Quand sur le monde épouvanté
Se déchaîne la fureur des tempêtes,
Sous le poids du malheur se fanent nos joues roses !
Dites-nous, Ciel lointain, Ciel bleu d'indifférence,
Ces épreuves sans nom, qui donc en est l'auteur .
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Ces vers sont extraits d'un des plus purs joyaux de la poésie vietnamienne.(poème de 477 vers libres).
Ecrit à l'origine en caractrères chinois par Dang Trân Côn vers le milieu du XVIII ème siècle, il serait passé inaperçu s'il n'avait eu la chance d'être traduit par la plus grande poétesse de l'époque, Doan Thi Diêm (1705-1748).
Les deux poètes vivaient l'une des époques les plus troublées du Viet Nam, celle de la décadence des rois Lê qui devaient subir au nord la tutelle des seigneurs Trinh et accepter au sud la secession des seigneurs Nguyen. Depuis le début du XVII ème s , les deux clans rivaux se livraient une lutte fratricide qui devait durer deux cents ans. Leurs expéditions fréquentes , jointes aux incessantes repressions, plongeaient le pays dans la misère et la désolation .
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L'eau qui coule ne peut emporter ma tristesse,
Ni cette herbe embaumée dissiper ma douleur.
Je lui dis et redis les plus douces paroles,
Et ma main cherche en vain à retenir sa main
A peine nus séparons-nous d'un pas,
que me voilà de nouveau arrrêtée.
Partout où vous irez seigneur,
Mon âme vous suivra comme un rayon de lune!
Mais votre esprit déjà s'envole loin de moi
Rechercher sur les monts les exploits et la gloire!
Notre coupe d'adieu n'est pas encore vidée
Qu'on vous voit brandir votre épée,
Et pointer votre pique vers les antres des fauves .
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Au loin il est parti, vers les pluies et les vents,
Je reviens toute seule à la couche nuptiale !
Je le cherche des yeux, et mes yeux ne le voient !
Devant moi se déroule
Le ciel d'azur immense au dessus des monts bleus.
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Ensemble on se retourne, ensemble on ne se voit !
Qui a mis entre nous cette mer de verdure,
Ces mûriers frémissants nous cachant l'un à l'autre ?
Votre coeur ou le mien,
Lequel des deux seigneur, est le plus affligé ?
...
Depuis qu'il est parti vers les vents et le sable,
Où se repose-t-il par ces belles nuits claires?
Tous les champs de bataille n'ont jamais été
Que de vastes déserts, grands de mille lis,
Où l'on doit s'exposer aux extrêmes rigueurs..
Le vent y est glacial; les troupes sans ardeur,
Et les courants profonds rebutent aux chevaux .
Les hommes sont lassés de dormir sur leur selle,
D'avoir pour oreiller un simple tambourin,
Lassés de se coucher sur le sable des dunes,
De toujours s'étendre à même la mousse humide.
...
Le vent hurle et gémit sur les mânes des morts.
De ses rayons blafards, la lune éclaire
Les masques livides des combattants.
Combien donc êtes-vous , ô morts qu'on dit glorieux !
Qui peint votre visage, évoque vos esprits ?
Sur la terre de la patrie
La guerre a fait tant de ravages !
Comment peut-on les voir sans que le coeur se serre ?
Vieillir au champ d'honneur est le sort des héros,
Et Ban Siei ne rentra qu'avec des chevaux blancs .
Nous sommes tous les deux au printemps de la vie,
Heureux de nous aimer d'un amour partagé.
Notre couple est si jeune et si bien assorti,
Pourquoi donc entre nous a-t-on mis ces distances,
Pourquoi nous empêcher de partager
Chaque jour de la vie nos soucis et nos joies ?
Souvenez-vous, le jour de notre adieu,
Le loriot n'était pas venu siffler sur le saule.
Je vous ai demandé quand vous reviendriez,
Vous m'avez répondu : quand chante le do Quien
Aujourd'hui le Loriot, le do quyen ont vieilli ,
Devant notre maison gazouille une hirondelle.
Souvenez-vous, lors de votre départ,
L'abricotier n'avait ps ouvert ses fleurs au vent d'est.
Je vous ai demandé quel jour vous rentreriez,
Vous m'avez bien promis : quand fleurit le pêcher.
Aujourd'hui les fleurs de pêchers au vent sont envolées,
Et déjà les ketmies fanées jonchent les berges .
Vous m'aviez donné rendez-vous près du mont de Lung Tay ,
Je ne vous ai pas vu quand j'y vins le matin !
Sur la tresse de mes cheveux tombaient des feuilles mortes
Des oiseaux dans le bois s'appelaient en chantant
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(Traduction en français de Le Van Chat )
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