L'aventurier des mers (Jack London , sailor on Horseback)
Une vie
de trimardeur …
… Pour Jack l’absence
de monotonie faisait
el charme de la vie errante
.Trimarder c’était trouver
devant soi un
spectacle fantastique , ou surgissait l’impossible , où l’inattendu surgissait
d’un buisson au tournant
de la route. Chaque journée était
exceptionnelle et apportait une
multitude d’images diverses et rapides,
uniques en leur genre. La nuit il montait
sur un train
de marchandises, aux heures des repas il mendiait aux
portes de service ou
tendait la main
dans la rue principale. Il rencontrait
des centaines de clochards avec
lesquels il sautait sur les trains, partageait son
argent et son
tabac, se querellait,
faisait cuire sa popote dans les terrains vagues, qu »mandaient,
jouait aux cartes,
échangeait ses impressions
et obéissait aux lois
du métier qui voulait
qu’on saute clandestinement sur
les trains les plus rapides .
Rencontre
avec Mabel
Appelgarth amena Jack
chez lui et le présenta à sa
sœur Mabel. A peine
Jack eut-il franchi
le seuil de la maison , qu’il
tomba amoureux avec la rapidité fulgurante
qui répondait à son
tempérament.
Mabel Applegarth était
une créature éthérée , avec
de grands yeux bleus, un
regard sensible et une
magnifique chevelure blonde
. Jack la comparait à une
fleur d’or pâle sur une tige élancée. Ele
avait une voix merveilleuse
et un rire cristallin qui pour
Jack contenait toute la
musique du monde. Mabel avait
trois ans de plus que lui ,
c’était une femme droite sans prétention ni coquetterie. Elle faisait ses
études à l’université de
Californie et suivait des cours spéciaux d’anglais .Jack s’émerveillait de
toutes ces connaissances emmagasinées dans cette jolie
tête, de ses manières irréprochables
car elle avait un sens inné d e la distinction
L’art et l’ étude
étaient ses fidèles compagnons
. Jack l’adorait
comme une divinité que l’on vénère
mais que l’on n’approche pas .. Elle accepta son amitié
et ce fut pour
lui un enchantement. Elle étaut
aussi attirée par son
caractère viril, à la
fois rude et tendre ,autant
qu’il l’était par sa
finesse et sa sensibilité .
Découverte du
parti socialiste
Le parti
socialiste d’Oakland , nouvellement constitué, et
l’un des premiers crées sur la côte
du Pacifique , invita Jack à
participer aux réunions .Il y rencontra des hommes
tels qu’ Austin Lewis du
parti travailliste-socialiste anglais
, des socialistes allemands exilés, caractèrees
mûrs et bien
trempés auprès desquels s’aiguisait
l’esprit du jeune garçon . Le parti socialiste
d’ Oakland était
composé d’intellectuels, qui se
réunissaient le soir devant un
verre de bière pour
écouter de la
musique et de politique
economique .
C’étaient des
théoriciens qui n’étaient pas
concernés par la lutte des
classes car il n’y avait pas
un ouvrier parmi eux
. Or, Jack qui appréciait leur compagnie ne croyait pas que
le socialisme appartenait
aux intellectuels.Il pensait
qu’il appartenait aux ouvriers et aux
syndicats qui étaient destinés par
le mouvement de
l’histoire à mener la lutte des classes , à faire la révolutionet à
instaurer l’état prolétarien que
Karl Marx considérait comme la seconde phase du développement
de al civilisation .
Amitié
Jensen raconte de
façon amusante comment
Jack lui préta « Origin
of species. Jensen se
plaignit de la difficulté
de cette lecture et Jack lui preta alors
Riddle of the
universe de Haekel, plus facile lui dit-il. Mais
c’était encore trop
compliqué dit-il. Et jack
alla chercher sous
ses couvertures l’ouvrage qui
lui était précieux entre tous
Paradise lost de
Milton Jensen avoua qu’il n’aimait
pas la poésie et n’arrivait pas
à lire
Paradise lost. Jack
ayant entendu dire qu’il
existait un exemplaire
de The Seven Sseas
, de Kipling, dans une hutte
sur les bords du Yukon,
il alla le
lui chercher . Quand il
le lui rapporta
il le supplia d’en lire quelques pages pour se
faire une idée de la beauté de
ces vers . Jensen
lut le livre
d’un bout à l’autre et
Jack fut très fier
de sa victoire .
Socialisme
Le socialisme est
la grande raison
de sa vie . Cet
idéal alimente sa force , sa détermination et
son courage. Il n’a pas l’illusion de
croire qu’on régénérera
l’humanité en un jour, mais ne pense pas
non plus
qu’il faille attendre
le passage de plusieurs générations
pour y parvenir. Il souhaite
que le socialisme
s’installe progressivement , sans
révolution , sans effusion de
sang ; pour sa part
il veut instruire les masses,
leur apprendre à gérer
leurs propres industries, à exploiter
leurs ressources naturelles et
à se gouverner. Si
les capitalistes s’opposent
à cette évolution ,
il est prêt
à se battre sur
les barricades pour défendre la cause. Après tout
, a-t-on jamais
créé une civilisation
sans le baptême de sang . ?
Sa philosophie
Un mélange de monisme
de Haeckel, du déterminisme matérialiste de Spencer et
de la théorie évolutionniste de
Darwin , est liée à sa conception du
socialisme. « La nature
ignore les sentiment, la charité et
la miséricorde. Nous sommes des pantins mus par de
grandes forces aveugles , mais
nous arrivons à déchiffrer les lois de certaines de
ces forces et les
rapports qu’elles ont
avec nos tendances . Nous
sommes des éléments inconscients de la sélection naturelle qui agit
sur les races…J’affirme avec
Bacon que toute compréhension découle
de la sensation . J’affirme avec
Locke que toutes les idées viennent des
sens . J’affirme avec Laplace
que l’hypothèse d’un créateur
est parfaitement inutile. J’affirme
avec Kant que l’univers a une
origine mécanique et que la
création est un processus
naturel et historique".
Oeuvre littéraire :
En ce qui
concerne son œuvre littéraire il
espère suivre les traces de
Kipling : « Kipling
atteint l’âme des
choses . Il a
ouvert de nouvelles frontières pour l’esprit et la
littérature. »
Jack London s’en prend à
cette pauvre jeune fille
américaine qui s’indignait si on lui donnait
à boire autre chose que du
lait de jument. Les
dix dernières années , celles de
son adolescence avaient
été des années vides et
stériles où l’esprit
victorien faisait autorité.
La morale du
Mid-West limitait la littérature,
livres
et revues étaient
destinés à un public qui
considérait Louisa May Alcott
et Marie Corelli
comme de grands
écrivains. Il était
difficile de faire œuvre originale, l’on ne pouvait
peindre que des
gens respectables, les
bourgeois et les riches ;
il fallait récompenser la vertu et punir le
vice . Les auteurs américains devaient
écrire comme Emerson , voir le
beau côté des choses éviter ce qui
était dur ,
pénible, sordide et vrai
. Les leaders de cette
littérature avaient un ton
agréablement poétique comme
Holmes, Whittier, Higginson, W.D.
Howells, Marion Crawford
, John Muir, Joel Chandler
Harris, Joaquim Miller
. Les éditeurs qui vivaient
dans l’atmosphère raréfiée
et froide des hautes
sphères payaient des sommes
exorbitantes à Barrie, Stevenson , Hardy.
Ils allaient même jusqu’à
publier les audacieuses révélations (expurgées ,
bien entendu ) de
Français et de
Russes, et pourtant ils exigeaient des écrivains américains qu’ils ressassent
la formule pseudo-romanesque en n
leur permettant toutefois un
changement de rideau
.
En Russie , Tolstoï
et les réalistes faisaient
une révolution ; en
France Maupassant, Flaubert,
Zola. En Norvège Ibsen . En
Allemagne Sudermann et
Hauptmann. Lorsqu’il comparait
les œuvres américaines et celles
de Hardy, Zola et
Tourgueniev, il ne
s’étonnait plus que l’on considérât l’
Amérique comme un pays d’enfants
et de
sauvages . L’Atlantic
Monthly venait de publier les romans de Kate
Dougglas Wiggin et de
F. Hopkinson Smith “absolument inoffensifs
et complètement morts « Eh bien ! Il sortirait prochainement
Odyssey of the North ; Atlantic
Monthly et le roman américain
revivraient « . Il veut
faire pour son pays ce que
Gorki fait en Russie,
Maupassant en France
, Kipling en Angleterre.
Il transportera la
littérature de salon
de Henry James dans la cuisine du peuple,
elle répondra au moins une
odeur de vie …..