dimanche 5 mars 2017

Nikos Kazantzakis , Zorba le Grec




Nikos  Kazantzakis

Son  épitaphe :
« Je n'espère rien,
je ne crains rien,
je suis libre. »


Níkos Kazantzákis (en grec moderne : Νίκος Καζαντζάκης) ou Kazantzaki, né le 18 février 1883 à Héraklion, en Crète, et mort le 26 octobre 1957 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), est un écrivain grec principalement connu pour son roman Alexis Zorba, adapté au cinéma sous le titre Zorba le Grec (titre original : Alexis Zorba) par le réalisateur Michael Cacoyannis, et pour son roman La Dernière Tentation du Christ, également adapté au cinéma par le réalisateur Martin Scorsese sous le titre La Dernière Tentation du Christ (titre original : The Last Temptation of Christ).

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J’ajouterais  Grand  voyageur ,  homme d’action 
Homme d’engagements , engagements  qui  furent   multiples pour  cet  homme passionné en  quête  de vérité(s) . Je retiens :  de Bergson  à  Nietzsche ,  du Communisme  à Bouddha  et  un retour  à  un  idéal  christique.
Une  figure fascinante,  réceptive  aux  évènements de son  époque qu’aucun  ne pouvait  laisser    sans doute  indifférent et   dans lesquels il  a dû  s’engager  avec  sa  passion  de  l’homme  et des sociétés , de  l’individu et  du  collectif ,  du  matérialisme naturel à  la transcendance  du  spirituel.
On  peut y  lire  l’expression extrême  des tensions contraires qui nous  habitent  et  nous font  constamment hésiter :  engagement c/renoncement , écartelés par  le  besoin de  participation  et  le  retrait de la scène  bruyante et éprouvante  du  monde . 
L’homme nietzschéen Dionysos   et  Apollon à la fois , particulièrement   représenté   dans le couple de son   roman  Zorba .

Zorba  .

C’est   la célèbre scène du  film de  Michael  Cacoyannis qui  m’interpelle   aujourd’hui . L’expression  de cette   apothéose joyeuse  , communicative , répandue avec bonheur  parmi  nous  , si souvent partagée .
L’unisson  me  plait  , c’est un sentiment  exaltant , qui se traduit  dans des  moments d’exception    les hommes  s’accordent   sans distinction  d’âges, de genres,  de  catégories sociales . Qu’importe  si  le  « sirtaki » n’est pas rigoureusement   authentique ,  si  la chorégraphie est  maladroite , cette scène est un  exploit et   elle s’est imposée  dans  beaucoup  de  mémoires   pour symboliser  et  communiquer   la joie  heureuse  et la liberté d‘être   simplement  ce qu’on  est   , sans  calcul sans ambition , sans souci du paraître , dans ce monde  tel qu’il  est riche ou  ingrat , aride ou splendide pourvu que large ,  le corps  puisse   s’y livrer  à   quelques  pas de  danse en s’abandonnant  au rythme de la musique.
Mais comme  le bonheur  n’existe   pas  dans la durée  on ne peut  en  prolonger  l’extase. L’homme est curieux  et  son regard ne   peut s'éterniser sur une image, si  attachante  soit-elle.
D’autres images  se pressent  pour la remplacer  ,  des  paysages  plus brumeux  , moins ensoleillés , des visages plus  tragiques , une femme  lapidée,  une ancienne chanteuse  aux traits enlaidis  par  la  vieillesse au  milieux  de  ses   dentelles   défraîchies, des  silhouettes torturées, tordues comme les arbres  de  cette   région aride  crétoise  .



Encore amplement  édulcorées sous  l’effet de  cette  scène  emblématique  , des images  plus sombres du film de  Michael Cacoyannis  s’organisent pour composer  un tableau  plus réaliste, peinture  d’un  monde   brutal  soumis au   poids des traditions où le charisme  des acteurs laisse cependant   une  place généreuse à la tendresse  et  à  la complaisance envers  la nature humaine.

Curiosité insatisfaite, j’ai rouvert  le  livre  de   Kazantzakis. . Derrière le narrateur, cet homme  encore  jeune et fort  de ses  illusions ,  l’auteur confronte ses idéalismes  au  matérialisme débonnaire  de   Zorba qui  ne croit  en  rien  et  surtout pas  en  l’homme, mais sait s’en  accommoder   parce qu’il  est  lui-même   un  homme repoussant  toute quête d’absolu qui  limiterait sa liberté.  C’est dans l’imperfection  de  nature qu’il trouve la  source  de son   constant étonnement, et dans ses propres faiblesses  la justification  de  son  indulgence pour les égarements de ses semblables .
Tournant en  dérision  les principes de son  « patron » et ses idéaux  puérils Zorba mène la danse  et  les deux  hommes  vont d’échecs en  échecs  , de désillusions  en  désillusions. L’un  pêche par les atermoiements que lui  dictent ses  scrupules,   l’autre  par   un  insatiable  besoin d’action , Excès de  réflexion  chez  l’un, trop  plein  d’énergie  chez  l’autre , alternativement les  vertus de  l’un se font   handicap  chez  l’autre ,  dans  la faillite  de leur entreprise comme  dans leurs relations  aux autres .
Mais  si chez  l’un  les échecs  sont douloureux  avec  l’épuisante  difficulté  à  les surmonter comme s’ils  s’accumulaient  pour mieux le briser  , Zorba , en bon  nietzschéen , en fait sa force et  les chasse dans  un  éclat  de  rire .    
En dépit d’une  profonde  amitié , les deux  hommes  se  séparent ,  aucun d’eux  n’aura  convaincu  l’autre,  leurs existences  sont  inconciliables   chacun va son  chemin avec ses  certitudes et   c’est  je crois le  message  de   Kazantzakis  que  je retiendrai .

Je croyais devoir   réviser  mon  enthousiasme  pour cette séquence inoubliable  de   joie de vivre  qui  demeure  dans  nos  mémoires et pouvait trahir l‘intention  de  l’auteur. Finalement en refermant le  livre ,  je crois  au  contraire  qu’elle  exprime   ce point de  rencontre  de deux expériences  de  la vie  aspirant   comme  nous tous  au bonheur  ,  un  moment de communion fugace  mais  intense le temps d’un  pas de  danse  .

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