lundi 15 janvier 2018

L'oubli selon A. Schopenhauer

Lettre  à  Johanna  Schopenhauer
8 novembre  1806

L'oubli  d'un  désespoir  passé  est  un trait  si étrange  de la  nature  humaine qu'on  ne  le croirait  pas  si  on  ne  le constatait  pas . Tieck  la  magnifiquement  exprimé  par  les  mots  suivants :"Nous  voilà  à  gémir  et   à  demander  aux étoiles :  qui  n'a  jamais  été  plus  malheureux que  nous  ? alors que  derrière  nous  se  profile  déjà  l’avenir  moqueur qui  se  rit  de  la  douleur  éphémère  de   l'homme." Et  il  en  est certainement  toujours ainsi . Rien  n'est  fixe  dans  la vie   éphémère,  ni  douleur   infinie, ni  joie éternelle,  ni  impression  permanente, ni enthousiasme durable, ni décision  importante  qui   tiendrait  pour  la vie. Tout se  dissout dans  le  flux du  temps .Les  minutes,  les  innombrables atomes microscopiques dans  lesquels  toute  action  déchoit, sont  les vers  rongeurs  qui  dévastent  tout  ce qu'il  y  a  de  grand  et  de  hardi.  Le  monstre  de  la quotidienneté ecrase  tout  ce qui  aspire  à  s'élever. On  ne  prend rien  au  sérieux  dans  la vie  humaine parce que  la  poussière  n'en  vaut  pas  la  peine. Pourquoi des  passions  dureraient- elles éternellement  pour  ces  misères  ?
Life  is  a  jest and  all things  show  it:
I thought so  once  and  now I  know it.
(Arthur  Schopenhauer  Lettres  I)


Jacqueline du Pre & Daniel Barenboim - Elgar Cello Concerto

J'ajoute une  réflexion  personnelle :

"Les  plus grandes peines   finissent  toujours par  s'apaiser"
Mais pourquoi  ce  sentiment   de  trahison devant  l’œuvre  de  l'oubli . Pourquoi   cet  obscur  désir   qui  nous  pousse   à  entretenir  nos regrets  et à  rouvrir  les  plaies  ? A rappeler le souvenir de  la souffrance , à refuser  de prendre acte  du  deuil ". (Deferlante  Août  2016)

 

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