouter la brise
Soupirer dans les arbres de Beckden.
Ce soir, il n'est pas de vent pour éveiller
La moindre ride sur le lac solitaire.
Ce soir des nuages grisâtres voilent
La clarté de la lune et des étoiles
Tout est calme, silencieux, lugubre presque
Si profonde est la solitude ;
Mais j'aime ici m'attarder pour modeler
Mon humeur sur celle de la nature -
Il est sous les rochers un chemin sauvage
Épousant la courbe de la berge
Tout piétiné par les troupeaux de montagne
Qui viennent boire errants à la rivière
Sous la falaise et l'arbre noueux
Jamais plus féerique sente
Ne sinua devant mes yeux
Mais des bergers d'ici nul
Au grand jour, sous le gai soleil,
N'en foulera les méandres seul
Bien moins, à l'heure pensive où le soir
Fait taire l'oiseau, referme la fleur
Et donne à l' Imagination un magique pouvoir
Su toute chose familière
Car au coin de leurs âtres on raconte
Et chacun des auditeurs l'atteste
Qu'en cet endroit erre un pâle fantôme
Aux yeux irréels, d'un bleu de rêve -
Toujours il marche la tête inclinée
Ses longues boucles lisses dans le vent
Son visage est beau - oh, divinement,
Mais sur ce front d'ange pèse l'ombre
D’un désespoir profond tel que jamais
N'en pourrait connaître le divin
Que de fois m'attardant au clair de lune
J'ai guetté seul pour voir surgir ce spectre
Et parmi brume et rochers aperçu
Ses cheveux lustrés, ses yeux solennels
C'est le premier seigneur du gris Aspin,
Murmurent les anciens en secret,
Qui hante ainsi son château
Mais pourquoi - près de sa tombe là-bas
A mille lieues par-delà l'océan -
Sous la voûte du ciel anglais
Où ses cendres sont exilées
N'erre-t-il pas plutôt ?
J'ai vu son portrait dans la grande salle,
Sur un mur à l'est il est suspendu
Et souvent quand le soleil décline
L'image comme un ange resplendit -
Et quand bleu et glacé le clair de lune
Pénètre à flot par les croisées spectrales
Cette image est comme un spectre elle aussi _
La salle est emplie de portraits précieux;
Là se mêlent mystère et beauté -
A droite du sien , une belle enfant
Regarde en son cadre doré.
Tout pareils sont ses cheveux bouclés
Son grand œil noir à la sombre lumière
Son teint pur, la blancheur de son front
Et pareil est son noble nom -
Fille divine ! son regard pouvait-il
Tomber froid sur ton visage sans égal ?
Et n'a-t-il jamais souri de se voir
Ainsi rendu à la petite enfance ?
N'a-t-il jamais écarté ce flot doré
De boucles - pour baiser ce front de nacre
Et senti qu'aucune joie terrestre
N'atteignait à ce baiser paternel ?
Non;- car tournez-vous vers le mur ouest
Là trône l'idole de Sidonia !
Dans tout son orgueil, toute sa gloire !
Et en vérité elle semble un dieu
Le dieu des rêves d'un être en délire
Voilà donc celle pour qui il est mort
Et pour qui sans pardon, sans abri
Son esprit erre exclu du paradis
Un proscrit pour l'éternité -
Ces yeux sont cendres - de glaise ses lèvres.
Cette forme s'est pourrie tout entière
Ni pensée, ni sentiment, ni pouls, ni souffle
Tout est dévoré et perdu dans la mort !
Il n'est pas de ver aussi vil soit-il
Qui vivant, aujourd'hui ne soit plus noble
Qu'elle - la reine idole de Lord Alfred
Si aimée - si adorée, voici longtemps -
Ô partons d'ici ! Le porche normand
S'argente d'une soudaine lueur -
Laissons ces rêveries sur les choses d'antan
Pour le divin visage de la nature -
Sur bois et brandes , sur ondes et cimes
Sur le lac qui scintille et le val qui luit
La lune des moissons rayonne
Quand le ciel sourit d'un lumineux amour
Et que la terre, éblouissante, le regarde
En pareils lieux, par une nuit pareille
Ses enfants ne devraient pas s'assombrir-
(20 Aout 1842- 6 fevrier 1843)
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