dimanche 27 décembre 2015

Palmyre, Paul Veyne


" Ayant  eu  pour métier l'étude  de   l' Antiquité gréco-romaine, je n'ai  cessé  de  rencontrer  Palmyre  sur mon chemin  professionnel.  Avec  la destruction de  Palmyre  par l'organisation terroriste  Daech, tout un  pan  de  notre  culture et mon sujet d’étude viennent  brutalement  de voler  en  éclats.
Malgré  mon  âge  avancé , c'était mon  devoir d'ancien  professeur et  d'être humain de  dire  ma stupéfaction devant  ce saccage  incompréhensible et  d'esquisser  un  portrait  de  ce   que  fut  la splendeur de  Palmyre  qu'on  ne peut  plus  désormais  connaître  qu'à  travers  les  livres  . "
Paul  Veyne

Merci  à  Paul  Veyne ,  à sa  mémoire  ,  à  son  expérience   et   à  son  érudition !

mardi 22 décembre 2015

Compassion avec Maeterlinck et Gustave Doré

"Une souffrance imméritée discrédite l'univers et détruit toute foi et toute confiance."
Maurice Maeterlinck ,"l'autre monde"

également :
exposition BNF:

samedi 19 décembre 2015

L'autre monde ( Maeterlinck) .


"Quand nous atteignons la soixantaine, la plupart des  amis de notre jeunesse ne sont plus . Ils nous ont abandonnés à l'entrée des grands  déserts. Ceux qui  leur  succèdent, au hasard des rencontres ,  ne  pénètrent  plus dans notre existence. Ils restent à la porte de la  maison. Ils nous embrassent  à distance. Ils ont l'air fortuits ou accidentels. Nous apprenons  à vivre au milieu  d'étrangers plus ou moins sympathiques qui ne nous connaissent plus et que nous  n'essayons plus de connaître. Déjà la mort est entre nous ."
Maurice Maeterlinck , L'autre monde ou le cadran stellaire 

Voir  également sur Citadelle

dimanche 13 décembre 2015

Pierrot le fou,J.L. Godard






Jean  Luc  Godard  
  sortie   1965
Cinéma  de   ce qu'on  appelait à  l'époque   "la  nouvelle  vague "

d’après l’oeuvre de: Lionel White
Scénario: Jean-Luc Godard
Avec: Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Graziella Galvani
Genre: Drame,Policier, Comédie
Nationalité: Français italien et américain
Date de sortie: 5 novembre 1965 (1h55min)
Concepteur de production: Pierre Guffroy
Rédacteur: Françoise Collin
Directeur de la photographie: Raoul Coutard
Compositeur original: Boris Bassiak
Compositeur original: Antoine Duhamel
Producteur: Georges de Beauregard




Après  un  accueil mitigé  du public,  à  sa   sortie,  à  cause  de  son  "anarchisme   moral",  ,  ce   film  s'est imposé  pour  devenir finalement  un  film  culte  .

Ferdinand   , alias  Pierrot  le  fou   ,  a tout  lâché  un  soir   pour   partir   avec  un  ancien   flirt  retrouvé  par  hasard .
  Las  de  sa vie    de   nanti  ,  las  de  son  rôle   de  mari  de   Madame  , fille  d'un gros industriel  ,  las des  mondanités  avec  leurs conversations qui   pourraient  se  résumer   à  des  slogans   publicitaires ,il s'embarque  avec Marianne   dans  un  road-movie , une équipée  folle  , sur  la route  du  soleil  (" Nationale   7"  à  l'époque  !, fantasme  de  la  libération par   le   déplacement  géographique  )  .
 Ils   se touvent  mêlés  à  une   rocambolesque   histoire  de  trafic d'armes  qui  transforme  l'évasion  romantique en   cavale   maffieuse  , contée   façon  burlesque   empruntée   "aux comics  ".
Godard , mêle   les genres  , émaille  son  film  de  références artistiques  picturales  et  littéraires  ,  Rimbaud  côtoie  les  Pieds-nickelés ou  Picasso  , la publicité  de  super marché .
Avec une  fin en  " happy -end " , le  film  n'aurait  pas de sens  ,  mais  Godard y a  introduit   une  apothéose  !  avec  la séquence  devenue   mythique du suicide   raté   où  la  mort   s'impose    cyniquement  au  rendez-vous  !!!!
Grandiose !!

Pour les cinéphiles plus exigeants  , je   propose la critique  sur  le  site    DVDCLASSIK  

 Quelques   images  :
"Il  y  avait  eu  la  civilisation  athénienne,  puis   on  a   eu  la   Renaissance   ,  maintenant   on  est  entré dans la  civilisation du  cul."- (Ferdinand)

 "J'ai l'impression  d'être  plusieurs"  (Ferdinand- Pierrot  le  fou)


" La vie  peut  être  triste  , mais elle  est  toujours  belle " (Ferdinand)






L'amour  est   à  réinventer  (Ferdinand-Rimbaud)






 "- Qu'est-ce  qu'on  fait  maintenant ?
    -Rien...   on  existe
     -ça  ne doit  pas être   marrant ..."



 "Allonzi,  allonzo " (les  pieds Nickelé??
















"Avec toi   c'est  toujours  pareil  sauf  que  c'est  le  contraire  " (Ferdinand)


On  ne  peut  pas discuter  avec  toi  , T'as  pas  d'idées  , t'as que  des  sentiments  (Ferdiand)







 Revenir  en  arrière  ? Eh  puis  non  !  A quoi bon 









  Mais qu' est-ce  que  je  fais  ???  Quel   c...... où  est  la mèche?


                                     

                                     

 Trop tard  !!!!


                                      









mardi 8 décembre 2015

La vie errante , Yves Bonnefoy

 
Léonard  de Vinci Sainte Anne

L'inachevable

Quand  il  eu   vingt  ans il leva les yeux, regarda le ciel, regarda la terre  à  nouveau,- avec attention. C'était  donc  vrai ! Dieu  n'avait   fait  qu'ébaucher  le monde. Il n'y avait  laissé que des ruines.

Ruines ce chêne, si beau pourtant. Ruines  cette eau, qui  vient  se  briser   si  doucement   sur la rive. Ruines le soleil même. Ruines  tous ces signes de la  beauté comme le  prouvent bien les  nuages,   plus beaux encore.

Seule  la  lumière a eu  vie  pleine peut être, se dit-il. Et c'est pour cela  qu'elle   semble  simple, et  incréée.- Depuis  il  n'aime  plus,  dans  l’œuvre des  peintres, que les  ébauches.  Le  trait  qui  se  ferme   sur  soi lui semble  trahir la cause de  ce dieu qui  a  préféré l'angoisse de la  recherche à la joie   de  l’œuvre  accomplie.

mardi 1 décembre 2015

Goya , les vieilles

Parfois  appelé  pudiquement   "le  temps"


...

Mourir, cela n'est rien
Mourir, la belle affaire!
Mais vieillir,
 Oh, vieillir !!

(Vieillir   de  Jacques  Brel  )

Et  ici  un  très  joli commentaire  du  tableau  de  Goya 

Aragon , J'arrive où je suis étranger ..



Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger

Un jour tu passes la frontière
D’où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu’importe et qu’importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon

Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l’enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C’est le grand jour qui se fait vieux

Les arbres sont beaux en automne
Mais l’enfant qu’est-il devenu
Je me regarde et je m’étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus

Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d’antan
Tomber la poussière du temps

C’est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C’est comme une eau froide qui monte
C’est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu’on corroie

C’est long d’être un homme une chose
C’est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux

O mer amère ô mer profonde
Quelle est l’heure de tes marées
Combien faut-il d’années-secondes
A l’homme pour l’homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées

Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger

Louis Aragon
(Image   sur  Wikipédia )

dimanche 29 novembre 2015

Vu récemment : Interstellar

Quatre  étoiles  !  J'ai beaucoup  aimé  .

 Musique de  Hans  Zimmer

"Une réalité  douloureuse   (en l'état  actuel  de nos  connaissances)   :  le  temps  peut   s'étirer ,  se  dilater , se distendre ou  bien se contracter  mais  il  ne revient  jamais en  arrière  ... "

On  peut   imaginer  de se sacrifier   pour  nos  proches ,  pour notre   monde   immédiat  mais  pourrait- on  accepter   de  les sacrifier  pour  sauver  l'humanité  ?

Deux thèmes  dans  film   qui  méritent  réflexion  !!

Les:  clés
Interstellar : Explication et analyse du film de C.Nolan
En savoir plus sur http://oblikon.net/analyses/interstellar-explication-et-analyse-du-film-de-c-nolan/#AAZXvZWROQ98THi9.99

vendredi 20 novembre 2015

Mélancolie quand tu nous tiens ....


Pourquoi sommes -nous  si  attachés  à  notre  mélancolie   ??
J'ai lu  une  réponse (proposition de réponse)   récemment  , mais  je ne  sais  plus   chez qui  je  l'ai  trouvée .....  sûrement   parce qu'elle   fait  partie  de  notre  vie, qu'elle   nous  lie  à  ce qui  nous a quittés, qu'elle  maintient  vivant  en  nous ce fil  entre  passé et   présent  , parce qu'elle  résiste   à  l'oubli  ....   

mardi 10 novembre 2015

Master and commander


Un très grand  film qui  réunit  la  plupart  des choses  que j'aime , la  mer   les  bateaux et  les  valeurs qui s'y  trouvent privilégiées :  courage,  honneur   et  amitié  , le tout  filmé et mis en  scène  avec  un immense  talent  . Sans oublier  une  bande sonore  exceptionnelle  qui  nous permet  d'associer  dans nos souvenirs  les  morceaux  des plus grands compositeurs  Mozart , Bach,  Corelli,  Boccherini ,Vaughan  Williams  .....


 Pour ce film Peter  Weir s'est inspiré de l'un  des 20 volumes  de l'auteur  britannique  Patrick  O'Brian  "De  l'autre   côté  du  monde  " . O'Brian  , raconte    dans  cette énorme  saga,   les aventures du capitaine Jack Aubrey et du médecin Stephen Maturin, dans un contexte historique remarquablement reconstitué des guerres napoléoniennes.

Patrick  O'Brian  a aussi écrit  la biographie  du  naturaliste   Joseph  Banks   précurseur  de    Charles Darwin et c'est lui  qu'incarne   probablement  le médecin Stephen  Mathurin , embarqué  sur   la  frégate  La  Surprise, et dont le  rôle  est  tenu  par Paul .Bettany. Il est au  côté  du  charismatique   Russel   Crowe  , le capitaine Jack  Aubray  qui entraine son  équipage   dans  une bataille  navale   épique   , poursuivant  l'  Achéron  français  au  milieu  des   brumes et  des tempêtes , évoquant   le combat  mythique  du  Capitaine   Achab de   Melville  à  la  poursuite de  Moby Dick.








Aubray toutefois  n'est pas  Achab . S'il  semble parfois  céder  à  son obsession  belliqueuse  et   à sa quête  de  gloire personnelle  , l'amitié  qui  le  lie  à   son  médecin de  bord  Mathurin/Bettany modère sa témérité  et  le soude à son  équipage .Ces  instants  d'apaisement  la musique nous les  restitue   lors  des moments musicaux  auxquels se  livrent    en duo  ces  hommes de  valeurs  aux âmes si différentes  et  complémentaires  . 



Boccherini 


Corelli  Adagio   concerto  grosso   opus  6  n°8


dimanche 1 novembre 2015

Petite fleur

Bizarre   mais  cet air  dans  ma tête  arrive  toujours après les  feuilles  mortes


ou chantée  par  Mouloudji


Les feuilles mortes



Pas très  original  ,  mais de  circonstances  ......

Seul sur Mars

A consommer  sans hésitation ! Un très bon divertissement qui vous tient en haleine de la première  à  la dernière minute. Crédibilité scientifique non garantie , mais de belles  images  (la 3d  n'est pas de  trop )  et  un bon scénario  avec une bonne dose  de péripéties . Matt Damon  y est excellent .
Bien sûr , on ne se pose pas  la question sur les  millions de   dollars engloutis , sur la justification  d'une telle  expédition, c'est hors sujet . La grande surprise c'est le parti pris optimiste : pas un seul  coup  de  feu , pas  une seule bagarre,  pas de trahisons,  pas de défaillances  mentales, ni morales, pas de sexe. Pas de méchants ... Curieux.que sans aucun des ces ingrédients   le scénario fonctionne . Tous les  protagonistes  sont   des gens  de bien , loyaux ,courageux et  dévoués.
Dommage que la  musique soit insupportable . (pour moi.. ce n'est vraiment pas mon style !)



mercredi 14 octobre 2015

Léo Ferré Le hibou de Paris






Le hibou de Paris

L'automne dans  les bois est cousu  de  ouatine
On  y  entend  les  pattes douces de la vie
Quelque  oiseau  malhabile en  sifflant  dès  matines
A tiré de  sa sieste un  hibou   de  Paris

La  chlorophylle s'est  caillée au  bout  des branches
C'es l'amour qui  s'enchante et  se  meurt à  la fois
Et la feuille  d'automne agonise  un  dimanche
Et  le  lundi matin  on  la  montre du  doigt

L'automne  caraïbe a des  printemps  qui  flânent
C'est le tropique  qui   trop  pique  et  goulûment
Délave son  été dans  un  azur  ou plane
Un  soleil  gominé qui  ne fout pas  le camp

ça  c'est la  poésie monsieur, où  meurt  l'automne
Le  poète  va  pondre un  œuf  impunément
L'automne  est morte qu'importe  une chanson  rayonne
Et enroue les pick-up comme  un  emmerdement

Et   ce   jazz  qui  vous tape  au  siphon  comme un pic
Un  vrai  déhanchement  d'épopée en surtax
Un  potentiel  de  brouhaha  qui  tombe  à  pic
Dans cette  épique  époque  où  syntaxent   les  saxs

Et ces nouvelles qu'ont vous tend  comme une perche
Et ces désirs blessés mille  fois rapiécés
Ces manettes truquées où  vainement l'on cherche
Une  voix  bienheureuse  à l'horizon clouée.

samedi 10 octobre 2015

Madame H. , Régis Debray

Je viens de  lire  Madame  H. de  Régis Debray  .
H c'est   l'Histoire 
et le propos  voudrait  (il me semble), mettre en évidence  l'Histoire devenue  impossible  car   l'histoire  a  besoin  de Héros  ,  de  phares,  de  grands  hommes   , surement  à son sens d’idéaux  ,  et  que notre époque  n'en  a  plus , mais seulement  de  petits hommes  ,  dont  les  rêves  rasent le   sol  ,   et  se sont   soumis par opportunisme   qui  s'est  transformé  en   nature   ,  à  la bourse , aux  marchés,  à  l'intérêt ,  à la  pub,  au rentable , au jetable   .....
Ce déclin   R.Debray  nous le  faire  lire  au travers de  sa propre biographie . C'est sa vie qu'il  nous raconte  ,  avec ses espoirs   et  ses désillusions. , le partage  dans l'ombre des existences    de ces géants qu'il  a  côtoyés  Sartre,  De Gaulle,  Malraux,  Mitterrand,  aussi Gary etc...
Ce  déclin  semble   bien  être  son propre  déclin  , et peut être   ce retrait  qu'il  a choisi  par  rapport  au  monde  ?
Et  pourquoi    parle-t-il  si   peu  de ses  grandes  heures de   gloire   dans l'épisode   Che   Guevara  ?
Pourquoi  minimiser  ce  qui aurait   pu  lui conserver  son  auréole ?
Son dieu  argentin   est  mort   tout comme  le dieu  de   sa culture  , alors  il  semble  dire  :  voilà  pour preuve   , tout   fout  le camp  et  c'est  ainsi  , je   partirai  aussi  bientôt  et  serai aussi  vite  oublié  .
"Que le  diable t'emporte   , vieille   Europe"  semble résonner  à la fin de  son  livre  comme l' adieu désabusé   du  Crabe-tambour.

Parce  qu'il  a choisi pour illustrer  ce  déclin  la sphère   la part la  plus  prosaïque  de son  existence , celle des antichambres ,  ses  arguments ne  sont  pas assez  convaincants  Pardonnez-moi  ,  Monsieur   Régis  Debray  qui  fûtes  un  de   mes  phares  dans un" itinéraire  du divin"(1) et  l'approche  du  sacré (2) .J'attendais de  vous  des arguments plus forts pour   définir   cette  décadence  dont  nous sommes  tous  convaincus  de  sa réalité  mais sans certitudes pour en expliquer les  moteurs,  ni en  préciser la sphère .

Le changement   version  Michel  Onfray  est   beaucoup  plus  vitaliste   , plus  bruyant   mais aussi  plus  lumineux  Il est  vrai   que  Michel  Onfray  est   plus  jeune  (nous sommes  de  la  même   génération   Mr  Debray).Michel   Onfray  n'a pas votre  réserve,  Michel  Onfray  se  bat   "à  coup de  marteau"
Lui  semble  avoir  adopté  le  changement  et  me  parait   prêt  au  transhumanisme . Et  cependant  les  médias  , les  mettent  dans le  même   panier  des défaitistes-empêcheurs de  tourner  en  rond, oiseaux de mauvaises  augures ,"nouveaux- réacs déclinistes, pessimistes  " accrochés  à la vieille  identité nationale   et   à  ses  valeurs obsolètes  .
Je pense  que la plupart  de ses détracteurs ne  l'ont pas seulement  lu . Il  ne  fait  pas  partie   du  sérail   il  n'est pas  élitiste  , il  a déboulonné  l'idole qui  nous donnait sur le divan,  l'absolution hors confessionnal , autant  de raisons  suffisantes à justifier  la  cabale  dont il est  victime  .
Onfray  donc  voit plus un  changement  qu'un  déclin mais  lui aussi    la fin  de  l'Europe,d'une  europe, qui  pourrait , devrait  être le  commencement  d'autre  chose.
Comment, pourquoi ,  défendre  les valeurs  d'une  culture  dont il  dénonce les égarements  où  l'ont conduit sa religiosité   ?
Ce serait  négliger  sa défense  farouche  de  l'athéisme avec sa recherche  d'une  morale   laïque  , le pivot  de sa  philosophie,  son étendard .
S'il  nous fallait  un  héros  ,  un  Don Quichotte   nous  l'avons  trouvé  .

Mais  je n'ai  pas le   courage  de  la radicalité  de .M.Onfray. Je ne peux  pas  rayer  d'un  trait  de  plume   plus de  2000 ans de  culture  judéo-chrétienne  ; j'ai  besoin  de   tout  ce  que  nous avons  glané  au cours de   ce  fameux itinéraire  qui  mena  à  la   mort  de   Dieu, besoin  de mémoire,  besoin  de  cathédrales , besoin de  musique  sacrée  Bien que  je partage  votre   nostalgie  Mr  Debray ,  pour nos générations futures  il  faut   emboiter le  pas  de  notre  nouveau  croisé afin  de leur donner la  puissance  d'exister,(3) qu'elles  croient  encore et s'investissent pour l'espérance en de  beaux  lendemains qui seront  les leurs et  que nous ne  verront  pas .

( 1 Dieu  un intinéraire)
(2 Le feu  sacré) 
(3) De Michel  Onfray 

Demain  les dieux 10.10.2015

dimanche 4 octobre 2015

Bartok , Le mandarin merveilleux



Pantomime  en  un  acte  opus  19 (1818-1919) devenue  Suite  pour  orchestre
Pour cette  œuvre  j'ai  ressorti  un  de mes vieux  vinyles RCA par  l'orchestre  National  de l'opéra de   Monte-Carlo Sous la direction  de   Bruno  Maderna.
"La composition du  Mandarin  Merveilleux, "pantomime  en   un  acte" opus  19 de  Bartók, se situe  d'octobre  1918 à  mai   1919, au cœur d'une période pendant  laquelle son  pays est  cruellement  déchiré :"Guerre et révolution, écrit son  compatriote  Bence  Szabolsci, bouleversement  général,  catastrophes partout la vision  d'une   mort  menaçante  et  d'une  vie  s'asphyxiant.  Et la vision  aussi  d'une vie  qui ne  pourra  plus continuer  comme par le passé; le spectre du  bien  et  du  mal  entrelacés dans  une étreinte morbide, le spectacle   désolant  de la force  destructrice et de l'élan  vital, de l'humanisme  et  de la  cruauté, des  mondes oriental  et  occidental, des grandes villes délabrées et  d'une paysannerie  en  révolte, de la civilisation  et  des énergies primitives. C'est en  cette   période  où  s'affrontent  violemment des forces  opposées  que jaillit  de l'âme  du  compositeur hongrois  la musique du  Mandarin  Merveilleux.
Un étrange livret  lui  avait  suggéré l'idée de cette  pantomime.
L'action imaginée  par  Menyhert Lengyel,  qui  se déroule dans  la chambre  d'un  hôtel  mal  famé ( par la suite  des metteurs en  scène lui  ont  donné pour cadre  une  ruelle  sinistre,  un ravin  caché  au  creux d'une  montagne  abrupte, etc.) fait  d'abord apparaître  une jeune  prostituée, dressée par  trois gredins  à  attirer  les passants, qu'ils dévalisent  sans tarder. Entre d'abord un  vieux galant d'aspect  misérable, immédiatement mis  à  la  porte, parce que sans argent.  Lui  succède un jeune homme  timide qui,  pour la  même  raison  subit  les même  sort  .
Alors se présente un  Mandarin,imposant  ,  impassible ,  inquiétant. La jeune  fille  danse pour  le  distraire, mais elle  a  peur  de  lui et s'enfuit   lorsqu'il  tente  de la serrer  de plus  près. Mais  par   sa danse  , elle lui  a inspiré  une  véritable  passion. Il  la poursuit,  la rejoint. A ce moment les bandits  sortent  de leur cachette et,  par  trois fois, essaient  de le  tuer en  l'étouffant  sous des coussins, en  le  transperçant  d'un  coup  d'épée,finalement en  le pendant;  mais la corde cède , il tombe et la jeune  fille  , prise  de  compassion , se  penche  vers lui  et  l'embrasse. Son  désir  étant  exaucé, il  meurt.
On a  expliqué  le  choix de  cet  argument par la révolte  de   Bartók contre la corruption  du  monde  contemporain , qui  avilit  tout, jusqu'à  l'amour. Ce qui  nous importe  à  un  demi  siècle de  distance  * , c'est  que  la violence  certaine  qui  anime  sa  partition  n'a rien perdu  de son intensité, que l'originalité de son  écriture  est  intacte,  que la symétrie  de   l’œuvre,  Triptyque dont la Danse du  Mandarin   forme le  panneau  central , reste un exemple  de structure  formelle, étayée  par la  présence, aux  principales articulations, d'harmonie basées sur  des  intervalles caractéristiques et  tout  aussi  efficace  que  de  véritables  leitmotive."
(Marc  Pincherle)
 
Une autre interprétation  sur   youtube:

 Sous  la  direction  de  Edwards  Gardner

jeudi 1 octobre 2015

Carmina Burana

Intégrale , dans  une version  lyrique  et scénique  impressionnante !
(Très rabelaisienne, peut être célèbre , mais je ne connaissais  pas  .)


Carmina  Burana sur  wikipédia

mercredi 30 septembre 2015

Bartok Concerto pour piano n°3


Adagio
par 
Orchestre Symphonique de Birmingham
Direction.- Sir Simon Rattle
Soliste.- Andras Schiff (Piano)
Merci  pour cette excellente vidéo.

Je ne me lasse pas d'écouter ce mouvement en particulier ! Le 1er mouvement est délicieux mais cet adagio est sublime ! Une pure  merveille !


lundi 28 septembre 2015

Emily Brontë , poèmes




 Cahiers de   poèmes

(Edition  bilingue)

15
(le cahier  E.J.B.)

L'amour est  comme l'églantier,
L'amitié , comme le  houx
Le  houx est  sombre quand l'églantier  fleurit,
Mais lequel fleurit  le  plus constamment ?

L'églantier  au  printemps a  du charme,
L'été ses fleurs embaument l'air
Mais attends que  revienne l'hiver
Qui trouvera  beau  l'églantier  ?

Alors dédaigne sa futile  guirlande
Et  pare-toi du luisant houx
Ainsi, quand  décembre flétrira  ton  front
Au  moins  il  laissera verte  ta  couronne.

29
(le cahier  E.J.B.)

Mort, qui  frappas alors que je   me fiais  le  plus
A ma Foi   assurée  en la joie  à  être;
Frappe encore  ,  branche  flétrie du  Temps qui  bifurque
De la racine  verte de  l'Eternité !

Les feuilles sur la branche  du Temps, poussaient  vives
Gorgées de sève, argentées de rosée;
Les  oiseaux, sous son  couvert , au soir  se  rassemblaient;
De jour,  autour de ses fleurs , volaient les abeilles.

Le chagrin  passa, arrachant  la  fleur  dorée,
La  faute dépouilla le  feuillage de sa gloire;
Mais dans le  sein  généreux des  parents
Coulait le  flot réparateur  de la Vie...

Je ne  pleurai guère sur  la joie disparue,
Le nid désert et  le silence  du chant;
L'espoir était là,  rieur il chassait ma tristesse,
Murmurant :  "L'hiver ne s'attardera  point."

Et voici  le   printemps, de sa grâce fructifiante
Orna  le  rameau alourdi  de  beauté;
Le vent et  la  pluie, la chaleur  aux caresses ardentes
Le couvrirent de gloire  en son  second  mai

Là-haut il  montait,  à l'abri  de tout  chagrin  ailé,
Son éclat faisait fuir  à  distance le  péché;
L'amour, sa vie  même avait pouvoir  de le  garder
De tout mal,  de  tout   ravage hormis le  tien !

Mort,  les jeunes feuilles sèchent  et  dépérissent !
Le doux air  du  soir peut  encor  guérir
Non,  le  soleil  du matin se moque de ma détresse
Pour  moi  jamais  plus  le  Temps n'éclora.

Foudroie-le !   que  d'autres  branches  fleurissent
Où se  trouvait ce surgeon  détruit;
Que, du  moins, son cadavre  pourrissant nourrisse
Le tronc d'où  il  a  jailli,  l'  Éternité.


Cahier  Emily  Jane Brontë

(poèmes de  Gondal)


8
Ecrit au château  d'Aspin

Oh comme  j'aime  par  les  nuits d'été
M'asseoir derrière ce  porche  normand
Dont  le sombre  portail cache les  lueurs
Qui sur moi vont  toujours s'épaississant !

Oh  comme j'aime entendre les eaux
De l'Aspin  murmurer  doucement
Et des  heures durant  écouter la brise
Soupirer dans les arbres de  Beckden.

Ce soir,  il  n'est pas de vent  pour  éveiller
La moindre  ride  sur le  lac solitaire.
Ce soir des nuages grisâtres voilent
La clarté de la  lune  et  des étoiles

Tout  est  calme, silencieux, lugubre presque
Si  profonde est la solitude ;
Mais  j'aime  ici  m'attarder  pour modeler
Mon  humeur  sur  celle  de  la  nature  -

Il est sous  les rochers  un  chemin  sauvage
Épousant  la courbe de la berge
Tout piétiné  par  les troupeaux de  montagne
Qui  viennent   boire  errants à  la rivière

Sous  la falaise et l'arbre noueux
Jamais plus féerique sente
Ne sinua devant mes  yeux
Mais des bergers d'ici nul
Au grand  jour, sous  le  gai  soleil,
N'en  foulera  les  méandres  seul

Bien  moins,  à  l'heure  pensive  où  le  soir
Fait taire l'oiseau, referme la fleur
Et  donne  à  l' Imagination  un  magique  pouvoir
Su toute chose  familière

Car  au coin de  leurs  âtres  on raconte
Et chacun  des auditeurs  l'atteste
Qu'en  cet  endroit   erre  un  pâle  fantôme
Aux  yeux  irréels, d'un bleu  de  rêve -

Toujours  il  marche la tête inclinée
Ses longues boucles lisses dans  le  vent
Son visage est beau  - oh, divinement,
Mais sur  ce front  d'ange  pèse  l'ombre
D’un désespoir  profond tel  que  jamais
N'en  pourrait connaître  le  divin

Que  de fois  m'attardant  au  clair  de lune
J'ai guetté seul pour  voir  surgir  ce spectre
Et  parmi brume et  rochers aperçu
Ses cheveux lustrés, ses yeux  solennels

C'est le premier   seigneur  du  gris  Aspin,
Murmurent les anciens  en  secret,
Qui  hante ainsi  son  château

Mais  pourquoi - près de sa tombe  là-bas
A mille lieues par-delà l'océan -
Sous  la  voûte du  ciel  anglais
Où ses cendres  sont   exilées
N'erre-t-il  pas  plutôt ?

J'ai vu  son portrait dans la grande  salle,
Sur  un  mur à l'est il  est  suspendu
Et souvent  quand  le  soleil  décline
L'image  comme un ange resplendit -

Et quand  bleu  et   glacé  le  clair  de lune
Pénètre  à  flot  par  les  croisées spectrales
Cette  image  est  comme  un spectre elle  aussi _

La salle est  emplie  de portraits  précieux;
Là  se  mêlent  mystère et  beauté -
A droite du  sien , une belle  enfant
Regarde en son cadre  doré.

Tout pareils  sont  ses cheveux bouclés
Son  grand  œil noir   à  la sombre  lumière
Son teint  pur, la blancheur de  son front
Et  pareil  est son  noble nom -

Fille divine !  son  regard  pouvait-il
Tomber froid  sur  ton  visage  sans égal  ?
Et n'a-t-il  jamais  souri  de  se  voir
Ainsi  rendu  à la  petite enfance ?

N'a-t-il  jamais  écarté ce  flot  doré
De boucles - pour baiser ce front  de  nacre
Et senti  qu'aucune  joie  terrestre
N'atteignait  à   ce  baiser  paternel ?

Non;- car  tournez-vous  vers  le mur   ouest
Là trône  l'idole  de   Sidonia !
Dans tout  son orgueil,  toute sa gloire !
Et en vérité  elle semble  un  dieu
Le dieu  des rêves  d'un  être en  délire
Voilà donc  celle  pour  qui  il  est mort
Et  pour  qui  sans  pardon,  sans abri
Son  esprit  erre exclu du  paradis
Un  proscrit  pour l'éternité -

Ces  yeux sont  cendres - de  glaise  ses  lèvres.
Cette forme  s'est  pourrie  tout  entière
Ni  pensée, ni sentiment, ni  pouls, ni souffle
Tout est dévoré  et  perdu  dans  la  mort !

Il n'est pas de ver  aussi  vil  soit-il
Qui  vivant,  aujourd'hui  ne soit plus noble
Qu'elle - la reine  idole   de Lord  Alfred
Si  aimée - si  adorée, voici  longtemps -

Ô partons d'ici ! Le porche  normand
S'argente  d'une  soudaine  lueur -
Laissons  ces  rêveries sur les choses d'antan
Pour le  divin  visage  de  la  nature -
Sur  bois et  brandes , sur  ondes et  cimes
Sur  le  lac qui  scintille et le  val  qui  luit
La lune  des  moissons  rayonne

Quand le  ciel  sourit  d'un  lumineux amour
Et que la terre, éblouissante,  le   regarde
En  pareils  lieux, par une  nuit  pareille
Ses enfants ne  devraient pas s'assombrir-

(20 Aout  1842- 6 fevrier  1843)