La pipe au poète
Je suis la pipe d'un poète,
Sa nourrice, et ; j'endors la bête
Quand ses chimères éborgnées
Viennent se heurter à son front,
Je fume...Et lui , dans son plafond,
Ne peut plus voir les araignées.
... je lui fais un ciel, des nuages,
La Mer, le désert, des mirages;
_ Il laisse errer là son oeil mort...
Et, quand lourde devient la nue,
Il croit voir une ombre connue,
_ Et je sens mon tuyau qu'il mord...
_ Un autre tourbillon délie
son âme, son carcan, sa vie !
... Et je me sens m'éteindre, _ Il dort...
.............
Dors encor : la bête est calmée,
File ton rêve jusqu'au bout...
Mon pauvre ! ...La fumée est tout.
_ S'il est vrai que tout est fumée ...
Du recueil Les Amours jaunes
Le crapaud
Un chant dans une nuit sans air...
_La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.
Un chant ; comme un écho , tout vif
enterré, là sous le massif...
_ ça se tait : Viens, c'est là, dans l'ombre...
Un crapaud ! Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle ?
Vois- le , poète tondu , sans aile,
Rossignol de la boue... Horreur! ..
_Il chante. _Horreur ! ! _ Horreur Pourquoi ?
Vois-tu pas son oeil de lumière...
Non : il s'en va, froid , sous la pierre.
..............
Bonsoir _ ce crapaud-là c'est moi .
Du recueil Les Amours jaunes
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