Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse ?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse ?
Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine,
Les poings crispés dans l'ombre et les larmes de fiel,
Quand la Vengeance bat son infernal rappel,
Et de nos facultés se fait le capitaine ?
Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine ?
Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres,
Qui, le long des grands murs de l'hospice blafard,
Comme des exilés, s'en vont d'un pied traînard,
Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres ?
Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres ?
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides,
Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment
De lire la secrète horreur du dévouement
Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avides ?
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides ?
Ange plein de bonheur, de joie et de lumières,
David mourant aurait demandé la santé
Aux émanations de ton corps enchanté ;
Mais de toi je n'implore, ange, que tes prières,
Ange plein de bonheur, de joie et de lumières !
« Que serait un monde sans la musique ? », disait un certain… « Que serait un monde sans images, sans couleurs, sans les mots ? Que serait l’homme sans émotions ? Son cœur est un luth suspendu ; sitôt qu’on le touche, il résonne. » – de Béranger
lundi 28 juillet 2014
samedi 26 juillet 2014
L'Arlésienne , sur Mezzo l'art total ..
L'Arlésienne , celle qui occupe tous les esprits mais qu'on ne voit jamais ; c'est d'abord une nouvelle d'Alphonse Daudet dans le recueil des Lettres de mon Moulin , un classique des enfants de ma génération, où l'on trouve également , le secret de Maitre Cornille, la Chèvre de monsieur Seguin ....Oh ! l'émotion inoubliable de ce dernier récit : "Elle s'est battue toute la nuit , et au petit matin le loup l'a mangée " qui tôt dans l'esprit des enfants fixe le prix de la liberté . C'est en fait un peu plus compliqué car si la morale veut mettre en garde les enfants contre les dangers du monde exterieur et insiter sur l'interet qu'il y a à suivre les conseils des anciens , est-il raisonnable de demander à une petite chèvre attachée toute la journée dans un pré de renoncer aux parfums des fleurs sauvages et à la clarté des étoiles la nuit dans la montagne ?
Mais revenons à l' Arlesienne ......
Daudet s'inspira pour sa nouvelle d'un drame familial vécu par un de ses amis Fréderic Mistral .
L'histoire se déroule en Provence au son des fifres et des tambourin s : un jeune homme tombe follement amoureux d'une étrangère à sa communauté qu'il ne retrouvera jamais ..L'amour déçu tourne à l'obsession jusqu'à la mort .
De sa nouvelle Daudet , tira une pièce de Théâtre dont Georges Bizet composa la musique. plus tard Bizet en fit une suite pour orchestre dont les thèmes sont devenus si célèbres .
La Compagnie Roland Petit en fit un ballet .
La chaine de TV Mezzo a diffusé sa représentation de 2010 dans une somptueuse interpretation chorégraphique où Jeremie Belingard incarne frédéric et Eleonora Abbagnato , Vivette, deux grands talents et en particulier un Frederic poussant à ses limites extrèmes l'expression choregraphique . Vivette est tout de grâce et amour, et Frederic d'une passion absolue .
La mise en scène était très sobre , minimaliste, mais la peinture se trouvait au rendez-vous de cette soirée exceptionnelle avec en fond de décor cette idée de la Provence que nous ont transmise Cézanne ou Van Goh , mais aussi Courbet et son célèbre autoportrait qu'on retrouve à mon avis délibérément et magistralement exploité dans la ressemblance de Jerémie Belingard dévoré par sa passion .
Les vidéos sur Youtube ne sont pas extraordinaires . on perd notamment les prouesses chorégraphiques du danseur dont les jambes sont malheureusement fondues dans l'obscurité du décor du dernier acte . Mais elles ont le mérite d'exister et je remercie celui qui nous permet en les postant de revivre ce spectacle encore et encore .
Mais revenons à l' Arlesienne ......
Daudet s'inspira pour sa nouvelle d'un drame familial vécu par un de ses amis Fréderic Mistral .
L'histoire se déroule en Provence au son des fifres et des tambourin s : un jeune homme tombe follement amoureux d'une étrangère à sa communauté qu'il ne retrouvera jamais ..L'amour déçu tourne à l'obsession jusqu'à la mort .
De sa nouvelle Daudet , tira une pièce de Théâtre dont Georges Bizet composa la musique. plus tard Bizet en fit une suite pour orchestre dont les thèmes sont devenus si célèbres .
La Compagnie Roland Petit en fit un ballet .
La chaine de TV Mezzo a diffusé sa représentation de 2010 dans une somptueuse interpretation chorégraphique où Jeremie Belingard incarne frédéric et Eleonora Abbagnato , Vivette, deux grands talents et en particulier un Frederic poussant à ses limites extrèmes l'expression choregraphique . Vivette est tout de grâce et amour, et Frederic d'une passion absolue .
La mise en scène était très sobre , minimaliste, mais la peinture se trouvait au rendez-vous de cette soirée exceptionnelle avec en fond de décor cette idée de la Provence que nous ont transmise Cézanne ou Van Goh , mais aussi Courbet et son célèbre autoportrait qu'on retrouve à mon avis délibérément et magistralement exploité dans la ressemblance de Jerémie Belingard dévoré par sa passion .
Les vidéos sur Youtube ne sont pas extraordinaires . on perd notamment les prouesses chorégraphiques du danseur dont les jambes sont malheureusement fondues dans l'obscurité du décor du dernier acte . Mais elles ont le mérite d'exister et je remercie celui qui nous permet en les postant de revivre ce spectacle encore et encore .
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samedi 19 juillet 2014
Wagner : le Vaisseau fantôme
Günther Schneider-Siemssen |
Ballade Senta , Nina Stemme
L' opéra de Wagner : Der fliegende Höllander
Le livret serait inspiré d’un conte de Heine « Mémoires
de Monsieur Schnabelewoski » et d’une vieille
légende norvégienne .
Sur les côtes de Norvège
Le navire de
Daland vient de subir une violente
tempête et s’est réfugié dans une anse où il se repose avec ses marins
Tandis que tout dort apparaît un mystérieux Vaisseau aux
voiles couleur de sang.qui jette l’ancre lui aussi
Un personnage spectral en descend drapé dans un grand
manteau
C’est le Hollandais
, un navigateur maudit pour avoir
insulté le ciel Il est condamné à errer sans répit jusqu’à ce qu’il trouve
l’amour pur qui lui rendra le
repos éternel et tous les sept ans il
peut mettre pied à terre pour le chercher .
A son réveil Daland
qui ignore la réelle identité du marin ,
est séduit par les richesses de son
navire Il lui propose son amitié et l’invite dans sa
demeure où il vit avec sa fille Senta dont
il vante les qualités .
Pensant avoir trouvé l ‘amour qu’il cherche , le marin accepte
et promet à Daland de partager ses trésors s’il consent à lui
donner sa fille en mariage .
Dans la demeure de Daland ,
Senta admire un tableau du marin maudit et apprend son histoire .
Exaltée et émue par les malheurs de l’errant , elle se sent prete à tout sacrifier pour lui donner le repos.
Quand Daland et son compagnon arrivent , Senta reconnaît le navigateur et tous
deux s’éprennent l’un de l’autre
dès le premier instant .
Senta avait été promise à Erik et celui-ci essaie de reconquérir sa fiancée .
Apercevant de loin
les deux jeunes gens , le Hollandais se crois trahi et désespéré il
s’apprête à repartir
Senta le conjure de
rester et tente te lui prouver son innocence . Mais craignant d’entrainer Senta dans le
parjure , le marin s’enfuit à bord de son navire . Comme le vaisseau
s’éloigne elle donne une ultime preuve
de son amour en se jetant dans la mer
du haut des rochers .
Le hollandais est enfin libéré et le navire peuplé de fantômes disparaît
Le tableau final
montre les amants dans l’au-delà
, réunis par l’amour pour l’éternité .
Richard Wagner composa la partie musicale de son opéra en 1842 à Meudon . Il en avait écrit le livret à Paris quelques mois auparavant. Au cours d'un voyage en 1839 , son voilier avait été pris dans une violente tempête , entre Königsberg et l'Angleterre , qui l'avait repoussé sur les côtes scandinaves . Vivement impressionné par le déchainement des éléments , la légende du Hollandais volant , déjà très en vogue à cette époque, notamment grâce à la nouvelle du poète Heine perpétuant de vieux mythes populaires , lui fournit l'argument de base de son opéra où il pouvait développer ses grands thèmes favoris de la malédiction et de la rédemption dans la mort .
Cest dans cette oeuvre qu'il introduit pour la première fois le leitmotiv définissant un personnage , une idée ou un sentiment .
Richard Wagner composa la partie musicale de son opéra en 1842 à Meudon . Il en avait écrit le livret à Paris quelques mois auparavant. Au cours d'un voyage en 1839 , son voilier avait été pris dans une violente tempête , entre Königsberg et l'Angleterre , qui l'avait repoussé sur les côtes scandinaves . Vivement impressionné par le déchainement des éléments , la légende du Hollandais volant , déjà très en vogue à cette époque, notamment grâce à la nouvelle du poète Heine perpétuant de vieux mythes populaires , lui fournit l'argument de base de son opéra où il pouvait développer ses grands thèmes favoris de la malédiction et de la rédemption dans la mort .
Cest dans cette oeuvre qu'il introduit pour la première fois le leitmotiv définissant un personnage , une idée ou un sentiment .
jeudi 17 juillet 2014
William Blake : Le grand dragon rouge
The Great Red Dragon and the Woman Clothed with the Sun |
« Un autre signe parut encore dans le ciel ; et voici, c'était un grand dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre. Le dragon se tint devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, lorsqu’elle aurait enfanté. »
— La Bible , Apocalypse 12:3-4
The Great Red Dragon and the Woman Clothed in Sun |
mardi 15 juillet 2014
Le mariage du ciel et de l'enfer ,William Blake
Un petit livre qui fait partie de mes trésors !
(Dans la traduction d'André Gide )
(1er poème)
Rintrah (1) rugit et secoue ses feux dans l'air épais;
D'affamés nuages hésitent sur l'abîme,
Jadis débonnaire, et par un périlleux sentier,
L'homme juste s'acheminait
Le long du vallon de la mort.
Où la ronce croissait on a planté des roses
Et sur la lande aride
Chante la mouche à miel.
Alors, le périlleux sentier fut bordé d'arbres,
Et une rivière, et une source
Coula sur chaque roche et tombeau;
Et sur les eaux blanchis
Le limon rouge enfanta.
Jusqu'à ce que le méchant eût quitté les sentiers faciles
Pour cheminer dans les sentiers périlleux, et chasser
L'homme juste dans des régions arides,
A présent le serpent rusé chemine
En douce humilité,
Et l'homme juste s'impatiente dans les deserts
Où les lions rodent.
Rintrah rugit et secoue ses feux dans l'air épais;
D'affamés nuages hésitent dans l'abîme.
(1) Rintrah apparaît pour la première fois dans Le Mariage du Ciel et de l'Enfer, incarnant la rage révolutionnaire. Il sera plus tard regroupé avec d’autres esprits de rébellion dans The Vision of the Daughters of Albion :
sur wikipedia : Mythologie de William Blake
Palamabron, Rintrah et Satan |
L'échange
Puvis de Chavannes |
L'échange
I
J'étais un habitant de vos terres tranquilles
L'un des vôtres
Comme vous javais construit
Comme vous je partageais
Joies et peines , grisailles et jours d'été
Et le pain quotidien et les doux sentiments
Nos regards s'égaraient parfois vers l'horizon
Mais nous restions fidèles à nos attachements
Nous écoutions ensemble les vagues sur la plage
Nos raconter l'histoire d'autres lieux parfumés
Une mélodie sage apaisant nos désirs
Tournait les pages de nos vies
Nous voguions sans tourments vers la fin de nos jours
J'étais à vos côtés
Nous nous tenions les mains
Confiants, sûrs de l'un et de l'autre
Disponibles , attentifs, prévenants et généreux
Notre forêt croissait
L'un soutenait l'autre
le second s'appuyait sur le bras du premier
La forêt grandissait
Les vieux arbres en tombant
prenaient soin d'éviter les jeunes pousses fragiles
que nous avions nourries
d'une commune tendresse
Tout aurait pu durer,
Non pas l'éternité
Mais le temps imparti à chacun d'entre nous
II
Un jour que la mer assombrie s'était agitée
Sous un fort coup de vent provoqué par l'orage
Une barque vint s'échouer sur notre rivage
Au fond du frêle esquif gisait un corps blessé
marin agonisant
Sans doute avait-il affronté toute la nuit
Les assauts furieux de la mer en colère
Nous le recueillîmes, pansant ses plaies
Rafraîchissant son front brûlant
Le délire lui dictait d'étranges discours
Dans une alternance de cris de désespoirs
et de profonds silence
L'angoisse tordait ses mains et crispait son visage
La folie se lisait dans ses regards, hagards
La folie se lisait dans ses regards, hagards
Nos bains et nos parfums ne purent dissiper
L'odeur de la mort qui toujours l'enveloppait
L'odeur de la mort qui toujours l'enveloppait
Nos soins cependant calmèrent ses blessures
La fièvre en le quittant emporta ses délires
Mais toujours la mort suintait de tous ses pores
Un silence obstiné scellait ses lèvres muettes
Éludant nos questions, repoussant nos avances
Toujours son regard fixé sur l'horizon
il ne nous voyait pas , ne nous entendait pas
Vous vous êtes lassés
Seul je continuais à prendre soin de lui
Il dénoua nos mains, tissa d'autres liens
et m'ouvrit au mystère du chant de ses sirènes
Les dissonances couvraient nos mélodies
qui bientôt m'échappèrent
Des créatures infernales sortait l' interminable plainte
des âmes torturées pleurant la délivrance
Dans ce chant des enfers je conçus son martyre
je pressentais l'appel qui l'avait capturé
subjuguait son esprit
le faisant à nous tous étranger
à tout indifférent.
L'injonction au départ était divine ,irrésistible,inéluctable..
Vous m'avez retenu, vous m'avez mis en garde
Pourtant à l'aube d'une nuit sombre nous avons mis la barque à l'eau
Et je suis parti avec lui
III
Avec lui j'ai chevauché ses vagues de désespoirs
contourné les gouffres de ses contradictions
les tempêtes de ses amertumes menaçaient de nous engloutir
et les rochers d'incertitudes ont labouré notre bateau
Après des jours d'errances
une terre nouvelle est enfin apparue
Il a posé le pied sur la plage
a fait le tour de l'ile
Dans la foret qui couvrait l'entière terre émergée
Seul, il a pénétré.
Longtemps j'ai attendu , le ciel était si noir
et le soir est tombé
L'air s'est mis alors à vibrer
Des clameurs à vous glacer le sang se sont élevées
du coeur des arbres
Le sol tremblait comme ébranlé par les transes
d'une foule en délire, ivre de sacrifice
une violente illumination de rouge et d'or
soudainement a embrasé le ciel
et l'obscurité toute la nuit à combattu la lumière
Un peu avant l'aube, le bruit a cédé au silence
Puis le ciel nocturne s'est effacé devant l'aurore
Il est sorti de la foret
a traversé la plage
Ses haillons tombaient un à un sur le sable
Débarrassé de ses oripeaux il est remonté dans la barque
Sans un regard en arrière il s'est éloigné dans la nacelle qui filait à toute allure
happée par un vent démoniaque
Je l'ai vu disparaitre puis rien , le vide et le silence
Je restais là et je suis là
mes bras portent encore les marques de nos blessures
mes mains sont encore brulées du sel de nos longs jours d' errances
à mon tour mes yeux sont rivés sur l'horizon
Il m'a laissé l'odeur et le goût de la mort
Et je vous ai perdu, ô nos terres tranquilles
pour avoir suivi une chimère .
William Blake ,Nabuchodonosor |
samedi 12 juillet 2014
Le lac , Emile Nelligan
Brétigny 2011 (Mj) |
Remémore, mon coeur, devant l'onde qui fuit
De ce lac solennel , sous l'or de la vesprée,
Ce couple malheureux dont la barque éplorée
Y vint sombrer avec leur amour, une nuit.
Comme tout alentour se tourmente et sanglote !
Le vent verse les pleurs des astres aux roseaux,
Le lys s'y mire ainsi que l'azur plein d'oiseaux,
Comme pour y chercher une image qui flotte.
Mais rien n'en a surgi depuis le soir fatal
Ou les amants sont morts enlaçant leurs deux vies ,
Et les eaux en silence aux grèves d'or suivies
Disent qu'ils dorment bien sous leur calme cristal.
Ainsi la vie humaine est un grand lac qui dort
Plein sous le masque froid des ondes déployées,
De blonds rêves déçus, d'illusions noyées,
mercredi 9 juillet 2014
Murmures de la foret
Le vieillissement n' ajoute de la beauté qu' aux oeuvres d'art et à la nature .
Wagner : Siegfried Les murmures de la forêt
La solitude
G. Moustaki : Ma solitude
Magazine Philosophie:
5 millions de Français souffrent de solitude
Le
http://www.philomag.com/lepoque/breves/5-millions-de-francais-souffrent-de-solitude-9924
Un sujet à traiter avec des nuances à mon avis
Si des millions de personnes souffrent de la solitude qu'ils on à subir , si les chiffres augmentent c'est un mauvais indicateur pour la santé morale de notre société, mais notre regard sur la solitude n'est pas non plus toujours positif .
Un Français sur huit est seul en 2014, selon la Fondation de France
-Sont -ils 5 millions à en souffrir ?
Comment définir la solitude ?
- Etre seul ne suffit pas à définir la solitude
De quelle réalité ce phénomène témoigne-t-il ?
- Il n'y a pas un phénomène unique .
1)
D'abord il y a le choix et je suis d'accord l' expansion du phénomène individualiste est souvent à l'origine de la solitude à laquelle l'homme se trouve confronté : indifférence, indépendance , désengagement mènent à la solitude mais c'est parfois un choix et parfois même une résistance .
2)
Dans le cadre d'un choix, être seul vous place-t-il hors de la normalité ? Pourquoi ? Faut-il défendre un droit à la solitude ?
3)
Pourquoi la solitude est-elle si effrayante ?
Faut-il réapprendre à aimer la solitude ?
3)
La solitude tragique
celle des abandonnés , des délaissés ,
La solitude douloureuse , celle des personnes âgées , dépendantes , celles des handicapés, celle des isolés , des rejetés , celle des exclus .
Celle-là oui est souffrance et devrait être combattue et sans avoir lu son livre je pense que je serais assez d'accord avec la conclusion d' Eva Illouz :
[...] Si bien que pour la sociologue Eva Illouz, la notion de couple mérite d’être défendue parce qu’« elle
prend le contre-pied de l’idéologie dominante. Le couple monogame est
sans doute la dernière organisation sociale à résister aux principes du
capitalisme. Un couple prend de facto position contre la
culture de maximisation du choix, contre la conception du moi comme lieu
permanent de sensations fortes, de jouissance et d’épanouissement
personnel. » Le couple donc, mais aussi la famille même dans ses
métamorphoses et toutes les nouvelles formes de reconfigurations
intergénérationnelles sont autant de remparts à entretenir contre la
décomposition contemporaine des solidarités, au délitement du lien
social et l’explosion du phénomène de solitude.
La parabole du talent . ( à propos de Saint Exupéry)
Schubert Adagio de la sonate pour arpeggione et piano
La réalisation de soi : droit ou devoir .
(Extrait d'une correspondance avec X. )Un homme qu'on désigna par le général reprochait à Saint Exupéry d'avoir risqué inutilement sa vie en nous privant ainsi de son talent ..)
Ah ! cette parabole du Talent ! Il y a peu de temps je l’ai moi-même utilisée !
Alors ? dans un certain sens, l’homme doué est redevable de son talent quel qu’il soit, à l’humanité dont il n’est que parcelle.
L’humanité n’est-elle pas faite de ces parcelles accumulées et son niveau spirituel ou artistique ne s’élève-t-il pas à la faveur de ces apports successifs de talents que le hasard fait fleurir ça et là ?
A postériori, ils nous apparaissent comme une longue chaine continue, comme une espèce de fatalité d’un destin collectif. Ces phares nous semblent comme prévus, inéluctables, indispensables, solidaires les uns des autres , comme les pierres d’un édifice (d’une Citadelle ?). Même les plus révolutionnaires nous semblent tributaires de leurs prédécesseurs
Alors rompre la chaine par un détournement de son devoir messianique ou par l’imprudence de l’exposition à une mort prématurée ne constitue-t-il pas une faute à l’égard de l’humanité tout entière ?
Ce qu’on porte en soi on le doit aux autres.
La postérité se chargera de gratitude à son égard ?
Mais par opposition à l’homme collectif , il y a cet individu qui a aussi le droit et le devoir de se réaliser. Quel bien plus précieux que sa vie et la liberté d’en disposer à son aise au risque de la perdre ?et surtout quand cette aspiration atteint le degré de la passion ?
Tu as évoqué la passion du vol de Saint Ex renforcée par l’image de cet astronaute américain. Saint Exupéry dans Terre des hommes l’a je crois amplement justifiée : elle lui permettait de se fondre dans cette nature à la fois si belle et si terrible tout en se mesurant à elle ; c’est dans sa confrontation avec elle qu’il pouvait trouver sa propre dimension et celle de ses semblables .
De cette lutte, de ses victoires il en a fait autant de récits dont on puisse s' imprégner.
Or l’exemple n’est-il pas le meilleur des éducateurs ?
Je crois qu’il aurait pu écrire davantage que son message n’aurait pas été mieux exprimé que par les témoignages qu’il nous a laissés.
Sa philosophie de la vie transparaît dans ses actes autant que dans ses phrases ou plutôt ses phrases n’ont tant de puissance que parce qu’il a vécu ce qu’elles nous racontent et qu’il a toujours été autant qu’il est possible, fidèle à lui-même.
Je suis bien d’accord pour regretter avec toi les joyaux dont sa mort prématurée nous a probablement privés tout comme elle a interrompu Schubert que tu cites et auquel j’ajoute Mozart, Raphaël, Caillebotte ou Garcia Lorca !
Parce que nous les aimons et que nous n’en serons jamais rassasiés !
Mais on peut supputer sur ce qu’aurait pu être son l’influence sur les évènements s’il avait été là pour poursuivre son œuvre de conviction .
Sans doute n’aurait-il pas été entendu vivant plus que mort ! Il n’y a guère plus sourd que celui qui ne veut pas entendre et dans un combat au corps à corps, l’homme armé de sa seule raison pèse peu face aux armes et à la force pure !
Il faut du temps à la pensée et les intérêts guerriers, politiques ou financiers n’envisagent que l’immédiat.
Le message de Saint Exupéry ne peut que contribuer à modifier les esprits en faveur du rapprochement des hommes Mais comme dans tout progrès des idées, le cheminement est lent et pas linéaire !
En plus je dirais que fut-il le plus grands de nos phares, si grande que soit notre admiration il n’aurait pu être le seul artisan de nos révolutions intellectuelles Il y faudrait un Dieu !!
Pas un homme ne peut prétendre à un tel pouvoir Sa grandeur était de participer à un élan positif, sa mission était de l’enrichir, de le formaliser par cette écriture envoûtante et lumineuse. Par son art il a servi la cause qu’il a choisie, par sa vie il l’a rendue crédible.
Que pouvait-il donner d’autre a notre société ?
Un de ses messages forts me semble-t-il est sa vision de la mort qui n’est à craindre que de ceux qui n’ont pas vécu, qui n’ont pas été jusqu'au bout d’eux même , qui n’ont pas pris leur mesure .
Le remord de ce Général à mon avis ne vaut que par sa tendresse pour Saint Ex qu’il trahit !! Je crois qu’il estimait avoir acquis ce droit de disposer de sa vie en la risquant.
A fortiori si son héros de la Citadelle parle pour lui :
« « Car j’ai vu trop souvent la pitié s’égarer….
Il fut un âge où j’eus pitié des morts …
J’ai vu les femmes plaindre les guerriers morts . Mais c’est nous mêmes qui les avons trompées !….
Certes j’ai vu des hommes fuir la mort saisis d’avance par la confrontation. Mais celui-là qui meurt détrompez-vous , je ne l’ai jamais vu s’épouvanter…..
Pourquoi donc les plaindrais-je ? pourquoi perdrais-je mon temps à pleurer leur achèvement ?J’ai trop connu la perfection des morts …
Mort aussi de mon père . De mon père accompli et devenu de pierre…
Les cheveux de l’assassin blanchirent dit-on, quand son poignard au lieu de vider ce corps périssable l’eut empli d’une telle majesté…
Ainsi mon père qu’un régicide installa d’emblée dans l’éternité ….. » » » »
Pour Saint Exupéry la mort est un achèvement, le terme normal et non tragique d’un homme accompli et ne saurait être redoutée s’il a usé de son talent .Elle fait partie de l’ordre naturel des choses .
Quoi qu’il en soit je pense comme toi que Saint Exupéry n’aurait pas privilégié sa seule passion , son propre épanouissement, s’ils n’avaient pas été cohérents avec son idéal spirituel et moral; mais je crois aussi qu’il avait trouvé ce point d’équilibre ou l’homme atteint la plénitude s’il peut concilier ce qu’il doit à la société des hommes et ce qu’il se doit à lui-même.
lundi 7 juillet 2014
Jünger sur PHILITT
Un excellent article à lire sur PHILITT qui rétablit de nombreux préjugés sur le grand écrivain allemand, militaire , patriote, héroïque certes, mais anti-nazi et
anti-hitlérien, ce qu'on oublie trop souvent dans un amalgame
facile.
Notre époque ,inondée d'images, saturée d'informations , traverse les savoirs à une vitesse qui s'accélère dangereusement pour nos capacités d'analyse et d'esprit critique .Comme le voyageur qui ne peut lire le nom des gares traversées par son TGV, nous captons des indices sans poursuivre l'enquête qui pourrait mener à la compréhension des choses. .
L’œuvre de Jünger est vaste ; elle parcourt le XXème siècle, ses tourments et ses drames. Elle interroge sur les forces nihilistes à l’œuvre chez l’homme et dont l’écrivain ressentit le caractère destructeur au plus profond de sa chair, lui le guerrier blessé quatorze fois au front.
"vivre par les armes et les mots "
Notre époque ,inondée d'images, saturée d'informations , traverse les savoirs à une vitesse qui s'accélère dangereusement pour nos capacités d'analyse et d'esprit critique .Comme le voyageur qui ne peut lire le nom des gares traversées par son TGV, nous captons des indices sans poursuivre l'enquête qui pourrait mener à la compréhension des choses. .
Ernst Jünger : vivre par les armes et les mots
Posté par: Benjamin Fayet
dans Histoire
La guerre est synonyme de souffrance et de désolation et les
hommes de 14 sont les victimes de la barbarie moderne. Cent ans ont
passé depuis le début de la Grande Guerre et cette opinion est
aujourd’hui largement partagée ; elle anime l’esprit des discours et les
cérémonies de commémoration. En Allemagne comme en France, Ernst Jünger
incarne tout ce que notre Europe moderne et pacifiée ne souhaite plus
voir et rejette, tout ce qu’elle a en horreur : un soldat, incarnation
de cette culture martiale européenne aujourd’hui disparue, un guerrier
devenu écrivain dont une grande partie de l’œuvre puise son inspiration
dans les quatre années passées dans la boue et la fureur des tranchées
du nord de la France.L’œuvre de Jünger est vaste ; elle parcourt le XXème siècle, ses tourments et ses drames. Elle interroge sur les forces nihilistes à l’œuvre chez l’homme et dont l’écrivain ressentit le caractère destructeur au plus profond de sa chair, lui le guerrier blessé quatorze fois au front.
"vivre par les armes et les mots "
jeudi 3 juillet 2014
Pascal Quignard, Boutès
Ainsi
que nous
l’a transmis Homère, il existait aux temps mycéniens
une île
habitée par les Sirènes, des oiseaux au visage et aux seins de
femmes et les navigateurs qui s’aventuraient trop près de son
rivage, envoûtés par le chant des créatures, échouaient leurs
navires sur les écueils et périssaient noyés.
Sur
le chemin d’Ithaque,
Ulysse pour satisfaire sa curiosité déjoua le sortilège en se
faisant attacher solidement à
son mât après avoir protégé ses compagnons en leur bouchant les
oreilles avec de la cire.
Orphée
protégea les Argonautes en couvrant la voix des sirènes par la
puissance de sa lyre grâce à laquelle il avait su convaincre les
divinités infernales de lui rendre Eurydice. Mais un seul d’entre
eux, Boutès, l’imprudent, le téméraire, le dissident nous
explique Pascal Quignard, défia le sortilège et sauta dans la mer
pour rejoindre les sirènes.
Il
fut sauvé par Aphrodite,
la déesse née de la mer, qui en fit son amant, l’installa en
Sicile et
lui donna deux enfants, Eryx et Polycaon.
Cette
légende au centre de laquelle se trouve le pouvoir ambivalent de la
musique, musique orphique et musique originelle,
envoûtement et émerveillement, excitation et apaisement, désordre
et harmonie, ne pouvait échapper à Pascal Quignard qui entretient
avec cet art des relations si passionnées.
Elle
lui a inspiré ce livre magnifique dont je vous livre quelques
extraits qui m’ont particulièrement touchée:
Là
où la pensée a peur, la musique pense.
La
musique qui est là avant la musique, la musique qui sait se
« perdre » n’a pas peur de la douleur. La musique
experte en « perdition » n’a pas besoin de se protéger
avec des images ou des propositions, ni de s’abuser avec des
hallucinations ou des rêves.
Pourquoi
la musique est-elle capable d’aller au fond de la douleur ?
Car elle y gît. […]
Il s’est trouvé un
penseur pour penser de fond en comble cet état d’abandon, de
solitude, de carence, de faim, de vide, d’extrême menace mortelle
soudaine, de nudité, de froid, d’absence de tout secours, de
nostalgie radicale, éprouvé par chacun lors de sa naissance.
Qui ?
Schubert.
.
(Vous comprenez mon enthousiasme !)
(Vous comprenez mon enthousiasme !)
La
musique commence par murmurer à l’oreille de celui qui l’aime et
qui s’approche du chant qui l’enveloppe, où il consent à perdre
son identité et son langage :
Souvenez-vous, un jour, jadis, on a perdu ce qu’on aimait.
Souvenez-vous qu’un jour vous avez tout perdu de tout ce qui était
aimé. Souvenez-vous qu’il est infiniment triste de perdre ce qu’on
aime.
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