Nikos Kazantzakis
Son épitaphe :
« Je n'espère rien,
je ne crains rien,
je suis libre. »
je ne crains rien,
je suis libre. »
Níkos Kazantzákis (en grec
moderne : Νίκος Καζαντζάκης) ou Kazantzaki, né le 18 février
1883 à Héraklion,
en Crète, et
mort le 26
octobre
1957 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne),
est un écrivain
grec
principalement connu pour son roman Alexis
Zorba, adapté au cinéma sous le titre Zorba
le Grec (titre original : Alexis Zorba) par le réalisateur Michael Cacoyannis, et pour son roman La Dernière Tentation du Christ,
également adapté au cinéma par le réalisateur Martin
Scorsese sous le titre La Dernière Tentation du
Christ (titre original : The Last Temptation of Christ).
________
J’ajouterais
Grand voyageur , homme d’action
Homme d’engagements , engagements qui
furent multiples pour cet
homme passionné en quête de vérité(s) . Je retiens : de Bergson
à Nietzsche , du Communisme
à Bouddha et un retour
à un idéal
christique.
Une figure
fascinante, réceptive aux
évènements de son époque qu’aucun ne pouvait laisser sans doute
indifférent et dans lesquels
il a dû
s’engager avec sa
passion de l’homme
et des sociétés , de l’individu
et du
collectif , du matérialisme naturel à la transcendance du
spirituel.
On peut y lire
l’expression extrême des tensions
contraires qui nous habitent et
nous font constamment
hésiter : engagement c/renoncement
, écartelés par le besoin de
participation et le
retrait de la scène bruyante et
éprouvante du monde .
L’homme nietzschéen
Dionysos et Apollon à la fois , particulièrement représenté
dans le couple de son roman Zorba .
Zorba .
C’est la célèbre
scène du film de Michael Cacoyannis qui m’interpelle
aujourd’hui . L’expression de
cette apothéose joyeuse , communicative , répandue avec bonheur parmi
nous , si souvent partagée .
L’unisson me plait
, c’est un sentiment exaltant , qui
se traduit dans des moments d’exception où les
hommes s’accordent sans distinction d’âges, de genres, de
catégories sociales . Qu’importe
si le « sirtaki » n’est pas
rigoureusement authentique , si la
chorégraphie est maladroite , cette
scène est un exploit et elle s’est imposée dans
beaucoup de mémoires
pour symboliser et communiquer
la joie heureuse et la liberté d‘être simplement
ce qu’on est , sans
calcul sans ambition , sans souci du paraître , dans ce monde tel qu’il
est riche ou ingrat , aride ou
splendide pourvu que large , le
corps puisse s’y livrer
à quelques pas de
danse en s’abandonnant au rythme
de la musique.
Mais comme le
bonheur n’existe pas
dans la durée on ne peut en
prolonger l’extase. L’homme est
curieux et son regard ne peut s'éterniser sur une image, si attachante
soit-elle.
D’autres images se
pressent pour la remplacer ,
des paysages plus brumeux
, moins ensoleillés , des visages plus
tragiques , une femme
lapidée, une ancienne chanteuse aux traits enlaidis par
la vieillesse au milieux
de ses dentelles
défraîchies, des silhouettes
torturées, tordues comme les arbres
de cette région aride
crétoise .
Encore amplement édulcorées
sous l’effet de cette
scène emblématique , des images
plus sombres du film de Michael
Cacoyannis s’organisent pour
composer un tableau plus réaliste, peinture d’un
monde brutal soumis au poids des traditions où le charisme des acteurs laisse cependant une
place généreuse à la tendresse et à la
complaisance envers la nature humaine.
Curiosité insatisfaite, j’ai rouvert le
livre de Kazantzakis. . Derrière le narrateur, cet
homme encore jeune et fort
de ses illusions , l’auteur confronte ses idéalismes au matérialisme
débonnaire de Zorba qui
ne croit en rien
et surtout pas en
l’homme, mais sait s’en
accommoder parce qu’il est
lui-même un homme repoussant toute quête d’absolu qui limiterait sa liberté. C’est dans l’imperfection de nature qu’il trouve la
source de son constant étonnement, et dans ses propres
faiblesses la justification de
son indulgence pour les
égarements de ses semblables .
Tournant en
dérision les principes de
son « patron » et ses
idéaux puérils Zorba mène la danse et les
deux hommes vont d’échecs en échecs
, de désillusions en désillusions. L’un pêche par les atermoiements que lui dictent ses
scrupules, l’autre par
un insatiable besoin d’action , Excès de réflexion
chez l’un, trop plein
d’énergie chez l’autre , alternativement les vertus de
l’un se font handicap chez l’autre
, dans la faillite de leur entreprise
comme dans leurs relations aux autres .
Mais si chez l’un
les échecs sont douloureux avec
l’épuisante difficulté à les
surmonter comme s’ils s’accumulaient pour mieux le briser , Zorba , en bon nietzschéen , en fait sa force et les chasse dans un
éclat de rire .
En dépit d’une
profonde amitié , les deux hommes
se séparent , aucun d’eux
n’aura convaincu l’autre,
leurs existences sont inconciliables chacun va son chemin avec ses certitudes et c’est
je crois le message de
Kazantzakis que je retiendrai .
Je croyais devoir
réviser mon enthousiasme
pour cette séquence inoubliable
de joie de vivre qui
demeure dans nos
mémoires et pouvait trahir l‘intention
de l’auteur. Finalement en
refermant le livre , je crois
au contraire qu’elle
exprime ce point de rencontre
de deux expériences de la vie
aspirant comme nous tous
au bonheur , un
moment de communion fugace mais intense le temps d’un pas de
danse .
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