samedi 27 décembre 2014

Abattoir 5 "C'est la vie...."


Un  film  de   Georges  Roy  Hill de   1971
Adaption  du  roman de   Kurt  Vonnegut (SF)

Abattoir 5 n'est pas une histoire de science-fiction. « C'est une histoire vraie, plus ou moins. Tout ce qui touche à la guerre, en tout cas, n'est pas .loin de la vérité. J'ai réellement connu un gars qu'on a fusillé à Dresde pour avoir pris une théière qui ne lui appartenait pas. Ainsi qu'un autre qui menaçait de faire descendre ses ennemis personnels par des tueurs à la fin des hostilités. Et ainsi de suite... » (p. 11). Mais c'est une histoire qui tourne autour de la SF, qui y emprunte certains thèmes, qui passe par certains de ses détours. Mais en les survolant, sans avoir l'air d'y toucher, ou alors à la manière de gags — comme celui du temps inversé, cher à Philip K. Dick, et qui ne fait ici que l'objet d'une trentaine de lignes du genre : « La formation survole à contre-courant une ville allemande en flammes. Les bombardiers ouvrent leur trappe, déploient un magnétisme miraculeux qui réduit les incendies. les ramasse dans des cylindres d'acier et enfourne ceux-ci dans le ventre des coucous. (...) Quand les bombardiers regagnent leurs bases, les cylindres d'acier sont ôtés des râteliers et réexpédiés aux Etats-Unis où les usines tournant nuit et jour pour les démanteler et séparer les dangereux composants, les réduisant à l'état de minéraux. (...) Puis on envoie ces minéraux à des spécialistes, dans des régions lointaines, il s'agit pour eux de les enfouir, de les dissimuler habilement, afin qu'ils ne puissent jamais plus nuire à personne. » (p.71).
     En réalité, et on l'aura compris à ces quelques extraits. Abattoir 5 est un livre sur l'Amérique et sur la guerre — deux notions qui peuvent difficilement être séparées, surtout si le terme guerre évoque la violence à l'état brut, à l'état « sauvage », la violence absurde, aveugle, incompréhensible. Kurt Vonnegut y met l'accent dès la deuxième phrase de son roman : oui, il a réellement connu un gars qu'on a fusillé parce qu'il avait volé une théière... Et lorsqu'on fusille pour une théière, le fond de l'horreur n'est-il pas atteint par l'absurde ? De toute façon, la notion de violence transcende considérablement celle de guerre — qui n'est que la contraction spatiale et temporelle d'une violence particulièrement exacerbée. La guerre de 1939/45, justement, qui est, sinon le sujet du livre, tout au moins son « objet », n'est là que comme un point de repère, d'éclatement, de conjonction de lignes de force. Mais la violence ne s'est pas arrêtée avec la fin de la guerre, avec cette guerre-là :
     « Robert Kennedy dont la maison de vacances est située à quatorze kilomètres de celle où j'habite toute l'année a été atteint d'une balle il y a quarante-huit heures. Il est mort hier soir. C'est la vie.
     Martin, Luther King a été abattu le mois dernier. Lui aussi est mort. C'est la vie.
     Et chaque jour mon gouvernement me communique le décompte des cadavres que l'art militaire fait fleurir au Vietnam. C'est la vie.
 [... ]
La critique  de  J.P. Andrevon

2 commentaires:

  1. Une nouvelle année commencera dans quelques jours et comme le souligne si bien ce post, rien ne changera car "c'est la vie".
    Cependant je tiens à vous présenter mes vœux sincères pour 2015, souhaitant qu'ils s'appliquent dans les domaines de la santé, du bonheur et également celui de la réalisation des projets qui vous tiennent le plus à cœur.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Charlie Delta .
      On arrachera mercredi la dernière feuille du calendrier 2014 et les souvenirs prendront une année de plus ,pour à leur tour faire la place à ceux de 2015. La roue continuera de tourner , avec ses bons et ses mauvais moments . Une amie me disait il y a deux jours l'essentiel c'est qu'il y ait de bons moments . Ô combien elle cette parole est juste ! Cultivons-les !
      Qu'ils soient nombreux pour vous en 2015 !
      Mj

      Supprimer