mardi 7 janvier 2014

Retour sur la Muse endormie de Brancusi





Tout  d’abord  il  faut   s’acquitter  de s remerciements que je dois  à  Michel  Covin  et  à  son  article    figurant  dans le   beau livre   de  Pierre  Stercks «  Les plus beaux textes  sur  l’art  du   XXème   siècle »  sans lequel   je  ne  me  serais  peut être pas  attardée  si  longtemps sur  cette  œuvre  . Ce sont  ses mots  qui  ont  guidé  mon regard   et  suggéré  ces   quelques  instants  de  réflexion   que j’aimerais   ,modestement «  partager avec vous .
En  insistant  sur   l’ambivalence   de cette figure  du  sommeil , il m’a fait  m’interroger  sur  d’autres  figures venant  immédiatement   à  l’esprit   et  les impressions  suggérées individuellement :


 En  premier lieu   Odilon  Redon  et  ses yeux clos  ou le rêve qui  illustre pour  moi  le  refuge  dans l’intériorité    ; les yeux clos  protègent  du monde extérieur   et   nul  sentiment  d’abandon  au  spectateur   qui  se  heurte   à  une porte  hermétiquement  close.  














Vient  ensuite   Khnopff  et   sa  tiare  d’argent   .   ici  nous sommes   dans  le registre  du secret   les  yeux  sont obstinément  fermés   presque dans la conscience  du regard  du  spectateur   .


J’ai  pensé   aussi  à  la  noyée   célèbre  moule  en plâtre  d’un   anonyme   bien  connu  des  étudiants  des Beaux  arts  (au  moins à  une  époque   !  ) Nul doute  sur  l’absence   dans la paix de  la mort .
  
La muse  de  Brancusi témoigne , elled’un   véritable  sommeil    ou le  dormeur    s’abandonne  au  regard  tandis que     la vie   s’éloigne   dans  un ailleurs  qui nous échappe .


Peut être   est-ce  cette  sérénité  lointaine  et  détachée  , qui  me  fait  penser  aux représentations bouddhistes ? 
De cette   Asie  mystique elle  a  la pureté de  la  forme , toute  en courbes ,la matière :le bronze  doré  parfaitement  lisse qui  la propose   au sacré,    la  pose   :  tête  couchée sur  le coté 

Mais   je  remarque  alors    que   cette  tête   ne  porte  pas  d’oreilles  , la bouche  est   scellée  et  rien  ne suggère   son  appartenance à  un  corps  pas  même  l’ébauche  d’un  cou  .
Sourde  et  muette  autant  qu’aveugle   c’est  le divorce  total  avec  la réalité  et  la paix retrouvée dans  cette   rupture  avec le monde  décapité . 

On  rejoint   ainsi  l’abstraction   citée  par   Michel   Covin    , la totalité de l’être   concentrée  dans  cette  ébauche  de l'attribut   qu’est  cette  tête,  plus proche  du symbole   que  d’une représentation  humaine .
  Impossible  de percer plus avant  le   mystère  et  de  troubler  le  sommeil  de  la  Muse   .  

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